Espionnage de salariés chez Ikea France: peine réduite pour un ancien PDG

Une photo prise le 6 mai 2019 montre une vue du nouveau concept store Ikea de centre-ville, place Madeleine à Paris. (AFP / Thomas SAMSON)
Une photo prise le 6 mai 2019 montre une vue du nouveau concept store Ikea de centre-ville, place Madeleine à Paris. (AFP / Thomas SAMSON)
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Publié le Vendredi 27 janvier 2023

Espionnage de salariés chez Ikea France: peine réduite pour un ancien PDG

  • La Cour d'appel de Versailles (ouest de Paris) a relaxé l'ex PDG, Jean-Louis Baillot, du chef «recel de données à caractère personnel par un moyen frauduleux»
  • Elle l'a reconnu coupable de «complicité de collecte de données personnelles» concernant le cas d'une cadre en 2008

VERSAILLES : Un ancien Président directeur-général de la filiale française d'Ikea a vu sa peine réduite en appel à quatre mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende dans une affaire d'espionnage de salariés entre 2009 et 2012.

La Cour d'appel de Versailles (ouest de Paris) a relaxé l'ex PDG, Jean-Louis Baillot, du chef «recel de données à caractère personnel par un moyen frauduleux» et l'a reconnu coupable de «complicité de collecte de données personnelles» concernant le cas d'une cadre en 2008.

«La cour d'appel a relaxé mon client d'une organisation d'un système d'espionnage mais il demeure condamné pour le cas d'une cadre», a réagi auprès de l'AFP son avocat Me François Saint-Pierre. «C'est une décision très favorable par rapport au premier jugement mais qui, je le regrette, ne le relaxe complètement».

La filiale française d'Ikea, entreprise d'origine suédoise spécialisée dans la conception et la  vente de mobilier et objets de décoration prêts à poser ou à monter en kit, dont le siège social se trouve aux Pays-Bas, avait été condamné en juin 2021 à une amende d'un million d'euros, mais n'avait pas fait appel.

Ikea France avait comparu pendant deux semaines en mars 2021 devant le tribunal correctionnel de Versailles aux côtés d'une quinzaine de personnes physiques - hauts cadres, directeurs de magasins et policiers - face à quelque 120 parties civiles dont des syndicats.

Des centaines d'employés, entre 2009 et 2012, avaient été passés au crible, leur patrimoine, vie privée et antécédents judiciaires scrupuleusement épluchés.

En septembre, lors du procès en appel, l'avocat général avait requis la confirmation de la peine prononcée en première instance contre M. Baillot, soit deux ans de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende.

Jean-Louis Baillot, ex-PDG de la filiale française de l'ameublement, Dariusz Rychert, directeur administratif et financier de l'époque, Jean-Pierre Fourès, ancien patron de la société d'investigation privée Eirpace et Richard Jimenez, directeur de magasin Ikea, avaient comparu devant la Cour d'appel de Versailles après avoir contesté leur condamnation en juin 2021.

Vendredi, Jean-Pierre Fourès a été condamné en appel à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende.

A la barre en mars 2021, l'ancien directeur de la gestion des risques Jean-François Paris avait reconnu envoyer des listes de salariés «à tester» à Jean-Pierre Fourès, alors directeur d'Eirpace et ex-policier des Renseignements généraux.

Ce dernier est soupçonné d'avoir demandé à son réseau de consulter illégalement des fichiers de police pour recueillir des données confidentielles sur les salariés.

Le directeur de magasin Richard Jimenez a été relaxé vendredi par la Cour d'appel de Versailles, tout comme Dariusz Rychert, ancien directeur administratif et financier.


Retraites: 17 enquêtes ouvertes à l'IGPN depuis le début des manifestations

Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin lors d'une conférence de presse des ministres français de l'Intérieur, de la Justice et des Comptes publics, sur la lutte contre les stupéfiants, à l'hôtel Beauvau, ministère de l'Intérieur, à Paris le 1er mars 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin lors d'une conférence de presse des ministres français de l'Intérieur, de la Justice et des Comptes publics, sur la lutte contre les stupéfiants, à l'hôtel Beauvau, ministère de l'Intérieur, à Paris le 1er mars 2023 (Photo, AFP).
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  • «Depuis le 19 janvier (...) nous avons eu 17 procédures judiciaires», a déclaré sur BFMTV Agnès Thibault-Lecuivre
  • Cela signe une accélération récente des saisines, notamment depuis le 16 mars et le début des manifestations sauvages à Paris et dans plusieurs régions

PARIS: L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de 17 enquêtes judiciaires depuis la première journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites en janvier, a indiqué dimanche sa directrice.

"Depuis le 19 janvier (...) nous avons eu 17 procédures judiciaires", a déclaré sur BFMTV Agnès Thibault-Lecuivre, précisant que "ce chiffre est par définition évolutif".

Vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait révélé que onze enquêtes IGPN avaient ouvertes "depuis une semaine".

Cela signe donc une accélération récente des saisines, notamment depuis le 16 mars et le début des manifestations sauvages à Paris et dans plusieurs régions, en réaction au recours à l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter la réforme.

"Il y a eu un changement de nature, d'individus particulièrement radicalisés qui n'étaient pas sur les premières journées nationales d'action", a argumenté la cheffe de l'IGPN.

"De facto, ce changement de nature, ce changement d'atmosphère, cette radicalisation, nous la retrouvons dans nos saisines", a ajouté la magistrate de formation.

Au sujet des propos menaçants et humiliants de policiers, attribués à des membres de l'unité décriée de la BRAV-M, envers de jeunes manifestants et révélés dans un enregistrement audio, Agnès Thibault-Lecuivre s'est dite "comme citoyenne, terriblement choquée".

"Ces abus sont destructeurs pour l'institution Police nationale" et "jette l'opprobre sur l'ensemble des autres services et policiers de terrain qui eux sont exemplaires", a-t-elle regretté.

Une enquête administrative, sur saisine du préfet de police Laurent Nuñez, et une enquête judiciaire, après un signalement adressé samedi au parquet de Paris, ont été ouvertes à l'IGPN sur cette affaire.


Retraites: Bardella (RN) accuse Macron de « spéculer sur la violence»

Le président du Rassemblement national (RN) d'extrême droite français, Jordan Bardella, assiste au lancement de l'école de leadership à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
Le président du Rassemblement national (RN) d'extrême droite français, Jordan Bardella, assiste au lancement de l'école de leadership à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • « Je pense qu'Emmanuel Macron prend un plaisir malsain à ce désordre et à ce chaos, il avait fait la même chose pendant les gilets jaunes», a dénoncé sur France 3 l'eurodéputé
  • Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de chaos

PARIS: Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a accusé dimanche Emmanuel Macron de "spéculer sur la violence" pour "décrédibiliser" le mouvement social qui s'oppose à la réforme des retraites.

"Je pense qu'Emmanuel Macron prend un plaisir malsain à ce désordre et à ce chaos, il avait fait la même chose pendant les gilets jaunes", a dénoncé sur France 3 l'eurodéputé.

"On dirait qu'il spécule sur la violence et sur l'épuisement du mouvement social pour ensuite arriver et dire: +je suis le parti de l'ordre+, pour décrédibiliser le mouvement, je trouve que c'est assez flagrant", a-t-il déploré.

Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de "chaos", à l'orée d'une dixième journée de manifestations mardi.

"Quand on est patriote, quand on est attaché à l'unité nationale, on a forcément le coeur qui saigne lorsqu'on voit des Français affronter d'autres Français, et bien souvent des Français, s'agissant des fonctionnaires de police, qui partagent les revendications des manifestants", a regretté M. Bardella.

Estimant que "les policiers aujourd'hui, et les forces de l'ordre sont à bout", le président du RN a jugé que "le responsable du désordre et le responsable de ces scènes de violence, il est à l'Élysée et il s'appelle Emmanuel Macron".

Décidé à ne rien lâcher sur sa réforme des retraites, l'exécutif paraît résolu à jouer la carte de "l'ordre républicain" face aux violences qui entourent désormais les manifestations, une stratégie qui suscite l'ire des opposants à la réforme.


Retraites: avant un 10e round dans la rue mardi, la crainte du «chaos» s'installe

Les gens participent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait adopter une réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
Les gens participent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait adopter une réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • La contestation de la réforme des retraites s'est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes
  • Face aux violences l'exécutif rejette la faute sur une partie de ses opposants

PARIS: Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de "chaos", à l'orée d'une dixième journée de manifestations mardi.

Un court répit, après plusieurs nuits tendues. La contestation de la réforme des retraites s'est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes. Des "rassemblements de proximité" encouragés par l'intersyndicale avant une nouvelle grande journée de mobilisation mardi, avec notamment un cortège parisien qui défilera de la place de la République à Nation.

Alors que les affrontements se sont déplacés, le temps du week-end, autour des bassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), des dégradations de mobilier urbain et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre ont été rapportés ce samedi à Rennes lors du cortège anti-réforme.

Mais rien de comparable avec les "scènes de chaos" dans la capitale bretonne, dont s'était émue sa maire Nathalie Appéré lors de la manifestation de jeudi. Des débordements observés dans de nombreuses autres villes: commissariat attaqué à Lorient, porche de l'hôtel de ville incendié à Bordeaux, heurts et départs de feux innombrables à Paris.

Point d'orgue d'une semaine d'échauffourées quotidiennes, depuis le recours du gouvernement au 49.3 pour faire adopter sa réforme au Parlement, cette neuvième journée à l'initiative des syndicats a aussi marqué un rebond de la mobilisation, avec entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT) de participants.

Succès éclipsé par les accusations de violences, qui visent également les forces de l'ordre: pouce arraché pour une manifestants à Rouen, cheminot "éborgné" à Paris selon SUD-Rail, syndicats "visés par le canon à eau" à Rennes...

Le Conseil de l'Europe s'est alarmé d'un "usage excessif de la force" et les critiques se concentrant sur la BRAV-M, unité à moto chargée du maintien de l'ordre dans la capitale et dont la dissolution n'est "pas à l'ordre du jour" selon le préfet de police Laurent Nuñez.

Une demande de justice

Face aux violences l'exécutif rejette la faute sur une partie de ses opposants.

"Je ne crois pas que ceux qui aujourd’hui tirent au mortier, tentent d’incendier" des bâtiments publics, "ont pour principal motivation la réforme des retraites", a déclaré dimanche Olivier Dussopt lors de l'émission politique de France Inter/France Télévisions et Le Monde. "Ils ont une volonté de désordre."

"Ceux qui protestent sont en colère, il nous faut les entendre", dit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, dans le Journal du dimanche. Rien à voir avec "les factieux qui viennent pour semer le chaos dans le pays".

Argument renvoyé par Laurent Berger, qui rappelle que la réforme des retraites vise à générer "à peine 10 milliards d'euros d'économies" - avec le report de l'âge légal de 62 à 64 ans - et juge "proprement absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos pour si peu".

Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le patron de la CFDT, esquisse une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent "non pas le retrait de la loi, mais sa suspension", ce qui donnerait selon lui le temps "de trouver un compromis social plus intelligent".

Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi "attendre la décision du Conseil constitutionnel" sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant "à la disposition" des syndicats "pour avancer tout de suite" sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail.

"Ma porte est ouverte et celle de l’Elysée aussi. Sur tous le sujets qui sont devant nous", a glissé M. Dussopt assurant qu'il n'y aura "pas de pause" dans les réformes.

Une façon de répondre aux "colères" qui "dépassent largement la réforme des retraites", a expliqué samedi la Première ministre, Elisabeth Borne, voyant dans le mouvement social en cours depuis deux mois "une demande de justice".