Macron récuse les accusations de dérive autoritaire en France

 Un journaliste regarde une interview en direct du président français Emmanuel Macron sur la plateforme d'information numérique Brut le 4 décembre 2020 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)
Un journaliste regarde une interview en direct du président français Emmanuel Macron sur la plateforme d'information numérique Brut le 4 décembre 2020 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 décembre 2020

Macron récuse les accusations de dérive autoritaire en France

  • En fin d'entretien, le président a tapé du poing sur la table pour réfuter tout recul sur ses engagements écologiques, reconnaissant seulement un «échec collectif» sur l'interdiction du glyphosate
  • Le chef de l'Etat a promis le lancement en janvier d'une plateforme nationale de signalement des discriminations, gérée par l'Etat, le Défenseur des droits et des associations

«Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France», a affirmé vendredi Emmanuel Macron sur le média en ligne Brut, en prônant l'apaisement après les vives polémiques sur les «violences policières» - une expression qu'il a accepté de prononcer- et la loi sur la «sécurité globale».

Pendant 2h15, le chef de l'Etat a balayé une multitude de sujets dans un style qui a parfois évoqué celui du «grand débat» au début de 2019, et répondu du tac au tac aux questions, parfois incisives, des journalistes de Brut, site de vidéos surtout regardé par les jeunes. Il a aussi, brièvement, été véhément pour défendre son ambition écologique.

«C'est un grand mensonge. On n'est pas la Hongrie ou la Turquie», s'était-il auparavant écrié en étant longuement interrogé sur les tensions politiques créées par la concomitance des images du tabassage par des policiers d'un producteur noir et de la controverse sur l'article 24.

Ce débat «a été contaminé par un discours militant, hostile au gouvernement et à votre serviteur», selon lui. «Ne laissons pas la France être caricaturée», a-t-il réclamé, en regrettant que des journalistes participent à une «co-production de la mauvaise image» du pays.

Répondant au journaliste Rémy Buisine, récemment mis à terre par des policiers lors de l'évacuation brutale de migrants place de la République à Paris, Emmanuel Macron a reconnu qu'il y avait de «la violence dans notre société» pour laquelle il devait y avoir «zéro tolérance des deux côtés»

D'un côté, «il y a des policiers qui sont violents» et «qu'il faut sanctionner». «Je n'ai pas de problème à répéter le terme de violences policières mais je le déconstruis», car «c'est devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique, a-t-il précisé. 

De l'autre, il a dénoncé les violences contre une policière «attaquée par des fous», des «gens ensauvagés» lors de la manifestation samedi dernier à Paris contre le texte de loi «sécurité globale».

Il a ainsi rendu hommage aux «milliers de policiers et policières qui ont subi des violences depuis 3 ans, qui pour certains ont été tués».

- discriminations «insoutenables» -

A propos de l'évacuation de la place de la République, Emmanuel Macron a considéré qu'il n'était «jamais normal d'avoir des comportements qui ne sont pas à la hauteur des attentes» mais a estimé qu'il «fallait enlever les tentes» de migrants.

Il a affirmé que le vrai problème était  «le droit d'asile (...) détourné par des réseaux de trafiquants».

Un autre défi est, selon lui, de regarder en face la question des contrôles au faciès. Car, «aujourd'hui, quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (...) On est identifié comme un facteur de problème et c'est insoutenable», a-t-il regretté.

Le chef de l'Etat a promis le lancement en janvier d'une plateforme nationale de signalement des discriminations, gérée par l'Etat, le Défenseur des droits et des associations. Les caméras-piétons pour les policiers seront parallèlement généralisées.

Il a par ailleurs envisagé une nouvelle «aide exceptionnelle» pour les jeunes en précarité à cause de la crise du Covid-19, ainsi qu'une amélioration du système des bourses étudiantes. Le gouvernement «va tout faire» pour pouvoir rouvrir «travaux dirigés et demi-amphis» en présentiel un peu plus tôt en janvier et non fin-janvier début février comme prévu jusqu'à présent, a-t-il aussi affirmé.

- «Pas de leçons à recevoir» -

En fin d'entretien, le président a tapé du poing sur la table pour réfuter tout recul sur ses engagements écologiques, reconnaissant seulement un «échec collectif» sur l'interdiction du glyphosate. «Je n'ai pas de leçons à recevoir! (...) Personne n'en a autant fait depuis dix ans !», s'est-il emporté, interrogé sur la mise en oeuvre des propositions de la Convention citoyenne sur le climat.

«Je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c'est la Bible ou le Coran», a-t-il lancé. «Moi je suis vraiment très en colère contre des activistes qui m'ont aidé au début et qui disent maintenant, il faudrait tout prendre», a-t-il dit en citant les critiques de Cyril Dion, un garant de la Convention.

Brièvement interrogé sur son avenir politique, il a déclaré qu'il ne pouvait pas «se mettre dans la disposition d'être candidat» à la présidentielle de 2022. Car dans ce cas, «je ne pourrai plus prendre les risques que je dois prendre et les bonnes décisions», a-t-il expliqué, en n'excluant pas l'éventualité qu'il ne puisse pas se représenter.

En choisissant de s'exprimer dans Brut, Emmanuel Macron a voulu s'adresser aux jeunes, souvent déprimés par les deux confinements, privés de petits boulots et de lien social. «C'est dur d’avoir 20 ans en 2020», avait-il reconnu en octobre.

Un sondage publié vendredi par Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro montre que le chef de l'Etat progresse nettement chez les jeunes: 49% des 18-24 ans jugent qu’il a été un bon président, 58% le trouvent sympathique, 45% humble et 41% proche des gens.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Short Url
  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.