UE: Les pêcheurs français obtiennent à Bruxelles le maintien de la pêche de fond dans les aires protégées

En France, selon le Comité national des pêches, une telle mesure aurait fait disparaître près d'"un tiers de la flotte" (Photo, AFP).
En France, selon le Comité national des pêches, une telle mesure aurait fait disparaître près d'"un tiers de la flotte" (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 avril 2023

UE: Les pêcheurs français obtiennent à Bruxelles le maintien de la pêche de fond dans les aires protégées

  • La mesure visait à protéger poissons, coquillages et crustacés, mais aussi des tortues et oiseaux
  • L'UE interdit déjà depuis 2016 le chalutage en dessous de 800 mètres

PARIS: Les pêcheurs et le gouvernement français ont obtenu de la Commission européenne qu'elle renonce à interdire d'ici à 2030 le chalutage de fond dans les aires marines protégées qui aurait mis, selon eux, toute la filière en péril.

La mesure, annoncée le 21 février dans le cadre d'un plan d'action plus général, visait à protéger poissons, coquillages et crustacés, mais aussi des tortues et oiseaux marins menacés par l'usage d'engins de fonds mobiles (chaluts, dragues, palangres, casiers…) dans des aires qui devraient couvrir jusqu'à 30% des eaux européennes en 2030.

Jugée trop lointaine par certaines ONG environnementales, elle a suscité en revanche une levée de boucliers des pêcheurs en France, mais aussi en Espagne, au Portugal, en Irlande et au Danemark. L'Alliance européenne pour la pêche de fonds (EBFA) a estimé que l'interdiction aurait mis "en danger 7.000 navires" soit "25% des volumes (de pêche) débarqués et 38% des revenus totaux de la flotte européenne".

En France, selon le Comité national des pêches, une telle mesure aurait fait disparaître près d'"un tiers de la flotte", soit 4.000 marins-pêcheurs embarqués sur 1.200 navires.

Il avait appelé jeudi et vendredi à une opération inédite "filière morte", avec des bateaux restés à quai et des criées et des opérations de transformation du poisson à l'arrêt, pour exiger des réponses à la crise de la pêche, notamment sur ce sujet.

Des manifestations musclées ont eu lieu à Rennes ou Lorient tout comme des blocages à Boulogne-sur-Mer pour protester contre une réglementation accusée de "mettre au ban des métiers, des traditions, des économies, et finalement le patrimoine humain". Un incendie a détruit vendredi une partie du bâtiment de l'Office français de la biodiversité (OFB) à Brest.

«Ni en 2024, ni en 2030»

Dimanche, le secrétaire d'État à la pêche Hervé Berville, qui s'était déclaré publiquement "solidaire" des pêcheurs, a rencontré à Bruxelles le Commissaire européen à l'Environnement et à la Pêche Virginijus Sinkevicius, accompagné de hauts représentants de la pêche française.

Le Commissaire "a confirmé" qu'il n'imposerait pas une telle interdiction "ni en 2024, ni en 2030", a déclaré M. Berville dans un communiqué à l'issue de la réunion.

Le plan d'action pour une pêche durable présenté par la Commission "propose seulement des orientations aux États membres" a rappelé le commissaire, cité par le ministre français qui a souligné que "la France ne sera donc pas contrainte de prendre des mesures d'interdiction".

Dans une lettre adressée à tous les pêcheurs de France vendredi, le secrétaire d'État avait salué les efforts qu'ils déploient depuis plusieurs années en faveur d'une "gestion contraignante et exigeante" des ressources halieutiques.

"Plus de la moitié" des stocks de poissons sont exploités durablement aujourd'hui en France contre "11% seulement" il y a 20 ans, a-t-il relevé.

«Bons élèves»

Avec l'annonce dimanche, "il y a une vraie prise en compte des efforts entrepris depuis des années par les pêcheurs français pour la protection de la biodiversité et les écosystèmes marins", s'est félicité auprès de l'AFP Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches, joint par téléphone.

Selon lui, ces mesures d'interdiction seraient revenues "à punir les bons élèves".

"La France a multiplié les aires protégées, a réduit la pêche dans certaines zones et favorisé le renouvellement des espèces. En mer d'Iroise, la langouste qui avait disparu, est revenue, la coquille Saint-Jacques est abondante partout", avait-il rappelé récemment.

Pour justifier sa mesure, la Commission avait fait valoir que, sur les 12% d'aires marines protégées que comptent aujourd'hui les eaux communautaires, seul 1% est "strictement protégé". Elle a ainsi demandé aux pays membres de l'UE d'établir chacun sa feuille de route d'ici à mars 2024.

L'UE interdit déjà depuis 2016 le chalutage en dessous de 800 mètres, pour aider à restaurer les écosystèmes vulnérables des fonds marins.

Lors de la présentation du plan, les ONG écologistes s'inquiétaient de leur côté de la lenteur du calendrier, observant que l'UE tolérerait le chalutage de fonds encore sept ans dans les aires protégées.

"Que direz-vous à vos enfants quand les océans seront morts ?", s'est encore exclamé dimanche, dans un tweet adressé au secrétaire d'État français, le médiatique défenseur de l'environnement Hugo Clément.

"Votre combat devrait être d'éviter l'effondrement de la biodiversité et d'arrêter le massacre des dauphins, en interdisant la pêche industrielle et en accompagnant financièrement les pêcheurs artisans pour réduire la pression sur la ressource marine", a-t-il insisté.


Paris estime que la demande de révision de l'accord entre l'Union européenne et Israël est « légitime »

Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
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  • « Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.
  • « C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

PARIS : Invité de France Info/Le Monde, le ministre français des Relations avec le Parlement a estimé que la demande des Pays-Bas de réviser l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël était « légitime », invitant « la Commission européenne à instruire le dossier », alors que l'aide humanitaire ne parvient plus à Gaza depuis plus de deux mois.

« Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.

Celui-ci précise que les relations entre l'UE et Israël sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.

« C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur le fait que cela signifiait-il que la France était favorable à la remise en question de cet accord, le ministre a répondu : « Attendons l'analyse que fera la Commission européenne du respect ou non par Israël de l'article 2 de cet accord. »

Le ministre a insisté sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

« Je crois qu'il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens de Gaza sont affamés, assoiffés, et qu'ils manquent de tout ; la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de la famine », a-t-il dénoncé.

« Je crois que tout le monde s'en aperçoit », a-t-il poursuivi. « On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien », a-t-il dit. « Et c'est en donnant de la voix qu'on peut espérer infléchir la position des Israéliens. » 

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé à Israël de l'aider à acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, lui a adressé une lettre dans laquelle il réclame une révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, conformément à son article 2.

« Je voudrais demander un examen du respect par Israël de l'article 2 dans les plus brefs délais », a écrit le ministre dans cette lettre.


Les Français favorables à l'organisation d'un référendum proposé par Bayrou

France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
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  • Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques.
  • « Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

PARIS : D'après un sondage Elabe pour BFMTV publié dimanche, ils sont très majoritairement favorables à l'organisation d'un référendum (83 %) et placent l'économie, les retraites et l'immigration en tête des sujets sur lesquels ils aimeraient être questionnés.

Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques, plus d'un Français sur deux se dit favorable à l'organisation d'un référendum, et 28 % très favorable.

« Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

« Beaucoup de citoyens français disent oui au fond, que nous soyons pour une fois associés à ces décisions, c'est une chose qui nous intéresse et qui est très importante. Le monde politique est en revanche un peu moins enthousiaste, ce que l'on comprend assez bien : l'intervention directe des citoyens change le rapport de force et le débat », a encore observé le Premier ministre. 

Le président Emmanuel Macron avait également proposé d'organiser plusieurs scrutins de ce type dans ses vœux pour 2025. Il pourrait se montrer plus précis sur la question lors d'une émission spéciale sur TF1 mardi soir.

Parmi les sujets sur lesquels ils souhaitent se prononcer, les personnes interrogées citent en premier lieu la dépense, la dette et les impôts (59 %). Arrivent ensuite ex aequo les retraites et l'immigration (52 %). Ils sont 43 % à demander à être interrogés sur la fin de vie, 22 % sur la réduction du nombre d'échelons territoriaux et 19 % sur la proportionnelle.

En bas du tableau, on trouve les rythmes scolaires et l'usage des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants (16 %).

Sondage réalisé en ligne les 6 et 7 mai auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points. 


Macron et Tusk vont signer un traité renforçant le partenariat franco-polonais

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays

NANCY: Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays, signe du poids grandissant en Europe de la Pologne, acteur-clé sur le flanc est face à la Russie.

Les deux dirigeants se retrouveront à 12H45 (10H45 GMT) dans la cité lorraine pour une séquence chargée de symboles, entre la Journée de l'Europe, qui célèbre cette année les 75 ans de la construction européenne, et un imposant défilé militaire sur la Place Rouge pour les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Avec en toile de fond la guerre en Ukraine qui, trois ans après le début de l'offensive russe, ne faiblit pas malgré la promesse de Donald Trump d'y mettre fin. Et une menace de désengagement américain qui pousse l'Europe à se réarmer massivement.

Dans ce contexte, le traité d'amitié et de coopération renforcée entre la France et la Pologne va "changer la donne", notamment en matière de sécurité et de défense, promet Donald Tusk.

Les deux pays avaient déjà conclu un tel traité bilatéral en 1991, alors que la Pologne sortait du glacis soviétique, après la chute du Rideau de fer, mais moins ambitieux.

"L'objectif de ce traité, c'est de consacrer l'amitié franco-polonaise, et de renforcer dans la sécurité, la défense, les infrastructures, l'énergie et toute une série d'autres domaines notre partenariat bilatéral", explique la présidence française.

- "Anomalie" -

Emmanuel Macron entend ainsi rehausser la relation avec Varsovie au niveau de celle déjà actée avec l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne à travers les traités de l'Elysée (1963), du Quirinal (2021) et de Barcelone (2023).

La Pologne est "un partenaire que pendant trop longtemps (...) on a un peu négligé", a reconnu vendredi sur RTL le ministre français chargé de l'Europe Benjamin Haddad, qui sera aux côté d'Emmanuel Macron à Nancy.

"Il n'y avait pas de raison, c'était même une anomalie, de considérer que nous avions un traité privilégié avec l'Allemagne (renforcé à Aix-la-Chapelle en 2019, ndlr), que nous avions rehaussé notre relation avec l'Italie et avec l'Espagne, mais pas avec elle", souligne l'Elysée.

Craignant la menace du grand voisin russe et soutien actif de l'Ukraine, la Pologne, pays de quelque 38 millions d'habitants, s'est lancée dans un programme de modernisation accélérée de son armée et est devenue un acteur politique et militaire majeur en Europe.

Jusqu'ici très dépendante des Etats-Unis pour sa défense, elle est profondément ébranlée par le climat d'incertitude généré par les ambivalences de Donald Trump envers l'Europe.

La France espère, elle, renforcer la coordination militaire et diplomatique dans la région, et ne plus laisser les Etats-Unis dominer le dialogue avec les Polonais.

Elle mise aussi sur un nouveau marché pour son industrie de défense au moment où Varsovie cherche à se doter d'avions de transport, d'avions-ravitailleurs ou encore de sous-marins.

- "Intérêts vitaux" -

Varsovie s'intéresse de son côté à l'idée française d'un parapluie nucléaire européen. Une proposition jugée "très prometteuse" par Donald Tusk et qui retient aussi l'attention de Berlin.

La France est le seul pays d'Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté de l'arme nucléaire. Les autres pays européens membres de l'Otan sont jusqu'ici sous le parapluie de la dissuasion nucléaire américaine.

Mais face aux remous transatlantiques, Emmanuel Macron s'est dit prêt à "ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen".

Comme ses prédécesseurs, il a relevé à plusieurs reprises que les intérêts vitaux de la France, à la base de sa doctrine de dissuasion, avaient une "dimension européenne", qui pourrait donc inclure des pays voisins, voire au-delà.

Mais il a aussi souligné que "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République".

Soucieux des symboles, Emmanuel Macron et Donald Tusk signeront ce nouveau traité dans un décor chargé d'histoire pour les deux pays, déjà liés par une amitié séculaire.

Nancy fut la résidence du roi de Pologne Stanislas Leszczynski, devenu duc de Lorraine après avoir été exilé de son pays, et beau-père du roi de France Louis XV. Les retrouvailles des deux dirigeants auront lieu place Stanislas, joyau architectural de la ville.

La signature interviendra une semaine avant l'élection présidentielle en Pologne, le 18 mai, pour laquelle le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, candidat de la Coalition civique (KO) de Donald Tusk, est donné favori.