Le chef de l'ONU dénonce les restrictions imposées aux femmes en Afghanistan

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'adresse aux représentants des puissances mondiales lors des pourparlers sur l'Afghanistan à Doha, le 2 mai 2023. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'adresse aux représentants des puissances mondiales lors des pourparlers sur l'Afghanistan à Doha, le 2 mai 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 02 mai 2023

Le chef de l'ONU dénonce les restrictions imposées aux femmes en Afghanistan

  • Antonio Guterres a souligné la nécessité de poursuivre les efforts dans ce pays, plongé dans l'une des pires crises humanitaires au monde
  • L'ONU a demandé un réexamen de ses opérations en Afghanistan devant s'achever vendredi, en se disant confrontée à un «choix affreux», celui de continuer ou pas à intervenir dans le pays

DOHA: Le secrétaire général de l'ONU a dénoncé mardi à Doha les restrictions "sans précédent" imposées aux femmes afghanes, à l'issue de discussions avec les représentants des puissances mondiales sur l'approche à adopter avec les autorités talibanes.

Alors que les Nations unies réexaminent leurs opérations en Afghanistan après l'interdiction faite aux femmes de travailler avec les agences de l'ONU, Antonio Guterres a souligné la nécessité de poursuivre les efforts dans ce pays, plongé dans l'une des pires crises humanitaires au monde.

"Au cours des dernières décennies, nous sommes restés, nous avons agi. Et nous sommes déterminés à trouver les conditions nécessaires pour continuer", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Pour atteindre nos objectifs, nous ne pouvons pas nous désengager et beaucoup (durant la réunion) ont appelé à un engagement plus effectif", a-t-il ajouté.

Cette réunion de deux jours dans la capitale qatarie, à laquelle ont participé plus d'une vingtaine de pays et organisations impliqués en Afghanistan, visait à discuter notamment de la manière d'inciter les autorités de Kaboul à assouplir leur position sur les droits des femmes.

Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, les femmes ont été exclues de la plupart des établissements d'enseignement secondaire, des universités et des administrations publiques, et n'ont désormais plus le droit de travailler avec les organisations internationales.

Les représentants des talibans n'ont pas été invités à la réunion. Antonio Guterres a dit ne pas être prêt à les rencontrer "aujourd'hui", mais il n'a pas écarté une telle possibilité à l'avenir.

«Mettre la pression»

L'ONU a demandé un réexamen de ses opérations en Afghanistan devant s'achever vendredi, en se disant confrontée à un "choix affreux", celui de continuer ou pas à intervenir dans le pays.

"L'interdiction faite aux femmes de travailler avec l'ONU et les ONG locales et internationales est inacceptable, et met des vies en danger" en raison de leur rôle essentiel dans l'aide humanitaire, a martelé Antonio Guterres, en dénonçant les "attaques systématiques sans précédent sur les droits des femmes et des filles".

La semaine dernière, les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté à l'unanimité une résolution condamnant les restrictions imposées aux femmes en Afghanistan.

Les autorités afghanes ont rejeté le texte qu'elles ont considéré comme une ingérence dans une "affaire sociale interne".

Le chef du bureau politique des talibans à Doha a également qualifié de "contre-productive" leur exclusion des discussions.

"Mettre la pression n'aide pas à trouver des solutions", a affirmé Suhail Shaheen, dans un communiqué transmis l'AFP.

"Le monde devrait nous écouter. En niant nos droits légitimes et en ne nous invitant pas à des réunions sur l'Afghanistan (...), ils ne peuvent ni changer la réalité qu'est l'EIA (l'Emirat islamique d'Afghanistan) ni trouver une solution acceptable, qui est un besoin", a-t-il ajouté.

Les participants, parmi lesquels figuraient les envoyés spéciaux des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie, ainsi que les principaux donateurs de l'Union européenne et du Pakistan, ont exprimé leur inquiétude à propos de "la stabilité de l'Afghanistan", selon Antonio Guterres.

Outre la question des droits, ils ont évoqué "la présence persistante d'organisations terroristes" et le trafic de drogue.

Crise humanitaire 

Aucun pays n'a établi de relations officielles avec les autorités de Kaboul depuis 2021, et aucun des participants à la réunion "ne s'est dit prêt à le faire", a indiqué à l'AFP l'un des émissaires présents.

Le pays de 38 millions d'habitants est confronté à des pénuries croissantes, sur fond de baisse de l'aide internationale.

"Il est difficile de surestimer la gravité de la situation en Afghanistan aujourd'hui", a souligné le secrétaire général de l'ONU.

Six millions de personnes sont "pas loin d'une situation proche de la famine", a-t-il ajouté en rappelant que l'ONU n'a levé jusque là que 294 millions de dollars sur les 4,6 milliards de dollars d'aides demandées.

De leur côté, les autorités afghanes ont annoncé mardi que leur ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, se rendrait à Islamabad à la fin de la semaine pour des entretiens avec des responsables pakistanais et chinois.

Le Pakistan a longtemps été un interlocuteur privilégié des talibans, dont il avait reconnu le premier régime (1996-2001). Mais depuis le retour au pouvoir des islamistes en Afghanistan, les relations entre les deux voisins se sont fortement tendues.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.