Au procès de onze membres du PKK, le départ au combat des «étoiles» kurdes

Au procès à Paris de onze membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), jugés notamment pour «financement du terrorisme», le tribunal a tenté jeudi de décrypter le «recrutement» de jeunes combattants kurdes (Photo, AFP).
Au procès à Paris de onze membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), jugés notamment pour «financement du terrorisme», le tribunal a tenté jeudi de décrypter le «recrutement» de jeunes combattants kurdes (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 07 avril 2023

Au procès de onze membres du PKK, le départ au combat des «étoiles» kurdes

  • Les avocats de la défense contestent vivement la qualification «terroriste» retenue dans ce dossier
  • La veille, ils ont demandé à ce que la présidente ordonne aux policiers dans le box de retirer les cagoules qui ne laissaient apparaître que leurs yeux

PARIS: "Une autre étoile a filé". Au procès à Paris de onze membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), jugés notamment pour "financement du terrorisme", le tribunal a tenté jeudi de décrypter le "recrutement" de jeunes combattants kurdes.

La présidente lit un SMS : "je t'en supplie, qu'elle appelle sa famille maintenant, qu'elle dise que c'était sa décision".

Elle lève la tête vers le prévenu à la barre, Abdullah O., Kurde originaire de Turquie installé dans le sud-est de la France, comme tous ses coprévenus.

"On peut difficilement croire que vous ne savez pas ce que vous faites".

Abdullah O., 32 ans, élude. "Je n'ai pas reçu ce SMS", dit-il via son interprète. "Si, si", certifie la présidente Murielle Desheraud, qui depuis le début des interrogatoires fait face à des prévenus qui parlent peu, mais contestent tout.

Ils ne sont pas "membres du PKK" mais d'une "association" kurde, ils n'ont pas collecté l'"impôt révolutionnaire" auprès de la diaspora, et encore moins "recruté" de potentiels jeunes combattants à envoyer au Kurdistan.

Le SMS lu par la présidente concerne la "disparition" d'une jeune femme kurde de 18 ans, à Antibes l'été 2020.

Abdullah O., chemise à carreaux rouge sur le dos, l'air pas l'aise, reconnaît être allé cherché cette jeune femme  - et une autre - avec un ami, l'un de ses coprévenus soupçonné d'être un recruteur.

Pour quoi faire, pour aller où ?, demande le tribunal. "Je n'étais au courant de rien", balaie Abdullah O.

Des proches de la jeune femme ont rapporté qu'elle voulait aller combattre au Rojava - le Kurdistan syrien - "endoctrinée" par son cousin.

Ce dernier, brun, mâchoire carrée, est dans le box des prévenus.

La veille, il a reconnu être l'auteur du SMS lu à l'audience, écrit sous la "pression" de la famille. Mais a nié malgré les "preuves" avancées par le tribunal avoir joué un rôle dans son départ.

Pour tenter de le faire réagir, la présidente avait lu une écoute téléphonique du petit ami de la jeune femme.

«La révolution»

"Elle va faire sa formation, après elle revient ou elle revient pas. Ils leur gèlent le cerveau", dit le petit ami à un proche.

"Moi si on me fait ça, je prends une kalachnikov, je vais à l'association et je les mitraille tous, tous les cadres", s'excite son interlocuteur.

"Le parti n'est pas une petite chose, tu ne peux rien faire contre le parti", répond le petit ami.

"Je ne savais même pas qu'elle avait un petit ami", avait simplement réagi Ahmet D.

La présidente avait jeté l'éponge.

Avec Abdullah O., elle essaie de parler d'un autre "départ", qu'il avait lui-même évoqué au téléphone, sur écoute.

"Camarades, soyez au courant qu'une autre étoile a filé dans les hauteurs depuis la jeunesse marseillaise. Marié ou pas peu importe, la révolution et la révolution".

Abudllah O. ne relève pas. Adjoint au responsable "jeunesse" du PKK pour la "zone sud-est" selon les enquêteurs, il assure lui qu'il n'est qu'un "jeune Kurde".

Le PKK, engagé depuis 1984 dans une lutte armée pour un Kurdistan indépendant, est l'ennemi juré de la Turquie qui le classe comme organisation "terroriste", à l'instar de l'Union européenne et des États-Unis.

Les avocats de la défense contestent vivement la qualification "terroriste" retenue dans ce dossier.

La veille, ils ont demandé à ce que la présidente ordonne aux policiers dans le box de retirer les cagoules qui ne laissaient apparaître que leurs yeux. Une demande rejetée par le tribunal - mais les policiers étaient jeudi à visage découvert.

À la fin de l'interrogatoire d'Abdullah O., son avocat Me Romain Ruiz revient sur les aides au départ des potentiels combattants.

"Pourquoi vous le faisiez ?", interroge-t-il.

"Pour la cause nationale kurde", répond cette fois le prévenu.

"Vous le voyiez comme une obligation morale ?", relance son avocat.

"Oui".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».