Gérald Darmanin, la campagne de l'Intérieur

Le ministre français de l'Intérieur et de l'Outre-mer, Gerald Darmanin, se tient dans les jardins lors d'une réunion ministérielle franco-belge à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 5 mai 2023. (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Intérieur et de l'Outre-mer, Gerald Darmanin, se tient dans les jardins lors d'une réunion ministérielle franco-belge à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 5 mai 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 07 mai 2023

Gérald Darmanin, la campagne de l'Intérieur

  • Relativement discret au début de la séquence retraites, Gérald Darmanin a mis les bouchées double au fil du durcissement des manifestations. Et enchaîne les phrases choc
  • Un jour contre Jean-Luc Mélenchon «un pyromane», un autre contre La France Insoumise «complice» d'une ultra gauche violente qui chercherait à mettre «à bas la République»

PARIS: Il n'y a pas un jour où Gérald Darmanin ne s'exprime pas, au point que cette volonté de saturer l'espace médiatique interroge. Pour les uns, le ministre de l'Intérieur guigne Matignon, pour d'autres c'est l'Elysée qu'il a en ligne de mire.

Lui se défend de toute ambition matignonesque ou élyséenne et assure invariablement ne penser qu'à sa tâche place Beauvau. "Son tempo est calé sur son actualité et celle-ci est forte", assure son entourage.

Le ministère de l'Intérieur est sur des fronts multiples "des cultes à la sécurité en passant par les inondations ou les incendies de forêts", souligne Franck Louvrier, maire LR de La Baule et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy de Beauvau à l'Elysée.

Pour Gérald Darmanin, jeune LR rallié à Emmanuel Macron en 2017, l’ancien président est un mentor. "Il fait le clone de Sarkozy. Qui faisait déjà le clone de Pasqua", raille un ténor de la majorité.

Relativement discret au début de la séquence retraites, Gérald Darmanin a mis les bouchées double au fil du durcissement des manifestations. Et enchaîne les phrases choc.

Un jour contre Jean-Luc Mélenchon "un pyromane", un autre contre La France Insoumise "complice" d'une ultra gauche violente qui chercherait à mettre "à bas la République". Un autre encore contre Marine Le Pen qualifiée cette semaine de "petite femme" à la tête d'un "parti de la flemme".

«Diriger plus à droite» 

"On pensait que dès le lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron, la course à sa succession viendrait de l'extérieur du gouvernement. Or elle est venue de l'intérieur, avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin", confie un membre du parti présidentiel. Edouard Philippe est "plus discret".

"Avec les cent jours, le président a voulu gagner du temps. Il sait très bien qu'il lui faut une autre équipe -avec ou sans Elisabeth Borne- alors chacun essaie de pousser ses atouts", estime Franck Louvrier à propos des deux ministres.

Pour lui, face à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le président va devoir "diriger plus à droite". Et c'est sur cette ligne que s'inscrit M. Darmanin. D'où ses déclarations contre Marine le Pen et son plaidoyer en faveur d'une loi immigration.

"Il y a derrière une visée politique adoubée par le président. C’est: 'n’oublions pas quand même d’aller sortir Le Pen de son terrier'", commente un soutien d'Emmanuel Macron.

Quitte à donner l'impression de tordre le bras du président ou à déclencher une crise diplomatique avec l'Italie en accusant la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni d'être "incapable de régler les problèmes migratoires" de son pays ?

"On a quand même vu le chef de l'Etat remiser la loi immigration en la saucissonnant, puis une semaine plus tard se déclarer en faveur d'un seul texte (...) avant que finalement Elisabeth Borne ne renvoie la loi à plus tard faute de majorité", s'étonne un membre de l'aile gauche du parti Renaissance.

Pour lui, il y a là la main de Gérald Darmanin qui a "réussi à faire en sorte que le président se contredise avant d'être contredit par la Première ministre".

«Allumer des contre-feux»

Quant à la crise franco-italienne sur l'immigration, le ministre de l'Intérieur n'a pas cillé, laissant le Quai d'Orsay et Matignon atténuer la polémique.

"L'Elysée ne lui dit rien et il s'en tape de la Première ministre", s'étonne un ancien sénateur proche de la majorité.

"Sa stratégie, c'est de créer un rapport de force avec le président", estime un proche d'Emmanuel Macron, convaincu que celui-ci ne le nommera "pas à Matignon" et que Gérald Darmanin "le sait parfaitement". "Il s'émancipe de Macron" et "vise l'Elysée", ajoute-t-il.

Pour un conseiller ministériel, l'activisme du locataire de Beauvau s'explique par sa volonté "d'allumer des contre-feux quand il est en difficulté sur un dossier, comme celui de Mayotte, qui a été un fiasco".

Le ministre, juge-t-il, cherchera à un moment "à sortir (du gouvernement, NDLR) sur un désaccord d'action pour s'affranchir de toute tutelle".

Un proche de Gérald Darmanin s'inscrit en faux contre ces hypothèses et dépeint un homme proche des gens qui connaît leurs préoccupations, à cent lieues du microcosme politique parisien. Toutes choses que le ministre répète à l'envi, lui qui revendique des origines modestes et son ancrage local.


Marine Le Pen trouve «  très utile » de débattre avec Macron, mais après les européennes

Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
Short Url
  • L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel
  • Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée

PARIS: Marine Le Pen trouve "très utile" de débattre avec Emmanuel Macron, mais "en septembre" après les élections européennes, a-t-elle indiqué dimanche soir dans une déclaration transmise par son entourage à l'AFP.

"Il serait très utile que je puisse débattre avec le président en septembre sur ce qu'il compte faire des trois longues années qui lui restent" à la tête de l'Etat, a-t-elle déclaré.

Un peu plus tôt, la cheffe de file des députés du Rassemblement national avait pu laisser penser dans des médias qu'elle était prête à se plier à cet exercice avant le 9 juin.

Elle a "toujours dit qu'elle était partante pour un débat", avait relevé son entourage à l'AFP, la députée du Pas-de-Calais répondant aussi par l'affirmative dans Le Parisien: "J'ai déjà répondu à cette question et j'ai dit oui".

L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel, en net retard face au RN dans les sondages.

Elle a notamment été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche. "J'y pense", a répondu le chef de l'Etat, d'après le journal.

Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée, ajoutant que le président ne s'était pas prononcé clairement.

"J'ai confiance dans ma tête de liste" Jordan Bardella, a rétorqué dimanche soir Marine Le Pen. "Je trouve très humiliant pour Gabriel Attal de laisser fuiter cette proposition (d'un débat entre le président et moi, NDLR) avant celui qui doit se tenir entre le Premier ministre et Jordan Bardella", le 23 mai. "Cela prouve le peu de confiance qu'Emmanuel Macron a dans son Premier ministre", a-t-elle ajouté.

Un des intérêts pour les macronistes d'un tel exercice aurait été de tenter de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n'avait pas réussi à convaincre lors des débats de 2017 et de 2022 face au candidat Macron.

"Je trouve contradictoire de proposer un débat de présidentielle alors que (le camp macroniste) nous reproche en permanence de nationaliser le débat", a encore déclaré Marine Le Pen.

De son côté, Gabriel Attal a déclaré dimanche soir dans un entretien au Progrès avoir souhaité débattre avec la leader d'extrême droite.

"La logique institutionnelle aurait voulu que je débatte avec Marine Le Pen. En tant que Premier ministre, je suis responsable devant le Parlement national et la présidente du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, c’est elle", a-t-il expliqué.

Mais, "elle a peur des débats" et "a choisi la fuite", a-t-il ajouté, relevant qu'il avait alors accepté l'exercice avec Jordan Bardella.


Choose France: huit projets d'investissements qui seront officialisés lundi

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Short Url
  • Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques
  • L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui

PARIS: Le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces attendues autour d'Emmanuel Macron lors du 7e sommet Choose France, lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers, sans confirmer les informations ayant déjà filtré sur d'autres projets.

Plusieurs entreprises devraient annoncer vouloir investir dans l'intelligence artificielle et l'informatique en France, mais le ministère de l'Economie a pour l'instant mis en avant cinq projets dans diverses industries (engrais, nickel, aviation, robots ménagers, chimie) et trois autres de banques qui vont embaucher à Paris.

Engrais 

Le plus gros projet à ce stade, en euros, concerne une potentielle usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone, le premier gaz à réchauffer l'atmosphère. Le consortium européen FertigHy va annoncer envisager d'investir 1,3 milliard d'euros d'investissement pour une usine dans la Somme, à Languevoisin, selon Roland Lescure dans la Tribune Dimanche.

L'usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui est l'ingrédient historique. De l'hydrogène extrait de l'eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie.

Le projet, dont la décision finale d'investissement est attendue fin 2026, est une "feuille de route pour la souveraineté européenne", a dit à l'AFP Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy.

Nickel et terres rares 

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé de son côté la création d'une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort/Parempuyre (Nouvelle Aquitaine) par l'entreprise KL1 basée en Suisse.

Le site de Blanquefort, "avait été très marqué par la fermeture de Ford", a rappelé le ministre lors d'une communication téléphonique avec la presse. Montant de l'investissement: 300 millions d'euros, pour 200 emplois, selon lui. Le début de l'activité est prévu en 2027.

"Avec cet investissement la France sera en mesure d'avoir l'intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique: mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique", a-t-il assuré.

A fortiori car le groupe chimique belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle pour "lancer prochainement la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares", a annoncé Roland Lescure.

Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui.

Aviation et Thermomix 

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium "dans un site qui reste à déterminer mais qui sera en Nouvelle Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement des batteries de cet avion régional électrique".

"L'investissement se monte à 400 millions d'euros, représente 850 emplois et l'entrée en service de l'usine est prévue en 2026", a-t-il poursuivi. Lilium développe en Allemagne des appareils à décollage et atterrissage verticaux.

Plus modeste, le fabricant allemand du luxueux robot ménager Thermomix, Vorwerk, va selon Roland Lescure créer 50 emplois dans la région de Châteaudun, où elle a déjà une usine (72 millions seront investis).

"Demain, ce seront 1,8 million de Thermomix produits par an en France, dont 85 % destinés à l’export", dit Roland Lescure.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va investir "plusieurs dizaines de millions d'euros" en France, a par ailleurs indiqué vendredi une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Banques 

Enfin, Bruno Le Maire a annoncé que la banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).

La First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l’une des principales banques panafricaines, vont s'installer à Paris, selon la même source.

"Ce qui est intéressant c'est de voir la confirmation des investissements anglo-saxons mais aussi le déploiement des investisseurs financiers en dehors de pays anglo-saxons", a estimé Bruno Le Maire qui déjeunera lundi avec les représentants de grandes banques internationales.

Le cabinet du ministre a refusé de confirmer les informations ayant circulé dans la presse concernant d'autres investissements, notamment du géant Amazon.


La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération à Rafah

Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
Short Url
  • Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitair
  • «Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations », a indiqué le Quai d'Orsay

PARIS : La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération militaire à Rafah qui menace de créer une «situation catastrophique» pour la population de la bande de Gaza, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur X dans la nuit de vendredi à samedi.

«Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable», a indiqué le Quai d'Orsay à propos de la situation à Rafah.

«Une telle opération menace de provoquer une situation catastrophique pour les populations civiles de Gaza, déjà déplacées à de multiples reprises», poursuit le communiqué de la diplomatie française.

Afin de «vaincre» le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent également 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

L'armée a indiqué vendredi poursuivre son «opération antiterroriste de précision» dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir «éliminé des cellules terroristes».

Les Etats-Unis «observent avec préoccupation» l'opération militaire à Rafah, mais ne jugent pas qu'elle soit «majeure», a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

«La France appelle Israël à rouvrir immédiatement le point de passage de Rafah vers l’Egypte, qui est indispensable tant pour l'accès de l’aide humanitaire à la population civile que pour permettre aux personnes les plus vulnérables de quitter la bande de Gaza», a indiqué dans la nuit la diplomatie française.