Immigration: Les Républicains veulent donner le tempo

Le président du parti de droite français Les Républicains (LR) et député Eric Ciotti assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 4 avril 2023. (Photo, AFP)
Le président du parti de droite français Les Républicains (LR) et député Eric Ciotti assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 4 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 19 mai 2023

Immigration: Les Républicains veulent donner le tempo

  • Deux propositions de loi seront dévoilées la semaine prochaine, et le président du parti Eric Ciotti doublera cette initiative d'un déplacement mercredi au Danemark, pays vu comme un modèle en matière migratoire
  • Au-delà du fond, qui s'annonce très ferme, ces textes se veulent aussi «une réponse à la Première ministre qui nous pensait incapables de nous entendre sur le sujet de l'immigration», affirme le patron des sénateurs Bruno Retailleau

PARIS: Secoués par l'épisode des retraites, Les Républicains tentent désormais d'imposer leur tempo au gouvernement, avec dans les jours à venir une offensive marquée sur l'immigration.

Deux propositions de loi seront dévoilées la semaine prochaine, et le président du parti Eric Ciotti doublera cette initiative d'un déplacement mercredi au Danemark, pays vu comme un modèle en matière migratoire.

Le but est clair: "mettre la pression sur le gouvernement", explique un sénateur, en montrant la détermination et la crédibilité des Républicains sur l'un de leurs thèmes fétiches.

L'une des propositions de loi prévoit une modification de la Constitution pour "redonner la souveraineté au peuple français", selon les termes d'Eric Ciotti. L'autre reprendra des mesures déjà défendues par LR sur l'expulsion automatique des délinquants ou le regroupement familial, par exemple.

Au-delà du fond, qui s'annonce très ferme, ces textes se veulent aussi "une réponse à la Première ministre qui nous pensait incapables de nous entendre sur le sujet de l'immigration", affirme le patron des sénateurs Bruno Retailleau.

Car Les Républicains, habitués de longue date aux divisions, ont une nouvelle fois montré leur capacité à se déchirer lors de la réforme des retraites. Pour Eric Ciotti, élu président en décembre, il était crucial d'affirmer la cohésion et la solidité d'un parti désormais sérieusement menacé de disparition.

«Initiative»

Ces derniers jours, LR a multiplié les annonces: média interne, académie de formation, "shadow cabinet", avant la mise en place prochaine d'un think tank et le coup d'envoi en juin d'Etats généraux pour relancer le travail de fond.

"Je veux que chaque jour quasiment il y ait une initiative", a affirmé mercredi Eric Ciotti.

La très attendue prise de parole de Laurent Wauquiez a aussi contribué à dynamiser la machine. Dans une interview au Point, le potentiel candidat pour 2027 dresse un constat simple: "Tant que le macronisme est là, c'est très difficile pour la droite d'arriver à se reconstruire", mais "en 2027 une page politique va se tourner".

Tout l'enjeu pour LR est de s'afficher d'ici là comme parti de gouvernement crédible et capable de peser grâce à ses 62 députés qui jouent un rôle central à l'Assemblée en l’absence de majorité absolue de l’exécutif.

"Il est plus nécessaire que jamais que nous continuions à imposer au président de la République un certain nombre de thèmes", affirmait mardi le patron des députés LR Olivier Marleix.

Les zig-zags de l'exécutif sur l'immigration ont renforcé leur détermination, le projet de loi ayant été retardé, scindé... avant l'annonce par Elisabeth Borne de "concertations" pour présenter un texte "en juillet".

Les Républicains ont vu dans ce dernier revirement une conséquence directe de leurs propres annonces, l'exécutif ne pouvant selon eux laisser la main à la seule droite sur ce sujet sensible.

"On a donné le tempo", se félicite la N.3 de LR Annie Genevard, qui avertit: "ça ne suffira pas".

"Pour nous, ce sera ces textes-là et rien d’autre", renchérit Olivier Marleix.

Certains chez LR soulignent combien il serait difficile, après avoir soutenu la réforme des retraites, de rallier l'exécutif sur l'immigration, à moins de se noyer dans la macronie.

Mais l'intransigeance affichée côté LR place le gouvernement dans une situation compliquée: la droite refuse d'entendre parler de titres de séjour pour les travailleurs sans-papiers, pourtant cruciaux pour l'aile gauche de la macronie.

Difficile dans ces conditions de trouver un terrain d'entente, ce qui fait grincer les dents d'un cadre de la majorité: "Sur l’immigration, on perd systématiquement. A la fin, il y a toujours un parti politique pour faire de la surenchère et expliquer qu’on ne fait rien".

Les Républicains ne comptent pas en rester là. Mardi, Olivier Marleix notait "avec satisfaction" le retour de la thématique nucléaire.

Et sur la Loi de programmation militaire, il entend "poursuivre le bras de fer avec le gouvernement sur la nécessité de ne pas décaler l’essentiel des rendez-vous à après l'élection de 2027".


Paris estime que la demande de révision de l'accord entre l'Union européenne et Israël est « légitime »

Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
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  • « Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.
  • « C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

PARIS : Invité de France Info/Le Monde, le ministre français des Relations avec le Parlement a estimé que la demande des Pays-Bas de réviser l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël était « légitime », invitant « la Commission européenne à instruire le dossier », alors que l'aide humanitaire ne parvient plus à Gaza depuis plus de deux mois.

« Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.

Celui-ci précise que les relations entre l'UE et Israël sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.

« C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur le fait que cela signifiait-il que la France était favorable à la remise en question de cet accord, le ministre a répondu : « Attendons l'analyse que fera la Commission européenne du respect ou non par Israël de l'article 2 de cet accord. »

Le ministre a insisté sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

« Je crois qu'il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens de Gaza sont affamés, assoiffés, et qu'ils manquent de tout ; la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de la famine », a-t-il dénoncé.

« Je crois que tout le monde s'en aperçoit », a-t-il poursuivi. « On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien », a-t-il dit. « Et c'est en donnant de la voix qu'on peut espérer infléchir la position des Israéliens. » 

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé à Israël de l'aider à acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, lui a adressé une lettre dans laquelle il réclame une révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, conformément à son article 2.

« Je voudrais demander un examen du respect par Israël de l'article 2 dans les plus brefs délais », a écrit le ministre dans cette lettre.


Les Français favorables à l'organisation d'un référendum proposé par Bayrou

France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
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  • Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques.
  • « Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

PARIS : D'après un sondage Elabe pour BFMTV publié dimanche, ils sont très majoritairement favorables à l'organisation d'un référendum (83 %) et placent l'économie, les retraites et l'immigration en tête des sujets sur lesquels ils aimeraient être questionnés.

Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques, plus d'un Français sur deux se dit favorable à l'organisation d'un référendum, et 28 % très favorable.

« Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

« Beaucoup de citoyens français disent oui au fond, que nous soyons pour une fois associés à ces décisions, c'est une chose qui nous intéresse et qui est très importante. Le monde politique est en revanche un peu moins enthousiaste, ce que l'on comprend assez bien : l'intervention directe des citoyens change le rapport de force et le débat », a encore observé le Premier ministre. 

Le président Emmanuel Macron avait également proposé d'organiser plusieurs scrutins de ce type dans ses vœux pour 2025. Il pourrait se montrer plus précis sur la question lors d'une émission spéciale sur TF1 mardi soir.

Parmi les sujets sur lesquels ils souhaitent se prononcer, les personnes interrogées citent en premier lieu la dépense, la dette et les impôts (59 %). Arrivent ensuite ex aequo les retraites et l'immigration (52 %). Ils sont 43 % à demander à être interrogés sur la fin de vie, 22 % sur la réduction du nombre d'échelons territoriaux et 19 % sur la proportionnelle.

En bas du tableau, on trouve les rythmes scolaires et l'usage des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants (16 %).

Sondage réalisé en ligne les 6 et 7 mai auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points. 


Macron et Tusk vont signer un traité renforçant le partenariat franco-polonais

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays

NANCY: Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays, signe du poids grandissant en Europe de la Pologne, acteur-clé sur le flanc est face à la Russie.

Les deux dirigeants se retrouveront à 12H45 (10H45 GMT) dans la cité lorraine pour une séquence chargée de symboles, entre la Journée de l'Europe, qui célèbre cette année les 75 ans de la construction européenne, et un imposant défilé militaire sur la Place Rouge pour les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Avec en toile de fond la guerre en Ukraine qui, trois ans après le début de l'offensive russe, ne faiblit pas malgré la promesse de Donald Trump d'y mettre fin. Et une menace de désengagement américain qui pousse l'Europe à se réarmer massivement.

Dans ce contexte, le traité d'amitié et de coopération renforcée entre la France et la Pologne va "changer la donne", notamment en matière de sécurité et de défense, promet Donald Tusk.

Les deux pays avaient déjà conclu un tel traité bilatéral en 1991, alors que la Pologne sortait du glacis soviétique, après la chute du Rideau de fer, mais moins ambitieux.

"L'objectif de ce traité, c'est de consacrer l'amitié franco-polonaise, et de renforcer dans la sécurité, la défense, les infrastructures, l'énergie et toute une série d'autres domaines notre partenariat bilatéral", explique la présidence française.

- "Anomalie" -

Emmanuel Macron entend ainsi rehausser la relation avec Varsovie au niveau de celle déjà actée avec l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne à travers les traités de l'Elysée (1963), du Quirinal (2021) et de Barcelone (2023).

La Pologne est "un partenaire que pendant trop longtemps (...) on a un peu négligé", a reconnu vendredi sur RTL le ministre français chargé de l'Europe Benjamin Haddad, qui sera aux côté d'Emmanuel Macron à Nancy.

"Il n'y avait pas de raison, c'était même une anomalie, de considérer que nous avions un traité privilégié avec l'Allemagne (renforcé à Aix-la-Chapelle en 2019, ndlr), que nous avions rehaussé notre relation avec l'Italie et avec l'Espagne, mais pas avec elle", souligne l'Elysée.

Craignant la menace du grand voisin russe et soutien actif de l'Ukraine, la Pologne, pays de quelque 38 millions d'habitants, s'est lancée dans un programme de modernisation accélérée de son armée et est devenue un acteur politique et militaire majeur en Europe.

Jusqu'ici très dépendante des Etats-Unis pour sa défense, elle est profondément ébranlée par le climat d'incertitude généré par les ambivalences de Donald Trump envers l'Europe.

La France espère, elle, renforcer la coordination militaire et diplomatique dans la région, et ne plus laisser les Etats-Unis dominer le dialogue avec les Polonais.

Elle mise aussi sur un nouveau marché pour son industrie de défense au moment où Varsovie cherche à se doter d'avions de transport, d'avions-ravitailleurs ou encore de sous-marins.

- "Intérêts vitaux" -

Varsovie s'intéresse de son côté à l'idée française d'un parapluie nucléaire européen. Une proposition jugée "très prometteuse" par Donald Tusk et qui retient aussi l'attention de Berlin.

La France est le seul pays d'Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté de l'arme nucléaire. Les autres pays européens membres de l'Otan sont jusqu'ici sous le parapluie de la dissuasion nucléaire américaine.

Mais face aux remous transatlantiques, Emmanuel Macron s'est dit prêt à "ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen".

Comme ses prédécesseurs, il a relevé à plusieurs reprises que les intérêts vitaux de la France, à la base de sa doctrine de dissuasion, avaient une "dimension européenne", qui pourrait donc inclure des pays voisins, voire au-delà.

Mais il a aussi souligné que "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République".

Soucieux des symboles, Emmanuel Macron et Donald Tusk signeront ce nouveau traité dans un décor chargé d'histoire pour les deux pays, déjà liés par une amitié séculaire.

Nancy fut la résidence du roi de Pologne Stanislas Leszczynski, devenu duc de Lorraine après avoir été exilé de son pays, et beau-père du roi de France Louis XV. Les retrouvailles des deux dirigeants auront lieu place Stanislas, joyau architectural de la ville.

La signature interviendra une semaine avant l'élection présidentielle en Pologne, le 18 mai, pour laquelle le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, candidat de la Coalition civique (KO) de Donald Tusk, est donné favori.