Les Libanaises, de plus en plus adeptes de la moto

Aujourd’hui, les Libanaises – entre vingt et quarante ans – conduisent habilement des motos à travers le pays. Certaines convertissent même leurs montures en taxis. (Photo fournie)
Aujourd’hui, les Libanaises – entre vingt et quarante ans – conduisent habilement des motos à travers le pays. Certaines convertissent même leurs montures en taxis. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 06 mai 2023

Les Libanaises, de plus en plus adeptes de la moto

  • De nombreux Libanais n’ont plus les moyens de conduire une voiture, optant plutôt pour la moto en vue de résister à la crise économique
  • Les ventes de motos représentent environ 50% du marché des véhicules grand public, selon les concessionnaires automobiles au Liban

BEYROUTH: Au Liban, des milliers de femmes recourent à la moto comme moyen de transport afin de réduire les coûts. Beaucoup d’entre elles affirment que les stigmates sociaux disparaissent à la lumière de l’aggravation de la crise économique au sein du pays.

De nombreux Libanais n’ont plus les moyens de conduire une voiture, optant plutôt pour la moto en vue de résister à la crise économique.

Les ventes de motos représentent environ 50% du marché des véhicules grand public, selon les concessionnaires automobiles au Liban.

L’achat et la conduite de motos ne se limitent plus aux jeunes hommes, aux livreurs, aux étudiants universitaires et aux professionnels qui doivent se déplacer rapidement sur les routes pour rejoindre leur lieu de travail au moindre coût possible.

Aujourd’hui, les femmes libanaises – entre vingt et quarante ans – conduisent habilement des motos à travers le pays. Certaines convertissent même leurs vélos en taxis. (Photo fournie)

Aujourd’hui, les femmes libanaises – entre vingt et quarante ans – conduisent habilement des motos à travers le pays. Certaines convertissent même leurs vélos en taxis.

La crise économique pèse lourdement sur les femmes libanaises. Certaines se sont tournées vers des professions traditionnellement masculines pour garantir un revenu, notamment en vendant des légumes dans des camionnettes, en travaillant dans des boucheries, dans des stations-service, dans des réparations automobiles et comme conductrices de taxis.

La guerre civile au Liban a précédemment révolutionné le rôle des femmes sur le lieu de travail. En effet, elles ont occupé de nombreux postes pour la première fois, notamment dans le journalisme, la recherche, le sauvetage, le génie civil ou encore des postes militaires de première ligne.

Avant la crise économique, certaines femmes libanaises rejoignaient les clubs de motards de luxe Harley-Davidson ou participaient à des courses automobiles ou à des compétitions d’alpinisme.

Elles sont devenues une source d’inspiration pour les autres.

Moni, 29 ans, ingénieure, adore conduire des motos. Ce sont ses frères qui le lui ont appris.

«Lorsque la crise du carburant a commencé, je n’utilisais plus ma voiture qu’en cas de besoin. J’ai plutôt opté pour une moto, puisqu’il est moins coûteux de faire le plein et cela me permet d’éviter les embouteillages de Beyrouth pendant la journée», déclare-t-elle.

«J’ai découvert que je n’étais pas la seule femme à conduire une moto, ce qui m'a encouragée à continuer», dit-elle.

Moni ajoute: «Pendant les manifestations de 2019, conduire une moto était un moyen de refuser tout ce qui opprime la jeune génération – nous –, en commençant par l’autorité au pouvoir et jusqu’au moindre détail qui contrôlait nos vies, en tant que femmes.»

Cependant, elle indique que sa famille avait initialement refusé qu’elle conduise une moto.

«Ils craignaient pour ma sécurité dans un environnement chaotique, mais pendant et après les manifestations, et après l’explosion du port de Beyrouth, leur point de vue a changé. Ils ont vu à quel point les femmes avaient de l’influence et ont accepté l’idée parce qu’ils en ont vu la nécessité pour changer la réalité qui prévaut», déclare Moni.

Une source de sécurité dit à Arab News que l’augmentation du nombre de motos dans les rues libanaises a provoqué une recrudescence des accidents.

«Les conducteurs ne portent pas de casque en majorité et enfreignent le code de la route. Les accidents augmentent donc et les motards y laissent parfois leur vie.»

Mais les motardes sont souvent plus prudentes sur les routes et évitent de s’exposer au danger, ajoute la source.

Selon Information International – un bureau d’études basé à Beyrouth – on a importé 29 102 motos au Liban en 2021.

Le nombre est passé à 47 077 fin juillet 2022. Au total, 177 388 motos ont été importées entre 2017 et 2022.

Il y a environ 289 000 motos officiellement enregistrées dans le pays.

On estime que le même nombre environ n’est pas enregistré, mais l’on ne dispose pas de chiffres officiels.

Enaam Halawi, 45 ans, a appris à conduire une moto après que son mari l’y a encouragée et lui en a appris les bases.

Son mari et elle possèdent un magasin qui vend des pièces automobiles. Elle a commencé à faire de la moto dans la région où elle vit, à savoir la banlieue sud de Beyrouth.

«J’ai rencontré cinq femmes à moto. J’ai donc décidé d’être la sixième», précise-t-elle.

Enaam Halawi, qui porte un voile et est grand-mère, conduit une moto depuis dix-huit mois.

«Au départ, j’avais peur d’être jugée et harcelée. Mais quand j’ai mis mon casque, j’ai exclu toute gêne que je pouvais ressentir. Avec le temps, je suis devenue une conductrice plus confiante et j’ai commencé à conduire en dehors de mon quartier», poursuit-elle.

«La moto m’a facilité la vie. Le trajet qui nécessite une heure et quart en voiture ne prend pas plus de cinq minutes à vélo.»

«L’intimidation dont nous étions victimes s’est transformée en respect. Les autres conducteurs nous donnent la priorité et nous passons sans être harcelées. Tout le monde souffre de la crise économique. Ils acceptent donc tous le mécanisme d’adaptation des autres», explique-t-elle.

Après avoir d’abord conduit une modeste moto, la jeune grand-mère l’a ensuite échangée contre la grosse moto de son fils qui a quitté le Liban pour travailler à l’étranger.

«Je me respecte et sais pour quelle raison je conduis une moto. J’ai surmonté mes peurs parce qu’elles conduisent à des accidents. Conduire une moto demande du courage et une prise de décision rapide», indique-t-elle.

Rana Karzi, 40 ans, mariée et mère de deux fils, conduit une moto depuis 2016.

«C’est mon frère qui m’a appris à la conduire. J’ai acheté ma première moto parce que je n’avais pas les moyens d’acheter une voiture et que je voulais éviter le harcèlement auquel j’étais victime en prenant tout le temps des taxis», soutient-elle.

Elle vit dans l’un des quartiers les plus populaires de Beyrouth – Tarik al-Jadida.

«Quand j’ai conduit la moto pour la première fois, les gens me regardaient bizarrement parce que je brisais la tradition. Mais, avec le temps, ils se sont habitués à me voir et ont commencé à me respecter.»

«Avant, les autres conducteurs étaient surpris, mais maintenant ils m’encouragent et me crient même ‘Bravo !’»

Elle a pris confiance en ses talents de conductrice et les femmes de son entourage dépendent désormais d’elle pour leur transport. Elle a alors décidé de convertir son vélo en taxi.

Elle a fait la promotion de sa nouvelle entreprise sur les réseaux sociaux pour assurer le transport des femmes à l’intérieur de Beyrouth pendant la journée, évitant les trajets nocturnes en raison de la situation sécuritaire.

Pendant les manifestations, de nombreuses femmes demandaient à Rana de les raccompagner depuis la place des Martyrs ou vers leur lieu de travail, y compris des femmes médecins et des professionnelles de santé, surtout que de nombreuses routes étaient fermées.

En hiver, elle attache une sorte de tente à sa moto pour protéger ses clients et elle-même de la pluie.

Elle a ensuite décidé de commencer à apprendre aux jeunes femmes les techniques de la conduite à moto et a jusqu’à présent eu une vingtaine d’étudiantes. «Mais tout le monde n’a pas les compétences nécessaires pour conduire des motos», ajoute-t-elle.

«Cependant, la participation a largement dépassé mes attentes.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Les écoles à nouveau fermées aux Emirats en raison de fortes pluies

D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
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  • Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé
  • La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards

DUBAI: Les écoles et de nombreux bureaux étaient fermés jeudi aux Emirats arabes unis en raison des fortes pluies qui se sont abattues sur ce pays désertique, deux semaines après des précipitations records imputées par les experts au changement climatique.

Des orages accompagnés de vents violents ont balayé le pays du Golfe durant la nuit, et plus de 50 millimètres (mm) de pluie sont tombés avant 8 heures du matin dans certaines régions, a indiqué le Centre national de météorologie.

Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé.

A Dubaï, le centre touristique et financier du pays, l'eau s'est accumulée dans certains quartiers tandis que l’aéroport de la ville, l'un des plus fréquenté au monde, a annulé 13 vols et détourné cinq autres, a déclaré un porte-parole.

La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards.

Les intempéries ont été bien moins sévères que celles du 16 avril, lorsque qu'un record de 259,5 mm de pluie avait provoqué la mort de quatre personnes, des inondations sans précédent et l'annulation de plus de 2.000 vols.

La circulation était toutefois au ralenti sur les autoroutes habituellement bondées de Dubaï, tandis que des voitures ont été submergées près du centre commercial Ibn Battuta, dans le sud de la ville.

Des camions ont été dépêchés pour pomper l'eau dans certaines zones, le système d'évacuation des eaux de la ville étant souvent saturé lors de fortes précipitations.

Les pluies diluviennes du mois dernier aux Émirats arabes unis, qui ont également fait 21 morts dans le pays voisin d'Oman, étaient les plus importantes depuis le début des relevés météo en 1949.

Selon les scientifiques du réseau World Weather Attribution (WWA), le réchauffement climatique est l'explication "la plus probable" à ces pluies torrentielles.


Les civils du Liban-Sud, premières victimes de la guerre entre Israël et le Hezbollah

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
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  • Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs
  • Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants

BEYROUTH: Depuis plus de six mois, une guerre non déclarée fait rage le long de la frontière sud du Liban avec Israël, entraînant le déplacement de quelque 92 000 citoyens libanais et la destruction d’habitations, d’entreprises et de terrains agricoles.

La ligne de front de ce conflit entre le Hezbollah et les forces armées israéliennes s’étend sur quelque 850 kilomètres, incluant des parties de la Ligne bleue surveillée par l’ONU. Les missiles tirés par les deux camps s’engouffrent jusqu’à 15 kilomètres à l’intérieur de leurs territoires respectifs.

Bien que les échanges soient restés relativement maîtrisés, les attaques israéliennes ont causé des pertes parmi les civils, endommagé et détruit des maisons, des infrastructures et des terrains agricoles. Elles ont par ailleurs déclenché des incendies de forêt. Les civils des deux côtés de la frontière ont été déplacés.

«Notre village est situé juste à la frontière et il n’y a plus que 100 habitants sur 1 000. Les autres n’ont pas réussi à trouver d’autres moyens de subsistance», déclare Jean Ghafri, maire d’Alma el-Chaab, un village à majorité chrétienne dans le district de Tyr, lors d’un entretien accordé à Arab News.

«Jusqu’à présent, les bombardements ont détruit 94 maisons. 60% des oliveraies, des vergers de manguiers et d’avocats, des vignobles, des oliviers et des caroubiers ont été brûlés. Certains des oliviers brûlés ont trois cents ans.»

La plupart des habitants de la région frontalière sont chiites. Les autres sont sunnites, druzes et chrétiens. Il y a aussi des dizaines de familles de réfugiés syriens, quelque 10 000 soldats de la Finul et plusieurs milliers de soldats libanais.

Des membres de la milice libanaise du Hezbollah, soutenue par l’Iran, ont commencé à lancer des attaques à la roquette contre Israël le 8 octobre, un jour après que l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël a déclenché la guerre à Gaza.

 

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Un bulldozer déblaie les décombres après une frappe israélienne sur une maison du village de Sultaniyé, au sud du Liban. (AFP)

Depuis, le Hezbollah et l’armée israélienne ont échangé des tirs le long de la frontière commune, faisant craindre que le conflit à Gaza ne déborde et n’engloutisse le Liban dans une guerre dévastatrice rappelant l’invasion israélienne de 2006.

«Le village, bien que situé dans une zone de conflit, n’avait pas connu un tel niveau de destruction directe lors de la guerre de 2006», poursuit M. Ghafri. «Il est impossible de connaître l’ampleur exacte des dégâts car la zone est considérée comme une zone de guerre. Ceux qui sont encore sur place reçoivent des rations alimentaires de la part d’organisations religieuses ou internationales.»

Dhaïra est un autre village qui subit de violents bombardements sur une base presque quotidienne depuis le début du conflit. C’est depuis sa frontière voisine que le Hezbollah a lancé son assaut militaire le 8 octobre.

Son maire, Abdallah Ghouraïb, dénombre «dix-sept maisons entièrement détruites et des dizaines qui ne sont plus habitables en raison de la puissance des bombardements».

Il explique: «Il n’y a qu’une seule femme, Radhya Atta Sweid, 75 ans, qui a tenu à rester dans sa maison. Elle y était restée aussi pendant la guerre de 2006. Sa belle-sœur, qui se trouvait avec elle dans la maison, a été tuée et elle est restée là.»

Hassan Sheit, le maire de Kfar Kila, un village situé à quelques pas de la frontière israélienne, a brossé un tableau similaire de destruction et de déplacement.

«Les pertes matérielles sont considérables. Été comme hiver, les habitants vivent dans ce village et il ne reste que 7% des 6 000 habitants», déclare M. Sheit à Arab News.

«Contraints au déplacement, les gens se sont retrouvés sans abri, habitant chez des proches et dans des appartements loués. Ils vivent de l’aide – financière et en nature – de la société civile et du Hezbollah.»

 

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Des flammes s'élèvent dans un champ près du village frontalier de Bourj al-Mamlouk à la suite d’une frappe israélienne. (Reuters)

«Le village a perdu quinze martyrs dans les bombardements israéliens. Même pendant la guerre de 2006, nous n’avions pas vécu ce que nous vivons aujourd’hui.»

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants.

Les personnes déplacées, pour la plupart des femmes et des enfants, ont élu domicile dans des villages plus éloignés de la frontière, notamment dans les zones autour de Tyr, Nabatieh, Zahrani, Sidon, Jezzine et même dans la banlieue sud de Beyrouth, où elles louent des appartements ou séjournent chez des proches.

Ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins ont été contraints de résider dans des refuges créés par les autorités locales. Ces abris, pour la plupart situés dans des bâtiments scolaires, sont concentrés dans la ville de Tyr, à proximité de leurs villes et villages.

Ce déplacement prolongé s’est accompagné de difficultés économiques engendrées par la crise financière qui a frappé le Liban à la fin de 2019. Par ailleurs, de nombreux Libanais du sud ont perdu leurs moyens de subsistance à la suite de leur déplacement.

 

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Funérailles des membres du Hezbollah Ismaïl Baz et Mohammed Hussein Chohury, tués lors d’une frappe israélienne contre leurs véhicules, à Chehabiya. (AFP)

M. Ghafri, le maire d’Alma el-Chaab, soutient que plusieurs résidents déplacés ont déclaré que les dépenses à Beyrouth étaient différentes de celles des villages. On lui a même dit que les habitants «ne travaillent pas et n’ont donc aucun revenu à l’exception de l’aide en nature fournie par les organisations civiles et internationales et les riches expatriés».

«Il n’y a ni partis politiques ni militants à Alma el-Chaab. Toute la population soutient l’État libanais et refuse que son village soit utilisé comme champ de bataille. Les gens s’inquiètent pour leur avenir et j’essaie de transmettre cette position au Hezbollah.»

Ceux qui bénéficiaient initialement d’un loyer réduit ou gratuit se voient désormais demander de payer davantage ou de partir. Le loyer de certains appartements serait passé de 100 à 1 000 dollars par mois, mettant à rude épreuve l’épargne et les revenus des ménages.


Une bande de colons israéliens attaque un convoi humanitaire jordanien à destination de Gaza

Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
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  • Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires
  • M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires

DJEDDAH: Une bande de colons israéliens en Cisjordanie occupée a attaqué mercredi deux convois d’aide humanitaire transitant de la Jordanie vers Gaza, a annoncé le gouvernement jordanien.

Israël a rouvert, mercredi, le seul passage situé à la limite nord de la bande de Gaza, permettant aux camions d’aide de passer par le point de contrôle d’Erez, à la suite des appels américains à déployer davantage d’efforts pour faire face à la crise humanitaire croissante.

Un convoi de 31 camions se dirigeait vers le point de passage d’Erez au nord de Gaza et l’autre, qui comprenait 48 camions, vers le point de passage de Kerem Shalom au sud de Gaza. Ils transportaient de la nourriture et de la farine, entre autres aides humanitaires.

«Deux convois jordaniens transportant de la nourriture, de la farine et d’autres aides humanitaires vers la bande de Gaza ont été attaqués par des colons», a indiqué le ministère, sans fournir plus de détails sur l’incident.

Les deux convois ont réussi à poursuivre leur chemin et à atteindre leur destination dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, a ajouté le ministère dans un communiqué. Une telle route vers la bande de Gaza les aurait conduits à travers la Cisjordanie occupée et Israël.

Honenu, une agence israélienne d’aide juridique, a déclaré que la police avait arrêté quatre colons qui bloquaient les camions d’aide alors que les convois passaient près de la colonie de Maale Adumim en Cisjordanie. Les camions ont poursuivi leur route jusqu’à leurs destinations.

Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires et des organismes internationaux.

La Jordanie a largué de l’aide par voie aérienne et envoyé des convois vers l’ouest par voie terrestre pour soutenir les Palestiniens de Gaza tout au long de la guerre, qui a éclaté le 7 octobre, entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.

La réouverture du passage d’Erez est l’une des principales revendications des organismes d’aide internationale depuis des mois, pour lutter contre la faim considérée comme le fléau le plus grave parmi les centaines de milliers de civils du secteur nord de l’enclave.

Mercredi en Israël, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exhorté le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à permettre l’acheminement d’une aide supplémentaire à Gaza. Israël est la dernière étape de la tournée du plus haut diplomate américain au Moyen-Orient. Il s’agit de sa septième visite dans la région.

M. Blinken a visité un complexe au point de passage de Kerem Shalom où sont retenus, pour inspection, les camions d’aide à destination de Gaza. Il a visité le port d’Ashdod, dans le sud, qui a récemment commencé à recevoir de l’aide pour Gaza.

Plus tôt, au cours de plus de deux heures de discussions avec Netanyahou, M. Blinken a noté «une amélioration au niveau de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza depuis l’appel entre le président Biden et le Premier ministre Netanyahou le 4 avril. Il a insisté sur l’importance d’accélérer et de maintenir cette amélioration», a déclaré le département d’État.

M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires et en s’assurant qu’il y ait suffisamment de chauffeurs et de camions à Gaza pour acheminer l’aide là où elle était nécessaire.

Il affirme qu’une liste claire d’articles humanitaires est également nécessaire pour garantir que les expéditions d’aide ne soient pas arbitrairement refusées à l’entrée à Gaza par le service d’inspection israélien – un processus que les groupes humanitaires dénoncent comme goulot d’étranglement majeur.

Alors que l’objectif de la visite de M. Blinken était d’apporter davantage d’aide aux Palestiniens à Gaza, Washington a également averti Israël de ne pas lancer une attaque planifiée contre la ville de Rafah, dans le sud du pays.

Mardi, Netanyahou a déclaré qu’Israël mènerait une opération contre le Hamas à Rafah, même si un accord de cessez-le-feu et de libération des otages était conclu.

Le chef de l’aide humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a déclaré que les améliorations apportées par Israël à l’acheminement de l’aide à Gaza «ne peuvent pas être utilisées pour préparer ou justifier une attaque militaire à grande échelle contre Rafah».

(Avec agences)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com