Réindustrialisation: dans le bocage vendéen, le ciment presque sans CO2

Un ouvrier de Hoffmann Green Cement Technologies présente le ciment fabriqué sur le site de production, à Bournezeau, dans l'ouest de la France, le 10 mai 2023.  (Photo Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
Un ouvrier de Hoffmann Green Cement Technologies présente le ciment fabriqué sur le site de production, à Bournezeau, dans l'ouest de la France, le 10 mai 2023. (Photo Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Réindustrialisation: dans le bocage vendéen, le ciment presque sans CO2

  • Le ciment vendéen de Hoffmann Green «n'a pas de clinker», émet «en moyenne 200 kg de CO2» par tonne, se fabrique «sans cuisson», «sans gaz», «sans eau» et «à température ambiante», en «mixant des déchets industriels réduits en poudre»
  • «Le clinker est la raison d'être de l'industrie traditionnelle qui n'a pas encore complètement pris la mesure de la révolution en cours, un peu comme Kodak qui ne croyait pas à la fin de l'argentique», explique Julien Blanchard, co-fondateur de la start-u

BOURNEZEAU, France : A 70 kilomètres au sud de Nantes, une haute tour circulaire rouge et blanche émerge de la verdure du bocage vendéen: l'usine de ciment de la start-up française Hoffmann Green affiche l'ambition de devenir le phare d'une industrie cimentière décarbonée, après deux siècles d'émissions massives de CO2.

Inaugurée vendredi, l'usine flambant neuve illustre la stratégie de réindustrialisation verte prônée par l'exécutif. Elle promet d'émettre trois à cinq fois moins de gaz à effet de serre que les grands cimentiers traditionnels et a été soutenue financièrement par les plans de relance et France 2030.

Chaque année, 250.000 tonnes de ciment bas-carbone devraient en sortir. Une paille par rapport aux besoins du pays qui consomme 18 millions de tonnes de ciment par an. Mais une révolution dans un secteur qui n'a guère changé ses méthodes très polluantes de fabrication depuis l'invention du ciment il y a 200 ans.

Le procédé traditionnel - en cuisant pendant 18 heures d'affilée du calcaire à plus de 1.400 °C pour obtenir l’élément essentiel du ciment, le clinker - nécessite de gigantesques volumes de gaz naturel et émet presque une tonne de CO2 par tonne de ciment produit - 866 kilos - , soit des ratios d'émission supérieurs à ceux du transport aérien.

Le ciment vendéen de Hoffmann Green «n'a pas de clinker»,  émet «en moyenne 200 kg de CO2» par tonne, se fabrique «sans cuisson», «sans gaz», «sans eau» et «à température ambiante», en «mixant des déchets industriels réduits en poudre», résume pour l'AFP Julien Blanchard, président du directoire et co-fondateur de la start-up née en 2015.

Les trois principaux ingrédients sont des «laitiers de sidérurgie» -déchets de la fabrication de l'acier- des «boues d'argile» récupérées dans des carrières, et du «gypse» contenu dans les plaques de plâtre issues de la déconstruction de bâtiments.

Des adjuvants brevetés maison déclenchent ensuite une réaction à froid qui permet d'amalgamer le ciment. La recette a été mise au point par David Hoffmann, ingénieur chimiste des minéraux et ancien de Séché Environnement, co-fondateur de la start-up.

Dans cette usine verticale au concept unique, la tour de 70 mètres de haut permet de mélanger les ingrédients issus de 19 silos de plusieurs dizaines de mètres de haut. Et surtout «de réduire de moitié l'emprise au sol» de l'installation par rapport à la première petite usine pilote installée juste à côté.

Autre élément essentiel de la décarbonation du procédé, l'énergie ne pèse plus que 2% des coûts globaux de l'entreprise «contre 20% dans le secteur traditionnel», selon M. Blanchard.

- Les «colosses» peuvent «disparaître» -

Une série de panneaux photovoltaïques sur pilotis, comme des grands arbres métalliques suivant l'orientation du soleil toute la journée, génèrent 50% de la consommation d'électricité du site.

«Tous ces éléments font que globalement notre ciment génère cinq fois moins d'émissions de CO2 qu'un ciment traditionnel», résume M.Blanchard.

Bien sûr le prix est aussi «deux fois plus cher que celui du ciment traditionnel», admet-il. «Mais plus on produira, plus les prix baisseront», avance-t-il en pariant sur un «croisement des courbes de prix» entre son ciment et le traditionnel «en 2026-27».

L'industrie cimentière «nous voit comme les méchants qui veulent faire fermer les cimenteries traditionnelles», relève Stéphane Pierronnet, directeur d'exploitation de l'usine.

Pourtant, les cinq dernières années ont été un chemin long et onéreux. Surtout pour obtenir les certifications permettant au ciment décarboné d'entrer dans la cour des grands ciments normés et référencés.

«Entre 5 et 10 millions d'euros» ont été nécessaires pour financer les évaluations permettant d'obtenir la garantie que «nos ciments sont aussi solides», «avec une durée de vie aussi longue, une même résistance au feu, aux sels marins..» que les ciments traditionnels, explique M. Blanchard.

La société, qui emploie 55 personnes, dont 20% dans la recherche et le développement, prévoit une deuxième usine, à Dunkerque. Elle a aussi des projets en Suisse, en Belgique et au Royaume-Uni.

«Nous avons fait la démonstration qu'on pouvait faire du ciment sans clinker polluant, or le clinker est la raison d'être de l'industrie traditionnelle qui n'a pas encore complètement pris la mesure de la révolution en cours», ajoute M. Blanchard.

«Un peu comme Kodak qui ne croyait pas à la fin de l'argentique», ajoute-t-il, «même si ce sont des colosses, ils peuvent disparaître très vite s'ils ne s'adaptent pas rapidement au nouveau contexte».


France: la famille Saadé étend son empire, devient 2e actionnaire de Carrefour

 Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution. (AFP)
Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution. (AFP)
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  • Rodolphe Saadé remplacera Eduardo Rossi, qui représentait l'actionnaire Peninsula, holding de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz décédé en février 2024
  • Devenue première actionnaire de Carrefour en mars 2024, Peninsula était récemment repassée en deuxième position avec une participation de 8,5%, qu'elle a finalement cédée

PARIS: Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution.

Carrefour a annoncé mercredi que la famille Saadé avait pris une participation de 4% - un investissement de quelque 400 millions d'euros - de son capital et que Rodolphe Saadé entrerait à son conseil d'administration dès le 1er décembre.

Il y remplacera Eduardo Rossi, qui représentait l'actionnaire Peninsula, holding de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz décédé en février 2024.

Devenue première actionnaire de Carrefour en mars 2024, Peninsula était récemment repassée en deuxième position avec une participation de 8,5%, qu'elle a finalement cédée.

La société Galfa, détenue par la famille Moulin-Houzé - propriétaire des grands magasins Galeries Lafayette -, reste le premier actionnaire de Carrefour, à hauteur d'environ 9,5%.

"En intégrant son conseil d'administration, je souhaite (...) accompagner le développement du groupe dans la durée", a assuré le dirigeant franco-libanais, enrichi par l'explosion des profits du transport maritime pendant la crise sanitaire.

"L'engagement, la vision et l'expérience de Rodolphe Saadé apporteront une contribution majeure à notre gouvernance, au développement de notre groupe et à sa création de valeur", a commenté le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.

Il s'agit de la première incursion de la famille Saadé dans la grande distribution. En mai, elle avait fait son entrée au capital du groupe de cinéma Pathé, avec pour ambition d'accélérer à l'international dans la production de films et de séries.

Rassurer les marchés 

Rodolphe Saadé a également racheté en 2022 le journal régional La Provence - basé à Marseille dans le sud de la France, où CMA CGM a son siège -, posant ainsi la première pierre d'un groupe de médias français qui compte depuis les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, mais aussi BFMTV, RMC et Brut.

Avec ce nouvel investissement patrimonial dans une multinationale française, qu'elle n'exclut pas de renforcer à l'avenir, la famille Saadé s'associe aussi à un groupe fort au Brésil, l'un des principaux marchés de Carrefour avec la France et l'Espagne.

En septembre 2024, CMA CGM avait annoncé l'acquisition du plus gros opérateur portuaire du pays, Santos Brasil.

"C'est un pays à très fort potentiel où la croissance est au rendez-vous", avait assuré Rodolphe Saadé pour justifier cet investissement, réalisé sur fonds propres.

De son côté, Carrefour va pouvoir rassurer les marchés quant à la stabilité de son actionnariat en compensant partiellement le départ de Peninsula, qui était attendu, quatre ans après celui du milliardaire français Bernard Arnault après 14 années de présence au capital.

En octobre, Carrefour a publié un chiffre d'affaires de 22,6 milliards d'euros pour le troisième trimestre, en recul de 1,5% car pénalisé par l'évolution des changes en Amérique latine. Mais les ventes du distributeur ont résisté à données comparables, notamment en France en dépit des "incertitudes politiques".

Dirigé depuis 2017 par Alexandre Bompard - dont le mandat a été renouvelé cet été pour trois ans après 2026 -, Carrefour a entamé une "revue de portefeuille" en début d'année pour dégager davantage de rentabilité, et requinquer un cours de Bourse mis sous pression l'an dernier.

Dévoilée cet été, la cession de Carrefour Italie doit être effective d'ici à la fin de l'année.

Carrefour fait également évoluer son modèle pour exploiter de plus en plus largement des magasins en franchise et en location-gérance, une variante de la franchise où le distributeur reste propriétaire du fonds de commerce.

 


La Bourse de Paris attendue en petite hausse à l'ouverture

La Bourse de Paris est attendue en petite hausse à l'ouverture, l'optimisme régnant parmi les investisseurs avec l'imminence de la levée du "shutdown" (paralysie budgétaire) aux Etats-Unis mais aussi avec les espoirs de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed). (AFP)
La Bourse de Paris est attendue en petite hausse à l'ouverture, l'optimisme régnant parmi les investisseurs avec l'imminence de la levée du "shutdown" (paralysie budgétaire) aux Etats-Unis mais aussi avec les espoirs de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed). (AFP)
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  • Le contrat à terme du CAC 40 prenait 0,36% une quarantaine de minutes avant l'ouverture du marché à 09H00 heure de Paris. Mardi, l'indice vedette de la place parisienne a terminé en hausse de 1,25%, à 8.156,23 points
  • "Les marchés européens s'apprêtent à ouvrir dans le vert (mercredi) portés par la réouverture (des services) du gouvernement américain et par les spéculations croissantes sur une baisse des taux de la Réserve fédérale dès décembre"

PARIS: La Bourse de Paris est attendue en petite hausse à l'ouverture, l'optimisme régnant parmi les investisseurs avec l'imminence de la levée du "shutdown" (paralysie budgétaire) aux Etats-Unis mais aussi avec les espoirs de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Le contrat à terme du CAC 40 prenait 0,36% une quarantaine de minutes avant l'ouverture du marché à 09H00 heure de Paris. Mardi, l'indice vedette de la place parisienne a terminé en hausse de 1,25%, à 8.156,23 points.

"Les marchés européens s'apprêtent à ouvrir dans le vert (mercredi) portés par la réouverture (des services) du gouvernement américain et par les spéculations croissantes sur une baisse des taux de la Réserve fédérale dès décembre, à la suite d'un nouveau rapport sur l'emploi confirmant un affaiblissement tangible du marché du travail", commente John Plassard, responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestion Private Bank.

"ADP a publié de nouveaux chiffres, contredisant son précédent rapport qui annonçait 42.000 créations d'emplois privés en octobre", souligne également Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote. "En réalité, les embauches ont ralenti dans la seconde moitié du mois".

Le baromètre ADP est d'ordinaire regardé avec prudence par les analystes mais ces données sur le marché du travail ont pris de l'importance faute de données officielles à cause du blocage budgétaire aux Etats-Unis.

Ces nouveaux chiffres corroborent le rapport mensuel publié par le cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas, qui avait montré que les suppressions d'emplois en octobre aux Etats-Unis étaient au plus haut pour ce mois depuis plus de 20 ans, à plus de 153.000, note Mme Ozkardeskaya.

"C'est certainement un problème pour les politiques, mais pas pour les investisseurs", poursuit-elle. "Ces derniers espèrent que les données seront suffisamment faibles pour justifier une nouvelle baisse de taux (...) par la Réserve fédérale en décembre, ce qui aurait un effet positif sur les valorisations grâce à des coûts d'emprunt plus faibles."

Les marchés saluent également la fin imminente du "shutdown" aux Etats-Unis.

La Chambre des représentants doit voter mercredi pour lever la paralysie budgétaire, une "très grande victoire", a estimé Donald Trump.

Après plus de 40 jours d'impasse, le Sénat a adopté lundi une proposition de loi qui prolonge le budget actuel jusqu'à fin janvier. La Chambre doit en débattre à partir de mercredi, avec un vote attendu possiblement dans la soirée.

 


«Les villes de demain seront construites pour les visiteurs, pas seulement pour les résidents», déclare le ministre saoudien du tourisme

 Ahmed Al-Khateeb a déclaré que la durabilité serait le principe directeur du rôle de l'Arabie saoudite dans le paysage touristique mondial de demain. (X/@AhmedAlKhateeb)
Ahmed Al-Khateeb a déclaré que la durabilité serait le principe directeur du rôle de l'Arabie saoudite dans le paysage touristique mondial de demain. (X/@AhmedAlKhateeb)
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  • Pour Ahmed Al-Khateeb, la durabilité sert de principe directeur au rôle de l'Arabie saoudite dans le paysage touristique mondial de demain
  • "Les gens avaient l'habitude de voyager en groupe. Aujourd'hui, ils voyagent en plus petits groupes. Les hôtels tiraient l'essentiel de leurs revenus des chambres ; aujourd'hui, ce sont les salons et les restaurants qui leur rapportent le plus

RIYAD: L'Arabie saoudite se positionne à l'avant-garde de l'évolution du tourisme mondial en concevant des destinations qui cibleront les touristes du futur, a déclaré le ministre du tourisme du Royaume.

Ahmed Al-Khateeb a ajouté que la durabilité servirait de principe directeur au rôle de l'Arabie saoudite dans le paysage touristique mondial de demain.

Les habitudes des voyageurs et les sources de revenus de l'industrie du tourisme ont radicalement changé ces dernières années, a-t-il déclaré lors d'une interview accordée à Arab News.

"Les gens avaient l'habitude de voyager en groupe. Aujourd'hui, ils voyagent en plus petits groupes. Les hôtels tiraient l'essentiel de leurs revenus des chambres ; aujourd'hui, ce sont les salons et les restaurants qui leur rapportent le plus.

Al-Khateeb ajoute que les jeunes générations, aidées par la technologie, redéfinissent également la façon dont les voyages sont planifiés et vécus. "Elles définissent leurs propres itinéraires en déplacement, ce qui met la pression sur les agences de voyage traditionnelles qui organisaient autrefois des voyages en groupe. Nous assistons à de grands changements sur le marché mondial du voyage.

La Chine et l'Inde, qui comptent parmi les marchés touristiques à la croissance la plus rapide au monde, sont en train de remodeler les flux de voyages internationaux. "La Chine est devenue le marché source le plus important pour les voyageurs sortants, tandis que l'Inde devrait doubler le nombre de ses voyageurs dans les années à venir", a déclaré le ministre. "Le Moyen-Orient, et l'Arabie saoudite en particulier, ont ainsi l'occasion de devenir une destination de choix pour les touristes internationaux.

Depuis 2019, l'Arabie saoudite a enregistré la croissance touristique la plus rapide de tous les pays du G20, a déclaré Al-Khateeb. "Nous avons un marché intérieur très fort et un marché religieux très fort. Maintenant, nous avons ouvert nos portes aux voyageurs de loisirs, d'affaires et de vacances - qu'ils recherchent la côte de la mer Rouge, les montagnes du sud, nos grandes villes ou nos magnifiques îles."

Il a ajouté que la vision à long terme du Royaume en matière de tourisme va bien au-delà du présent et que les destinations sont construites pour servir les visiteurs et les résidents de manière durable.

"Dans les années 1950 et 1960, les villes étaient construites pour les résidents", a déclaré M. Al-Khateeb. "Aujourd'hui, dans des pays comme la Grèce, les visiteurs sont trois fois plus nombreux que les résidents. Les villes du futur doivent être conçues pour les visiteurs également - et c'est ce que nous faisons en Arabie saoudite.

La durabilité est devenue un élément non négociable de tout développement touristique dans le Royaume, a-t-il ajouté. "Au cours des deux dernières décennies, la durabilité est devenue extrêmement importante. Lorsque nous construisons de nouvelles destinations comme la mer Rouge, nous nous alignons totalement sur les réglementations en matière de durabilité. Tout ce que nous construisons aujourd'hui est respectueux de l'environnement, garantissant ainsi une durabilité non seulement environnementale, mais aussi sociale et économique."

Ce principe est au cœur de la transformation du tourisme dans le cadre de la Vision 2030 : "La durabilité est au premier plan chaque fois que nous construisons ou exploitons une nouvelle destination", a-t-il ajouté.