A Séoul, Kishida affirme que son «coeur saigne» pour les Coréens victimes du Japon impérial

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (à droite) et le Premier ministre japonais Fumio Kishida (à gauche) participent à une conférence de presse conjointe après leur rencontre au bureau présidentiel à Séoul, le 7 mai 2023. (Photo, AFP)
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (à droite) et le Premier ministre japonais Fumio Kishida (à gauche) participent à une conférence de presse conjointe après leur rencontre au bureau présidentiel à Séoul, le 7 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

A Séoul, Kishida affirme que son «coeur saigne» pour les Coréens victimes du Japon impérial

  • C'est la première visite officielle d'un Premier ministre japonais en Corée du Sud en douze ans, hormis un déplacement de Shinzo Abe en 2018 à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang
  • Les relations entre Séoul et Tokyo restent hantées par la brutale colonisation de la péninsule coréenne par le Japon entre 1910 et 1945

SÉOUL: Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a affirmé dimanche à Séoul avoir "le coeur qui saigne" face aux souffrances des Coréens sous la colonisation nippone, au cours d'une visite destinée à poursuivre, face à la menace nucléaire de Pyongyang, le rapprochement entre les deux pays aux relations souvent orageuses.

M. Kishida a rencontré dimanche le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, qui s'était lui-même rendu au Japon en mars. C'est la première visite officielle d'un Premier ministre japonais en Corée du Sud en douze ans, hormis un déplacement de Shinzo Abe en 2018 à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang.

Les relations entre Séoul et Tokyo restent hantées par la brutale colonisation de la péninsule coréenne par le Japon entre 1910 et 1945. Elles s'étaient considérablement dégradées en 2018 après une décision de justice sud-coréenne ordonnant à des entreprises nippones de verser des compensations pour le travail forcé subi par de nombreux Coréens pendant cette période.

En mars, M. Yoon a présenté un plan pour indemniser ces victimes, sans participation financière obligatoire du Japon. Il est temps de "briser le cercle vicieux de l'hostilité mutuelle", avait-il déclaré à l'AFP avant de partir pour Tokyo en mars.

"Alors que le gouvernement sud-coréen va de l'avant, je suis touché de voir combien de personnes ouvrent leur coeur à l'avenir sans oublier les difficultés du passé", a salué M. Kishida à l'issue de sa rencontre avec M. Yoon dimanche.

«Dures circonstances»

"J'ai le coeur qui saigne face aux expériences très difficiles et tristes vécues par tant de personnes dans les dures circonstances de l'époque", a-t-il poursuivi, sans aller jusqu'à présenter des excuses formelles pour les exactions du Japon impérial.

"Grâce à l'amitié et à la confiance que j'éprouve envers le Premier ministre Kishida, j'encouragerai une coopération bilatérale plus profonde vers un nouvel avenir", a répondu M. Yoon.

Lors de la visite du président sud-coréen au Japon, Tokyo et Séoul avaient levé leurs restrictions commerciales mutuelles. En avril, le Japon avait annoncé la réinscription de la Corée du Sud sur sa liste "blanche" de partenaires commerciaux de confiance, dont il l'avait retirée en 2019 en rétorsion au jugement de 2018.

Menace nord-coréenne 

MM. Yoon et Kishida s'étaient également engagés à reprendre la "navette diplomatique" entre leurs deux pays, un mécanisme de rencontres régulières entre dirigeants interrompu depuis 2011. Et M. Kishida avait invité M. Yoon à participer à un sommet du G7 en mai à Hiroshima, au Japon.

Ce rapprochement est vivement encouragé par les Etats-Unis, leur allié commun, face aux menaces de la Corée du Nord. Pyongyang multiplie depuis plus d'un an les essais de missiles - dont certains survolent le Japon - et a déclaré en septembre que son statut de puissance nucléaire était "irréversible".

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont renforcé leur coopération en matière de défense, organisant une série de manoeuvres militaires majeures, dont deux exercices trilatéraux impliquant le Japon cette année.

A son arrivée, M. Kishida s'est immédiatement rendu au cimetière national de Séoul, où reposent des combattants sud-coréens, pour y déposer des fleurs. "Il est rare qu'un Premier ministre japonais en exercice se rende à cet endroit", a fait remarquer sur la chaîne de télévision YTN Lim Eun-jung, professeur à l'Université nationale de Kongju.

Les deux dirigeants ont ensuite dîné ensemble dimanche soir à la résidence présidentielle à Séoul.

Excuses 

Mais ce rapprochement entre Tokyo et Séoul ne fait pas que des heureux.

Une centaine de manifestants se sont rassemblés dimanche matin dans la capitale coréenne pour protester contre la venue de M. Kishida, exigeant que les contentieux liés à la colonisation figurent en tête de l'ordre du jour.

M. Kishida "doit présenter des excuses sincères pour les crimes contre l'humanité commis par le Japon et assumer ses responsabilités", a déclaré Kim Jae-won, un manifestant.

Les experts avaient largement prédit que Tokyo ne présenterait pas, lors de cette visite, ses excuses formelles pour son passé colonial.

"Même si (Kishida) a dit qu'il s'agissait de son sentiment personnel, j'aimerais noter son expression de sincérité", a déclaré à la chaîne YTN Choi Eunmi, chercheur à l'Institut Asan d'études politiques. "Et je pense que c'est significatif, car nous n'en sommes qu'à la première étape du rétablissement de la navette diplomatique".


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".