Ukraine: L'accord céréalier en mer Noire prolongé de deux mois, une batterie de Patriot endommagée

L'accord sur l'exportation via la mer Noire des céréales ukrainiennes, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, a été prolongé mercredi de deux mois (Photo, AFP).
L'accord sur l'exportation via la mer Noire des céréales ukrainiennes, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, a été prolongé mercredi de deux mois (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 18 mai 2023

Ukraine: L'accord céréalier en mer Noire prolongé de deux mois, une batterie de Patriot endommagée

  • Cet accord a permis d'exporter ces dix derniers mois plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes
  • Sur le terrain, les Etats-Unis ont confirmé qu'un système Patriot avait été endommagé par un projectile non-identifié, mais restait opérationnel

KIEV: La Russie et l'Ukraine ont prolongé mercredi leur accord céréalier vital pour l'alimentation mondiale alors que la guerre continue à faire rage, Washington confirmant qu'une batterie de défense anti-aérienne ultra-sophistiquée Patriot a été endommagée.

Après une médiation de la Turquie et de l'ONU, l'accord sur l'exportation via la mer Noire de céréales ukrainiennes, conclu en juillet 2022 à Istanbul et qui arrivait à expiration jeudi soir, a été prolongé "de deux mois", a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Cet accord a permis d'exporter ces dix derniers mois plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, et de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre.

"Cette prolongation est une bonne nouvelle pour le monde", a réagi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Sur le terrain, les Etats-Unis ont confirmé qu'un système Patriot avait été endommagé par un projectile non-identifié, mais restait opérationnel.

Mardi, l'armée russe avait assuré avoir détruit une batterie Patriot avec une "frappe de haute précision" effectuée "par un missile hypersonique 'Kinjal'".

Washington avait annoncé fin 2022 la livraison de missiles Patriot à Kiev, qui les réclamait depuis longtemps.

Les Patriot sont capables d'abattre des missiles de croisière, des missiles balistiques de courte portée et des avions, à une altitude nettement supérieure à celle des systèmes de défense qui avaient été fournis jusque-là. Au moins deux de ces systèmes ont été déployés en Ukraine.

Diplomatie chinoise

Sur le front diplomatique, l'émissaire chinois Li Hui a rencontré le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba avant un "possible" entretien avec le président Volodymyr Zelensky, a indiqué un haut responsable ukrainien sous couvert d'anonymat.

Cet échange serait une première entre M. Zelensky, qui encourage Pékin à faire pression sur Vladimir Poutine, et un haut responsable chinois.

Lors de sa rencontre avec Li Hui, M. Kouleba a "expliqué en détail au représentant spécial chinois les principes du rétablissement d'une paix durable et juste, fondée sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a indiqué son ministère.

"Il a souligné que l'Ukraine n'acceptait aucune proposition qui impliquerait la perte de ses territoires ou le gel du conflit", a-t-il ajouté, alors que Kiev craint d'être poussé, à terme, à accepter un compromis avec Moscou.

Le voyage de Li Hui doit également le mener en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie.

La Chine, proche partenaire de Moscou, n'a jamais condamné publiquement l'invasion russe. Et lors d'une visite à Moscou en mars, le président Xi Jinping a apporté un soutien symbolique marqué à son homologue russe Vladimir Poutine.

Les cours des céréales se replient

Après une longue incertitude, l'annonce mercredi par le président turc d'une prolongation de "deux mois" de l'accord sur le corridor céréalier maritime ukrainien a immédiatement fait chuter les cours du blé et du maïs sur les marchés mondiaux.

Quelques minutes après cette annonce, les cours du blé refluaient sur le marché européen, passant sous les 226 euros la tonne pour une livraison en septembre, en baisse de plus de 8 euros par rapport à la veille. Le maïs marquait un recul similaire, s'échangeant autour de 220 euros la tonne pour une livraison en juin.

Moscou avait réitéré ses exigences, notamment la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank au système bancaire international Swift et la levée d'entraves à l'assurance de ses navires et à leur accès aux ports étrangers.

"On ne sait pas encore ce que contient exactement cet accord, mais l'information est intégrée par les marchés" qui ont accentué la baisse des cours, a commenté Damien Vercambre, spécialiste des céréales au cabinet Inter-Courtage.

"Pression accrue" 

Comme en mars, la prolongation est de 60 jours, au lieu des 120 initialement prévus par l'"initiative de la mer Noire", un ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie, conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022.

Lors du précédent renouvellement, Moscou avait expliqué qu'elle conditionnerait tout nouveau renouvellement à des améliorations concernant ses propres exportations de céréales et d'engrais. Celles-ci sont indirectement affectées par les sanctions qui frappent ses banques et la frilosité des assureurs et des transporteurs.

Pour Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel, la tendance baissière sur les marchés s'explique par "l'importance des réserves de céréales dans le monde".

La situation aujourd'hui, explique-t-il, est totalement différente de celle d'il y a un an, quand aucun navire ne circulait en mer Noire et que le monde cherchait désespérément une solution pour exporter les millions de tonnes de grains stockés dans les silos ukrainiens.

"La Russie a près de 10 millions de tonnes de stock de blé de plus que l'an dernier, un surplus presque équivalent aux exportations prévues pour l'Ukraine l'an prochain (...) En maïs, on attend une récolte record au Brésil", a-t-il relevé.

Par ailleurs, des corridors de solidarité européens "se sont développés par le rail et via les ports européens du Danube ou en Baltique".

A très court terme, une interruption du corridor maritime de la mer Noire n'aurait de toute façon pas été "dramatique parce qu'il ne reste pas grand chose à exporter", selon Damien Vercambre, mais ce serait "critique en fin d'été" si l'Ukraine ne pouvait pas exporter sa nouvelle récolte. Or la nouvelle échéance de l'accord est fixée à la mi-juillet.

Bataille pour Bakhmout

Pékin a proposé en février un plan en 12 points pour mettre fin à la guerre, vu avec scepticisme par les Occidentaux. Selon Pékin, Li Hui, représentant spécial pour les affaires eurasiatiques et ancien ambassadeur chinois à Moscou, est censé discuter du "règlement politique" du conflit lors de sa tournée.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a salué le rôle "important" de la Chine dans les efforts de paix, alors que Kiev promeut sa propre formule de règlement du conflit impliquant un retour de tous les territoires occupés par la Russie, dont la Crimée annexée en 2014.

La visite à Kiev de M. Li intervient juste après la tournée européenne de M. Zelensky, lors de laquelle il a reçu la promesse de nouvelles livraisons d'armes nécessaires pour lancer une vaste contre-offensive.

Il a été entendu sur plusieurs points – missiles anti-aériens, drones d'attaque, blindés... – et a progressé vers la livraison d'avions de combat occidentaux, que les Européens sont réticents à fournir.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit mercredi "constater que le flux d'armes et de munitions vers l'Ukraine augmente et que le niveau d'armes tactiques et techniques fournies augmente également".

Sur le champ de bataille, l'Ukraine a affirmé continuer de progresser face aux Russes près de Bakhmout en avançant de 500 mètres dans certaines zones au cours de la journée. Mardi, elle avait revendiqué avoir repris 20 kilomètres carrés près de cette ville dévastée de l'est du pays, épicentre des combats.

Si les Russes sont en difficulté sur les flancs de Bakhmout, ils continuent leur lente progression dans la ville-même, qu'ils contrôlent à plus de 90%.

Mais cette offensive ukrainienne locale ne semble pas être la grande attaque promise par Kiev depuis des mois, Volodymyr Zelensky estimant encore récemment que son armée avait "besoin de plus de temps".


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.