Inflation alimentaire: gouvernement et distributeurs font monter la pression sur les industriels

Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 2 mai 2023. (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 2 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 11 mai 2023

Inflation alimentaire: gouvernement et distributeurs font monter la pression sur les industriels

  • «  Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse», a déclaré jeudi soir Bruno Le Maire sur TMC, annonçant qu'il les recevrait mercredi
  • Bruno Le Maire a appelé à une réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, « au moment où les prix de gros baissent»

PARIS: Avec le soutien de la grande distribution reçue à Bercy, le gouvernement a redemandé jeudi aux industriels de l'agro-alimentaire de participer à l'effort collectif pour limiter la hausse des prix, en appelant "à leur sens de la responsabilité", ces derniers estimant qu'ils ne sont pas "des profiteurs".

"Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse", a déclaré jeudi soir Bruno Le Maire sur TMC, annonçant qu'il les recevrait mercredi.

"J'en appelle à leur sens de la responsabilité", a martelé le ministre de l'Economie estimant "qu'ils n'ont pas à profiter de cette crise".

Bruno Le Maire a appelé à une réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, "au moment où les prix de gros baissent".

Lors d'une réunion plus tôt dans la journée avec les poids lourds de la grande distribution, ces derniers ont "demandé collectivement au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour pousser à la table des négociations les industriels", a déclaré à l'AFP Dominique Schelcher, le PDG de Système U.

"Si jamais les industriels de l'agro-alimentaire refusent de rentrer dans cette négociation, ce qu'évidemment je ne peux pas imaginer, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris l'instrument fiscal, pour récupérer des marges qui seraient des marges indues faites sur le dos des consommateurs", avait averti dans la matinée M. Le Maire.

Une vision de la situation rejetée par le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania): "Non, il n'y a pas de profiteurs", s'est offusqué sur RTL jeudi matin Jean-Philippe André, ajoutant que "l'inflation, c'est mauvais pour (les industriels)" également.

"Nous avons dans tous les contrats des clauses de révision automatique à la hausse ou à la baisse s'il y a des variations sur les matières premières", a-t-il rappelé.

Le nouveau président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, a regretté jeudi lors d'une conférence de presse une forme de "surenchère" alimentée par le ministre de l'Economie et les distributeurs.

Cela risque, selon lui, de relancer "une guerre des prix" bas, qui pénaliserait le revenu des agriculteurs et la pérennité des exploitations.

 

Bruno Le Maire en appelle "à la responsabilité des industriels"

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé jeudi soir à la "responsabilité des industriels" de l'agroalimentaire qu'ils recevra mercredi, insistant de nouveau pour qu'ils participent à l'effort collectif pour limiter la hausse des prix.

"Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse", a déclaré Bruno Le Maire dans l'émission Quotidien sur TMC alors qu'il a reçu dans la journée les distributeurs qui "ont joué le jeu".

Il a aussi annoncé qu'il recevrait les industriels mercredi.

Bruno Le Maire appelle à une réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, "au moment où les prix de gros baissent".

Sans donner de nom, il a déclaré que ces industriels qui ne "jouent pas le jeu", "sont des grandes entreprises industrielles qui représentent des chiffres d'affaires très élevés, de plusieurs milliards d'euros, avec plusieurs milliers d'emplois".

"Quand les prix ont flambé vous m'avez appelé à la rescousse", a-t-il dit s'adressant aux industriels de l'agroalimentaire. "J'ai répondu présent, toute le monde a joué le jeu", a-t-il ajouté.

"Je dis aux industriels: on vous a aidé quand ce n'était pas bon pour vous. Maintenant, j'en appelle à leur sens de la responsabilité", a-t-il déclaré. "Ils n'ont pas à profiter de cette crise", a estimé le ministre de l'Economie.

"Lorsque les prix de l'électricité et du gaz flambaient on est allé récupérer les surprofits des entreprises énergéticiennes, si les industriels ne veulent pas faire preuve du sens de la responsabilité on fera la même chose pour les industriels", a-t-il de nouveau prévenu.

Lors de cette réunion, les poids lourds de la grande distribution ont "demandé collectivement au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour pousser à la table des négociations les industriels", a déclaré à l'AFP Dominique Schelcher, le PDG de Système U.

Trimestre anti-inflation prolongé 

Outre les demandes formulées auprès des industriels, M. Le Maire a également souhaité que les distributeurs prolongent au-delà du 15 juin le "trimestre anti-inflation" qu'il qualifie de "succès".

Cette opération a permis selon le ministre "à des millions de (Français) d'avoir accès à des produits alimentaires dont les prix ont baissé de 13% au cours des dernières semaines".

"Les distributeurs présents (à la réunion) ont globalement donné leur accord à la prolongation des opérations anti-inflation" et "beaucoup vont aller dans ce sens-là", a assuré à l'AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

Le PDG de Système U a annoncé qu'il prolongeait le trimestre anti-inflation "jusqu'à la fin de l'année".

Le patron d'Intermarché Thierry Cotillard avait déclaré en amont de la réunion qu'il conditionnerait sa prolongation à la réouverture des négociations commerciales, tout en dévoilant sur France Info que l'opération allait se poursuivre quoi qu'il advienne sur certains produits.

Pic d'inflation en juin

Le coût de certaines matières premières baisse depuis quelques mois, sans que cela ne se traduise nécessairement par une diminution des prix dans les supermarchés.

"On voit que le marché se retourne, j'ai des chiffres très précis: on a le beurre qui est à -60%, on a le fret maritime qui est à -80% donc on aimerait pouvoir répercuter (cette baisse)" sur les prix en rayon, a expliqué M. Cotillard.

Les dernières négociations commerciales se sont achevées au 1er mars et ont abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les supermarchés à leurs fournisseurs industriels.

Toujours selon M. Cotillard, l'inflation alimentaire risque de connaître "un pic à 17%" sur un an fin juin: "Soit on est en capacité d'obtenir des industriels des baisses de leurs tarifs (...) soit il ne se passe rien et l'inflation reste à 17%", a alerté le patron d'Intermarché.


L’Arabie saoudite lève 1,42 milliard de dollars via une émission de sukuk en août

Les sukuk sont des instruments conformes à la charia qui confèrent aux investisseurs une propriété partielle des actifs sous-jacents, offrant ainsi une alternative populaire aux obligations conventionnelles. (Shutterstock)
Les sukuk sont des instruments conformes à la charia qui confèrent aux investisseurs une propriété partielle des actifs sous-jacents, offrant ainsi une alternative populaire aux obligations conventionnelles. (Shutterstock)
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  • Le Centre national de gestion de la dette saoudien a levé 1,42 milliard de dollars en août via une émission de sukuk, poursuivant la hausse entamée depuis plusieurs mois
  • L’Arabie saoudite reste le leader du marché primaire de la dette dans le Golfe, représentant plus de la moitié des émissions de la région au premier semestre 2025

RIYAD : Le Centre national de gestion de la dette d’Arabie saoudite a levé 5,31 milliards de riyals (1,42 milliard de dollars) via son émission de sukuk libellés en riyals pour le mois d’août, soit une hausse de 5,8 % par rapport à juillet.

Le Royaume avait levé 5,02 milliards de riyals en juillet, contre 2,35 milliards en juin et 4,08 milliards en mai.

Les sukuk sont des instruments financiers conformes à la charia, accordant aux investisseurs une propriété partielle d’actifs sous-jacents. Ils constituent une alternative populaire aux obligations traditionnelles.

L’émission d’août a été répartie en quatre tranches : 755 millions de riyals arrivant à échéance en 2029, 465 millions en 2032, 1,12 milliard en 2036, et 2,97 milliards en 2039.

Dans un communiqué, le Centre a déclaré que cette opération s’inscrivait dans les efforts continus de diversification des sources de financement et de renforcement du marché local de la dette.

Un rapport récent du Kuwait Financial Centre (Markaz) indique que l’Arabie saoudite a dominé le marché primaire de la dette dans le Golfe au premier semestre 2025, avec 47,9 milliards de dollars levés via 71 opérations de sukuk et d’obligations — soit 52,1 % du total du CCG.

L’agence de notation S&P a également souligné le rôle moteur du Royaume dans la finance islamique, estimant que les émissions mondiales de sukuk pourraient atteindre entre 190 et 200 milliards de dollars en 2025, dont jusqu’à 80 milliards en devises étrangères.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


SAMI et Amentum s’allient pour renforcer la défense terrestre

La cérémonie de signature avec le leader mondial des solutions d'ingénierie et de technologie avancées s'est déroulée en présence de personnalités des deux entreprises. (SAMI)
La cérémonie de signature avec le leader mondial des solutions d'ingénierie et de technologie avancées s'est déroulée en présence de personnalités des deux entreprises. (SAMI)
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  • L’accord marque une étape clé dans le renforcement de la préparation des systèmes terrestres du Royaume
  • Il consolide la position de SAMI en tant que leader national de la maintenance de défense

DJEDDAH : Saudi Arabian Military Industries (SAMI) a signé un accord de coopération avec l’entreprise américaine Amentum pour renforcer les systèmes de défense terrestre du Royaume, améliorer la maintenance et la remise à niveau, et localiser la production de pièces détachées.

La cérémonie de signature s’est tenue en présence de figures clés des deux entreprises, dont Mohammed Al-Hodaib, vice-président exécutif de SAMI Land, et Feras Al-Hassoun, directeur des ventes opérationnelles pour le Moyen-Orient chez Amentum, un leader mondial des solutions technologiques et d’ingénierie avancées.

Dans le cadre de la Vision 2030, l’Arabie saoudite poursuit activement son objectif d’autosuffisance en matière de défense. SAMI vise à localiser 50 % des dépenses de défense du Royaume en s’appuyant sur des partenariats mondiaux et des coentreprises avec des fabricants internationaux de premier plan.

« Cet accord marque une étape déterminante dans le renforcement de la préparation de nos systèmes terrestres, dans la localisation des pièces détachées et dans la consolidation de notre position de leader national en matière de maintenance et de soutien de défense », déclaré le champion saoudien de la défense et de la sécurité nationale, qui opère sous l'égide du Fonds d'investissement public (PIF), dans un communiqué.

En juillet, SAMI, classé parmi les 100 premières entreprises de défense au monde, avait déjà signé des accords de transfert de technologie avec trois grands groupes turcs — Nurol Makina, FNSS et Aselsan — afin d’accélérer la fabrication localisée de systèmes terrestres avancés en Arabie saoudite.

SAMI Land avait alors réaffirmé son engagement à faire progresser les objectifs stratégiques en localisant les industries de défense, en renforçant les capacités industrielles, et en livrant des produits et services de haute qualité tout au long du cycle de vie des équipements.

SAMI opère à travers cinq divisions principales :

  • SAMI Land : spécialisée dans les capacités de défense terrestre

  • SAMI Aerospace : développe des composants pour aéronefs et drones

  • SAMI Sea : technologies navales, incluant corvettes et systèmes maritimes

  • SAMI Defense Systems : solutions intégrées (radars, systèmes de commandement)

  • SAMI Advanced Electronics : cybersécurité et guerre électronique

Ensemble, ces divisions appuient la mission du PIF de renforcer les capacités de défense du Royaume et de localiser l’industrie militaire.

En avril dernier, Amentum — cotée à la bourse de New York sous le symbole AMTM — a annoncé la vente de sa branche matériel et produits, Rapid Solutions, à Lockheed Martin pour 360 millions de dollars. Cette cession repositionne Amentum comme un acteur dédié aux solutions technologiques et aux services de soutien de mission, tout en accélérant son désendettement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite et la Syrie signent un accord de protection des investissements

Le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a déclaré que le Royaume soutient la proposition du secteur privé d'établir un "Fonds de fonds" pour faciliter et gérer les investissements saoudiens en Syrie. (X/@MISA)
Le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a déclaré que le Royaume soutient la proposition du secteur privé d'établir un "Fonds de fonds" pour faciliter et gérer les investissements saoudiens en Syrie. (X/@MISA)
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  • L’Arabie saoudite et la Syrie ont signé un accord pour protéger et promouvoir les investissements bilatéraux
  • Un fonds d’investissement saoudien en Syrie est en préparation, avec la participation de plus de 80 entreprises saoudiennes à la Foire internationale de Damas

RIYAD : L’Arabie saoudite et la Syrie ont signé un accord visant à protéger et à promouvoir les investissements mutuels entre les deux pays.

L’accord a été signé en marge d’une table ronde à Riyad, à la suite de l’arrivée d’une délégation syrienne composée de responsables gouvernementaux et de dirigeants du secteur privé, conduite par le ministre de l’Économie et de l’Industrie, Mohammad Nidal Al-Shaar.

Cet événement fait suite au Forum syro-saoudien de l’investissement qui s’est tenu le mois dernier à Damas, où plus de 100 entreprises du Royaume et 20 organismes publics ont signé 47 accords d’une valeur de 6,4 milliards de dollars, couvrant l’immobilier, les infrastructures, les finances, les télécommunications, l’énergie et l’industrie.

Dans une publication sur son compte officiel X, le ministère saoudien de l’Investissement a qualifié cet accord de « pas qui reflète la profondeur des liens d’investissement et ouvre la voie à une coopération distinctive entre les deux nations ».

Le ministère a ajouté que l’accord vise à protéger les investisseurs et leurs capitaux, accélérer l’intégration économique, garantir un environnement sûr appuyé par une législation favorable, et renforcer les flux de capitaux vers les secteurs clés.

L’accord traite également des défis auxquels sont confrontés les investisseurs, encourage les investissements croisés dans divers secteurs et vise à créer de nouvelles opportunités d’emploi.

« L’accord souligne la profondeur des liens historiques et économiques entre l’Arabie saoudite et la République arabe syrienne », a ajouté le ministère sur X.

Lors de la table ronde à Riyad, le ministre saoudien de l’Investissement, Khalid Al-Falih, a déclaré que le Royaume soutenait la proposition du secteur privé de créer un « fonds de fonds » pour faciliter et gérer les investissements saoudiens en Syrie.

« Dans le secteur des infrastructures, un accord a été conclu la semaine dernière entre la société saoudienne Khashoggi Holding Co. et l’entreprise syrienne Radiant Structures, en partenariat stratégique avec Sinoma, pour la mise en place d’une cimenterie d’une capacité de 6 000 tonnes par jour », a précisé Al-Falih dans son discours d’ouverture.

Il a également révélé que 80 entreprises saoudiennes se sont inscrites pour participer à la Foire internationale de Damas, qui se tiendra du 27 août au 5 septembre, après une interruption de six ans.

« Notre objectif est de surmonter les défis économiques en Syrie et de soutenir la création d’un fonds d’investissement saoudien à Damas », a-t-il affirmé, cité par Al-Ekhbariya.

Il a également souligné que la nouvelle loi syrienne sur les investissements reflète la volonté du pays de bâtir un avenir axé sur l’investissement.

Cet accord intervient après une rencontre entre Al-Shaar et le ministre saoudien du Commerce, Majid Al-Qasabi, au cours de laquelle les deux parties ont évoqué les moyens de renforcer la coopération et d’élargir les opportunités d’investissement, selon l’agence syrienne SANA.

Les deux responsables ont souligné l’importance de renforcer les liens fraternels entre les deux pays et la nécessité d’une coordination face aux défis économiques mondiaux.

Les discussions ont aussi porté sur le développement de la coopération dans les domaines de l’industrie et du commerce, avec pour objectif d’attirer davantage d’investissements conjoints et de stimuler la croissance économique en Arabie saoudite comme en Syrie.

La visite d’Al-Shaar s’inscrit dans le cadre des efforts continus visant à renforcer les relations économiques et à développer les échanges commerciaux entre les deux pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com