En Irak, le quotidien sous les tirs croisés de l'armée turque et du PKK

Sur cette photo prise le 25 avril 2023, Moustafa Ahmed montre des obus de balle vides récupérés après l'un des nombreux échanges de tirs près de son domicile dans le village de Hiror près de la frontière turque dans la région autonome kurde du nord de l'Irak, entre l'armée turque et des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). (Photo SAFIN HAMED / AFP)
Sur cette photo prise le 25 avril 2023, Moustafa Ahmed montre des obus de balle vides récupérés après l'un des nombreux échanges de tirs près de son domicile dans le village de Hiror près de la frontière turque dans la région autonome kurde du nord de l'Irak, entre l'armée turque et des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). (Photo SAFIN HAMED / AFP)
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Publié le Jeudi 04 mai 2023

En Irak, le quotidien sous les tirs croisés de l'armée turque et du PKK

  • De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien, sont accusées de détourner le regard pour préserver l'alliance stratégique les unissant à Ankara, un des principaux partenaires commerciaux du pays
  • Même si à chaque flambée de violence, des communiqués viennent condamner du bout des lèvres une violation de la souveraineté irakienne et les répercussions pour les civils

HIROR: "La plupart des habitants sont partis", se lamente dans son jardin le septuagénaire Moustafa Ahmed, exhibant dans ses paumes des douilles vides. Dans l'extrême nord de l'Irak, les civils vivent au quotidien sous les tirs croisés de l'armée turque et des combattants du PKK.

Depuis des décennies, le conflit opposant Ankara au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a débordé dans le nord de l'Irak. Sur les hauteurs verdoyantes du Kurdistan irakien, l'armée turque a installé des dizaines de positions tandis que les combattants du PKK, des Kurdes turcs, y ont leurs bases arrières.

"Notre vie est devenue un enfer. On ne se sent plus en sécurité chez nous", lâche Moustafa Ahmed, à l'ombre de l'amandier planté devant sa maison au village bucolique de Hiror, près de la frontière avec la Turquie.

Un jour, raconte-t-il, un obus est tombé près de chez lui.

Sur ses 12 enfants, dix ont quitté la région. Et "sur les 50 familles du village, il n'en reste plus que 17", regrette le septuagénaire rasé de près et au corps sec, cigarette aux lèvres. "Les autres ont abandonné leurs maisons et leurs terrains, par peur des bombardements".

Ceux qui restent subissent au quotidien le survol des avions militaires et le bourdonnement des drones des soldats turcs.

"Ils sont là-bas, sur ces hauteurs. Ils nous voient et savent ce que nous faisons", lâche-t-il, pointant du doigt les montagnes boisées qui enserrent son village. "Nous ne pouvons plus aller dans nos champs ou faire paître nos bêtes".

«Maisons endommagées»

Qualifié de "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux, le PKK livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. Mais dans le nord de l'Irak aussi, l'armée turque mène régulièrement des opérations terrestres et des raids aériens pour en finir avec l'organisation.

Enième surenchère: accusant le PKK d'y avoir ses entrées, la Turquie a interdit les vols en provenance et à destination de l'aéroport de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome. Quelques jours plus tard, Ankara était pointée du doigt pour un bombardement près de cet aéroport.

A Hiror, le sexagénaire Adib Moussa s'apprête à monter dans son pick-up pour aller voir son bétail, qu'il a transporté vers un village épargné par le conflit et laissé sous la garde d'une connaissance.

"C'est la troisième année qu'on vit ça. La Turquie est entrée dans nos régions et a encerclé notre village", fustige ce moustachu au visage buriné.

"Il y a de nombreuses maisons endommagées à cause des tirs, des éclats d'obus ou des bombardements", déplore le père de dix enfants.

D'ailleurs quand il accueille l'AFP, son voisin Mahvan Ahmed grimpe sur son toit terrasse pour exhiber le garde corps en béton criblé d'impacts de balles.

"On essaye de finir nos tâches de jour. Une fois la nuit tombée, on entend les tirs et les explosions", explique M. Ahmed, 37 ans.

"On espère que le gouvernement va intervenir et résoudre ce problème, pour que les Turcs partent et qu'on puisse reprendre une vie normale", plaide ce père de deux enfants.

«Partis à jamais»

De longue date, Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien, sont accusées de détourner le regard pour préserver l'alliance stratégique les unissant à Ankara, un des principaux partenaires commerciaux du pays. Même si à chaque flambée de violence, des communiqués viennent condamner du bout des lèvres une violation de la souveraineté irakienne et les répercussions pour les civils.

A l'été 2022, des frappes d'artillerie imputées à Ankara contre une aire de loisirs avaient tué neuf personnes, principalement des vacanciers venus du sud de l'Irak. La Turquie avait nié toute responsabilité et accusé le PKK.

Ramadan Abdallah, 70 ans, a été gravement blessé en juin 2021 quand une charge explosive est tombée à trois mètres de lui dans son champ.

Touché au bas du dos et à la jambe, il a été opéré à trois reprises. "Les médecins n'ont pas pu sortir certains éclats qui se sont logés dans ma jambe, elle me fait encore mal quand il fait froid", explique l'homme à la barbe rêche et la silhouette ronde.

Désormais, il se déplace avec une canne. Par souci de facilité alors qu'il reçoit encore des soins, il s'est installé chez son fils à Zakho, petite ville à neuf kilomètres de la frontière.

"Je rêve un jour de fermer les yeux et les rouvrir pour voir que tous les soldats turcs sont partis à jamais", lâche-t-il.


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.