L’aggravation des crises atténue la joie de Pâques au sein de la communauté chrétienne libanaise

Le tapotement des œufs est une tradition de Pâques au Liban, mais la concurrence pourrait être rare cette année avec une boîte d'œufs coûtant 500 000 livres libanaises. (AFP)
Le tapotement des œufs est une tradition de Pâques au Liban, mais la concurrence pourrait être rare cette année avec une boîte d'œufs coûtant 500 000 livres libanaises. (AFP)
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Publié le Samedi 08 avril 2023

L’aggravation des crises atténue la joie de Pâques au sein de la communauté chrétienne libanaise

  • Selon le Programme alimentaire mondial, plus de la moitié de la population libanaise a désormais besoin d’aide alimentaire
  • Les articles de Pâques – des bougies aux chocolats – sont devenus trop chers pour de nombreux Libanais à mesure que leur pouvoir d’achat baisse

BEYROUTH: Au moment où les femmes se réunissent autour de la table pour préparer le maamoul de Pâques, elles ont toutes le sentiment que les célébrations de cette année seront différentes, sans doute pour le pire.

Hala Dagher s’exprime au nom de ses sœurs en ces mots: «Cette année, nous avons décidé de partager le coût du maamoul et de ne préparer que la moitié de la quantité habituelle.»

«Le maamoul représente les bénédictions et nous ne pouvons pas célébrer Pâques sans cela, même si nous n’en préparons qu’une petite quantité.»

Les Libanais sont connus pour leur attachement à la famille et aux traditions, en particulier lors d’occasions spéciales et de fêtes. À Pâques, par exemple, la tradition veut que les femmes se réunissent autour d’une même table quelques jours avant le grand week-end pour confectionner du maamoul fourré aux noix, aux pistaches ou aux dattes.

Le maamoul fait partie des douceurs libanaises les plus célèbres préparées pour Pâques. La pâte, composée de semoule, de sucre, de beurre, d’eau de rose et d’eau de fleur d’oranger, peut être recouverte de sucre glace. La pâte est traditionnellement faite le Vendredi saint et le maamoul cuit le lendemain.

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Les biscuits Maamoul font partie des douceurs libanaises les plus célèbres préparées pour Pâques. (Shutterstock)

Cependant, l’austérité touche de nombreux foyers libanais puisque tous les ingrédients sont tarifés en dollars américains.

Très peu de personnes ont mis des décorations de Pâques cette année et beaucoup n’achèteront pas d’œufs à peindre, ces symboles de résurrection et de vie.

Ceux qui se procurent des œufs en chocolat sont rares, car les friandises sont devenues trop chères.

Un rapport du Programme alimentaire mondial montre que plus de personnes que jamais dépendent de l’aide alimentaire à l’échelle du Liban au moment où le pays fait face à l’une des pires crises économiques au monde.

«Plus de la moitié de la population libanaise a désormais besoin d’aide pour subvenir à ses besoins alimentaires et à d’autres besoins de base», peut-on lire dans ce document.

«La forte dévaluation de la monnaie locale paralyse le pouvoir d’achat des gens alors que la livre libanaise atteint un nouveau record chaque jour, ce qui conduit à la flambée des prix des denrées alimentaires.»

Hala Dagher explique: «Nous avons renoncé à de nombreuses traditions pour les fêtes puisque notre budget ne le permet pas.»

«Nous avons même décidé de fabriquer des bougies maison pour le dimanche des Rameaux en utilisant une branche d’olivier et du ruban pour les décorer. Nous ne pouvons priver nos enfants de la joie des fêtes. La bougie la plus simple coûte 15 dollars (1 dollar = 0,92 euro) et cela fait 1 500 000 livres libanaises (LBP), soit l’équivalent de la moitié de mon salaire d’employée du secteur public.»

Samah Dagher, une cousine de Hala, prépare des ornements floraux pour des événements privés. Elle précise: «C’est la pire fête de Pâques cette année. Les riches préfèrent passer leurs vacances à l’étranger.»

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Des manifestants exigent des ajustements à l'inflation des retraites devant la banque centrale à Beyrouth le 30 mars. (AFP)

«Les familles qui ont des parents vivant à l’étranger leur rendent visite pour les vacances. Les familles aisées qui restent au Liban hésitent à se procurer des produits de luxe; elles redoutent un avenir plus sombre.»

«Leur argent est bloqué dans les banques. Ils sont donc très prudents lorsqu’il s’agit de le dépenser; ils ne font nullement confiance à l’État.»

«Bien que je travaille à peine, je suis fermement convaincue que tous les enfants doivent vivre l’esprit des fêtes et porter des bougies le dimanche des Rameaux. Alors j’ai décidé, avec un prêtre de la capitale, de partager le coût de la décoration des bougies des jeunes fidèles: l’enfant nous apporte sa bougie et nous nous chargeons de la décorer. Ainsi, nous ravivons la joie des fêtes.»

Claudine Pichon, une Libanaise d’origine française qui vend des confiseries maison, déclare: «Certaines familles qui commandaient auparavant un kilo de maamoul n’en prennent plus qu’un demi-kilo. Mais d’autres, à peine affectés par la crise économique, effectuent leurs commandes habituelles.»

Elle est surprise de constater la différence des prix entre ceux d’aujourd’hui et ceux d’il y a un an à peine.

«Un kilo de pistaches coûtait 16 dollars l’année dernière. Cette année, il est à 22 dollars. Le prix d’un gros paquet de beurre est de 9,5 millions de livres libanaises, contre 3 millions de LBP l’an dernier», affirme-t-elle.

«Si nous tenons compte du coût du gaz, de l’électricité et de la livraison, le coût de fabrication et de vente du maamoul a doublé.»

Les prix varient d’une pâtisserie à l’autre, mais le prix du kilo de maamoul aux dattes dans les magasins populaires oscille entre 12 et 22 dollars.

Le prix du maamoul aux noix varie de 19 à 26 dollars, tandis que celui du maamoul aux pistaches dépasse 30 dollars. Le prix d’un kilo d’œufs en chocolat est de 35 dollars.

Claudine Pichon ajoute: «Les gens veulent célébrer Pâques et, en tant que confiseurs, nous ne pouvons augmenter beaucoup nos prix, sinon personne n’achètera nos produits.»

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Un vendeur vend des sucreries traditionnelles sur un marché de la ville de Sidon, dans le sud du pays, le 23 mars 2023, alors que les musulmans font leurs courses pendant le mois de jeûne sacré du Ramadan. (AFP)

Le concours des œufs est une grande tradition de Pâques au Liban. Au moment où les membres de la famille se réunissent, après le déjeuner du dimanche, chaque personne choisit un œuf coloré décoré et le cogne contre celui de son voisin. La personne dont l’œuf reste intact à la fin gagne.

Cependant, la concurrence risque de se faire rare dans le pays cette année puisque le prix d’un carton d’œufs s’élève à 500 000 LBP.

Les magasins sont généralement remplis d’œufs en chocolat et de décorations de Pâques en cette période de l’année, mais très peu de gens font leurs courses avant la fête.

Nawal, employée dans un magasin de vêtements à Furn el Chebbak, déclare: «Puisque tous les prix sont affichés en dollars, mais que les gens sont toujours payés en livres libanaises, le pouvoir d’achat a considérablement baissé.»

«Beaucoup ne se rendent plus dans les boutiques qui vendent des marques bien connues et font plutôt leurs achats dans des magasins d’usine.»

Un grand nombre de jeunes chrétiens ont quitté le pays au cours des trois dernières années, en particulier après l’explosion qui a touché le port de Beyrouth.

Le vide présidentiel constitue un autre problème, alors que des tensions subsistent entre les partis chrétiens.

Pour tenter d’apaiser les tensions, les députés chrétiens devaient répondre à l’invitation du patriarche maronite Bechara Boutros Rahi pour une réunion de prière et de repentir le 5 avril.

Pendant ce temps, les organisations caritatives ont du mal à fournir des secours et une assistance aux familles dans le besoin. Les autorités religieuses exhortent les chrétiens à rester au Liban, mais tout ce que les gens peuvent faire pendant la période de Pâques, c’est prier pour la résurrection de leur pays.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.