Lavrov au Brésil, accusé par Washington de se faire «l'écho de la propagande russe»

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, passe en revue la garde d'honneur à son arrivée au palais d'Itamaraty pour rencontrer son homologue brésilien Mauro Vieira à Brasilia, le 17 avril 2023. (Photo, AFP)
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, passe en revue la garde d'honneur à son arrivée au palais d'Itamaraty pour rencontrer son homologue brésilien Mauro Vieira à Brasilia, le 17 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 avril 2023

Lavrov au Brésil, accusé par Washington de se faire «l'écho de la propagande russe»

  • Lundi, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, organe directement rattaché au président américain, a déclaré que «le Brésil se fait l'écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits»
  • Les chefs de la diplomatie du G7 réunis au Japon ont eux mis sévèrement en garde mardi les pays qui fourniraient une assistance à la Russie en Ukraine, promettant de leur faire «payer le prix fort»

BRASILIA: Le chef de la diplomatie brésilienne a rejeté lundi les critiques de Washington qui a accusé le Brésil de se faire "l'écho de la propagande russe et chinoise" sur le conflit en Ukraine, au premier jour de la visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au Brésil.

"Je ne sais pas comment ni pourquoi (le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche) est arrivé à cette conclusion. Mais je ne suis en aucun cas d'accord", a déclaré Mauro Vieira aux journalistes à Brasilia.

Lundi, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, organe directement rattaché au président américain, a déclaré que "le Brésil se fait l'écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits".

"Les récents commentaires du Brésil selon lesquels l'Ukraine devrait envisager de céder officiellement la Crimée en guise de concession pour la paix sont tout simplement malavisés" a-t-il poursuivi aux Nations unies.

Les chefs de la diplomatie du G7 réunis au Japon ont eux mis sévèrement en garde mardi les pays qui fourniraient une assistance à la Russie en Ukraine, promettant de leur faire "payer le prix fort".

Cette déclaration intervient au premier jour de la visite au Brésil de Sergueï Lavrov, qui entame une tournée en Amérique latine. Il a rencontré le président brésilien Luiz Inacio Lula au Palais de l'Alvorada, résidence officielle du chef de l'Etat brésilien. Cet entretien n'a pas donné lieu à la publication d'un communiqué officiel.

"Nous remercions le Brésil pour sa contribution à (la recherche d') une solution à ce conflit", a déclaré le chef de la diplomatie russe lors d'une conférence de presse.

M. Lavrov a affirmé que Moscou souhaitait que "le conflit se termine au plus vite", mais en préconisant une solution "durable et non immédiate".

«Nouvel ordre mondial»

La semaine dernière, Lula avait réitéré son intention de créer un "G20 de la paix", groupe de pays dont le but serait d'oeuvrer pour la fin du conflit en Ukraine.

Il avait également affirmé que Washington devait "cesser d'encourager la guerre et commencer à parler de paix". Et "l'Union européenne doit commencer à parler de paix", avait lancé le président brésilien samedi devant des journalistes à Pékin.

Lors d'une escale aux Emirats Arabes Unis, dimanche, Lula avait jugé que "l'Europe et les Etats-Unis continuent de contribuer à la poursuite de la guerre. Alors ils doivent s'asseoir autour de la table et dire: 'Ça suffit'".

Ces critiques font écho à celles formulées par Moscou et Pékin, qui blâment les pays occidentaux pour la poursuite de la guerre qui a débuté en février 2022 avec l'invasion russe de l'Ukraine.

Il y a dix jours, en Turquie, Sergueï Lavrov avait affirmé que les négociations de paix sur l'Ukraine n'étaient possibles que si elles visaient à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial", sans domination américaine.

«Monde polycentrique»

"Nous sommes reconnaissants envers nos amis brésiliens pour l'excellente compréhension de la genèse de cette situation" en Ukraine, a commenté M. Lavrov à Brasilia.

"Nous sommes unis par une volonté commune de former un monde polycentrique plus juste", a-t-il ajouté.

La visite de M. Lavrov à Brasilia intervient trois semaines après celle à Moscou de Celso Amorim, le principal conseiller du président Lula pour les affaires internationales, qui avait rencontré le président russe Vladimir Poutine.

Le Brésil et la Russie font partie des Brics, groupe de pays émergents qui compte également dans ses rangs l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

A l'inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n'a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ou accepté de fournir des munitions à Kiev et tente de se positionner, tout comme la Chine, en tant que médiateur.

Selon l'agence d'Etat russe TASS, le Brésil est la première étape d'une tournée d'une semaine de M. Lavrov qui doit le mener aussi au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba, trois pays ouvertement hostiles à Washington.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.