Al-Aqsa: Poursuite des incursions israéliennes à l'approche de la fin du ramadan

L'armée et la police israéliennes ont intensifié leurs incursions dans la mosquée Al-Aqsa deux jours avant la fin du ramadan (Photo, Reuters).
L'armée et la police israéliennes ont intensifié leurs incursions dans la mosquée Al-Aqsa deux jours avant la fin du ramadan (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Jeudi 20 avril 2023

Al-Aqsa: Poursuite des incursions israéliennes à l'approche de la fin du ramadan

  • Le ministre palestinien exhorte la communauté internationale à mettre fin à l'escalade «dangereuse» d'Israël
  • De nombreux policiers et gardes-frontières israéliens ont pris d'assaut la cour du Dôme du Rocher dans la mosquée Al-Aqsa pour en retirer les drapeaux palestiniens

RAMALLAH: La communauté internationale doit empêcher l'escalade «dangereuse» des opérations israéliennes à Jérusalem, qui connaît une recrudescence de la violence et des arrestations, a déclaré le ministre palestinien des Affaires de Jérusalem, Fadi al-Hadmi.

Il a lancé son appel alors que l'armée et la police israéliennes ont multiplié les incursions dans la mosquée Al-Aqsa, deux jours avant la fin du ramadan, et ont intensifié les arrestations de Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Des sources palestiniennes ont révélé que les autorités israéliennes avaient arrêté 13 personnes à l'aube mercredi.

Ce mercredi après-midi, de nombreux policiers et gardes-frontières israéliens ont pris d'assaut la cour du Dôme du Rocher dans la mosquée Al-Aqsa afin de retirer les drapeaux palestiniens pour la deuxième fois de la journée.

Selon des sources palestiniennes, les forces israéliennes ont d'abord fait irruption dans la mosquée à l'aube, ôtant et confisquant une bannière accrochée à un pilier.

L'opération initiale n'ayant pas abouti à la descente du drapeau palestinien, les autorités israéliennes ont de nouveau assailli la mosquée, utilisant des escaliers pour confisquer le drapeau.

Al-Hadmi a condamné les événements survenus à Jérusalem au cours des dernières semaines.

Il a notamment évoqué les attaques contre les fidèles, ainsi que les restrictions imposées aux prières dans la mosquée Al-Aqsa pendant le mois du ramadan, et dans l'église du Saint-Sépulcre pendant le Samedi saint.

«La police d'occupation a brutalement agressé les fidèles de la mosquée Al-Aqsa et a imposé des restrictions à l'entrée des fidèles afin d'ouvrir la voie aux incursions des colons dans la mosquée. Elle a également agressé les participants aux célébrations du Samedi saint et empêché un grand nombre d'entre eux de se rendre à l'église du Saint-Sépulcre», a indiqué Al-Hadmi.

Le ministre palestinien a de même prévenu que de vastes projets de colonisation étaient en cours de préparation dans divers comités israéliens.

Il a invoqué un projet de démolition de dizaines d'établissements commerciaux dans le quartier de Wadi al-Joz, la mise en œuvre du projet «Silicon Valley» et la construction de centaines d'unités de colonies sur des terres palestiniennes dans la ville.

«Une fois encore, les récents développements dans la ville occupée de Jérusalem ont prouvé sans l'ombre d'un doute que l'occupation est la cause des affrontements dans la ville et que la violence et les violations commises par les colons alimentent ce conflit», a déploré Al-Hadmi.

«La sécurité et la stabilité souhaitées dans la ville seront atteintes si l'occupation prend fin.»

Les commentaires d’Al-Hadmi sont intervenus alors que Ramzi Khoury, chef du Comité présidentiel supérieur chargé du suivi des affaires des Églises en Palestine, a appelé les Églises chrétiennes du monde entier à faire pression sur les autorités israéliennes pour qu'elles mettent fin aux incursions.

Khoury a déclaré que la police israélienne ou d'autres autorités n'avaient «aucun droit» d'imposer des restrictions ou d'empêcher les fidèles de pratiquer leur religion.

Dans son message, il a appelé les Églises du monde à «travailler sérieusement» et à «faire pression sur les gouvernements» afin de préserver ce qui reste de la communauté chrétienne de Palestine.

Il a précisé que les chrétiens étaient soumis à de nombreuses pressions – à travers les restrictions imposées par l'occupation sur leur pratique des rituels religieux, ainsi que les incursions répétées.

Ce mercredi, plusieurs citoyens palestiniens ont été gravement blessés après que des attaques de l'armée israélienne ont visé l'entrée du camp d'Aqabat Jaber, au sud de Jéricho.

Des colons israéliens, protégés par des soldats, ont démoli plusieurs magasins de l'ancien marché aux légumes Al-Hisba dans la vieille ville d'Hébron, en vue de construire de nouvelles unités de colonies à leur place.

Imad Hamdan, directeur général du Comité de réhabilitation d'Hébron, a affirmé qu'au moins cinq magasins avaient été démolis dans la zone.

Les magasins du marché ont complètement été fermés et isolés des Palestiniens par l'armée israélienne pendant plus de vingt-cinq ans, les résidents et les propriétaires de magasins n'ayant pas le droit d’accéder au site.

La zone est en revanche entièrement accessible aux colons qui, sous la protection des forces d'occupation, ont démoli au moins cinq bâtiments en vue de s'emparer du terrain et de construire de nouvelles unités de colonies.

Selon les données du futur budget, près d'un milliard de dollars seront consacrés à l'élargissement de la route menant à la colonie de Beit El, à l'élargissement de la route entre le carrefour d'Ariel et le carrefour de Tapuah (Za'atra), à l'aménagement de la rocade orientale de Jérusalem, de la route de la colonie de Qalandia, de la route de la colonie d'Alfei Menashe et à la réhabilitation de la route 60 qui traverse la Cisjordanie.

Le plan pluriannuel prévoit également l'aménagement d'autres routes de colonisation dans les environs de Naplouse, Salfit et Qalqilya.

L'analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib a déclaré à Arab News que les mesures prises par le gouvernement israélien s'inscrivent dans le cadre de la promesse faite aux électeurs lors de la campagne électorale de parvenir à l'annexion totale de Jérusalem.

Al-Khatib a ajouté que les gouvernements israéliens successifs – plus de cinquante ans après l'occupation initiale de Jérusalem – ont été frustrés par leur incapacité à annexer la ville, ainsi que par leur incapacité à réprimer le nationalisme palestinien.

«Le gouvernement israélien actuel essaye d'atteindre ses objectifs d'annexion de Jérusalem-Est et d'envoyer un message au public israélien selon lequel il diffère des gouvernements précédents à cet égard et poursuit ses tentatives d'annexion, mais ces tentatives n'ont pas abouti», a expliqué Al-Khatib à Arab News.

Ce mercredi également, les autorités israéliennes ont ordonné aux Palestiniens d'arrêter les travaux de construction de trois maisons et de deux baraquements à Ni'lin, à l'ouest de Ramallah.

Des sources israéliennes ont révélé mercredi qu'Israël avait alloué des milliards de dollars au développement de routes et d'infrastructures pour les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem.

La chaîne israélienne Channel 7 a déclaré que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, était d'accord avec la ministre des Transports, Miri Regev, sur ces projets.

Les fonds seront alloués chaque année à partir du budget général.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'organisation humanitaire controversée GHF, dit avoir terminé sa mission à Gaza

L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas. (AFP)
L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas. (AFP)
Short Url
  • L'organisme au financement opaque, déployé en mai dans le territoire palestinien en guerre, après deux mois de blocus humanitaire total imposé par Israël, a été vivement critiquée par la communauté humanitaire internationale
  • Ses distributions de nourriture ont été entachées par des violences qui ont tué plus de 1.000 personnes à proximité de ses sites, selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU

JERUSALEM: L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas.

La Gaza Humanitaran Foundation (GHF) a annoncé dans un communiqué "la fin réussie de sa mission d'urgence à Gaza après avoir distribué plus de 187 millions de repas gratuits directement aux civils dans le cadre d'une opération humanitaire record qui a permis de garantir que l'aide alimentaire parvienne aux familles palestiniennes en toute sécurité et sans détournement par le Hamas ou d'autres entités".

L'organisme au financement opaque, déployé en mai dans le territoire palestinien en guerre, après deux mois de blocus humanitaire total imposé par Israël, a été vivement critiquée par la communauté humanitaire internationale.

Ses distributions de nourriture ont été entachées par des violences qui ont tué plus de 1.000 personnes à proximité de ses sites, selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU.

L'ONG a rejeté les critiques et sa responsabilité dans ces violences.

"A un moment critique, nous sommes fiers d’avoir été la seule opération d'aide capable de fournir de manière fiable et sûre des repas gratuits directement au peuple palestinien de Gaza, à grande échelle et sans détournement, s'est félicité son directeur John Acree, cité par le communiqué.

"Le modèle de la GHF, dans lequel le Hamas ne pouvait plus piller et tirer profit du détournement de l'aide, a joué un rôle majeur pour amener le Hamas à la table des négociations et parvenir à un cessez-le-feu. Nous les remercions pour tout ce qu’ils ont apporté aux Gazaouis", a salué sur X le porte-parole du département d'Etat, Tommy Pigott.

 

 


Israël: des généraux limogés, d'autres sanctionnés, en lien avec le 7-Octobre

Short Url
  • Ces mesures prises par le chef d'état-major Eyal Zamir ont provoqué un regain de tension avec le ministre israélien de la Défense Israël Katz
  • Le limogeage de généraux de premier plan le 7-Octobre met en exergue la façon dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réussi jusque-là à esquiver ses torts dans le fiasco du 7-Octobre

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé le limogeage de trois généraux à des postes clés le 7 octobre 2023 et des sanctions disciplinaires contre plusieurs autres à cause de leur échec à empêcher ce jour-là l'attaque la plus meurtrière qu'ait connue Israël.

Ces mesures prises par le chef d'état-major Eyal Zamir ont provoqué un regain de tension avec le ministre israélien de la Défense Israël Katz, qui a annoncé lundi avoir demandé un "examen approfondi" du rapport, commandité par l'armée, qui leur a servi de base pour prendre ces mesures.

Le limogeage de généraux de premier plan le 7-Octobre met en exergue la façon dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réussi jusque-là à esquiver ses torts dans le fiasco du 7-Octobre, malgré les appels de l'opinion publique et de l'opposition à la formation d'une commission d'enquête nationale.

M. Netanyahu a répété que les fautes de la direction politique ayant mené au 7-Octobre ne pourraient être examinées qu'après la fin de la guerre.

Le général de division Aharon Haliva, à l'époque chef des renseignements militaires, le général de division Oded Basyuk, alors chef des opérations, et le général de division Yaron Finkelman, qui commandait ce jour-là depuis peu la région militaire sud d'Israël, vont être déchargés "du cadre de réserve et ne (feront) plus partie" de l'armée, indique un communiqué de l'armée publié dimanche soir.

Le général Haliva a été le premier responsable militaire à démissionner, en 2024, en invoquant sa responsabilité pour le drame du 7-Octobre. Le général Finkelman a lui aussi démissionné en invoquant les mêmes motifs. Quant au général Basyuk, il a pris sa retraite après la guerre de 12 jours lancée par Israël contre l'Iran en juin.

Selon le communiqué de l'armée, les trois hommes portent chacun une responsabilité personnelle dans l'échec de l'institution militaire à anticiper et à repousser l'attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien Hamas à partir de la bande de Gaza sur le sud d'Israël.

"Défaillance systémique" 

Ces mesures, prises par Eyal Zamir, font suite à la publication au début du mois du rapport d'un comité d'experts qu'il avait mandaté et qui a marqué la fin des enquêtes au sein de l'armée sur les défaillances ayant mené au drame du 7-Octobre.

Le rapport concluait à une "défaillance systémique et organisationnelle de longue date" au sein de l'appareil militaire.

Déplorant des "processus de prise de décision et de déploiement des forces déficients dans la nuit du 7 octobre 2023", le comité pointait des échecs au niveau de l'état-major général, de la direction des opérations, de la direction du renseignement militaire, du Commandement Sud, mais aussi de l'armée de l'Air et de la Marine.

Israël Katz, dont l'inimitié avec le chef d'état-major est connue, a réagi lundi à l'annonce des limogeages et mesures disciplinaires  en annonçant "un examen en profondeur" de ce rapport.

"A la suite des mesures annoncées hier par le chef d'état-major concernant la responsabilité des commandants dans les événements du 7 octobre, j'ai décidé de charger le contrôleur de l'établissement de la Défense, le général de division (à la retraite) Yaïr Wolansky, d'examiner en profondeur le rapport présenté par l'équipe dirigée par le général de division (à la retraite) Sami Turgeman", a annoncé le ministre de la Défense dans un communiqué.

Joute 

Il a précisé que le "contrôleur sera également invité à formuler une recommandation concernant des critères équitables pour l'élaboration de conclusions personnelles", faisant allusion aux limogeages et mesures disciplinaires annoncés par Eyal Zamir.

Selon les médias israéliens, il s'agit d'une énième joute dans le bras de fer qui oppose les deux hommes, M. Katz ayant cette fois-ci été ulcéré de ne pas avoir été prévenu directement des mesures qu'il a apprises par les médias.

En outre, le chef d'état-major s'est publiquement dissocié du gouvernement, notamment en appelant le 10 novembre à une "enquête systémique" sur le 7-Octobre.

Malgré les pressions de l'opinion publique et les demandes de l'opposition, le gouvernement israélien refuse l'établissement d'une commission nationale d'enquête dans l'échec des autorités à prévenir l'attaque.

Outre les trois généraux limogés, l'armée a annoncé des sanctions disciplinaires contre le général de division aérienne Tomer Bar et le vice-amiral David Saar Salma, respectivement à la tête de l'armée de l'Air et de la Marine.

Sont également visés par des mesures disciplinaires quatre autres généraux et quatre officiers supérieurs.

Le général Herzi Halévy, qui était à la tête de l'armée le 7 octobre 2023, a annoncé sa démission en janvier et quitté ses fonctions en mars. Il n'est pas concerné par les mesures.

 


Le Hezbollah enterre son chef militaire tué dans un bombardement israélien

Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien. (AFP)
Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien. (AFP)
Short Url
  • A l'appel de la formation chiite, des centaines de ses partisans sont descendus dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, pour les funérailles de celui que le mouvement a qualifié de "grand leader"
  • Jusque-là largement inconnu du grand public au Liban, il est le plus haut responsable du Hezbollah tué depuis la fin, il y a un an, de la dernière guerre qui a opposé le mouvement à Israël

BEYROUTH: Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien.

A l'appel de la formation chiite, des centaines de ses partisans sont descendus dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, pour les funérailles de celui que le mouvement a qualifié de "grand leader".

Jusque-là largement inconnu du grand public au Liban, il est le plus haut responsable du Hezbollah tué depuis la fin, il y a un an, de la dernière guerre qui a opposé le mouvement à Israël.

Dans cette banlieue densément peuplée de la capitale, des membres du Hezbollah en treillis ont porté son cercueil et ceux d'autres compagnons tués dans la frappe ciblée de dimanche, recouverts des drapeaux jaunes du groupe, au son de chants religieux, a rapporté un correspondant de l'AFP.

La foule, d'où émergeaient des portraits des dirigeants du Hezbollah et du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a scandé des slogans contre Israël et les États-Unis.

Cet assassinat est intervenu alors qu'Israël a intensifié ces derniers temps ses frappes sur le territoire libanais malgré le cessez-le-feu, disant viser des membres ou infrastructures du Hezbollah qu'il accuse de se réarmer, ce que le mouvement dément.

"Voie diplomatique" 

Le gouvernement libanais est sous forte pression de Washington pour contraindre le Hezbollah à rendre ses armes conformément à l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024, ce que le mouvement islamiste refuse jusqu'à présent.

Après l'assassinat de Haitham Ali Tabatabai, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé qu'Israël "ne permettra(it) pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé Beyrouth  à "respecter son engagement" à le désarmer.

A Paris, la diplomatie française a appelé à la "retenue" après la frappe israélienne qui fait "peser un risque d'escalade dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions".

Les options du Hezbollah apparaissent désormais limitées: le mouvement est sorti très affaibli du conflit qu'il avait enclenché avec Israël après le début de la guerre à Gaza, et a perdu sa voie d'approvisionnement via la Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.

Washington presse également Beyrouth de lui couper les financements iraniens. Téhéran, principal allié du Hezbollah, a dénoncé lundi un "lâche assassinat".

Il existe aujourd'hui "deux tendances au sein du groupe", explique à l'AFP une source proche du Hezbollah, sous couvert d'anonymat. "Ceux qui veulent répondre à l'assassinat et ceux qui préfèrent s'abstenir, et pour l'instant, la direction du groupe préfère la voie diplomatique".

"Les options du Hezbollah sont très limitées", affirme à l'AFP Nicholas Blanford, analyste à l'Atlantic Council. "Sa base réclame vengeance, mais si le Hezbollah répond directement (...) Israël ripostera très durement et personne au Liban ne remerciera le Hezbollah pour ça".

Selon lui, la frappe sur le chef militaire du Hezbollah "montre qu'Israël peut toujours localiser et cibler les hauts responsables (du mouvement) malgré toutes les mesures de protection".

"Rejeter les pressions" 

L'assassinat de Haitham Ali Tabatabai visait à "effrayer et affaiblir" le Hezbollah pour qu'il "se rende et se soumette, mais cet objectif ne sera jamais atteint", a lancé lors des funérailles un haut responsable du mouvement, Ali Damuch.

Israël était "inquiet de la réponse possible du Hezbollah, et doit le rester", a-t-il ajouté, exhortant les autorités libanaises à "affronter l'agression par tous les moyens (...) et à rejeter les pressions (...) à se conformer aux diktats américains et aux conditions israéliennes".

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kms entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.

Un responsable militaire libanais a affirmé à l'AFP la semaine dernière que les demandes américaines et israéliennes d'un désarmement d'ici fin 2025 étaient "impossibles" à satisfaire, faute de personnel et d'équipement, et au vu du risque de confrontations avec les communautés locales soutenant le Hezbollah.