A Gaza, des familles à la rue après les récentes hostilités avec Israël

Dans la bande de Gaza, où le taux de chômage atteint les 53% selon le Bureau palestinien des statistiques, reconstruire sa maison est un défi pour de nombreux habitants. (AFP)
Dans la bande de Gaza, où le taux de chômage atteint les 53% selon le Bureau palestinien des statistiques, reconstruire sa maison est un défi pour de nombreux habitants. (AFP)
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Publié le Mardi 16 mai 2023

A Gaza, des familles à la rue après les récentes hostilités avec Israël

  • Dans la bande de Gaza, où le taux de chômage atteint les 53% selon le Bureau palestinien des statistiques, reconstruire sa maison est un défi pour de nombreux habitants
  • Les affrontements ont coûté la vie à 34 Palestiniens, dont un tué par une roquette palestinienne sur le territoire israélien

BEIT LAHIA: Au pied de sa maison aplatie la semaine dernière par une frappe israélienne, Najah Nabhane s'interroge sur son avenir et celui de sa famille qui dort désormais dans les décombres de sa maison, dans le nord de la bande de Gaza.

Au terme de cinq jours d'hostilités meurtrières entre des mouvements armés palestiniens et Israël, Najah Nabhane, 56 ans, tente tant bien que mal de s'occuper de ses enfants et petits-enfants, dont plusieurs sont atteints de handicaps physiques.

"J'emprunte des vêtements aux voisins pour eux. Je n'ai rien pris avec moi, j'ai à peine eu le temps de descendre dans la rue et la maison a été bombardée", dit-elle à l'AFP, à Beit Lahia.

Citant des responsables locaux, les Nations unies ont indiqué que plus de 100 maisons avaient été complètement détruites et 140 gravement endommagées en cinq jours d'affrontements.

Ceux-ci ont débuté le 9 mai lorsque l'armée israélienne a lancé des frappes meurtrières contre des commandants du Jihad islamique, mouvement palestinien qualifié de "terroriste" tant par les Etats-Unis et l'Union européenne que par Israël.

Des groupes armés à Gaza ont ensuite tiré près de 1.470 roquettes vers Israël, dont plus de 430 ont été interceptées par le système de défense anti-aérien, jusqu'à l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu samedi soir.

Les affrontements ont coûté la vie à 34 Palestiniens, dont un tué par une roquette palestinienne sur le territoire israélien. Côté israélien, une personne est morte, selon les services de secours israéliens.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas expliqué pourquoi le domicile des Nabhane avait été visé.

La famille dit avoir été avertie par téléphone par les autorités israéliennes de l'imminence d'une frappe.

Sans-abris 

"Les gens criaient et nous nous sommes enfuis", raconte à l'AFP Bilal Nabhane, 35 ans.

"Maintenant, 45 personnes sont ici (à la rue), où iront-elles? Elles ont besoin d'un abri", dit l'homme qui gagne environ 10 shekels (2,50 euros) par jour en vendant du persil au marché.

A travers la bande de Gaza, mince bande de terre où vivent entassés 2,3 millions de Palestiniens, sous blocus israélien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, les différentes guerres avec Israël ont laissé leurs traces.

A Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, un quartier a de nouveau été défiguré la semaine dernière.

Aujourd'hui, des enfants grimpent sur des tas de béton, d'où sortent des tiges métalliques, vestiges d'habitations.

Celle de Mohammed Zidane, 29 ans, a échappé à un raid, mais l'explosion d'un autre immeuble a été si puissante qu'elle a défoncé les murs. Depuis, il dort avec sa famille dans la rue.

"Pour cibler une seule personne, on n'a pas besoin de détruire tout un complexe d'appartements", s'indigne-t-il. "Je vis chez moi, avec mes enfants. Je suis occupé par mon travail. Qu'est-ce j'ai fait pour mériter ça?"

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas expliqué pourquoi elle avait ciblé ce quartier.

Durant son opération, elle a accusé des membres du Jihad islamique de se cacher délibérément dans des zones résidentielles et assuré faire le maximum pour éviter les pertes civiles.

La dernière escalade meurtrière entre le Jihad islamique à Gaza et Israël datait d'août 2022, et une guerre de 11 jours avait opposé en mai 2021 des mouvements palestiniens de Gaza et Israël.

«Rêves»

Dans la bande de Gaza, où le taux de chômage atteint les 53% selon le Bureau palestinien des statistiques, reconstruire sa maison est un défi pour de nombreux habitants.

"J'espère pouvoir réaliser mon rêve: celui d'offrir une maison à mes enfants ... Je dois les emmener maintenant chez les voisins pour se laver et emprunter des vêtements", se désole Najah Nabhane.

Une de ses filles, handicapée, se tient près d'elle.

"Je suis assise dans un fauteuil roulant qui m'a été donné, le mien est cassé, sous les décombres", explique Hanine Nabhane à l'AFP.

Dans les décombres se trouvaient aussi ses rêves, dit la jeune femme. "Et mes rêves ont disparu."


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.