Les États-Unis exhortent la Turquie à respecter les sanctions visant la Russie

L'apparente neutralité d'Ankara dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine constitue une source de tension permanente avec les États-Unis (Photo, Reuters).
L'apparente neutralité d'Ankara dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine constitue une source de tension permanente avec les États-Unis (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 10 avril 2023

Les États-Unis exhortent la Turquie à respecter les sanctions visant la Russie

  • Les élections de mai ne risquent pas de remettre en cause la stratégie turque à l'égard de Moscou, indique un expert à Arab News
  • La Turquie a servi de voie d'approvisionnement cruciale pour la Russie à la suite des sanctions imposées à l’armée russe par plusieurs pays occidentaux

ANKARA: Accusée par le département d'État américain de ne pas respecter les sanctions, la Turquie s'est engagée à interdire la réexportation de produits occidentaux vers la Russie.

Toutefois, ce pays membre de l'OTAN, qui se prépare à organiser des élections législatives et parlementaires le 14 mai, continuera d'exporter ses propres produits vers la Russie.

Les relations entre la Ankara et Moscou sont scrutées de près depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien. L'apparente neutralité turque sur le sujet dans le conflit constitue une source de tension permanente avec les États-Unis.

Le chef du bureau de coordination des sanctions du département d'État américain, James O'Brien, a déclaré, selon Reuters, que les responsables turcs se sont montrés «très clairs» au sujet de l'interdiction de réexporter vers la Russie des produits occidentaux visés par des sanctions.

Le 20 mars, l'association des exportateurs de métaux d'Istanbul a annoncé que

Le gouvernement turc a remis aux entreprises une liste de marchandises étrangères dont l'exportation vers la Russie est interdite, d’après l’association stambouliote des exportateurs de métaux.

Cette annonce fait suite à la visite du secrétaire d'État américain Antony Blinken à Ankara.

Ankara aurait donné à la Commission européenne des garanties verbales selon lesquelles les marchandises visées par les sanctions ne seront plus livrées à la Russie à partir du 1er mars.

Cette restriction omet en revanche les produits assemblés en Turquie, qui contiennent des composants provenant d'autres pays et qui peuvent toujours être exportés vers la Russie sans restrictions.

Washington reste prudent et s'est engagé à étudier les données des échanges commerciaux entre Ankara et Moscou sur la période mars-avril.

Lors d'une conférence de presse en décembre dernier, M. O'Brien avait menacé la Turquie de restrictions supplémentaires en cas de non-respect des sanctions commerciales visant la Russie.

Depuis l'invasion de l'Ukraine, plusieurs hauts fonctionnaires américains se sont rendus en Turquie pour y convaincre le secteur privé, et notamment les banques, de suivre le mouvement.

La Turquie a servi de voie d'approvisionnement vitale pour la Russie à la suite des sanctions visant à empêcher l'armée russe d'intégrer des produits importés dans ses systèmes d'armement, tels que des puces électroniques et des produits chimiques.

Pour Soner Cagaptay, directeur du programme turc au Washington Institute, la Turquie a maintenu ses relations commerciales avec la Russie depuis l'invasion, en dépit des sanctions occidentales, un «secret de polichinelle» selon lui.

«Tous les indicateurs commerciaux ont plus que doublé sur une base annuelle. Cela fait partie de la politique de neutralité pro-Ukraine d'Ankara», a-t-il indiqué à Arab News.

La Turquie a également soutenu l'Ukraine sur le plan militaire afin d'équilibrer le contexte sécuritaire de la mer Noire, a déclaré le directeur.

«Ankara a également maintenu ses liens économiques avec la Russie. Elle a bénéficié des flux d'investissement, a intensifié le commerce avec la Russie et a encouragé les oligarques russes à placer leur argent en Turquie et à acheter des propriétés», a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain «s'oppose à ces efforts et a recourt à des procédures de conformité en mettant en garde les entreprises contre le commerce avec la Russie et l'utilisation de cartes de crédit russes. Cette démarche est efficace et mobilise les entreprises turques», a affirmé M. Cagaptay.

Plusieurs milliers de Russes fortunés ont émigré en Turquie depuis l'invasion de l'Ukraine. Ils y acquièrent des propriétés, apportent leur argent en liquide avec eux, créent des centaines d'entreprises afin de contourner les sanctions et tentent de faire du pays un paradis fiscal pour les Russes. La Turquie reste ainsi aujourd’hui l'un des principaux partenaires commerciaux de la Russie.

Selon M. Cagaptay, si le gouvernement turc reste au pouvoir après les élections du 14 mai, Ankara continuera à soutenir Kiev sur le plan militaire, à maintenir ses relations économiques avec Moscou tout en respectant dans une certaine mesure les sanctions occidentales.

«En cas de victoire de l'opposition, il est peu probable que la Turquie se désengage complètement de la Russie sur le plan économique, car elle entretient avec ce pays des liens étroits dans divers secteurs allant de l'énergie à l’alimentation en passant par le tourisme», a-t-il ajouté.

L’opposition soutiendrait cependant «davantage l'Ukraine sur le plan politique et se désengagera lentement de certains liens économiques avec la Russie», a relevé M. Cagaptay.

À l'heure où les États-Unis se préparent pour les élections de 2024, des experts estiment que le président américain Joe Biden compte renforcer l'isolement de la Russie par de nouvelles sanctions et exiger davantage de la part de la Turquie, en plus des procédures de conformité.

Selon M. Cagaptay, les États-Unis comptent user de leur influence auprès de membres du gouvernement turc pour pousser Ankara à se désengager de la Russie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pourtant envoyé le message inverse le 7 avril en recevant le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Ankara.

Cette visite a coïncidé avec un entretien téléphonique entre le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, pour discuter de l'expansion de l'OTAN avec la Finlande et de la demande turque pour de nouveaux avions à réaction F-16 et des kits de modernisation en provenance des États-Unis.

Pour le directeur du bureau d'Ankara du German Marshall Fund of the US, Ozgur Unluhisarcikli, il faut distinguer entre le fait que la Turquie évite les sanctions imposées à la Russie et le fait qu'elle facilite le contournement de ces sanctions en réexportant des produits européens sous restrictions.

«C'est ce dernier aspect que la Turquie limitera, et non son commerce ordinaire avec la Russie», a-t-il indiqué à Arab News, en référence à la dernière déclaration du département d'État américain.

M. Unluhisarcikli a ajouté que les États-Unis accorderaient une attention particulière aux produits à double usage utilisés à la fois à des fins civiles et militaires.

«La Russie ne sera pas ravie de la décision de la Turquie, mais il est peu probable que sa réaction soit démesurée, car elle n'est pas en position de perdre un pays comme (celui-ci)», a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".