La guerre des puces au coeur de l'intelligence artificielle

Nvidia est connu pour ses processeurs graphiques (les «GPU»), qui permettent notamment de jouer à des jeux vidéo en haute résolution ou de faire des visioconférences (Photo, AFP).
Nvidia est connu pour ses processeurs graphiques (les «GPU»), qui permettent notamment de jouer à des jeux vidéo en haute résolution ou de faire des visioconférences (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 28 avril 2023

La guerre des puces au coeur de l'intelligence artificielle

  • La production de l'écrasante majorité des semi-conducteurs utilisés pour l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle dans le monde dépend de deux entreprises
  • Le Californien Nvidia, pour la conception, et le Taïwanais TSMC, pour la fabrication

SAN FRANCISCO: Derrière le phénomène ChatGPT, se cachent des dizaines de milliers de puces électroniques chères et sophistiquées, devenues un enjeu majeur pour les géants des technologies engagés dans la course à l'intelligence artificielle (IA), de la Silicon Valley à Taïwan.

Depuis que l'interface d'IA générative a conquis des millions de personnes avec ses capacités à créer toutes sortes de textes sur simple requête en langage courant, la start-up OpenAI, responsable du modèle de langage, et son principal investisseur Microsoft ont pris la tête.

"Mais les seuls qui gagnent de l'argent, c'est Nvidia", souligne Alan Priestley, analyste chez Gartner. Microsoft a intégré de l'IA générative à de nombreux services en ligne, mais "ils n'ont pas encore trouvé comment en tirer des revenus" supplémentaires.

La production de l'écrasante majorité des semi-conducteurs utilisés pour l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle dans le monde dépend de deux entreprises, le Californien Nvidia, pour la conception, et le Taïwanais TSMC, pour la fabrication.

Nvidia est connu pour ses processeurs graphiques (les "GPU"), qui permettent notamment de jouer à des jeux vidéo en haute résolution ou de faire des visioconférences.

Mais ces puces capables de traiter de grandes quantités de données ont plus récemment permis l'émergence de la dernière génération d'IA, objet de toutes les convoitises dans la tech et enjeu de sécurité nationale aux yeux de certains gouvernements.

«Sentiment d'urgence»

"L'IA est à un point d'inflexion. Les capacités et la versatilité de l'IA générative suscitent un sentiment d'urgence à développer et déployer une stratégie d'IA chez les entreprises", a noté Jensen Huang, PDG de Nvidia en février, lors d'une conférence aux analystes.

"Il y a un énorme appétit" pour ces puces, confirme l'analyste indépendant Jack Gold. "Nvidia assure qu'elle est en mesure de les fournir, mais je ne sais pas si c'est vrai".

Même si l'offre suit, toutes les organisations n'ont pas les moyens. "Les machines suffisamment puissantes pour entraîner des modèles d'IA générative peuvent coûter des centaines de milliers de dollars", indique l'expert. Sans compter la consommation d'énergie.

Intel, le numéro un américain des semi-conducteurs, qui conçoit et fabrique les composants, a pris du retard.

"Ils se sont longtemps reposés sur leurs lauriers", estime Jack Gold, analyste indépendant, pour l'AFP. "Ils essaient de produire des puces capables de rivaliser avec celles de Nvidia, mais c'est un nouveau secteur pour eux, ils n'ont pas fabriqué de processeurs graphiques depuis au moins dix ans".

Le groupe californien produit tout de même des puces dédiées à l'IA, moins sophistiquées mais essentielles dans beaucoup d'équipements informatiques, notamment pour le cloud.

"Nous travaillons à démocratiser l'IA", a déclaré jeudi Pat Gelsinger, le patron d'Intel, lors d'une conférence aux analystes. Selon lui, certaines capacités d'IA vont migrer des serveurs vers les ordinateurs, là où Intel "a des atouts à jouer".

Les géants des technologies travaillent aussi sur leurs propres composants. D'après le site spécialisé The Information, Microsoft développe depuis 2019 une puce baptisée Athena, censée lui permettre de faire des économies. Contacté, le groupe n'a pas confirmé.

"La concurrence est de plus en plus intense dans cet écosystème", résume Jack Gold.

«Dieu nous en garde»

En septembre dernier, Joe Biden a assuré que la fabrication de ces puces de plus en plus perfectionnées était une question de "sécurité nationale", notamment face aux ambitions chinoises.

Il était venu inaugurer le chantier d'une usine de semi-conducteurs dans l'Ohio (est) et vanter une loi adoptée à son initiative, qui a débloqué 52 milliards de dollars de subventions pour relancer la production de semi-conducteurs.

L'Europe a alloué des fonds d'un montant similaire pour encourager aussi l'industrie. Intel a investi massivement dans la production et la recherche, sur les deux continents.

Il s'agit pour les pays occidentaux de créer des emplois mais aussi, et surtout, de garantir les sources d'approvisionnement de ces composants électroniques présents dans les smartphones, les voitures, les réfrigérateurs, les armes de pointe...

"Dieu nous en garde, mais si jamais la Chine attaquait Taïwan, et que TSMC ne produisait plus, l'approvisionnement mondial en puces serait réduit de quelque chose comme 80%", remarque Jack Gold.

Mais la diversification va prendre du temps. "Il faut 3-4 ans pour construire une nouvelle usine spécialisée", insiste l'analyste.

Soucieux de préserver leur avance dans les puces de dernière génération, synonymes d'avance dans l'IA, les Etats-Unis ont en outre pris des mesures pour restreindre l'accès de la Chine aux technologies essentielles à la fabrication des semi-conducteurs.


FII9 : le PIF dépasse les 250 milliards de dollars d’accords conclus depuis son lancement

Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
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  • Plus de 250 milliards de dollars d’accords signés via la FII en moins de dix ans, le PIF dépassant 1 150 milliards $ d’actifs ; la FII9 vise à renforcer l’impact global de la plateforme
  • Al-Rumayyan appelle à une refonte du modèle économique mondial, soulignant que la véritable richesse réside dans la prospérité humaine, pas seulement dans les chiffres

RIYAD : Plus de 250 milliards de dollars d’accords ont été signés via la plateforme du Future Investment Initiative (FII) depuis sa création il y a moins de dix ans, selon Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Public Investment Fund (PIF) et président de l’Institut FII.

En ouvrant la neuvième édition de la conférence à Riyad, il a affirmé que cette rencontre vise à renforcer l’impact mondial de l’initiative.

Al-Rumayyan a décrit la FII comme le plus grand forum mondial réunissant dirigeants, décideurs et investisseurs pour influencer la trajectoire de l’économie mondiale, rapporte Al Arabiya.

Il a souligné que les participants, issus des secteurs public et privé, représentent collectivement un capital et une responsabilité considérables, ainsi que de vastes opportunités pour façonner les résultats économiques.

Le gouverneur a appelé les participants à agir avec responsabilité et à saisir les opportunités qui se présentent.

Au cours de l’année écoulée, a-t-il noté, les ambitions des investisseurs et des entreprises ont évolué face aux changements économiques et technologiques rapides.

Il a estimé que les modèles économiques traditionnels ne suffisent plus et a appelé gouvernements et entreprises à devenir de véritables partenaires pour promouvoir un nouveau modèle de coopération internationale et de prospérité mondiale.

Le PIF constitue une pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, moteur de la diversification et de la croissance durable au-delà du secteur pétrolier.

En tant que l’un des plus grands fonds souverains au monde, le PIF gère des actifs dépassant 1 150 milliards de dollars, contre environ 925 milliards un an plus tôt, selon les données officielles.

Ses investissements couvrent de multiples secteurs et régions, avec un intérêt croissant pour la technologie, les infrastructures et l’énergie verte.

Le mandat du PIF s’aligne sur l’ambition du Royaume de positionner l’Arabie saoudite comme une destination mondiale de premier plan pour les investissements, soutenue par des mégaprojets et des partenariats internationaux destinés à accélérer la croissance du PIB non pétrolier.

Al-Rumayyan a déclaré que la FII est devenue le lieu de référence où dirigeants et investisseurs débattent des défis et opportunités partagés.

Il a mis en évidence un écart croissant entre l’optimisme des individus quant à leur avenir personnel et leur pessimisme face à la situation mondiale, ajoutant que la technologie pourrait combler ce fossé si elle est déployée de manière inclusive.

Il a toutefois averti que l’intelligence artificielle risque d’accentuer les inégalités éducatives si elle n’est pas régulée de façon équitable et responsable.

Il a identifié l’inégalité comme un frein majeur au progrès humain, citant des prévisions selon lesquelles environ 10 % de la population mondiale pourrait vivre dans une pauvreté extrême d’ici 2025.

Néanmoins, il s’est dit confiant que les dirigeants réunis à la FII peuvent transformer les défis actuels en opportunités bénéfiques pour la société.

Abordant la Vision 2030, Al-Rumayyan a affirmé que le programme a fixé une nouvelle référence mondiale en matière de transformation économique.

Il a noté que les investissements directs étrangers dans le Royaume ont augmenté de 24 % pour atteindre 31,7 milliards de dollars, soulignant que l’Arabie saoudite s’impose désormais comme une destination mondiale majeure, soutenue par ses mégaprojets et ses préparatifs pour accueillir l’Expo 2030 et la Coupe du Monde de la FIFA 2034.

Enfin, il a rappelé que la véritable richesse se mesure au bien-être des populations plutôt qu’aux chiffres, et a invité les participants à utiliser les trois jours du forum pour forger des partenariats transfrontaliers capables de débloquer des opportunités transformatrices au service de l’humanité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


FII9 marque un tournant : les leaders de la tech et du monde entier réunis à Riyad, selon son président

Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
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  • FII9 s’impose comme un point de bascule mondial, avec une forte domination du secteur technologique et la participation de plus de 20 chefs d’État
  • La FII dépasse le symbolisme pour des résultats tangibles, avec la signature d’accords concrets et des investissements réels, confirmant son rôle de catalyseur pour les partenariats mondiaux

RIYAD: La neuvième édition du Future Investment Initiative marque un « tournant » dans la dynamique mondiale de l’innovation, les leaders technologiques représentant plus de la moitié des intervenants à cet événement organisé dans la capitale saoudienne.

Dans une interview accordée à CNBC, Richard Attias, président du comité exécutif de la FII Institute, a déclaré que la conférence de cette année représente un changement majeur, alors que de nombreux secteurs cherchent à comprendre l’impact de l’intelligence artificielle.

Lancé en 2017, le Future Investment Initiative — souvent surnommé le « Davos du désert » — est devenu une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de mettre en avant sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition 2025, qui se tient du 27 au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des grandes tendances de l’économie mondiale et explorer de nouveaux partenariats dans les industries émergentes.

« FII9 est un tournant », a déclaré Attias à CNBC. « Cette année, 52 % de nos intervenants viennent du secteur technologique. Cela montre bien l’importance de l’IA, bien sûr, mais aussi de l’innovation dans son ensemble, car tous les secteurs et toutes les industries sont désormais impactés par la technologie. »

Attias a souligné trois facteurs clés de cette édition : la prédominance de la technologie, la présence de plus de 20 chefs d’État et 50 ministres représentant 90 pays, ainsi que la réputation grandissante de l’événement comme l’une des plateformes les plus inclusives pour la collaboration internationale.

« Ce sera une formidable plateforme pour les partenariats public-privé », a ajouté Attias, insistant sur le fait que cette coopération est « probablement l’une des solutions aux grands défis auxquels l’économie mondiale est confrontée ».

Il a qualifié la FII de « plateforme probablement la plus inclusive au monde », notant la présence de délégations de nations rivales comme la Russie et l’Ukraine, aux côtés des États-Unis, de la Chine, ainsi qu’une forte participation du Sud global et de jeunes entrepreneurs.

« Riyad devient la capitale économique du monde, au moins pour cette semaine », a affirmé Attias, précisant que la FII s’est étendue d’une conférence de trois jours à une semaine complète d’événements, les participants arrivant plus tôt pour profiter des opportunités offertes par le Royaume.

L’ampleur de l’activité, a-t-il admis, est un « bon problème à avoir », mais nécessite un véritable « navigateur » pour gérer la multitude de réunions et de secteurs représentés.

Il a également évoqué la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, précisant qu’il ne s’agit plus d’un plan futuriste, mais d’une réalité « en mouvement », couvrant des secteurs allant du sport et du divertissement à la sécurité alimentaire, au tourisme, à l’énergie et aux infrastructures.

Attias a souligné que la FII a dépassé le stade des protocoles d’accord symboliques : « De véritables accords sont conclus. Des partenariats très concrets sont signés », a-t-il déclaré.

Il a relié cet esprit d’optimisme et d’action à la résilience de l’institut, rappelant que la FII faisait partie des rares grandes conférences maintenues pendant la pandémie de COVID-19 en 2020. Cet état d’esprit, selon lui, illustre la mission du FII Institute : « créer un impact pour l’humanité ».

L’édition 2025 a attiré 9 000 délégués issus d’une centaine de pays, avec la participation de l’ensemble des fonds souverains du Conseil de coopération du Golfe. Attias a affirmé qu’en réunissant ces fonds avec les sociétés de capital-investissement, les banques, les institutions financières et les PDG mondiaux, la FII a créé « l’équation parfaite » pour stimuler l’investissement et la coopération mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Transition énergétique: l'enveloppe des CEE passe à plus de 8 milliards d'euros en 2026

Une borne de recharge électrique de grande puissance lors de l'inauguration de la première station-service entièrement électrique de la nouvelle région Aquitaine par Total Energies, à Mérignac, près de l'aéroport de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 21 mai 2025. (AFP)
Une borne de recharge électrique de grande puissance lors de l'inauguration de la première station-service entièrement électrique de la nouvelle région Aquitaine par Total Energies, à Mérignac, près de l'aéroport de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 21 mai 2025. (AFP)
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  • Le budget des certificats d’économies d’énergie (CEE) augmentera d’environ 27 % en 2026, passant de 6 à plus de 8 milliards d’euros, pour soutenir la rénovation énergétique et la transition vers la mobilité électrique
  • Une partie du financement public de MaPrimeRénov’ et du Bonus écologique sera désormais assurée par les CEE

PARIS: L'enveloppe des "certificats d'économies d'énergie", un dispositif de financement privé qui octroie des aides pour passer à la voiture électrique ou rénover thermiquement son logement, va augmenter "d'environ 27%" en 2026 pour atteindre "plus de huit milliards d'euros", a indiqué vendredi la ministre de la Transition écologique Monique Barbut devant les députés.

Créé en 2005, ce dispositif reposant sur le principe du pollueur-payeur oblige les fournisseurs d'énergie à financer des actions de réduction de la consommation d'énergie et d'amélioration de l'efficacité énergétique.

En échange d'octroyer une subvention à un ménage ou à une entreprise pour remplacer une chaudière au fioul pour une pompe à chaleur, le fournisseur obtient un CEE. Tous les quatre ans, il doit justifier qu'il a atteint l'objectif de CEE fixé par l'Etat.

Soucieux de garder le cap du financement de la transition énergétique sans creuser davantage son budget, l'Etat se tourne vers ce dispositif qui repose sur des fonds privés. Les fournisseurs d'énergie répercutent en partie ces aides sur les factures ou le litre de carburant.

En plus des aides publiques, certaines opérations jusqu'à alors subventionnées sur les deniers de l'Etat "seront maintenant financées par les ressources issues des certificats d'économie d'énergie", l'effort porté par les CEE devant ainsi "augmenter globalement d'environ 27% et passer de six milliards d'euros en 2025 à plus de huit milliards en 2026", a confirmé la ministre Monique Barbut devant la commission du développement durable.

Elle a expliqué que cette augmentation profitera notamment au dispositif d'aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' et à la mobilité électrique, pour le Bonus écologique à l'achat d'un véhicule et le Leasing social, "des dispositifs essentiels pour le pouvoir d'achat".

"Nous veillerons à leur utilisation optimale pour qu'ils s'adressent d'abord aux populations les plus vulnérables", a-t-elle ajouté.

Interrogé sur MaPrimeRénov', qui croule sous les demandes, le ministre délégué chargé de la Transition écologique Mathieu Lefèvre a souligné qu'"il n'y a pas de baisse des crédits" mais "un basculement d'une partie du financement" vers les CEE.

L'Agence nationale de l'habitat (Anah), qui distribue les aides MaPrimeRénov', disposera pour 2026 de 3,5 milliards d'euros de crédits, dont 1,5 milliard d'euros de l'Etat, un milliard d'euros de CEE, 700 millions d'euros de quotas carbone, complétés par la trésorerie de l'Anah, selon une source gouvernementale.

Très attendu des acteurs du secteur, le décret actant les modalités de la 6e période des CEE pour 2026-2030 doit être publié prochainement.