Les Serbes du Kosovo boudent les municipales dans le nord organisées par Pristina

Une femme vote dans un bureau de vote dans le nord de Mitrovica, majoritairement peuplé par la minorité ethnique serbe, lors des élections municipales dans le nord du Kosovo, le 23 avril 2023. (Photo, AFP)
Une femme vote dans un bureau de vote dans le nord de Mitrovica, majoritairement peuplé par la minorité ethnique serbe, lors des élections municipales dans le nord du Kosovo, le 23 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 24 avril 2023

Les Serbes du Kosovo boudent les municipales dans le nord organisées par Pristina

  • Le boycot de ce scrutin qui se dessine dans les quatre municipalités du nord où les Serbes sont très largement majoritaires risque d'aggraver les tensions persistantes ces derniers mois entre le gouvernement kosovar et les Serbes
  • Dans les 19 bureaux de vote du nord, dont 13 sont des conteneurs, installés provisorement par les autorités de Pristina, 45 000 électeurs, dont 95% environ sont des Serbes, sont appelés à voter

MITROVICA: Les Serbes du Kosovo boudaient dimanche les élections municipales organisées par les autorités de Pristina dans le nord du territoire, où les représentants de la communauté serbe ont démissionné en novembre des institutions locales.

Le boycot de ce scrutin qui se dessine dans les quatre municipalités du nord où les Serbes sont très largement majoritaires risque d'aggraver les tensions persistantes ces derniers mois entre le gouvernement kosovar et les Serbes.

Ces élections se déroulent un plus d'un mois après l'annonce par l'UE d'un accord sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina atteint à Ohrid (Macédoine du Nord), mais que les deux parties n'ont pas signé.

"Les bureaux de vote ont été ouverts comme prévu", a indiqué le président de la Commission électorale à Pristina Kreshnik Radoniqi.

Dans les 19 bureaux de vote du nord, dont 13 sont des conteneurs, installés provisorement par les autorités de Pristina, 45 000 électeurs, dont 95% environ sont des Serbes, sont appelés à voter.

"Je hais tous ceux qui participent à ces élections (...) car il reconnaissent l'Etat albanais (le Kosovo indépendant, NDLR)", a laché Milan Bulatovic, habitant serbe de Mitrovica nord.

Aucun incident n'avait été signalé dans les premières heures du scrutin.

Début novembre, policiers serbes intégrés à la police kosovare, juges, procureurs et autres fonctionnaires avaient quitté leurs postes en masse pour protester contre une décision de Pristina, désormais suspendue, d'interdire aux Serbes vivant au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par la Serbie.

Belgrade, qui soutien la décision des Serbes de bocycotter le scrutin qualifié de "non-démocratique et illégitime", affirme que les conditions ne sont pas réunies pour le retour des représentants serbes dans les institutions kosovares.

Belgrade insiste sur la nécessité de la mise en place d'une "association de municipalités serbes", qui serait une sorte d'autonomie réunissant quelque 120 000 Serbes vivant au Kosovo, peuplé de 1,8 million d'habitants, très majoritairement albanais.

Le Premier ministre kosovare Albin Kurti a, de son côté, regretté que "les citoyens Serbes du Kosovo n'utilisent pas leur droit de voter" en raison de pressions venant de Belgrade.

La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province.

Initialement prévues pour le 18 décembre, ces élections ont été reportées au 23 avril après une série d'incidents violents dans le nord.

Belgrade encourage les Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire.

Le boycott des Serbes permettrait théoriquement aux formations albanaises de prendre le pouvoir dans les quatre municipalités du nord.


Royaume-Uni: Cinq Bulgares soupçonnés d'espionnage pour la Russie maintenus en détention

L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020 (Photo, AFP).
L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020 (Photo, AFP).
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  • Ils sont apparus en vidéo depuis leurs prisons et ont uniquement pris la parole pour donner leur identité
  • Mais Jan Marsalek n'a pas été inculpé dans cette affaire d'espionnage au Royaume-Uni

LONDRES: Trois hommes et deux femmes de nationalité bulgare soupçonnés d'espionnage au profit de la Russie ont été maintenus en détention après avoir été présentés mardi à Londres devant la justice britannique.

Les cinq personnes, âgées de 29 à 45 ans, sont soupçonnées d'avoir fait partie d'un "réseau" exerçant de la surveillance pour la Russie, a expliqué le parquet au tribunal. Elles auraient recueilli des informations "avec une autre suspect, connu sous le nom de Jan Marsalek, et d'autres personnes inconnues".

Une grande partie de l'opération se serait déroulée à l'étranger, mais la coordination aurait eu lieu au Royaume-Uni.

L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020. Il se trouverait à Moscou sous une fausse identité, protégé par les services de renseignement russes, selon une investigation journalistique internationale parue en 2022.

Pas d’inculpations 

Mais Jan Marsalek n'a pas été inculpé dans cette affaire d'espionnage au Royaume-Uni.

Les cinq suspects, qui vivaient apparemment au Royaume Uni depuis plusieurs années, sont poursuivis pour "conspiration afin de recueillir des informations destinées à être directement ou indirectement utiles à un ennemi pour un objet portant atteinte à la sécurité et aux intérêts de l'Etat", entre fin août 2020 et février 2023.

Ils sont apparus en vidéo depuis leurs prisons et ont uniquement pris la parole pour donner leur identité. La prochaine audience aura lieu le 13 octobre.

Orlin Roussev, Bizer Dzhambazov, Katrin Ivanova, Ivan Stoyanov et Vanya Gaberova ont été arrêtés en février par l'unité antiterrorisme de la police de Londres.

Les trois premiers ont déjà été inculpés le 11 février pour possession de dizaines de faux documents d'identité.


Trump a gonflé ses actifs pendant des années, estime un juge avant son procès civil

L'ancien président Donald Trump s'adresse à une foule lors d'un rassemblement électoral le 25 septembre 2023 à Summerville, en Caroline du Sud (Photo, AFP).
L'ancien président Donald Trump s'adresse à une foule lors d'un rassemblement électoral le 25 septembre 2023 à Summerville, en Caroline du Sud (Photo, AFP).
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  • Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de «fraudes»
  • Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l'ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison Blanche

NEW YORK: Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de "fraudes" financières "répétées" dans les années 2010 en gonflant les actifs de la Trump Organization, une décision cinglante avant même l'ouverture lundi du procès civil dans cette affaire.

Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l'ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison Blanche en novembre 2024 et de prendre sa revanche sur son successeur Joe Biden.

Elle facilite en revanche la tâche de la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, qui avait porté plainte contre Donald Trump. Elle réclame 250 millions de dollars d'amendes et des interdictions de diriger des sociétés pour Donald Trump et plusieurs de ses proches, dont ses deux enfants qui dirigent aujourd'hui la Trump Organization.

Le procès civil qui doit commencer lundi n'est que le premier d'une longue liste pour l'ancien président, qui devra aussi comparaître notamment devant la justice fédérale, accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, ou devant la justice de l'Etat de Géorgie pour avoir là aussi essayé de manipuler les résultats du scrutin perdu face à Joe Biden.

Letitia James, équivalent d'un ministre de la Justice pour l'Etat et élue démocrate, avait demandé un procès au civil contre le milliardaire républicain en l'accusant d'avoir gonflé la valeur des actifs de la Trump Organization, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, notamment pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques de 2011 à 2021.

La Trump Organization regroupe une myriade de sociétés et s'étend de l'immobilier résidentiel, avec plusieurs gratte-ciels à New York, aux hôtels de luxe, résidences ou clubs privés comme Mar-a-Lago en Floride et clubs de golf. En mars 2023, le magazine Forbes a évalué la fortune de Donald Trump à 2,5 milliards de dollars.

«Fantaisie»

Dans sa plainte, la procureure générale cite plusieurs exemples, dont le triplex de Donald Trump à l'intérieur de la Trump Tower à New York, dont la valeur aurait été déclarée sur la base d'une surface trois fois supérieure à la réalité (2.700 mètres carrés contre 1.000), ce qui aurait permis de l'évaluer à 327 millions de dollars

"Des mesures de bonne foi pourraient varier de 10-20%, pas de 200%", écrit le juge Arthur Engoron. Pour le magistrat, un "écart de cet ordre de grandeur, de la part d'un promoteur immobilier augmentant sa propre surface d'habitation pendant des décennies, ne peut qu'être considéré comme de la fraude".

Le juge énumère d'autres exemples, comme la propriété de Seven Springs dans la région de New York, les immeubles Trump Park Avenue ou 40 Wall Street à New York ou encore des golfs et la résidence Mar-a-Lago.

Particulièrement cinglant, le magistrat écrit dans sa décision de 35 pages que les arguments en défense du camp Trump relèvent d'un "monde fantaisiste, pas du monde réel".

Pour le juge Engoron, Donald Trump et ses deux enfants sont "responsables" de "violations répétées" de la loi.

Sur son réseau social Truth Social, l'ancien président américain réaffirme qu'il n'a rien à se reprocher et qualifie le juge d'"haineux" à son égard.

"Je vaux bien plus que ce que disent les chiffres dans mes déclarations financières", écrit-il aussi en lettres capitales, en assurant que les banques n'ont jamais eu à se plaindre des prêts consentis.


Le chef de l'ONU dénonce la «pure folie» du nucléaire, la Corée du Nord menace d'une «guerre»

«Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre», a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres (Photo, AFP).
«Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre», a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres (Photo, AFP).
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  • En pleines tensions géopolitiques accrues, les arsenaux nucléaires de plusieurs pays, la Chine en particulier, ont augmenté en 2022
  • Les chercheurs craignent que le monde ait atteint la fin d'une longue période de déclin du nombre d'armes nucléaires

NATIONS UNIES: Le chef de l'ONU a dénoncé mardi la "pure folie" d'une nouvelle "course aux armements" atomiques, tandis que la Corée du Nord a menacé les Etats-Unis et la Corée du Sud d'être "au bord d'une guerre nucléaire" dans la péninsule coréenne.

"Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre", a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres.

"Il y a urgence. Une inquiétante course aux armements se prépare. Le nombre d'armes nucléaires pourrait augmenter pour la première fois depuis des décennies", a-t-il alerté en regrettant que "l'architecture mondiale du désarmement et de la non-prolifération se délite".

"A la faveur de la modernisation des arsenaux nucléaires, ces armes deviennent plus rapides, plus précises et plus furtives. A nouveau, la menace du recours à l’arme nucléaire est brandie. C'est de la pure folie. Nous devons renverser la vapeur", a martelé Antonio Guterres.

"Le monde vit depuis trop longtemps à l'ombre de l’arme nucléaire. Eloignons-nous du précipice", a-t-il encore imploré.

Le secrétaire général n'a nommé aucun pays mais ses propos à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires interviennent au moment où la guerre en Ukraine a réveillé les craintes de l'utilisation de l'arme atomique.

«Confrontation fratricide»

En pleines tensions géopolitiques accrues, les arsenaux nucléaires de plusieurs pays, la Chine en particulier, ont augmenté en 2022 tandis que d'autres puissances nucléaires ont, elles, continué à moderniser leurs outils, selon un rapport de chercheurs publiés en juin.

Le nombre total de têtes nucléaires parmi les neuf puissances nucléaires -- Royaume-Uni, Chine, France, Inde, Israël, Corée du Nord, Pakistan, Etats-Unis et Russie -- est tombé à 12.512 début 2023, contre 12.710 début 2022, selon l'Institut international de recherche sur la paix à Stockholm (SIPRI).

Les chercheurs craignent toutefois que le monde ait atteint la fin d'une longue période de déclin du nombre d'armes nucléaires.

Certaines régions du monde inquiètent la communauté internationale.

En particulier l'Iran, qui dément vouloir obtenir l'arme nucléaire mais dont les stocks d'uranium enrichi ont dépassé les niveaux autorisés par l'accord de 2015 sur le nucléaire civil iranien.

Et la Corée du Nord, qui a prévenu mardi à la tribune de l'ONU que la péninsule était "au bord d'une guerre nucléaire", montrant du doigt Washington et sa stratégie en Asie.

Les actions "imprudentes" et "l'hystérie continue des Etats-Unis et de leurs alliés en termes de confrontation nucléaire (...) conduisent la péninsule coréenne vers une situation militaire au bord d'une guerre nucléaire", a mis en garde son ambassadeur à l'ONU Kim Song.

S'en prenant à la politique américaine dans la région, il a dénoncé une "situation actuelle, dangereuse (qui) est le fait des Etats-Unis, lesquels cherchent à parfaire leur ambition hégémonique par tous les moyens en surestimant leur puissance".

«Réponse écrasante»

Pour le représentant du régime communiste de Kim Jong Un, "la responsabilité en incombe aussi" à la Corée du Sud qui "cherche à imposer le fléau d'une guerre nucléaire".

Séoul serait "obsédée par la soumission volontaire aux Etats-Unis et par une confrontation fratricide", a conclu le diplomate nord-coréen.

A l'autre bout du monde, Séoul a organisé mardi son premier grand défilé militaire depuis dix ans avec une participation américaine inédite, une démonstration de force au moment où les tensions avec Pyongyang sont à leur comble.

"Si la Corée du Nord utilise des armes nucléaires, son régime sera stoppé par une réponse écrasante de l'alliance américano-sud-coréenne", avait auparavant déclaré le président Yoon Suk Yeol, un conservateur qui a intensifié la coopération militaire avec les Etats-Unis et le Japon.

"Croyez-vous réellement, comme le prétend la Corée du Nord, que la Corée du Sud et les Etats-Unis complotent pour provoquer une guerre nucléaire dans la péninsule?", a lancé mardi à l'ONU un des représentants de Séoul, qualifiant d'"absurdes" ces "allégations".