Egypte: depuis des millénaires, un plat de poisson salé ravi les papilles et prend au nez

Sur cette photo prise le 11 avril 2023, un marchand de poisson se prépare à saler et à bariller du mulet connu en Égypte sous le nom de "fessikh" dans un magasin de la ville de Nabarah, près de la ville de Mansoura, dans le nord du delta du Nil en Égypte, avant la traditionnel fête laïque de Cham al-Nessim. (Photo Khaled DESOUKI / AFP)
Sur cette photo prise le 11 avril 2023, un marchand de poisson se prépare à saler et à bariller du mulet connu en Égypte sous le nom de "fessikh" dans un magasin de la ville de Nabarah, près de la ville de Mansoura, dans le nord du delta du Nil en Égypte, avant la traditionnel fête laïque de Cham al-Nessim. (Photo Khaled DESOUKI / AFP)
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Publié le Lundi 17 avril 2023

Egypte: depuis des millénaires, un plat de poisson salé ravi les papilles et prend au nez

  • La technique est la même depuis le temps des pharaons: ce poisson d'eau douce est d'abord séché puis plongé dans du sel plusieurs semaines avant d'orner la table des Egyptiens qui s'en délectent malgré son odeur qui vous prend au nez
  • De nos jours, si ce plat --et surtout son odeur-- divise, il n'en reste pas moins un incontournable des célébrations de Cham al-Nessim, qui aura lieu lundi cette année

NABAROUH: A Nabarouh, au coeur du delta du Nil, on pourrait se croire dans une ville côtière tant les rues parsemées d'échoppes exhalent un puissant fumet: le parfum typique du poisson salé et fermenté que les Egyptiens appellent le fessikh.

La technique est la même depuis le temps des pharaons: ce poisson d'eau douce est d'abord séché puis plongé dans du sel plusieurs semaines avant d'orner la table des Egyptiens qui s'en délectent malgré son odeur qui vous prend au nez.

"Les Egyptiens de l'Antiquité salaient le poisson pour étendre sa durée de conservation, les ouvriers pouvaient ainsi s'en nourrir pendant qu'ils construisaient les pyramides", affirme le très médiatique archéologue Zahi Hawass qui dit avoir retrouvé des traces de ce poisson salé lors de fouilles.

De nos jours, si ce plat --et surtout son odeur-- divise, il n'en reste pas moins un incontournable des célébrations de Cham al-Nessim, qui aura lieu lundi cette année.

Cette fête, dont le nom signifie "sentir la brise" en arabe, marque l'arrivée du printemps depuis l'époque pharaonique. Elle est aujourd'hui encore célébrée par les 105 millions d'Egyptiens, qu'ils soient musulmans ou chrétiens.

Lundi, dans toutes les maisons, ils formeront deux camps: ceux qui se plaignent de l'odeur pugnace de ce poisson salé et ceux qui s'en délectent avec du pain et des oignons verts -- mais cette fois-ci, pour les musulmans, pas de pique-nique en plein air, il faudra attendre le dîner de rupture du jeûne du ramadan.

Pas d'improvisation

"Nabarouh est la capitale du fessikh en Egypte", s'enorgueillit Chérif al-Yamani, 44 ans et propriétaire du plus renommé des commerces de poisson salé.

M. Yamani affirme descendre d'une des familles qui au début du siècle ont participé à forger la réputation de sa ville pour cette spécialité.

"Pendant les célébrations (de Cham al-Nessim) comme le reste de l'année, on reçoit des clients qui viennent de toute l'Egypte", affirme-t-il à l'AFP tout en servant un client venu du Caire, 150 km plus au Sud.

Karim Abdel Gawad, a lui conduit les 55 km qui séparent sa ville de Gharbia de Nabarouh, "car ici c'est vraiment autre chose" confie-t-il à l'AFP.

"Il n'y a pas de place pour l'improvisation avec le fessikh, il faut s'approvisionner dans un endroit de confiance", conclut-il.

Ce poisson est préparé selon des règles bien précises et tout faux pas --un poisson encore trop humide ou une salaison trop légère-- peut rendre ce plat typique porteur du botulisme, une infection alimentaire parfois fatale, comme le rappelle le ministère de la Santé chaque année.

"Tout dépend de la façon dont le poisson est préparé" confirme M. Yamani qui met en garde les potentiels acheteurs contre les marchés à ciel ouvert ou autres vendeurs chez qui la qualité pourrait ne pas être au rendez-vous.

L'odeur du succès

Même si les jeûneurs craignent que la forte teneur en sel du poisson ne les assoiffe le lendemain, M. Yamani affirme avoir cette année reçu des commandes une semaine avant le début du ramadan.

L'amour pour ce poisson séché semble surmonter les craintes de déshydratation et sa boutique ne désemplit pas, même en plein ramadan.

"On n'imaginait pas vendre autant" dans un pays où l'inflation frôle les 34% et où la pauvreté ne cesse de progresser, "mais il semble que les ventes de fessikh n'aient pas été trop affectées" --malgré les sept euros à débourser pour un kilo--, assure M. Yamani.

Le regard aiguisé, prêt à déceler la moindre erreur, M. Yamani supervise ses employés pendant qu'ils empilent le poisson dans de larges tonneaux en bois, sous d'épaisses couches de gros sel, pour permettre bientôt à ses clients d'orner leurs tables de Cham al-Nessim du meilleur fessikh.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com