Après les Etats-Unis, Ikea investit en France et promet des baisses de prix

Ikea, place de la Madeleine à Paris. (AFP / Thomas SAMSON)
Ikea, place de la Madeleine à Paris. (AFP / Thomas SAMSON)
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Publié le Lundi 15 mai 2023

Après les Etats-Unis, Ikea investit en France et promet des baisses de prix

  • Dimanche, à la veille de Choose France, un sommet d'investisseurs internationaux réunis par Emmanuel Macron à Versailles, Ikea a dévoilé 906 millions euros d'investissements supplémentaires d'ici à 2026 en France
  • L'enveloppe couvre également l'achat du centre commercial parisien Italie Deux, annoncé début avril, pour y relocaliser le magasin du quartier de La Madeleine et ses collaborateurs

PARIS: Un milliard en France, plus de deux milliards aux Etats-Unis: l'heure est aux investissements chez Ikea pour conquérir encore davantage de clients, auxquels le groupe suédois entend proposer des produits plus "verts" et des prix en baisse après le pic d'inflation.

Dimanche, à la veille de Choose France, un sommet d'investisseurs internationaux réunis par Emmanuel Macron à Versailles, Ikea a dévoilé 906 millions euros d'investissements supplémentaires d'ici à 2026 en France. S'ajouteront 377 millions non encore alloués d'une précédente enveloppe d'investissements qui n'avait pas été entièrement consommée.

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Fin avril déjà, Ikea avait annoncé plus de 2 milliards d'euros d'investissements sur trois ans pour développer sa présence aux Etats-Unis.

"Ikea se porte vraiment bien aujourd'hui" et "les chaînes d'approvisionnement se normalisent" en dépit d'un contexte "incroyablement compliqué" et inflationniste, a expliqué dans un entretien à l'AFP Jesper Brodin, patron de la holding Ingka, qui regroupe la plupart des magasins Ikea dans le monde et représente plus de 90% de son chiffre d'affaires total.

La conquête de nouveaux clients est le mot d'ordre après une année 2022 difficile, marquée par l'inflation et le retrait précipité de Russie après l'invasion de l'Ukraine dont l'impact financier a toutefois été "soldé", selon M. Brodin.

La France est "notre troisième marché" dans le monde et "nous pensons pouvoir y croître davantage", a-t-il expliqué.

"Nous investissons dans des sites existants et aussi de nouvelles implantations" pour "rendre notre offre encore plus accessible au plus grand nombre" tout en "accélérant" les efforts de développement durable, a détaillé au cours du même entretien le PDG d'Ikea France, Johan Laurell.

Le spécialiste des meubles en kit a notamment annoncé l'ouverture d'un nouveau centre logistique à Toulouse (Sud de la France), en 2024, et confirmé une implantation similaire en 2026 à Limay (Région parisienne) avec "très probablement" de nouveaux emplois à la clé, selon M. Laurell.

L'enveloppe couvre également l'achat du centre commercial parisien Italie Deux, annoncé début avril, pour y relocaliser le magasin du quartier de La Madeleine et ses collaborateurs.

Aux Etats-Unis, où "il y a davantage de personnes qui n'ont pas d'accès à un magasin Ikea" qu'en France, l'expansion est surtout géographique, avec l'ouverture de huit magasins et neuf points de vente dans le pays.

- Recyclage de matelas -

Pour attirer les clients, Ikea mise aussi sur des prix toujours plus compétitifs après avoir "dû répercuter certaines hausses".

Des fluctuations et incertitudes le long de la chaîne d'approvisionnement persistent mais "dans quelques mois nous devrions pouvoir en être là où nous en étions avant la pandémie", selon le dirigeant d'Ingka.

En conséquence, "certains de nos coûts baissent", note M. Brodin, qui promet donc de répercuter ces baisses sur les tickets de caisse, après l'annonce en décembre 2021 d'une augmentation des prix de 9% en moyenne.

Une baisse des prix "n'est pas seulement notre prédiction, mais également notre mission", a- t-il insisté.

Pour gagner davantage de clients, "nous sommes vraiment devenus une entreprise omnicanal", où les magasins physiques et la vente en ligne se complètent, s'est félicité le directeur.

Ikea met également l'accent sur les engagements de développement durable de ses investissements: participation à un projet de parc solaire en France, livraison par la Seine à Paris, électrification des véhicules...

Le groupe va également "soutenir" la start-up néerlandaise RetourMatras dans son projet "d'accroître les capacités de recyclage de matelas en France de 500.000 unités", selon un communiqué.

Dans ce contexte, M. Brodin s'est dit favorable à une "réévaluation des subventions" publiques en France.

"Nous allons par exemple reprendre des matelas, donc nous demandons qu'on arrête les subventions pour l'incinération", a plaidé M. Brodin.

Le "Green Deal" européen, dit-il, est dans ce contexte "un effort incroyable, et je dirais même révolutionnaire" pour "soutenir et encourager la transition vers une économie zéro carbone" face au "Inflation Reduction Act" américain, source de "craintes d'un favoritisme du marché domestique" outre-Atlantique.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.