Pakistan: la crise économique a alimenté les manifestations en faveur d'Imran Khan

En avril, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 50% par rapport à l'année précédente, selon des chiffres officiels. (AFP)
En avril, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 50% par rapport à l'année précédente, selon des chiffres officiels. (AFP)
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Publié le Jeudi 18 mai 2023

Pakistan: la crise économique a alimenté les manifestations en faveur d'Imran Khan

  • La popularité de M. Khan, 70 ans, a augmenté après son renversement par une motion de censure en avril 2022
  • La fragile coalition qui lui a succédé a eu du mal à stabiliser une économie au bord du défaut de paiement et engluée dans la spirale de l'inflation

LAHORE: La tumultueuse campagne pour revenir au pouvoir d'Imran Khan, l'homme politique le plus populaire actuellement au Pakistan, surfe sur la crise économique qui a rendu nombre de personnes incapables de nourrir leur famille, estiment des analystes.

L'arrestation le 9 mai dans une affaire de corruption de l'ancien Premier ministre - libéré trois jours plus tard - a déclenché de violentes manifestations de ses partisans, qui ont endommagé des édifices publics et des installations militaires. Les heurts ont fait au moins neuf morts.

La popularité de M. Khan, 70 ans, a augmenté après son renversement par une motion de censure en avril 2022. Et la fragile coalition qui lui a succédé a eu du mal à stabiliser une économie au bord du défaut de paiement et engluée dans la spirale de l'inflation.

"En ce moment, tout le monde est tellement affecté par la crise économique qu'il sent qu'il doit descendre dans les rues", souligne Shahab Afzal, 27 ans, un docteur de Lahore (est).

"Vous ne pouvez même pas vous payer les produits essentiels", explique ce manifestant pro-Khan.

Les réserves en devises s'élèvent à seulement 4,4 milliards de dollars, à peine de quoi couvrir trois semaines d'importations. Et des négociations cruciales avec le Fonds monétaire international (FMI) pour une aide financière sont au point mort depuis novembre.

En avril, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 50% par rapport à l'année précédente, selon des chiffres officiels.

"Le sentiment de précarité économique est le carburant du mouvement anti-gouvernemental d'Imran Khan", constate l'analyste Mosharraf Zaidi. "Quand vous avez du mal à nourrir vos enfants, ça incite à accentuer énormément votre soutien."

Ces difficultés sont ressenties par la plupart des Pakistanais, qui peinent même à acheter de la nourriture ou de l'essence.

Le marché du quartier G-9 à Islamabad, normalement toujours très animé, est désormais d'un calme plat.

Un mécontentement général

"Le marché entier est extrêmement tranquille", remarque Abdul Rehman, 63 ans, qui tient un stand de boissons. "Je ne l'avais jamais vu dans un si mauvais état".

L'inflation a commencé à s'envoler en 2021, en partie sous l'effet du plan de relance post-Covid, d'un montant de 10 milliards de dollars, lancé par M. Khan, alors au pouvoir.

Les partis d'opposition qui ont poussé l'ancienne star du cricket vers la sortie se sont justifiés en lui reprochant une mauvaise gestion.

Mais ils ont eux-mêmes ensuite peiné à résoudre une crise exacerbée par la récession mondiale causée par la guerre en Ukraine, par les inondations de l'été dernier et par une décennie de baisse des salaires de la classe ouvrière pakistanaise.

"Honnêtement, si vous ôtez les pressions inflationnistes de l'équation, l'aspect public de la menace représentée par Khan diminuera probablement aussi", pense l'économiste Umair Javed.

"Il y a un mécontentement général qui actuellement s'exprime au travers de sa politique d'agitation", ajoute-t-il.

Islamabad tente toujours d'obtenir le déblocage d'une tranche d'un prêt de 6,5 milliards de dollars du FMI, qui soulagerait ses finances alors que la pénurie de dollars a ralenti les importations, affectant durement le secteur industriel.

Dans les négociations, le FMI a obtenu une baisse importante de subventions - populaires mais intenables à long terme - qui aidaient à amortir le coût de la vie.

"Contrairement au passé, ses principaux créanciers sont réticents à renflouer le pays en échange de concessions géopolitiques", observe Uzair Younus, expert pour l'Atlantic Council à Washington.

Le système est cassé

A l'approche des élections, qui doivent avoir lieu au plus tard en octobre, l'actuel gouvernement paie le prix de décennies de mauvaise gestion et de la conjoncture mondiale, quand Imran Khan peut prétendre offrir une alternative.

"Le système laisse des dizaines de millions de personnes sur le côté", note l'analyste économique Khurram Husain. "C'est un problème structurel à long terme qui existe en arrière-plan depuis de longues années."

"Puis arrive un type très charismatique (....) qui leur dit que le système entier est cassé et qu'on a besoin d'un nouveau système", poursuit-il.

A Lahore, Adeel Abbas est l'un de ces Pakistanais qui croient à l'argumentaire de M. Khan en vue d'un second mandat.

"Je ne verrai jamais dans ma vie un Pakistan prospère", estime ce vendeur de 18 ans. "Mais Khan commencera" à placer le pays sur cette trajectoire, espère-t-il.

Tout le monde n'est toutefois pas convaincu.

Sur le même marché d'Islamabad, Ahmad Shah, un vendeur de fruits secs de 32 ans, concentre tous ses efforts sur la survie de sa famille.

"Je ne sais même pas combien je gagne par mois. Je fais juste marcher ma maison, parfois on a plus d'argent, parfois moins", dit-il.

Un jeune femme s'approche et demande un kilo d'un mélange noix. Choquée par le prix, elle se résout finalement à n'en acheter que la moitié.

"On couvre nos dépenses avec grande difficulté, croyez-moi", insiste M. Shah.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.