Sixième jour de combats à Khartoum, les appels à la trêve ignorés

Khartoum et ses villes sœurs Omdurman et Bahri ont été secouées par de violents combats cette semaine, forçant les habitants à fuir. (AFP)
Khartoum et ses villes sœurs Omdurman et Bahri ont été secouées par de violents combats cette semaine, forçant les habitants à fuir. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 avril 2023

Sixième jour de combats à Khartoum, les appels à la trêve ignorés

  • Dans la ville de plus de cinq millions d'habitants, les familles se pressent sur les routes pour fuir raids aériens, rafales et combats de rue
  • En cinq jours, «70% des 74 hôpitaux de Khartoum et des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage», selon leur syndicat

KHARTOUM: Explosions et tirs continuent jeudi de déchirer Khartoum alors que la communauté internationale tente d'arracher un cessez-le-feu aux deux généraux en lutte pour le pouvoir au Soudan, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd el-Fitr.

Pour sa première réaction en six jours de combats, le général Abdel Fattah al-Burhane , chef de l'armée, a affirmé qu'il n'y aurait pas "de discussions politiques" avec son rival Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des Forces de soutien rapide (FSR): soit il cesse de "vouloir contrôler le pays", soit il se fera "écraser militairement".

A l'issue jeudi d'une réunion virtuelle avec les responsables de l'Union africaine, de la Ligue arabe et d'autres organisations régionales, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui appelé à un cessez-le-feu d'"au moins trois jours" à l'approche de l'Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.

Un appel qui survient alors que, depuis le 15 avril, les affrontements entre les deux camps, principalement dans la capitale et la région du Darfour (ouest), ont déjà fait "plus de 330 morts et 3.200 blessés", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Mais Tagrid Abdine, une architecte de 49 ans à Khartoum, n'est "pas optimiste à propos du cessez-le-feu". "Ca fait trois ou quatre fois que c'est annoncé, mais les deux camps ne l'ont jamais respecté", dit-elle.

Dans la capitale, "l'odeur de la mort et des cadavres règne dans certains quartiers du centre", témoigne un autre habitant en route vers un quartier plus calme.

Dans cette ville de plus de cinq millions d'habitants, de nombreuses familles ont épuisé leurs dernières victuailles et n'ont plus d'électricité ni eau courante. Certaines se pressent sur les routes pour fuir les raids aériens et les combats de rue.

Balles perdues

"A 4h30 du matin, on a été réveillés par les bruits des raids aériens. On a fermé toutes les portes et les fenêtres parce qu'on a peur d''une balle perdue", raconte à l'AFP un autre habitant de Khartoum, Nazek Abdallah, 38 ans.

A quelques dizaines de kilomètres de là, la vie suit son cours et des maisons s'ouvrent pour accueillir les déplacés. Traumatisés, ils ont roulé ou marché des heures durant.

Pour se mettre à l'abri, ils ont dû subir les questions ou les fouilles des hommes postés aux check-points des FSR du général Daglo et de l'armée du général Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch mené par les deux hommes en 2021.

Surtout, ils ont dû progresser au milieu des cadavres qui jonchent les bords de route et éviter les zones les plus dangereuses, repérables aux colonnes de fumée noire qui s'en échappent.

Depuis que la lutte de pouvoir, latente depuis des semaines entre les deux généraux, s'est transformée en bataille rangée le 15 avril, les civils ont aussi fui en nombre à l'étranger.

Entre 10.000 à 20.000 personnes, dont une majorité de femmes et d'enfants, ont ainsi trouvé refuge au Tchad voisin, selon les équipes du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) présentes à la frontière.

Les combats font rage à Khartoum et au Darfour, mais des explosions ont aussi retenti jeudi à El-Obeid, à 350 kilomètres au sud de la capitale.

Des deux côtés, pleuvent les annonces de victoire et les accusations mutuelles, impossibles à vérifier sur le terrain tant le danger est permanent.

L'armée de l'air, qui vise les bases et les positions des FSR disséminées dans les zones habitées, n'hésite pas à larguer des bombes, parfois au-dessus d'hôpitaux, ont témoigné des médecins.

Envoi de militaires américains

En cinq jours, "70% des 74 hôpitaux de Khartoum et des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage", selon leur syndicat: bombardés, ils n'ont plus aucun stock pour opérer ou bien des combattants en ont pris le contrôle, chassant médecins et blessés.

Dans la capitale, "des enfants sont à l'abri dans des écoles et des garderies tandis que les combats font rage autour d'eux et des hôpitaux pour enfant ont été forcés d'évacuer, les frappes aériennes se rapprochant", affirme de son côté l'Unicef.

Les organisations humanitaires ont pour la plupart été forcées de suspendre leur aide, cruciale dans un pays où plus d'un habitant sur trois souffre de la faim en temps normal.

Trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont notamment été tués au Darfour au début des combats.

Au milieu du chaos général, l'Egypte est parvenue, via une médiation des Emirats arabes unis, à évacuer "177 de ses soldats" stationnés sur une base aérienne du nord du Soudan, selon les deux pays.

Mais 27 autres, capturés par les paramilitaires puis remis à la Croix-Rouge, attendent toujours de quitter le pays à l'ambassade à Khartoum, selon l'armée égyptienne.

Jeudi, les Etats-Unis ont eux annoncé dépêcher des militaires dans la région du Soudan pour faciliter une éventuelle évacuation du personnel de leur ambassade à Khartoum.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.