Comment la crise soudanaise complique le différend au sujet du Grand Barrage de la Renaissance

Le grand barrage de la Renaissance au début de 2022, reste une source de friction entre les pays voisins (Photo, AFP).
Le grand barrage de la Renaissance au début de 2022, reste une source de friction entre les pays voisins (Photo, AFP).
Le grand barrage de la Renaissance au début de 2022, reste une source de friction entre les pays voisins (Photo, AFP).
Le grand barrage de la Renaissance au début de 2022, reste une source de friction entre les pays voisins (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 27 avril 2023

Comment la crise soudanaise complique le différend au sujet du Grand Barrage de la Renaissance

  • La résolution pacifique du conflit concernant le barrage éthiopien pourrait dépendre de l'issue de la lutte pour le pouvoir au Soudan
  • Selon les experts, un conflit prolongé pourrait mettre en péril la sécurité alimentaire et hydrique du Soudan et de l'Égypte

LONDRES: Au cours des deux dernières semaines, le monde s'est habitué à voir des photos du général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, dont les forces sont engagées dans des combats avec les forces paramilitaires rivales, les Forces de soutien rapide, depuis le 15 avril, vêtu d'une tenue de combat.

Le 26 janvier, cependant, le dirigeant de facto du pays avec un large sourire portait un costume sombre, et une cravate bleue, en mode diplomate sur tapis rouge, lorsqu'il a accueilli le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, sur la piste d'atterrissage de l'aéroport de Khartoum.

Il s'agissait de la première visite d’Abiy chez le voisin du nord de l'Éthiopie depuis le coup d'État de 2021, mené par Al-Burhan, qui en 2019, a fait dérailler la transition vers un régime civil, promise à la suite du renversement du régime du président dictateur Omar al-Bachir, en place depuis trente ans.

Les deux hommes avaient beaucoup de choses à se dire, mais la priorité d’Abiy était d'obtenir le soutien du Soudan pour le grand barrage de la Renaissance, un vaste projet hydroélectrique de 4 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) sur le Nil Bleu, à quelques kilomètres de la frontière soudanaise, qui a suscité la controverse dans la région depuis le début des travaux, il y a plus de dix ans.

Le grand barrage de la Renaissance est maintenant achevé à 90% et la prochaine saison des pluies permettra de retenir environ 17 milliards de mètres cubes d'eau lors du quatrième remplissage de l'immense réservoir.

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Des ouvriers marchent sur le site du Grand barrage de la Renaissance à Guba, en Éthiopie, le 19 février 2022 (AFP /Archives).

Pour des millions d'Éthiopiens, dont la moitié n'ont pas l'électricité et dépendent encore du bois pour se chauffer, cuisiner et s'éclairer, le barrage est un symbole d'espoir, de fierté et d'un avenir meilleur. Lors d'une cérémonie organisée sur l'imposant barrage en février de l'année dernière, Abiy a majestueusement activé la première de ses turbines, qui a commencé à produire de l'électricité.

Lorsqu'il aura atteint sa pleine capacité et que les 13 turbines alimenteront le réseau électrique national, le barrage stimulera l'industrialisation de l'Éthiopie, révolutionnera le niveau de vie de millions de ses citoyens et rapportera au pays les revenus dont il a tant besoin en tant qu'exportateur d'électricité vers la région.

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Le projet de barrage hydroélectrique massif de l'Éthiopie a commencé à produire de l'électricité l'année dernière, plus de dix ans après le début des travaux de construction (Photo, AFP).

S'exprimant lors de la cérémonie de 2022, Abiy a déclaré: «Désormais, rien ne pourra arrêter l'Éthiopie. Le barrage ne perturbera pas l'écoulement naturel du Nil.» Il a ajouté que le début de la production d'électricité démontrait «l'attitude amicale de l'Éthiopie à l'égard du fleuve».

Il a ajouté que le projet est «une excellente nouvelle pour notre continent ainsi que pour les pays en aval avec lesquels nous espérons collaborer».

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Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, s'exprime lors de la première cérémonie de production d'électricité au Grand barrage de la Renaissance, début 2022 (Photo, AFP).

L'Éthiopie a toujours insisté sur le fait que, le barrage ayant été conçu uniquement pour produire de l'électricité, ni l'Égypte ni le Soudan, pourtant tous deux situés en aval, ne perdront une partie de l'eau précieuse fournie par le Nil.

Mais lorsque le projet a été dévoilé pour la première fois, il a été condamné par le Caire et Khartoum comme une menace existentielle – les deux pays sont totalement dépendants des eaux vivifiantes du Nil, qui descendent des hauts plateaux éthiopiens depuis la nuit des temps.

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Un homme conduit un bateau sur les eaux du Nil blanc dans la région de Jabal al-Awliyaa au Soudan, le 11 mars 2023 (Photo, AFP).

Au cours de la dernière décennie, l'inquiétude des Égyptiens à l'égard de ce stratagème a menacé à plusieurs reprises de dégénérer en violence.

En juin 2013, plusieurs hommes politiques égyptiens ont été entendus en direct à la télévision en train de discuter d'options militaires pour arrêter la construction du barrage, avec des propositions allant du soutien aux rebelles éthiopiens à l'envoi de forces spéciales pour le détruire.

En mars 2021, lors d'une visite à Khartoum, quatre jours après la signature d'un accord de coopération militaire avec le Soudan, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré: «Nous rejetons la politique consistant à imposer un fait accompli et à étendre le contrôle sur le Nil Bleu par des mesures unilatérales, sans tenir compte des intérêts du Soudan et de l'Égypte.»

Quelques jours plus tard, il a fait monter les enjeux en déclarant que «les eaux de l'Égypte sont intouchables et que les toucher est une ligne rouge».

Al-Sissi a ajouté, «personne ne peut prendre une seule goutte d'eau de l'Égypte, et que celui qui veut essayer essaie».

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L'Égypte dépend du Nil pour sa survie (Photo, AFP).

Pas plus tard qu'en mars dernier, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a averti qu'en ce qui concerne le barrage, «toutes les options sont ouvertes et toutes les alternatives restent disponibles».

Depuis lors, cependant, l'attitude du Soudan à l'égard du barrage a semblé s'assouplir, laissant l'Égypte de plus en plus isolée dans son opposition franche au projet.

Au Soudan, en janvier, Abiy a non seulement rencontré Al-Burhan, mais il s'est également entretenu avec le général Mohammed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, le chef des forces paramilitaires de soutien rapide, avec lequel le chef du Conseil souverain du Soudan est actuellement engagé dans une lutte sanglante pour le pouvoir.

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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (à droite) marche aux côtés du chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan à l'aéroport de Khartoum lors d'une cérémonie de bienvenue le 26 janvier 2023 (Photo, AFP).

Dans une déclaration publiée à l'issue de la réunion, le Conseil souverain du Soudan a salué le fait qu’Abiy ait «confirmé que le barrage de la Renaissance ne causera aucun préjudice au Soudan et qu'il lui apportera des avantages en termes d'électricité». Les deux pays, ajoute le communiqué, sont «alignés et en accord sur toutes les questions relatives au Grand barrage de la Renaissance».

Mais alors même qu'il s'efforçait d'apaiser les craintes des Soudanais concernant le barrage, Abiy marchait sur une corde diplomatique raide entre Al-Burhan et Dagalo.

En décembre, un accord-cadre prévoyant une transition de deux ans vers la démocratie a été signé entre les deux généraux et certains groupes soudanais favorables à la démocratie. Lors de sa visite à Khartoum en janvier, Abiy avait soutenu l'accord. Il a posté sur Twitter qu'il était «heureux de revenir et d'être en présence du peuple sage et dynamique du Soudan», et ajoutant que «l'Éthiopie continue d'être solidaire du Soudan dans son processus politique autogéré actuel».

Mais un commentaire prémonitoire du directeur d'un groupe de réflexion de Khartoum, en février, a mis en lumière les tensions entre les deux généraux.

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Le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah Al-Burhan, à droite, et le chef paramilitaire Mohamed Hamdan Dagalo après la signature d'une trêve en 2022 (Photo, AFP).

Khouloud Khair, fondatrice et directrice de Confluence Advisory, a déclaré à Africa Report: «Lorsqu'Abiy Ahmed s'est rendu à Khartoum, il a apporté son soutien à l'accord-cadre, qui favorise Hemedti.

 

«Ce faisant, il essaie de faire participer les deux généraux… ils ont des politiques étrangères divergentes, ils ont des flux de revenus divergents, ils ont des circonscriptions politiques divergentes au niveau national avec lesquelles ils jouent.

«En raison de cette divergence inhérente entre les deux généraux, on assiste à des jeux de pouvoir différents et imprévisibles.»

Ces jeux de pouvoir ont maintenant explosé en un conflit qui, selon Jemima Oakey, basée en Jordanie et associée à la sécurité de l'eau et de l'alimentation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord au sein de la société de conseil Azure Strategy, installée à Londres, a de sérieuses implications pour la gestion future du barrage.

«Les discussions informelles semblaient plutôt positives », a-t-elle déclaré à Arab News. «D'après des rapports récents, le Soudan semblait certainement en passe de conclure un accord avec l'Éthiopie, tandis que l'Égypte avait commencé à accepter sa nouvelle réalité en matière d'eau et à élaborer des mesures d'adaptation en augmentant le nombre d'usines de dessalement et en remettant en état ses réseaux d'irrigation.»

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Jemima Oakey (Photo fournie).

Elle a ajouté, aujourd'hui la coopération régionale sur la gestion du barrage, très importante pour le Soudan, l'Égypte et l'Éthiopie, pourrait dépendre du vainqueur du conflit actuel au Soudan.

Outre la production d'électricité qui pourrait être fournie non seulement aux 60% d'Éthiopiens qui n'ont actuellement pas accès au réseau électrique, mais aussi au Soudan et à l'Égypte, le barrage promet de maximiser les rendements agricoles, notamment au Soudan, en mettant fin au cycle destructeur d'inondations et de sécheresses causé par les variations saisonnières du débit du Nil.

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Les partisans du grand barrage de la Renaissance affirment qu'il pourrait mettre fin au cycle destructeur d'inondations et de sécheresses causé par les variations saisonnières du débit du Nil en Égypte et au Soudan (Photo, AFP).

Mais la seule façon d'y parvenir, a fait remarquer Oakey, est de conclure «un accord de partage des données où la disponibilité de l'eau et les lâchers d'eau du barrage sont clairement définis et équitablement répartis entre les riverains du Nil, tant en période de sécheresse qu'en période de fortes précipitations.»

«Nous n'avons aucune idée de la position de Hemedti sur les différends territoriaux dans la région d'Al-Fashaga, dans le nord de l'Éthiopie, ni s'il pourrait essayer de revendiquer cette région pour le Soudan, ni s'il soutiendrait les milices rebelles dans la région du Tigré en Éthiopie», a-t-elle expliqué.

«Tout cela pourrait faire dérailler les accords ou les ententes sur l'accès aux débits d'eau du barrage et nuire réellement à l'accès du Soudan à l'eau et à l'électricité», a-t-elle prévenu.

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Des réfugiés éthiopiens se rassemblent pour célébrer le 46e anniversaire du Front populaire de libération du Tigré au camp de réfugiés d'Um Raquba à Gedaref, dans l'est du Soudan, le 19 février 2021 (Photo, AFP).

Elle a souligné qu'une telle évolution pourrait également avoir de graves conséquences pour l'Égypte.

«À la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, l'Égypte a essayé de développer son secteur agricole afin de devenir plus autosuffisante en matière de production de blé et de compenser les pertes d'importations de blé ukrainien. Elle a donc vraiment besoin de cette eau et d'un approvisionnement fiable», a indiqué Oakey.

«C'est pourquoi un accord sur l'accès à l'eau et le contrôle de la disponibilité est si important.»

«Mais si le conflit se prolonge au Soudan, la sécurité de l'eau et de l'alimentation du Soudan et de l'Égypte pourrait devenir très incertaine», a-t-elle averti.

Selon Oakey, un scénario spécifique est aussi improbable qu'impensable, quoi qu'il arrive dans le conflit interne au Soudan: une action militaire contre le barrage par l'une ou l'autre des parties.

«Ces dernières années, les médias se sont livrés à des spéculations alarmistes selon lesquelles le grand barrage pourrait être attaqué afin d'empêcher son achèvement, mais je doute sérieusement que l'une ou l'autre des parties au conflit soudanais envisage de l'utiliser pour s'assurer un avantage militaire», a-t-elle signalé.

«Il y a maintenant près de 73 milliards de mètres cubes d'eau derrière le barrage. Le détruire pour libérer ce volume d'eau entraînerait des inondations catastrophiques dans la majeure partie du Sud-Soudan.

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Une image satellite obtenue avec l'aimable autorisation de Maxar Technologies le 21 juillet 2020 montre le grand barrage de la Renaissance et le fleuve Nil Bleu (Photo, AFP).

Mais certains experts espèrent que la nature recevra le même mémo.

La possibilité d'une destruction catastrophique du barrage a été évoquée dans plusieurs documents universitaires au cours des dernières années. Ceux-ci ont mis en évidence «le risque élevé d'instabilité du sol» autour du site du grand barrage qui, comme l'a souligné une étude récente réalisée par des ingénieurs égyptiens en génie civil et en hydraulique, est «situé sur l'une des principales plaques tectoniques et failles du monde».

Ils ont indiqué qu'autour de cette faille, environ 16 tremblements de terre d'une magnitude de 6,5 ou plus se sont produits en Éthiopie au cours du XXe siècle.

Le premier et les plus important de la série de tremblements de terre dévastateurs qui a frappé la Turquie et la Syrie en février, tuant des dizaines de milliers de personnes et causant des dégâts considérables, avait une magnitude de 7,8.

Hicham al-Askary, professeur de télédétection et de science des systèmes terrestres à l'université Chapman en Californie, a déclaré à Arab News que les risques sismiques, plutôt que le conflit actuel au Soudan, constituaient la véritable menace pour le barrage sur laquelle le monde devrait se concentrer.

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Une vue générale du grand barrage de la Renaissance près de Guba, en Éthiopie (Photo, AFP).

«Ce qui me préoccupe vraiment aujourd'hui, c'est la possibilité de mouvements tectoniques en Éthiopie, qui est le pays le plus tectoniquement actif en Afrique», a-t-il précisé.

Il a poursuivi qu'il existe des preuves que les barrages pouvaient «accentuer les activités tectoniques et les glissements de terrains».

«Nous avons vu ce qui s'est passé en Turquie, lorsque des barrages ont été ouverts pour alléger la pression de l'eau sur la croûte.

«Avec le changement climatique, ce que fait l'Éthiopie est vraiment grave et, avec la situation au Soudan, personne ne peut deviner l’issue de la situation.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Zelensky refuse de recevoir Guterres à Kiev après sa visite en Russie

Zelensky refuse de recevoir Guterres à Kiev après sa visite en Russie
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  • Antonio Guterres s'est déplacé en Russie jeudi pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine en marge du sommet de Brics auquel ont notamment participé les dirigeants de l'Inde et de la Chine
  • Le secrétaire général de l'ONU s'est entretenu avec M. Poutine, lui réitérant "sa position selon laquelle l'invasion russe de l'Ukraine" était une "violation" du droit international, selon un communiqué du bureau de son porte-parole

KIEV: Le président Volodymyr Zelensky a refusé de recevoir à Kiev le secrétaire général des Nations unies en raison de la visite d'Antonio Guterres à Kazan, en Russie, pour le sommet des Brics, a annoncé vendredi à l'AFP un haut responsable de la présidence ukrainienne.

"Après Kazan, il (Guterres, nldr) voulait venir en Ukraine mais le président n'a pas confirmé sa visite", en raison de "l'humiliation" infligée au droit international à Kazan, a déclaré à l'AFP ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Antonio Guterres s'est déplacé en Russie jeudi pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine en marge du sommet de Brics auquel ont notamment participé les dirigeants de l'Inde et de la Chine.

Le secrétaire général de l'ONU s'est entretenu avec M. Poutine, lui réitérant "sa position selon laquelle l'invasion russe de l'Ukraine" était une "violation" du droit international, selon un communiqué du bureau de son porte-parole.

Le Kremlin n'a à pour l'instant pas encore fourni d'informations sur le contenu de leurs discussions en tête-à-tête.

Avant leur rencontre, M. Guterres avait à nouveau appelé devant les participants au sommet à "une paix juste" en Ukraine, reprenant les mots du président Zelensky à propos de son "plan de victoire".

Egalement avant ces entretiens bilatéraux, Kiev avait critiqué le "mauvais choix" de M. Gutteres de se rendre à Kazan, ne faisant ainsi qu'"endommager la réputation de l'ONU".


Borrell évoque une «course contre la montre» au Liban pour éviter un «embrasement»

Pour le dirigeant espagnol, un cessez-le-feu est essentiel avant toute solution politique, basée sur l'organisation "le plus rapidement possible" d'une élection présidentielle. (AFP)
Pour le dirigeant espagnol, un cessez-le-feu est essentiel avant toute solution politique, basée sur l'organisation "le plus rapidement possible" d'une élection présidentielle. (AFP)
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  • Un cessez-le-feu et une solution politique rapide au Liban sont impératifs pour éviter un "embrasement généralisé", a averti vendredi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell
  • Pour le dirigeant espagnol, un cessez-le-feu est essentiel avant toute solution politique, basée sur l'organisation "le plus rapidement possible" d'une élection présidentielle

BRUXELLES: Un cessez-le-feu et une solution politique rapide au Liban sont impératifs pour éviter un "embrasement généralisé", a averti vendredi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Nous sommes engagés dans une course contre la montre entre le lancement d'un possible processus politique au Liban et un embrasement généralisé aux conséquences incalculables", a-t-il souligné dans un communiqué.

Pour le dirigeant espagnol, un cessez-le-feu est essentiel avant toute solution politique, basée sur l'organisation "le plus rapidement possible" d'une élection présidentielle.

Les institutions politiques, que se partagent les différentes communautés libanaises, sont paralysées depuis deux ans par l'incapacité des autorités à organiser l'élection d'un nouveau président.

M. Borrell a également jugé nécessaire de "donner de la substance" à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2006 pour mettre un terme aux combats entre Israël et le Hezbollah, organisation chiite libanaise soutenue par l'Iran.

Ce texte stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, doivent être déployés à la frontière sud du Liban. Il prévoit aussi le désarmement des groupes armés, dont le Hezbollah.

M. Borrell juge de ce point de vue qu'il est indispensable de renforcer l'armée libanaise afin qu'elle puisse se déployer à terme "dans tout le pays", y compris dans le sud, fief de l'organisation chiite.

M. Borrell a participé jeudi à Paris à une conférence internationale sur le Liban qui a permis de récolter un milliard de dollars pour les Libanais et leur armée, mais sans obtenir d'avancées diplomatiques.

Les combats se poursuivent dans le sud où l'armée israélienne a annoncé vendredi la mort de cinq soldats tués dans des combats dans le sud, où elle mène depuis plusieurs semaines une offensive terrestre contre le Hezbollah.

Les affrontements ont fait plus de 800.000 déplacés, selon l'ONU. En Israël, 60.000 personnes ont également dû quitter leur foyer depuis un an, du fait de frappes du Hezbollah.


Sommet de Kazan: Le ministre saoudien des Affaires étrangères s'engage en faveur de la coopération avec les Brics

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a dirigé la délégation du Royaume au sommet Brics Plus 2024 à Kazan, en Russie, jeudi, au nom du roi Salmane. (Agence de presse saoudienne)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a dirigé la délégation du Royaume au sommet Brics Plus 2024 à Kazan, en Russie, jeudi, au nom du roi Salmane. (Agence de presse saoudienne)
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  • Le prince Faisal a exprimé la gratitude du Royaume pour l'accueil chaleureux réservé à la délégation saoudienne et a reconnu les liens croissants entre l'Arabie saoudite et les pays des Brics
  • L'Arabie saoudite n'a pas officiellement rejoint le bloc, mais participe à ses activités en tant que nation invitée

RIYAD: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a dirigé la délégation du Royaume au sommet Brics Plus 2024 à Kazan, en Russie, jeudi, au nom du roi Salmane.

Le prince Faisal, qui a transmis les salutations du roi et du prince héritier Mohammed ben Salmane au président russe Vladimir Poutine et aux dirigeants des autres nations des Brics, a prononcé un discours reflétant le rôle croissant de l'Arabie saoudite dans la coopération multilatérale mondiale.

Il a exprimé la gratitude du Royaume pour l'accueil chaleureux réservé à la délégation saoudienne et a reconnu les liens croissants entre l'Arabie saoudite et les pays des Brics.

L'Arabie saoudite n'a pas officiellement rejoint le bloc, mais participe à ses activités en tant que nation invitée.

«Le volume du commerce bilatéral avec les pays des BRICS a dépassé 196 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) en 2023, ce qui représente 37% du commerce extérieur total du Royaume", a déclaré le prince Faisal, soulignant les relations économiques importantes qui motivent l'engagement du Royaume auprès du bloc.»

Le sommet a été l'occasion pour l'Arabie saoudite de souligner l'importance de la coopération internationale pour relever les défis mondiaux, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

«Au moment où nous avons le plus besoin de relever les défis mondiaux, nous assistons à une escalade des tensions et à une polarisation croissante», a déclaré le prince Faisal.

Il a réitéré l'appel du Royaume en faveur d'institutions internationales plus fortes afin de garantir une représentation équitable et de répondre aux besoins de tous les pays.

S'attardant sur l'évolution de la situation au Moyen-Orient, le prince Faisal a condamné les actions militaires israéliennes en cours à Gaza, avertissant que la poursuite de l'escalade menaçait à la fois la sécurité régionale et la sécurité internationale.

Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave, à l'acheminement sans restriction de l'aide humanitaire et à la libération des otages.

Le ministre a également souligné les efforts de paix de l'Arabie saoudite, notamment le lancement récent de l'Alliance internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, qui vise à garantir une solution durable fondée sur les frontières de 1967 et la création d'un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale.

Le prince Faisal a félicité les pays du Brics pour leur solidarité avec la cause palestinienne, reconnaissant leur soutien à une solution qui respecte l'autodétermination palestinienne, a ajouté la SPA.

En conclusion, le prince Faisal a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à poursuivre l'expansion des partenariats avec les Brics et à renforcer la coopération dans toute une série de domaines.

«Le Royaume continuera à renforcer ses partenariats avec le groupe des Brics et à élargir les horizons de la coopération dans tous les domaines, dans le but de parvenir au développement et à la prospérité au niveau international», a-t-il conclu.

Plusieurs autres hauts fonctionnaires saoudiens, dont Abdelrahman al-Ahmad, l'ambassadeur du Royaume en Russie, ainsi que de hauts conseillers du ministère des Affaires étrangères, ont également participé au sommet.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com