Tunisie: le président réapparaît et dément toute vacance du pouvoir

Kais Saied, 65 ans, élu démocratiquement à la présidence en 2019, concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021 (Photo, AFP).
Kais Saied, 65 ans, élu démocratiquement à la présidence en 2019, concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Tunisie: le président réapparaît et dément toute vacance du pouvoir

  • A propos de spéculations sur le fait qu'il aurait eu des problèmes de santé graves, Kais Saied a évoqué lundi soir «un degré de folie jamais connu en Tunisie»
  • Quelques heures auparavant, le chef du Front de salut national (FSN, principale coalition d'opposition) avait appelé le gouvernement à dévoiler les raisons de «l'absence» du président

TUNIS: Le président tunisien Kais Saied, qui n'avait pas été vu en public depuis le 22 mars, est réapparu dans une vidéo de ses services lundi en début de soirée et a démenti toute vacance du pouvoir.

Quelques heures auparavant, le chef du Front de salut national (FSN, principale coalition d'opposition) avait appelé le gouvernement à dévoiler les raisons de "l'absence" du président, assurant avoir été informé qu'il avait eu des "problèmes de santé".

A propos de spéculations sur le fait qu'il aurait eu des problèmes de santé graves, M. Saied a évoqué lundi soir "un degré de folie jamais connu en Tunisie".

"Le président s'est absenté deux ou trois jours, il a attrapé froid et ça devient un problème, une vacance du pouvoir, un vide ? Ces gens ne méritent que mépris", a-t-il dit, en recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden.

Plus tôt, le chef du FSN, Ahmed Néjib Chebbi, s'était exprimé devant la presse "demandant au gouvernement de s'adresser au peuple tunisien et de dire s'il y a des raisons de santé qui ont obligé le président à s'absenter".

Il avait exhorté les autorités à préciser "la nature de ces raisons de santé", soulignant qu'en cas de vacance de pouvoir provisoire c'était à la cheffe de gouvernement d'assurer l'intérim.

M. Chebbi avait aussi prévenu du risque d'une "grande catastrophe" en cas de vacance permanente, comme dans le cas d'un décès ou d'une maladie grave, en raison d'un vide législatif.

«Mécanisme de transfert du pouvoir»

Aux termes d'une nouvelle Constitution promulguée à l'été 2022 par Kais Saied, c'est le président de la Cour constitutionnelle qui doit remplacer le chef de l'Etat jusqu'à la tenue d'une nouvelle élection présidentielle. Or la Cour Constitutionnelle n'a pas encore été mise en place.

"Cette affaire concerne tous les Tunisiens et il faut, en cas de vacance permanente, lancer des concertations sérieuses et ouvertes pour que le peuple tunisien et les forces civiles et politiques se mettent d'accord sur un mécanisme de transfert du pouvoir", avait ajouté M. Chebbi.

Depuis la soirée du 22 mars, le président n'avait effectué aucune activité, rencontre ou déplacement en public, selon la page Facebook de la présidence – unique canal de communication officiel – ce qui a déclenché des spéculations sur les réseaux sociaux concernant son état de santé.

Dans la vidéo de la présidence, M. Saied a dénoncé sans les nommer des personnes qui "tentent de créer des crises". La vacance du pouvoir "est dans leurs têtes, ces gens ont perdu la boussole, ils sont obsédés par le pouvoir", a-t-il dit.

M. Saied, 65 ans, élu démocratiquement à la présidence en 2019, concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021.

Malgré l'entrée en fonction d'un nouveau Parlement en mars – largement privé de ses prérogatives antérieures – le président continue de diriger le pays par décrets.

Début février, les tensions déjà fortes entre M. Saied et l'opposition ont grimpé d'un nouveau cran après l'arrestation de dirigeants du FSN et du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, membre de cette coalition et bête noire de M. Saied depuis son coup de force.

M. Saied a qualifié la vingtaine de personnes arrêtées, parmi lesquelles figurent également des hommes d'affaires et le directeur de la radio privée la plus écoutée de Tunisie (radio Mosaïque), de "terroristes", les accusant de "complot contre la sécurité de l'Etat".

Les ONG et les principaux partis d'opposition ont dénoncé une "dérive autoritaire" en Tunisie, faisant vaciller la jeune démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.