Kosovo: l'ex-président Hashim Thaçi clame son innocence à l'ouverture du procès

Une bannière géante représentant l'ancien président kosovar Hashim Thaci et l'ancien président du Parlement Kadri Veseli est affichée à Pristina le 3 avril 2023. Les dirigeants de l'UCK, dont l'ancien président du Kosovo Hashim Thaci, seront jugés par un tribunal de La Haye pour crimes de guerre le 3 avril. (Photo d'Armend NIMANI / AFP)
Une bannière géante représentant l'ancien président kosovar Hashim Thaci et l'ancien président du Parlement Kadri Veseli est affichée à Pristina le 3 avril 2023. Les dirigeants de l'UCK, dont l'ancien président du Kosovo Hashim Thaci, seront jugés par un tribunal de La Haye pour crimes de guerre le 3 avril. (Photo d'Armend NIMANI / AFP)
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Kosovo: l'ex-président Hashim Thaçi clame son innocence à l'ouverture du procès

  • Hashim Thaçi, 54 ans, vêtu d'un costume gris et d'une cravate bleue, a de nouveau plaidé non coupable, comme lors de sa première comparution devant le tribunal en 2020
  • Des allégations de crimes commis pendant et après la guerre lui collent à la peau, tout comme des accusations de corruption, dans un pays où les commandants de l'UCK ont conservé un rôle clé dans la vie publique

LA HAYE, Pays-Bas : L'ex-président du Kosovo Hashim Thaçi a mené une campagne sanglante contre ses opposants politiques pendant la guerre d'indépendance (1998-1999), résultant en plus de 100 meurtres, a déclaré l'accusation lundi lors de l'ouverture de son procès pour crimes de guerre.

Lui et trois autres membres importants de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) ont tous plaidé non coupable des crimes de guerre et crimes contre l'humanité dont ils sont accusés devant un tribunal spécial à La Haye.

Des manifestants se sont rassemblés dans la ville néerlandaise en soutien de M. Thaçi, détenu à La Haye depuis sa démission en 2020. Dimanche, ils étaient déjà des milliers à montrer leur soutien dans les rues de Pristina.

Toujours considérés au Kosovo comme des héros de la guérilla, M. Thaçi et ses co-accusés ont ouvertement imposé un règne brutal d'emprisonnements, de torture et de meurtres pour resserrer leur emprise sur le pouvoir pendant et après la guerre, selon l'accusation.

«Pourquoi ont-ils fait cela? Les preuves montreront que c'était pour gagner du pouvoir», a déclaré le procureur Alex Whiting devant le tribunal spécial pour le Kosovo (KSC), financé par l'UE.

«Nous avons l'intention de prouver des centaines de détentions à travers le Kosovo, généralement dans des conditions d'abus terribles, et plus de 100 meurtres», a indiqué M. Whiting.

La guerre du Kosovo a fait 13.000 morts, des Kosovars albanais pour la plupart. Elle s'est terminée quand une campagne de frappes aériennes de l'Otan, au printemps 1999, a contraint les forces serbes à se retirer.

- «Côté plus sombre» -

Hashim Thaçi, 54 ans, vêtu d'un costume gris et d'une cravate bleue, a de nouveau plaidé non coupable, comme lors de sa première comparution devant le tribunal en 2020.

«Je ne suis absolument pas coupable», a-t-il déclaré.

Ses co-accusés, l'ancien porte-parole de l'UCK Jakup Krasniqi, un des plus proches alliés politiques de M. Thaçi, Kadri Veseli, ainsi qu'une des figures marquantes de l'UCK, Rexhep Selimi, ont tous également clamé leur innocence.

Surnommé le «George Washington du Kosovo» par le vice-président américain de l'époque, Joe Biden, Hashim Thaçi a été le premier Premier ministre et président de la jeune nation, qui a autoproclamé son indépendance en 2008.

Mais des allégations de crimes commis pendant et après la guerre lui collent à la peau, tout comme des accusations de corruption, dans un pays où les commandants de l'UCK ont conservé un rôle clé dans la vie publique.

«Ces quatre hommes étaient sans aucun doute les principaux dirigeants de l'UCK et ils ont été célébrés et honorés pour cela», a déclaré Alex Whiting. «Mais il y avait un côté plus sombre à leur leadership», a-t-il ajouté.

Ils avaient une «politique claire et explicite pour cibler les collaborateurs et ceux qu'ils voyaient comme des traîtres», a-t-il poursuivi.

- Témoins «intimidés» -

Outre les Serbes et les Roms de souche qui ont perdu la vie, la plupart des victimes étaient des compatriotes albanais du Kosovo.

«Dans leur zèle pour cibler et éliminer les personnes qu'ils considéraient comme des opposants», les accusés «ont également persécuté les leurs», a déclaré M. Whiting.

Les méthodes de l'UCK n'étaient «pas du tout un secret». Son message, selon lequel les opposants politiques constituaient une menace existentielle pour l'UCK et le Kosovo, était sans cesse martelé, a-t-il souligné.

Les accusés agissaient également par «peur», craignant que leur cause indépendantiste puisse perdre le conflit, et enragés par une «haine» de l'ennemi, a déclaré le procureur.

Ils font face à six chefs de crimes contre l'humanité et à quatre chefs de crimes de guerre, dont meurtre, torture, disparitions forcées, persécutions et traitements cruels.

Créé en 2015, le KSC est une instance de droit kosovar, hautement sécurisée et composée de juges internationaux pour protéger les témoins.

Néanmoins, il règne aujourd'hui un «climat d'intimidation des témoins» autour de ce procès, certains faisant face à des menaces, selon l'accusation.

Des tensions internationales subsistent au sujet du Kosovo, reconnu par de nombreux pays occidentaux mais pas par Belgrade et Moscou.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com