La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

Un remorqueur de la marine de l'APL navigue dans le détroit de Taïwan, devant des touristes sur l'île de Pingtan, le point le plus proche de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 7 avril 2023. (Photo de GREG BAKER / AFP)
Un remorqueur de la marine de l'APL navigue dans le détroit de Taïwan, devant des touristes sur l'île de Pingtan, le point le plus proche de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 7 avril 2023. (Photo de GREG BAKER / AFP)
Short Url
Publié le Samedi 08 avril 2023

La Chine lance des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

  • Ces manoeuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants
  • Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île

PÉKIN : La Chine a lancé samedi trois jours d'exercices militaires dans le détroit de Taïwan, sur fond de tensions avec l'île, sa présidente Tsai Ing-wen fustigeant «l'expansionnisme autoritaire» de Pékin après sa rencontre avec le troisième personnage de l'Etat américain.

Ces manoeuvres «servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l'indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti dans un communiqué un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.

Ces opérations, qui comprennent également des «patrouilles», sont «nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l'intégralité territoriale de la Chine», a justifié ce porte-parole.

Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.

Ces exercices, qui revêtent une dimension «opérationnelle», sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, «si les provocations s'intensifient», à «régler une fois pour toutes la question de Taïwan», a indiqué à l'AFP l'analyste militaire Song Zhongping.

Exercices «d'encerclement total», selon CCTV

Les exercices militaires lancés samedi par la Chine dans le détroit de Taïwan visent un «encerclement total» de l'île, selon la télévision d'Etat chinoise.

«L'exercice d'aujourd'hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information [...] afin de créer une dissuasion et un encerclement total» de Taïwan, a précisé CCTV.

La localisation exacte de ces opérations n'est pas connue.

La partie la plus étroite du détroit de Taïwan entre les côtes chinoises et l'île fait environ 130 kilomètres.

Selon CCTV, des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés pour ces exercices.

Taipei a estimé que ces manoeuvres menacent la «stabilité et la sécurité» dans la région Asie-Pacifique.

Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un «expansionnisme autoritaire» de la part de la Chine et assuré que le territoire «continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie».

Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté indiqué «suivre la situation» et avoir chargé l'armée de «répondre» aux activités militaires chinoises.

«Mesures fermes et énergiques»

Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n'était visible.

Ces manoeuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles.

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l'absence de relations officielles fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.

La Chine considère Taïwan (23 millions d'habitants) comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du «principe d'une seule Chine» défendu par Pékin.

Depuis jeudi, la Chine accentue la pression militaire sur Taïwan avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit.

Elle a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes pour des patrouilles exceptionnelles.

La localisation exacte des nouvelles manoeuvres n'est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan.

La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l'île fait environ 130 kilomètres de large.

«Se bercer d'illusions»

En août, Pékin avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s'était rendue sur l'île.

La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n'a rien de comparable avec l'été 2022.

Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a-t-on précisé de même source.

Ces manoeuvres militaires interviennent au lendemain d'une visite d'Etat en Chine d'Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.

«La conversation a été dense et franche» à ce sujet, a indiqué vendredi l'Elysée.

«Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d'illusions», a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d'une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.

Un navire de guerre et 29 avions de chasse

Samedi, le ministère de la Défense de Taïwan a annoncé avoir détecté un navire de guerre chinois et 29 avions de chasse supplémentaires autour de l'île samedi, au premier jour d'exercices militaires de Pékin dans le détroit de Taïwan.

Le parti communiste chinois "a délibérément créé une tension dans le détroit de Taïwan (...) ce qui a un impact négatif sur la sécurité et le développement économique de la communauté internationale", a indiqué le ministère, en précisant que le nombre de navires de guerre détectés autour de l'île à 16H00 locales (08H00 GMT) se montait désormais à neuf, et celui des avions de chasse à 71.

Entre Taipei et Pékin, sept décennies de liens tumultueux

La Chine a lancé samedi trois jours d'exercices militaires autour de Taïwan. L'AFP revient sur les moments clés de l'Histoire entre l'île et Pékin.

1949, la séparation

Les communistes de Mao Tsé-toung prennent le pouvoir à Pékin en 1949 et font fuir les nationalistes du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek à Taïwan, marquant la fin de la guerre civile chinoise.

Le KMT forme un gouvernement à Taipei en décembre, et rompt toute relation avec la Chine continentale.

En 1950, Taïwan devient l'allié des Etats-Unis, qui mène une guerre contre la Chine en Corée. Washington déploie une flotte dans le détroit de Taïwan pour protéger son nouvel allié d'une possible attaque.

1971, l'ONU et les Etats-Unis reconnaissent le régime de Pékin

En octobre 1971, Pékin reprend le siège de la Chine à l'ONU, précédemment tenu par Taipei.

En 1979, les Etats-Unis rompent formellement leurs relations diplomatiques avec Taïwan et en établissent avec Pékin, reconnaissant ainsi officiellement la République populaire de Chine.

Washington entretient cependant une "ambiguïté stratégique" sur la question taïwanaise, et reste l'allié le plus puissant de l'île, notamment en lui fournissant un soutien militaire substantiel.

1987-2004, les relations s'améliorent

Fin 1987, les résidents de Taïwan sont autorisés à se rendre en Chine continentale pour la première fois depuis la séparation, permettant aux familles de se réunir.

Taïwan met fin en 1991 à l'état de guerre avec la Chine. Les premiers pourparlers entre les deux parties sont organisés deux ans plus tard à Singapour.

Mais en 1995, à la suite d'une visite du président taïwanais de l'époque, Lee Teng-hui, aux Etats-Unis, Pékin lance une série de tirs de missiles autour de l'île.

D'autres manoeuvres au large de Taïwan sont menées par les communistes en 1996, afin de dissuader les électeurs de participer à la première élection présidentielle démocratique du territoire.

Lors des élections de 2000, le KMT perd pour la première fois le pouvoir à Taïwan. Les liens commerciaux entre les deux parties s'améliorent les années suivantes.

2005-2015, des menaces et des discussions

Pékin adopte en mars 2005 une loi autorisant l'usage de la force si Taïwan déclare son indépendance.

En avril cette même année, le président du Kuomintang Lien Chan se rend en Chine pour y rencontrer le dirigeant chinois d'alors Hu Jintao, une visite historique.

En 2008, les relations se réchauffent: Ma Ying-jeou du KMT est élu président, sur un programme favorable à Pékin.

Les deux rives signent un accord-cadre de coopération économique en 2010 et organisent en 2014 les premières discussions de gouvernement à gouvernement depuis la séparation.

2016, la lune de miel se termine

Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste (PDP), traditionnellement pro-indépendantiste, remporte l'élection présidentielle de janvier 2016.

En juin cette même année, la Chine suspend toute communication avec Taïwan: Mme Tsai refuse de reconnaître le Principe de la Chine unique par lequel l'île et le Continent feraient partie d'un seul pays.

En décembre, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, rompt avec des décennies de politique diplomatique américaine et échange directement au téléphone avec Tsai Ing-wen.

Xi Jinping déclare en janvier 2019 que la réunification entre la Chine et Taïwan est "inévitable".

2021, tensions sino-américaines

En 2021, des avions militaires chinois font des centaines d'incursions dans la zone de défense de Taïwan.

En octobre, le président américain Joe Biden affirme que les Etats-Unis défendront Taïwan si la Chine l'attaque, des propos partiellement démentis dans la foulée par la Maison Blanche.

2022, la visite de Nancy Pelosi et l'ire de Pékin

Le 2 août 2022, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, atterrit à Taïwan, dans le cadre d'une tournée asiatique.

Furieux, Pékin déclenche en représailles des manoeuvres militaires de grande ampleur autour de l'île autoadministrée. Taïwan est encerclé le 4 août, et des tirs de missiles sont effectués pendant une semaine.

Dans le cadre de ces exercices, des avions de chasse et des navires de guerre ont été déployés.

Taipei répond par ses propres exercices et, dans les semaines qui suivent, les Etats-Unis envoient des navires de guerre dans le détroit et annoncent de nouveaux programmes d'aide militaire à l'île.

La Chine impose des sanctions à Mme Pelosi, mais sa visite incite d'autres délégations américaines et européennes à se rendre à Taïwan.

2023, rencontre entre Tsai et McCarthy

Tsai Ing-wen s'arrête à deux reprises aux Etats-Unis, avant et après une visite chez ses alliés d'Amérique latine, de moins en moins nombreux. Elle rencontre le président de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy à Los Angeles le 5 avril.

Pékin menace de représailles pour "défendre" sa souveraineté, insistant sur le fait que Taïwan fait partie de son territoire.

Le 8 avril, au lendemain du retour de Mme Tsai à Taipei, Pékin annonce trois jours d'exercices militaires.

Ce jour-là, le ministère de la Défense taïwanais détecte au moins huit navires de guerre et 42 avions de chasse autour de Taïwan.

Vingt-neuf avions entrent au sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, et Pékin parle pour le premier jour d'entraînement à "l'encerclement" de Taïwan.


Ukraine: Trump envoie Steve Witkoff rencontrer Zelensky et les Européens

Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
Vue d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque de drone à Tver, le 12 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Les États-Unis intensifient leur pression diplomatique pour imposer un plan de paix en Ukraine, demandant à Kiev des concessions territoriales majeures, tandis que les combats et frappes meurtrières se poursuivent des deux côtés
  • Les négociations butent sur les questions territoriales et les garanties de sécurité, dans un contexte difficile pour l’Ukraine, marqué par des revers militaires, des coupures d’électricité et des tensions politiques internes

KIEV: Donald Trump envoie son émissaire Steve Witkoff à Berlin ce week-end pour rencontrer Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, au moment où les Etats-Unis poussent l'Ukraine à des concessions majeures pour mettre fin au conflit avec la Russie.

Mais les deux pays ont poursuivi les hostilités dans la nuit: la Russie a affirmé samedi avoir frappé des installations industrielles et énergétiques ukrainiennes avec des missiles hypersoniques, dans ce qu'elle a qualifié de représailles à des frappes ukrainiennes contre des "cibles civiles" en Russie.

Volodymyr Zelensky a fait état de frappes russes ayant endommagé plus d’une douzaine d'installations civiles en Ukraine et privé des milliers de personnes d’électricité dans sept régions.

Une femme de 80 ans a été tuée dans la région de Soumy (nord-est), selon le gouverneur régional.

Dans le centre de la Russie, deux personnes ont été tuées samedi à la suite d'une attaque de drones ukrainiens contre un immeuble résidentiel à Saratov, ont indiqué les autorités locales.

Donald Trump a clairement affiché son impatience concernant l'avancée des discussions autour de son plan qui vise à régler le conflit déclenché par l'invasion russe à grande échelle de février 2022 et ayant fait des centaines de milliers de morts et de blessés.

Alors que Kiev et ses alliés cherchent à amender ce document jugé initialement très favorable à Moscou, un haut responsable de la Maison Blanche a confirmé vendredi soir à l'AFP le déplacement de M. Witkoff en Allemagne.

L'émissaire, reçu début décembre par Vladimir Poutine à Moscou, doit rencontrer à Berlin Volodymyr Zelensky ainsi que des dirigeants européens dont la liste n'a pas été précisée.

Le président ukrainien avait déjà prévu de se rendre lundi dans la capitale allemande pour rencontrer ses alliés européens, dans le cadre de l'intense ballet diplomatique engagé autour du plan américain dévoilé il y a près d'un mois.

Les négociateurs bloquent en particulier sur les questions territoriales, les Etats-Unis réclamant, déplore Kiev, d'importantes concessions.

- Adhésion à l'UE -

Selon M. Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk (est de l'Ukraine) qu'elles contrôlent encore et qui est censée devenir une "zone économique libre" démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d'occupation.

En échange, l'armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est) mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporijjia (sud).

Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des "garanties de sécurité" qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française vendredi.

Un haut responsable a pour sa part dit à l'AFP qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain.

Une telle adhésion, en à peine plus d'un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d'Etats membres de l'UE aux relations tendues avec l'Ukraine, comme la Hongrie.

- Navire en feu -

Le temps presse pour Donald Trump, dont la porte-parole a fait savoir jeudi qu'"il en a assez des réunions qui n'ont d'autre but que de se réunir".

Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l'Ukraine: la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de M. Zelensky, l'armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes.

L'armée ukrainienne a cependant affirmé avoir repris plusieurs quartiers de la ville-clé de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, ainsi que deux localités proches.

Dans le sud, un navire turc a pris feu vendredi après une frappe aérienne russe dans le port de Tchornomorsk, près d'Odessa.

Le propriétaire de ce bateau, l'armateur turc Cenk Shipping, a expliqué dans un communiqué que le M/V CENK T, "qui transporte des camions entièrement chargés de fruits frais, de légumes et de denrées alimentaires sur la route Karasu–Odessa", avait été "victime d'une attaque aérienne".

"La mer Noire ne doit pas être considérée comme une zone de confrontation. Cela ne profiterait ni à la Russie ni à l’Ukraine. Tout le monde a besoin d’une navigation sécurisée en mer Noire", a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'Ukraine réplique aux bombardements russes en envoyant des dizaines de drones quotidiennement vers la Russie, visant en particulier l'industrie pétrolière qui permet à Moscou de financer la guerre.


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Short Url
  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Short Url
  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.