Réintégrés ou pas: le casse-tête des escrimeurs russes

«J'irais avec plaisir à ces Jeux», affirme la championne actuelle d'épée de Russie, Aizanat Murtazaeva, 21 ans. Quatrième aux JO de Tokyo en 2021, elle aimerait «prendre sa revanche» à Paris et «revenir avec une médaille». (AFP)
«J'irais avec plaisir à ces Jeux», affirme la championne actuelle d'épée de Russie, Aizanat Murtazaeva, 21 ans. Quatrième aux JO de Tokyo en 2021, elle aimerait «prendre sa revanche» à Paris et «revenir avec une médaille». (AFP)
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Publié le Dimanche 02 avril 2023

Réintégrés ou pas: le casse-tête des escrimeurs russes

  • Les athlètes russes ont été interdits de toutes compétitions internationales dans la foulée du lancement de l'offensive militaire en Ukraine l'an passé
  • La FIE a décidé le 10 mars de réintégrer les sportifs russes et bélarusses, à partir de la mi-avril et sous réserve des recommandations du CIO

KAZAN: Annoncée début mars, la réintégration des escrimeurs russes prend du temps à se concrétiser et apparaît comme un casse-tête pour la sélection russe, trois semaines après une décision en ce sens de la Fédération internationale d'escrime (FIE).

"Il doit y avoir une limite à ces absurdités", dénonce auprès de l'AFP le président de la Fédération russe d'escrime, Ilgar Mamedov. "Nous ne pouvons pas vivre tout le temps dans le suspense".

Les athlètes russes ont été interdits de toutes compétitions internationales dans la foulée du lancement de l'offensive militaire en Ukraine l'an passé.

Assis près d'une piste d'escrime où deux jeunes femmes s'affrontent à l'épée, il insiste: "les sportifs doivent comprendre où nous sommes à ce jour, si on participe ou pas" aux compétitions pour se qualifier pour les Jeux olympiques 2024 à Paris.

Or, le "oui" ou le "non" sans équivoque de la part de la Fédération internationale d'escrime (FIE) n'est toujours pas là, selon Ilgar Mamedov, à moins d'un mois du coup d'envoi des qualifications pour les JO, prévu en avril à Poznan, en Pologne.

La décision de la FIE avait toutefois provoqué l'ire de Kiev, puis plus de 300 escrimeurs du monde entier avaient signé une pétition pour dénoncer la position de la Fédération internationale.

Un léger avant-goût des Jeux était pourtant bien palpable au sein de la sélection russe d'escrime, lors des compétitions d'épée baptisées "Coupe de l'Amitié" qui ont réuni ce week-end des épéistes russes, serbes, arméniens ou encore vietnamiens à Kazan, sur les bords de la Volga.

"J'irais avec plaisir à ces Jeux", affirme à l'AFP la championne actuelle d'épée de Russie, Aizanat Murtazaeva, 21 ans. Quatrième aux JO de Tokyo en 2021, elle aimerait "prendre sa revanche" à Paris et "revenir avec une médaille".

Anastasiia Rustamova, qui a remporté à 16 ans le championnat d'Europe juniors en février 2022, est enthousiaste elle aussi. "On progresse, on devient plus fort, on va gagner aux Jeux" de Paris, lance-t-elle à l'AFP.

Meilleurs sportifs visés 

La FIE a décidé le 10 mars de réintégrer les sportifs russes et bélarusses, à partir de la mi-avril et sous réserve des recommandations du CIO.

Celui-ci a recommandé le 28 mars un retour de ces athlètes, mais a posé un nombre de conditions, jugés "discriminatoires" par le Comité olympique russe.

Une fois la décision du CIO rendue publique, la Fédération russe d'escrime s'est tournée vers la FIE pour demander si désormais la réintégration était valide.

Vendredi soir, aucune réponse n'était encore parvenue, a expliqué à l'AFP M. Mamedov.

Le CIO a mis comme conditions pour le retour des athlètes russes de participer sous bannière neutre, "à titre individuel", de ne pas soutenir "activement" le conflit en Ukraine et de ne pas être "sous contrat" avec l'armée ou les organes de sécurité russes.

Ce dernier critère vise directement les athlètes du CSKA et du Dynamo, à savoir les sportifs russes les plus médaillés dans les disciplines olympiques, y compris l'escrime.

"Nos meilleurs sportifs sont issus soit du CSKA, soit du Dynamo", explique à l'AFP M. Mamedov au sujet des deux grands clubs sportifs de Moscou créés en 1923.

C'est le cas notamment de la double championne olympique de sabre, Sofya Velikaya, ou encore des médaillés d'argent en équipe d'épée masculine Pavel Sukhov et Sergey Bida aux JO de Tokyo en 2021.

Cent ans après, ils sont devenus des clubs de référence en Russie, en formant des athlètes dans plus de 70 disciplines sportives.

Tournois annulés 

Si les tireurs russes ne savent pas encore s'ils sont vraiment réintégrés, plusieurs pays européens se succèdent déjà pour annuler leurs étapes de Coupe du monde, pour protester contre cette réintégration.

Vendredi, la France a ainsi décidé d'annuler l'étape de Coupe du monde de Saint-Maur-des-Fossés, prévue en mai et qualificative pour les JO-2024.

Avant elle, la Fédération allemande avait renoncé à l'étape de Coupe du monde de fleuret femmes à Tauberbischofsheim du 5 au 7 mai, qualificative pour les JO-2024, tout comme la Fédération danoise pour une épreuve satellite.

Pour la Fédération danoise, la situation actuelle est du "gâchis". "Nous prévoyons également qu'il y aura du chaos lors des compétitions internationales, car les escrimeurs refuseront probablement d'affronter des escrimeurs russes et bélarusses", a prévenu son président, Jan Sylvest Jensen.

Le conflit en Ukraine, "est-ce le seul conflit qui a actuellement lieu dans le monde? Partout ailleurs, est-ce calme et tranquille?", s'interroge de son côté Ilgar Mamedov.

Et d'ajouter: "Je pose toujours cette question, mais il n'y a jamais personne pour y répondre. Comment l'exclusion des athlètes russes peut-elle aider l'Ukraine ?"


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.