La menace de l'IA, ultime affront pour les scénaristes en grève d'Hollywood

L'écrivain Eric Heisserer tient sa pancarte le quatrième jour de la grève de la Writers Guild of America devant Netflix à Hollywood, Californie, le 5 mai 2023 (Photo, AFP).
L'écrivain Eric Heisserer tient sa pancarte le quatrième jour de la grève de la Writers Guild of America devant Netflix à Hollywood, Californie, le 5 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

La menace de l'IA, ultime affront pour les scénaristes en grève d'Hollywood

  • Parmi les scénaristes rencontrés par l'AFP, très peu imaginent une intelligence artificielle capable de faire leur travail
  • Dans un Hollywood bouleversé par Netflix et la culture de la Silicon Valley, ils craignent que les dirigeants soient prêts à toutes les compromissions créatives pour améliorer la rentabilité

LOS ANGELES: Les scénaristes d'Hollywood ont beau être en grève pour des raisons principalement salariales, leur conflit avec les studios et services de streaming est également attisé par une hypothèse jugée insultante: l'idée qu'une intelligence artificielle puisse bientôt les remplacer.

Grâce à leur capacité à singer la conversation humaine, les programmes comme ChatGPT ont récemment effrayé de nombreux secteurs d'activité. Cette semaine, la Maison Blanche a convoqué les grands acteurs de l'IA pour discuter des risques potentiels.

Et sur les piquets de grève à Los Angeles, le sujet est dans toutes les têtes. Surtout après l'échec des négociations entre les patrons et la "Writers Guild of America" (WGA), le puissant syndicat qui représente 11 500 plumes de l'industrie audiovisuelle.

"L'art ne peut pas être créé par une machine", fustige Eric Heisserer, le scénariste du film "Bird Box", qui a fait un carton sur Netflix.

"On perd le cœur et l'âme de l'histoire... Le premier mot (d'"Artificial Intelligence"), c'est quand même +artificiel+."

La WGA affirme avoir poussé pour restreindre l'utilisation de l'IA lors des pourparlers.

Le syndicat souhaitait que toute production issue d'un robot ne puisse pas être considérée comme un matériau "littéraire" ou "source", des termes clés qui impliquent le reversement de droits d'auteur. Il voulait aussi empêcher que les scénarios écrits par ses membres puissent être utilisés pour entraîner une IA.

Des exigences rejetées par les studios, qui ont proposé une rencontre annuelle pour "discuter des progrès de la technologie".

"C'est bien qu'ils proposent d'organiser une réunion sur la manière dont ils l'exploitent contre nous!", ironise M. Heisserer, un peu désabusé.

Le scénariste se désole de "devoir regarder des entreprises technologiques détruire le marché pour tenter de découvrir par elles-mêmes" les limites créatives des robots.

Inquiétudes

Parmi les scénaristes rencontrés par l'AFP, très peu imaginent une intelligence artificielle capable de faire leur travail. Mais le simple fait que les studios et plateformes de streaming soient prêts à explorer ce sujet sonne pour tous comme un ultime affront.

Dans un Hollywood bouleversé par Netflix et la culture de la Silicon Valley, ils craignent que les dirigeants soient prêts à toutes les compromissions créatives pour améliorer la rentabilité.

Après tout, la dernière décennie a vu les équipes de scénaristes se réduire, au nom de saisons de séries de plus en plus courtes commandées par les plateformes. Et de grands studios comme Disney licencient à tour de bras pour rassurer Wall Street.

Les propos tenus lors de la conférence mondiale de l'Institut Milken cette semaine à Beverly Hills, ont nourri leurs inquiétudes.

"Dans les trois prochaines années, vous verrez un film écrit par l'IA, (...) un bon film", a ainsi lâché le producteur de cinéma Todd Lieberman.

Au-delà des scénarios, l'IA pourrait être utilisée pour "le montage" ou le "story-board d'un film", a abondé le directeur de Fox Entertainment, Rob Wade. D'ici 10 ans, "l'IA sera capable de faire absolument toutes ces choses", a-t-il insisté.

Les studios assurent également que la WGA n'est pas aussi remontée contre l'IA qu'elle le prétend.

Selon une note d'information transmise à l'AFP, le syndicat a expliqué lors des négociations que les scénaristes ne souhaitent pas interdire l'IA, et semblent heureux de l'utiliser "dans le cadre de leur processus créatif", tant que cela n'affecte pas leur rémunération.

Cette hypothèse "nécessite beaucoup plus de discussions", ont précisé les studios, selon cette note.

Garde-fous

Pour Leila Cohan, plume de la série à succès "Bridgerton", la seule utilité d'une IA pourrait être de l'affecter à des "tâches fastidieuses" ou aléatoires, comme suggérer des noms de personnages.

Cette scénariste de 39 ans craint toutefois que les studios soient tentés de réaliser des premiers jets de scripts "incroyablement mauvais avec l'IA et à engager ensuite des scénaristes pour les réécrire".

"C'est très bien vu que nous nous attaquions à ce problème maintenant", juge-t-elle.

Car les leçons de la dernière grève des scénaristes, il y a 15 ans, sont encore dans toutes les têtes. A l'époque, Netflix en était encore à ses balbutiements, et la WGA avait obtenu des droits d'auteur pour la rediffusion en streaming, aujourd'hui jugés beaucoup trop faibles.

L'écrivain de science-fiction Ben Ripley estime également "tout à fait nécessaire" de légiférer aujourd'hui "pour mettre en place des garde-fous" concernant l'IA. Même si elle n'a selon lui rien à faire dans le processus créatif.

Les écrivains "doivent être originaux", rappelle-t-il. Or, "L'intelligence artificielle, c'est l'antithèse de l'originalité."


Noon By Noor dévoile sa nouvelle collection à la Semaine de la mode de Londres

 La marque associe des coupes masculines à de subtils détails féminins. (Fourni)
La marque associe des coupes masculines à de subtils détails féminins. (Fourni)
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  • Leurs collections comportent souvent des chemises surdimensionnées, des blazers ajustés, des pantalons à jambes larges et des tricots fins
  • Les deux créateurs s'inspirent de l'art, de l'architecture et de la nature pour produire des pièces conçues pour être faciles à porter, polyvalentes et subtilement expressives

DUBAI : Les créatrices Shaikha Noor Al-Khalifa et Shaikha Haya Al-Khalifa de la marque bahreïnienne Noon By Noor s'apprêtent à présenter leur collection printemps-été 2026 lors de la Semaine de la mode de Londres.

L'événement se déroule du 18 au 22 septembre, et le duo dévoilera ses nouvelles pièces le 19 septembre.

Fondée en 2008, la marque est connue pour son mélange de tailoring décontracté et de détails raffinés. Les créateurs, qui sont cousins, ont tous deux étudié la mode aux États-Unis et sont retournés à Bahreïn pour lancer leur marque, qui associe des coupes masculines à de subtils détails féminins.

Leurs collections comportent souvent des chemises surdimensionnées, des blazers ajustés, des pantalons à jambes larges et des tricots fins. Les deux créateurs s'inspirent de l'art, de l'architecture et de la nature pour produire des pièces conçues pour être faciles à porter, polyvalentes et subtilement expressives.


La production reste en grande partie basée à Bahreïn, la marque s'engageant à préserver l'artisanat et le contrôle créatif au niveau local. En 2024, Noon By Noor a ouvert une boutique au Ritz-Carlton de Manama, consolidant ainsi sa présence dans la région.

La marque a également présenté des collections à la Semaine de la mode de New York et à la Semaine de la mode de Londres. En février, la collection automne-hiver 2025 a été présentée à Londres dans le cadre d'un salon à Somerset House.

Les modèles ont été inspirés par le paysage architectural de Bahreïn, en particulier par le travail de l'architecte suisse Christian Kerez, dont les parkings à étages de Muharraq sont devenus un centre culturel.


Les quatre parkings ont été commandés par l'Autorité bahreïnienne pour la culture et les antiquités dans le cadre d'un vaste projet de préservation et de développement de la ville, qui a été la capitale du Bahreïn jusqu'en 1932.

"Nous avons la chance d'avoir été nourris d'art et d'architecture, à la fois dans notre maison et dans notre environnement à Bahreïn - un lieu riche dans les deux cas, où nous pouvons puiser une inspiration constante", a déclaré Shaikha Noor Al-Khalifa à l'époque.

La ligne présentait des vestes sculpturales, des corsages drapés et des silhouettes tranchées. Conformément à l'éthique de la marque, les ornements étaient minimes et les textures et les tissus jouaient un rôle essentiel.

Les créateurs ont utilisé une technique consistant à effilocher et à effilocher des tweeds de laine et à les réappliquer sur du tulle pour créer leur propre tissu léger.


Le théâtre libanais à Dubaï : un pont culturel en pleine croissance

Badih Abou Chakra et Rola Beksmati. (Photo: fournie)
Badih Abou Chakra et Rola Beksmati. (Photo: fournie)
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  • Le théâtre libanais rayonne à l’international, et Dubaï s’impose comme un carrefour culturel où les artistes créent des liens profonds avec un public local et international
  • Badih Abou Chakra et Rola Beksmati soulignent l’importance du soutien gouvernemental, des subventions et des partenariats privés pour faire évoluer le théâtre libanais et toucher un public plus large

DUBAÏ:  Le théâtre libanais, riche de son histoire et de ses dynamiques culturelles, connaît un essor remarquable à Dubaï, une ville qui s’affirme comme un carrefour culturel entre le Liban et la région du Golfe.

Ces dernières années, des productions comme Venus ont renforcé l’idée que Dubaï devient un prolongement du théâtre libanais, porté par des artistes talentueux désireux d’explorer des thématiques universelles.

Badih Abou Chakra, acteur, explique dans une interview avec Arab News en français : « Le lien entre Dubaï et le Liban est avant tout culturel. Les Libanais cherchent à se reconnecter à leur pays d’origine à travers l’art vivant. Le théâtre offre un moyen de renouer avec leurs racines tout en s’adaptant aux réalités contemporaines. »

Cette vision trouve un écho dans Venus, une pièce qui, à travers sa mise en scène et ses performances, aborde des thèmes puissants liés aux relations humaines, au pouvoir, à la vulnérabilité, mais aussi à l’introspection personnelle et collective.

Une exploration des relations humaines

Dans Venus, une actrice et un metteur en scène se retrouvent dans un face-à-face intense lors d’une audition. La pièce explore la complexité de leur dynamique, mettant en lumière les jeux de pouvoir, mais aussi les instants de fragilité qui peuvent marquer toute relation professionnelle.

Venus met en scène Rola Beksmati et Badih Abou-Chacra, avec un texte original de David Ives, adapté par Lina Khoury et Gabriel Yammine, et dirigé par Jacques Maroun.

Selon Badih Abou Chakra, « Le théâtre n’est pas simplement une performance. Il s’agit de l’exploration de l’être humain dans toute sa diversité. Sur scène, l’interaction entre les acteurs devient une exploration de l’intime et du collectif. »

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(Photo: fournie)

C’est cet aspect vivant, cette énergie particulière entre les deux artistes, qui nourrit l’essence même de la pièce.

Rola Beksmati, co-vedette de la production, partage également sa vision du processus créatif : « Le théâtre, c’est avant tout un espace où l’on explore constamment de nouvelles facettes de soi. Chaque représentation devient une occasion de redécouvrir des aspects que l’on ne soupçonnait pas chez soi. »

Pour elle, l’échange avec le public et l’autre acteur est essentiel : « C’est cette interaction qui confère toute sa richesse au théâtre. »

L’écriture et le soutien institutionnel : clés de l'évolution du théâtre

Rola Beksmati évoque l’écriture comme un moyen essentiel de se connaître : « Le théâtre, à travers l’écriture, permet de projeter une part de soi, de la comprendre et de la faire évoluer. » Pour elle, chaque texte théâtral devient une exploration, une manière de grandir en tant qu’artiste et en tant qu’individu. L’écriture devient ainsi une forme d’introspection.

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(Photo: fournie)

Cependant, pour que cette scène théâtrale prospère au Liban, un soutien structurel est indispensable. Badih Abou Chakra met en lumière le manque de stratégie de financement : « Les subventions publiques sont essentielles, mais il est également crucial de développer des partenariats avec le secteur privé. Grâce à ces contributions, le théâtre pourra évoluer, attirer de nouveaux talents et proposer des productions de plus grande envergure. »

Une scène théâtrale en expansion

Le théâtre libanais à Dubaï, à travers des productions comme Venus, démontre la capacité de l’art théâtral à transcender les frontières géographiques et culturelles. La scène artistique émiratie devient ainsi un terreau fertile pour l’émergence de nouvelles voix, portées par une créativité enracinée dans les réalités libanaises, tout en s’ouvrant à un public régional.

Pour que cette dynamique se renforce, un soutien soutenu de l’État et du secteur privé est indispensable. L’art théâtral ne se limite pas à la scène : il nécessite des investissements, des ressources et une structure protectrice pour garantir la pérennité des productions et favoriser l’émergence de nouvelles générations de talents.


Versailles célèbre l’union musicale entre la France et l’Arabie saoudite

(Photo: Instagram)
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  • Un concert exceptionnel au Château de Versailles a réuni l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite avec l’Orchestre de l’Opéra Royal
  • La soirée a mis en lumière les arts traditionnels saoudiens et la musique classique française

VERSAILLES: Dans le cadre somptueux du Château de Versailles, l’un des joyaux du patrimoine français, s’est tenu vendredi 5 septembre un concert intitulé Les Merveilles de l’Orchestre d’Arabie saoudite. Organisé sous le haut patronage du Prince Bader ben Abdullah ben Farhane Al Saud, ministre saoudien de la Culture et président du Conseil d’administration de la Commission musicale, cet événement a marqué un moment fort de la coopération culturelle entre le Royaume d’Arabie saoudite et la République française.

Porté par la Commission musicale, en collaboration avec la Commission du Théâtre et des Arts de la Scène, ce concert a réuni sur scène l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite et l’Orchestre de l’Opéra Royal du Château de Versailles, dans une performance conjointe inédite. Ensemble, ils ont livré une fresque musicale riche et raffinée, mêlant tradition et modernité, Orient et Occident.

La soirée s’est distinguée par la présence de nombreuses personnalités éminentes, dont le Prince Bader ben Abdullah ben Farhane Al Saud, le Prince Turki ben Faisal Al Saud, la Princesse Haifa Al Mogrin, ambassadrice d’Arabie saoudite à Madrid, Majid ben Abdullah Al-Kassabi, ministre saoudien du Commerce, Rachida Dati, ministre française de la Culture, ainsi que Brigitte Macron.

Un hommage vibrant au patrimoine culturel saoudien a été rendu à travers quatre formes emblématiques des arts du spectacle traditionnels : Al Khobeiti, Al Majroor, Al Rifaihi et Al Khathwah, interprétés avec grâce par les artistes de la Commission du Théâtre et des Arts de la Scène. Ces tableaux vivants ont offert au public une plongée sensorielle dans l’héritage vivant du Royaume.

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En miroir à cette richesse, l’Orchestre de l’Opéra Royal a interprété des chefs-d’œuvre de la musique française, faisant résonner l’élégance intemporelle du répertoire classique national. Le point culminant de la soirée fut le segment fusion, véritable dialogue musical entre les deux ensembles, qui a symbolisé l’harmonie entre les cultures.

Cette soirée s’inscrit dans la continuité d’un parcours international remarquable pour l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite. Après des représentations saluées à Mexico, New York, Londres, Tokyo, Riyad et Sydney, Versailles a offert une étape prestigieuse, qui résonne comme l’accomplissement d’un projet artistique d’envergure.

Depuis leur première apparition internationale au Théâtre du Châtelet en 2022, les musiciens saoudiens n’ont cessé de séduire par la profondeur de leur répertoire. Cette nouvelle escale à Versailles s’inscrit également dans l’élan diplomatique impulsé par la visite d’État saoudienne de décembre 2024, et la signature récente de deux accords majeurs avec la Philharmonie de Paris et le Grand Palais.

Au-delà de la performance, Les Merveilles de l’Orchestre d’Arabie saoudite ont incarné un puissant symbole de dialogue interculturel. Une célébration de la musique comme langage universel, capable de bâtir des ponts durables entre les peuples, et de magnifier les valeurs de respect, de partage et de beauté commune.