Liban: Un nouveau président avant le 15 juin?

Depuis plusieurs jours se pose sans cesse la question de l’élection présidentielle au Liban (Photo d'illustration, AFP).
Depuis plusieurs jours se pose sans cesse la question de l’élection présidentielle au Liban (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Mercredi 17 mai 2023

Liban: Un nouveau président avant le 15 juin?

Liban: Un nouveau président avant le 15 juin?
  • Selon des sources européennes, l’échéance présidentielle ne peut plus être reportée au-delà du 15 juin
  • Il serait impossible à n’importe quelle force politique, y compris le Hezbollah, d’imposer un président chrétien maronite qui manque de légitimité au sein de son propre clan

Depuis plusieurs jours se pose sans cesse la question de l’élection présidentielle au Liban, notamment après que le président de la chambre, M. Nabih Berri, a déclaré que le Parlement libanais parviendra à élire un nouveau président de la République avant le 15 juin prochain.

Quelques jours plus tôt, des informations en provenance de Paris et de Bruxelles, où siège l’Union européenne (UE), selon lesquelles la communauté internationale, y compris l’UE et les États-Unis, seraient sur le point de mettre sur pied un régime de sanctions sévères à l’encontre de personnalités politiques, d’hommes d’affaires et de banquiers accusés d’entraver le processus de sauvetage du Liban, circulaient dans les coulisses.

Il s’agit de commencer par le volet politique qui souffre de l’absence de toute initiative ayant pour but de dégager la voie en vue de l’élection d’un nouveau président. Vient ensuite la formation d’un gouvernement crédible.

Ces personnalités seraient toutefois accusées de tout faire pour mettre en péril toute tentative visant à sortir le pays du Cèdre de sa crise aiguë. Car il faut rappeler que mettre fin à la vacance au niveau de la présidence et former un nouveau gouvernement crédible et efficace constituent sans doute un passage obligé vers l’application des recommandations de la feuille de route des réformes exigées par la communauté internationale. Or, ces kleptocrates qui sévissent au Liban n’ont rien fait depuis l’effondrement financier et économique du pays en 2019.

C’est bien une épée de Damoclès qui se tient au-dessus des têtes de plusieurs politiciens libanais de premier rang. Selon des sources européennes, il semblerait que l’échéance présidentielle ne peut plus être reportée au-delà du 15 juin. Et pour cause, le mandat du gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé – lui-même soupçonné par la justice, dans cinq pays européens, d’être impliqué dans des affaires de blanchiment d’argent public –, arrive à terme à la fin du mois de juillet, sans qu’un successeur ne soit désigné. De quoi compliquer une situation déjà bien compliquée…

Il serait impossible à n’importe quelle force politique, y compris le Hezbollah, d’imposer un président chrétien maronite qui manque de légitimité au sein de son propre clan - Ali Hamadé

Des rumeurs laissant entendre que les pays arabes impliqués dans le dossier libanais sont en consultation afin de décider de la démarche à suivre pour faire pression sur les forces politiques libanaises et les inciter à remplir leur devoir qui consiste à élire un président et former un gouvernement qui soit en mesure de mettre en œuvre le plan de redressement et de réformes, circulent depuis un moment à Beyrouth. Mais pour la première fois, il est bel et bien question de sanctionner les responsables qui entravent le plan de sauvetage agréé par la communauté internationale et les pays arabe, l’Arabie saoudite en tête, de quoi pousser la classe politique libanaise à faire bouger les choses à Beyrouth.

Si la date du 15 juin est avancée par le président de la chambre, qui lui-même figure parmi les responsables du blocage politique, c’est qu’un large consensus politique autour d’un candidat à la présidence, jouissant d’un grand soutien sur l’échiquier politique et parlementaire, serait plus probable que jamais.

Il ne s’agirait sans doute pas du candidat désigné par le tandem chiite, regroupant le Hezbollah et le mouvement Amal, mais d’une tout autre figure qui ramènerait toutes les parties à une logique d’engagement et de consensus dont le Liban manque cruellement.

Il serait impossible à n’importe quelle force politique, y compris le Hezbollah, d’imposer un président chrétien maronite qui manque de légitimité au sein de son propre clan. D’où la nécessité de conjuguer les pressions extérieures avec une prise de conscience des principales forces politiques de la gravité de la situation afin d’en finir avec la mascarade qu’est ce vide récurrent à la tête de l’État.

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.