Mechichi, le joker de Saied

Hichem Mechichi n’était pas le premier choix du président. (Photo présidence de la République/AFP).
Hichem Mechichi n’était pas le premier choix du président. (Photo présidence de la République/AFP).
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Publié le Lundi 27 juillet 2020

Mechichi, le joker de Saied

  • Kaïs Saied a totalement ignoré les candidats proposés par les partis politiques pour le poste de chef de gouvernement
  • Le président de la république a jeté son dévolu sur un membre de l’équipe sortante, l’actuel ministre de l’Intérieur, Hichem Mechichi

TUNIS : Après avoir pensé à un ancien ministre de la Justice et à l’actuel titulaire du portefeuille de la Défense, le président a choisi de charger de la formation du prochain gouvernement son ancien premier conseiller chargé des Affaires juridiques et actuel ministre de l’Intérieur. Qui a en commun avec le locataire du Palais de Carthage son aversion pour la corruption et le fait de déplaire au mouvement Ennahdha.

Comme cela avait été pressenti, Kaïs Saied a, pour la deuxième fois en six mois, totalement ignoré les candidats proposés par les partis politiques pour le poste de chef de gouvernement. Le président de la République a jeté son dévolu sur un membre de l’équipe sortante, l’actuel ministre de l’Intérieur, Hichem Mechichi. Ce faisant, il n’a pas violé la Constitution, comme l’en accusent les responsables du mouvement Ennahdha, mais a seulement profité de l’une de ses lacunes.

L’article 89 de la Constitution tunisienne

Le texte de la Constitution tunisienne stipule ainsi en son article 89 que le président de la République « charge le candidat du parti politique ou de la coalition électorale ayant obtenu le plus grand nombre de sièges au sein de l’Assemblée des représentants du peuple de former le gouvernement dans un délai d’un mois ». Passé ce délai sans qu’un gouvernement ne soit formé ou n’obtienne la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le chef de l’État « engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis politiques, les coalitions et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte afin de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois ».

Mais la Constitution ne dit pas comment procéder si ce cas de figure se présente une nouvelle fois au cours de la même législature : c’est le parti au pouvoir ou le président qui prend le contrôle du processus afin de désigner du nouveau chef du gouvernement.

Hichem Mechichi n’était pas le premier choix de Kaïs Saied

Hichem Mechichi n’était pas le premier choix du président. Car celui-ci avait d’abord proposé le poste de chef du gouvernement à un ancien ministre de la Justice, Mohamed Salah ben Aissa, et à l’actuel titulaire du poste de la Défense, Imed Hazgui, qui n’en ont pas voulu. Le président de la République a alors sorti de sa manche le nom de celui qu’il voulait peut-être garder au ministère de l’Intérieur.

Kaïs Saied, à qui la classe politique impute la responsabilité de la crise actuelle, consécutive à la démission de l’actuel chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, pour soupçons de corruption, a opté cette fois-ci pour un profil différent. Manager, M. Fakhfakh vient du secteur privé. Hichem Mechichi est quant à lui un pur produit de la fonction publique.

Juriste – il a, tout comme Kaïs Saied, décroché sa maîtrise de droit à la Faculté de droit et de science politique de Tunis- doublé d’un énarque – formé à l’École nationale d’administration de Tunis (diplôme de fin d’études du cycle supérieur) et de Strasbourg (Master d’Administration Publique) –, le nouveau chef du gouvernement a fait l’essentiel de sa carrière à La Kasbah, siège du Premier ministre, rebaptisé « présidence du gouvernement » après l’adoption de la Constitution de 2014), comme contrôleur des services publics, spécialisé dans l’audit des organisations publiques.

Après 2011, Hichem Mechichi est devenu un chef de cabinet très prisé. Avec quatre expériences au compteur (Transport, Femme et Famille, Affaires sociales et Santé), il est l’un des plus capés dans cette catégorie. Mais ce n’est pas son seul atout. Le président de la République, qui l’a repéré en début d’année et l’a nommé premier conseiller chargé des affaires juridiques, partage avec M. Mechichi son aversion pour la corruption et apprécie probablement son expérience en matière de lutte contre ce phénomène.

A cheval sur les principes

De fait, M. Mechichi a grandement contribué, en tant qu’enquêteur en chef au sein de la Commission nationale d'investigation sur les faits de corruption et de malversation, créée après le 14 janvier 2011 et présidée par le doyen Abdelfattah Amor, à la rédaction du premier rapport qui a mis à nu l’étendu de ce fléau qui a gangrené le pays sous le régime Ben Ali.

Ce conseiller des services publics reste d’ailleurs à cheval sur les principes de bonne gouvernance et de bonne gestion des deniers publics. Quatre mois après sa nomination au ministère de l’Intérieur, à la fin de février 2020, Hichem Mechichi a ordonné en juin dernier l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de non-conformité d’armes, de munitions et de blindés achetés en 2016 et de commissions accordées en rapport avec ce marché.

Last but not least, Kaïs Saied, engagé dans une épreuve de force avec le mouvement Ennahdha, et, surtout, avec son président, Rached Ghannouchi, n’a certainement pas choisi par hasard d’introniser Hichem Mechichi : le nouveau chef du gouvernement ne plaît pas aux Nahddhaouis, voire les inquiète. Ces derniers n’ont pas hésité à le faire savoir à leur poulain, Habib Jemli, chargé au lendemain des élections de novembre-décembre 2019 de former le nouveau gouvernement, lorsqu’il a confié le ministère de l’Intérieur à Hichem Mechichi et ils ont demandé qu’il lui retire ce portefeuille.

Le chef de cabinet au ministère de la Santé qu’était le successeur d’Elyes Fakhfakh, a également été remercié en 2018 par le nouveau titulaire du poste et ancien porte-parole du parti islamiste, Imed Hammami, pour lui confier la direction d’un organisme sous tutelle de ce ministère. M. Mechichi en tiendra-t-il rigueur aux dirigeants du parti islamiste ?


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com