La France va demander lundi la levée de l'immunité de l'ambassadeur du Liban

L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet d'une enquête en France. (AFP)
L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet d'une enquête en France. (AFP)
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Publié le Lundi 05 juin 2023

La France va demander lundi la levée de l'immunité de l'ambassadeur du Liban

  • Interrogée sur la possibilité d'une levée de l'immunité du diplomate Rami Adwan, qui conteste les faits d'agression, cette source sous couvert d'anonymat a indiqué à l'AFP : «des démarches en ce sens vont être conduites dans la journée»
  • La première femme, âgée de 31 ans, a porté plainte en juin 2022 pour un viol commis, selon son récit à la police, en mai 2020 dans l'appartement privé de l'ambassadeur Rami Adwan, en poste depuis 2017.

PARIS: La France va demander lundi la levée de l'immunité de l'ambassadeur du Liban à Paris qui est visé par une enquête pour viol et violences volontaires, a-t-on appris de source diplomatique.

Interrogée sur la possibilité d'une levée de l'immunité du diplomate Rami Adwan, qui conteste les faits d'agression, cette source sous couvert d'anonymat a indiqué à l'AFP : "des démarches en ce sens vont être conduites dans la journée".

Dès vendredi, le ministère des Affaires étrangères avait estimé que "face à la gravité des faits évoqués", la levée de l'immunité par les autorités libanaises était "nécessaire pour faciliter le travail de la justice française".

Cette dernière a ouvert une enquête pour viol et violences volontaires après des plaintes de deux anciennes employées de l'ambassade, avaient indiqué vendredi des sources proches de l'enquête confirmant des informations d'un média français en ligne, Mediapart.

La première femme, âgée de 31 ans, a porté plainte en juin 2022 pour un viol commis, selon son récit à la police, en mai 2020 dans l'appartement privé de l'ambassadeur Rami Adwan, en poste depuis 2017.

«Violences psychologiques et physiques avec humiliations quotidiennes»

Dans sa plainte consultée par l'AFP, elle déclare avoir signifié son refus d'un rapport sexuel, avoir crié et pleuré.

La jeune femme, employée comme rédactrice, avait déjà signalé à la police en 2020 que M. Adwan l'avait frappée lors d'une dispute dans son bureau, mais sans porter plainte pour ne "pas briser la vie de cet homme", marié et père de famille.

Elle entretenait une "relation amoureuse" avec l'ambassadeur qui exerçait sur elle des "violences psychologiques et physiques avec humiliations quotidiennes".

La deuxième femme, âgée de 28 ans, qui avait noué aussi une relation intime avec le diplomate peu après son arrivée comme stagiaire en 2018, a porté plainte en février dernier pour dénoncer une série d'agressions physiques souvent commises après un refus d'un rapport sexuel.

Elle affirme notamment que Rami Adwan a tenté de la percuter avec sa voiture lors d'une dispute en marge du Forum pour la Paix à Caen, dans l'ouest de la France, en septembre. Elle accuse aussi l'ambassadeur d'avoir tenté de l'asphyxier chez elle en enfonçant son visage sur son lit, fin décembre.

Commission d'enquête

"Mon client conteste toute accusation d'agressions sous quelque forme que ce soit : verbale, morale, sexuelle. Il a eu avec ces deux femmes entre 2018 et 2022 des relations amoureuses émaillées de disputes et de ruptures", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de Rami Adwan, Me Karim Beylouni.

Le Liban avait annoncé samedi dépêcher une équipe d'enquêteurs à Paris. Cette "commission d'enquête présidée par le secrétaire général du ministère (...) à l'ambassade à Paris" doit interroger l'ambassadeur et recueillir les témoignages du personnel de l'ambassade".

Elle doit aussi rencontrer les autorités françaises "pour clarifier" les informations communiquées aux médias et qui n'ont pas été transmises au ministère libanais "par les voies diplomatiques", avait indiqué le ministère libanais des Affaires étrangères dans un communiqué.


Lettres du rectorat de Versailles: l'ex-rectrice n'a «pas eu connaissance» des courriers

Une photographie montre le bâtiment du rectorat de l'Académie de Versailles à Versailles, dans l'ouest de Paris, le 18 septembre 2023 (Photo, AFP).
Une photographie montre le bâtiment du rectorat de l'Académie de Versailles à Versailles, dans l'ouest de Paris, le 18 septembre 2023 (Photo, AFP).
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  • «Je regrette de ne pas avoir eu connaissance de ces courriers»
  • Le ministre de l'Education a annoncé le lancement d'un audit sur la gestion des cas de harcèlement

VERSAILLES: L'ex-rectrice de Versailles, Charline Avenel, n'avait "pas eu connaissance" du courrier polémique envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas, 15 ans qui s'est suicidé à la rentrée après avoir subi un harcèlement, a-t-elle déclaré dans un entretien publié samedi soir par Le Parisien.

"Je regrette de ne pas avoir eu connaissance de ces courriers et de ne pas avoir pu m’assurer qu'on tienne compte de la détresse des familles", a déclaré l'ancienne rectrice dans les colonnes du quotidien francilien. Elle était à l'époque "en congés", ainsi que son adjoint, mais assure que "cela n'a rien à voir" avec cette absence d'information.

Elle présente également "des excuses aux parents de Nicolas" en son nom et au nom de l'institution qu'elle dirigeait au moment des faits, qualifiant ce courrier d'"inadmissible".

"J'ai été bouleversée en apprenant le décès de cet élève. Lorsque j'ai découvert il y a une semaine, dans la presse, l'existence de ce courrier, j'étais effondrée", déclare-t-elle.

Contactée par l'AFP, Charline Avenel a indiqué ne pas souhaiter s'exprimer davantage sur cette affaire "dans l'immédiat".

Un audit 

Dans l'entretien, elle explique ne pas avoir non plus su qu'une lettre du même acabit avait également été envoyée à une famille ayant signalé une agression physique en début d'année sur leur fillette par un animateur périscolaire à Andrésy (Yvelines).

"J’ai validé le principe de courriers adressés aux familles qui menacent les enseignants", des lettres appelées "comminatoires" auxquelles le personnel de l'Education nationale peut avoir accès pour rappeler des dispositions légales.

"Mais jamais pour des correspondances avec des familles dont les enfants sont victimes de harcèlement. Je découvre que ces lettres de réprobation ont été envoyées, et je le crains en nombre, sans discernement à des familles en détresse", a-t-elle  reconnu.

Elle a indiqué à ce stade ne pas pouvoir dire si ces envois relèvent "d'une erreur humaine ou d'un problème systémique qui dépasse l'académie de Versailles".

Les réponses de l'administration aux familles de Nicolas et de la fillette qui accuse un animateur de violences sexuelles ont suscité de vives réactions au sein du gouvernement, qui a qualifié de "honte" le premier courrier révélé et "condamné fermement" le second.

Le ministre de l'Education a annoncé le lancement d'un audit sur la gestion des cas de harcèlement de septembre 2022 à septembre 2023 dans chaque académie. Gabriel Attal "se rendra dès lundi matin au rectorat de Versailles pour faire le point avec le nouveau recteur", nommé mi-juillet, a annoncé la rue de Grenelle.


France: des dizaines de milliers de personnes manifestent contre les violences policières

Des personnes participent à une manifestation dans le cadre d'une journée nationale de protestation contre «le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques», le 23 septembre 2023 à Lyon. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
Des personnes participent à une manifestation dans le cadre d'une journée nationale de protestation contre «le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques», le 23 septembre 2023 à Lyon. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
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  • Quelque 31.300 personnes ont manifesté dans l'ensemble du pays (dont 9.000 à Paris), selon le ministère de l'Intérieur, et environ 80.000 (dont 15.000 à Paris), selon la CGT et LFI
  • Le ministère de l'Intérieur a mobilisé samedi 30.000 policiers et gendarmes sur l'ensemble du territoire, qui accueille la visite du pape François à Marseille et des milliers de visiteurs à l'occasion de la Coupe du monde de rugby

PARIS: Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi "contre les violences policières" dans plusieurs villes de France, dont Paris où trois policiers ont été légèrement blessés dans l'attaque de leur voiture.

Quelque 31.300 personnes ont manifesté dans l'ensemble du pays (dont 9.000 à Paris), selon le ministère de l'Intérieur, et environ 80.000 (dont 15.000 à Paris), selon le syndicat CGT et le parti de gauche radicale LFI.

Une centaine d'organisations syndicales, politiques et autres collectifs de quartiers populaires avaient appelé à cette manifestation, qui a aussi reçu le soutien de 150 personnalités du cinéma, dont la réalisatrice Palme d'Or 2023 du festival de Cannes Justine Triet.

Dans la capitale, après un départ dans le calme, un pré-cortège de centaines d'individus encagoulés s'est constitué, dégradant les vitrines d'agences bancaires et lançant des pierres sur une voiture de police, a constaté un journaliste de l'AFP. Cette voiture, coincée dans la circulation, a été attaquée "à coups de barre de fer", selon la préfecture de police.

L'un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.

D'autres policiers arrivés en renfort ont fait cesser cette attaque. Trois des quatre policiers qui circulaient à bord de la voiture ont été légèrement blessés, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez sur la chaîne BFMTV.


Face à Macron, le discours papal résonne dans le débat français sur les migrants

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et son épouse Brigitte Macron (à gauche) accompagnent le pape François (au centre) lors de la cérémonie de départ de ce dernier à l'aéroport Marseille Provence, à Marseille, le 23 septembre 2023. (Photo de Sébastien NOGIER / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et son épouse Brigitte Macron (à gauche) accompagnent le pape François (au centre) lors de la cérémonie de départ de ce dernier à l'aéroport Marseille Provence, à Marseille, le 23 septembre 2023. (Photo de Sébastien NOGIER / POOL / AFP)
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  • La présence du chef de l'Etat a fait polémique en France, l'opposition de gauche dénonçant une atteinte à la laïcité
  • La droite et l'extrême droite ne se sont pas offusquées de la présence d'Emmanuel Macron à la messe, mais elles minimisent voire déplorent le discours du pape sur les migrants

MARSEILLE: Le discours du pape samedi à Marseille contre "l'indifférence" face au sort des migrants résonne dans le débat politique français, la gauche accusant d'hypocrisie Emmanuel Macron et critiquant sa présence à la messe de François au stade Vélodrome.

Samedi matin au Palais du Pharo, le président et son épouse Brigitte Macron sont assis face au chef de l'Eglise catholique qui, de sa voix frêle, scande des mots fermes en forme d'avertissement à la classe politique française et européenne.

Les migrants "qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas", ils "ne doivent pas être considérés comme un fardeau", affirme le souverain pontife, plaidant pour "un grand nombre d'entrées légales et régulières" quand la tendance est à la restriction.

François fustige ceux qui parlent d'une "invasion" pour alimenter "la peur" et en appelle à une "responsabilité européenne". Puis il s'invite dans un débat vif en France lorsqu'il défend l'"intégration" des étrangers, plutôt que "l'assimilation" chère à la droite.

Qu'en pense Emmanuel Macron, dont la ligne sur ce thème explosif a pu fluctuer depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 ? S'il a prôné un "devoir de solidarité européenne" avec l'Italie face à l'afflux de migrants sur l'île de Lampedusa, le président français a aussi promis de "réduire significativement l'immigration".

A ses côtés, son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, chargé de la gestation très complexe d'une loi sur l'immigration qui peine à réunir une majorité parlementaire, écoute aussi le souverain pontife. La France "n'accueillera pas de migrants" de Lampedusa, a affirmé M. Darmanin en début de semaine.

«Mort douce»

Après ce discours papal, en clôture des Rencontres méditerranéennes réunissant dans la deuxième ville de France évêques et jeunes, François et Emmanuel Macron s'enferment pour leur quatrième tête-à-tête en six ans, le premier en dehors du Vatican.

Ils évoquent la situation internationale mais aussi, brièvement, la question migratoire. "La France n'a pas à rougir, c'est un pays d'accueil et d'intégration", se défend l'Elysée.

Emmanuel et Brigitte Macron ont ensuite assisté à la messe géante célébrée par "papa Francesco" au stade Vélodrome, l'antre de l'Olympique de Marseille - le club de coeur du président français.

La présence du chef de l'Etat a fait polémique en France, l'opposition de gauche dénonçant une atteinte à la laïcité.

"Le président de la République n’a rien à faire là (…), je pense qu’il tape l’incruste", a lancé le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron "se comporte de manière particulièrement hypocrite parce que c’est lui qui met en place ces politiques-là" sur l'immigration, a-t-il poursuivi, tout en saluant le rôle "utile" du pape pour dénoncer "la barbarie contre les migrants".

A l'autre bout de l'échiquier politique, la droite et l'extrême droite ne se sont pas offusquées de la présence d'Emmanuel Macron à la messe, mais elles minimisent voire déplorent le discours du pape sur les migrants.

Le parti conservateur Les Républicains (LR) réclame un référendum pour changer la Constitution afin de déroger aux règles européennes. "Pour que les Français puissent enfin décider qui peut entrer ou non en France, sans que des juridictions nous condamnent à l'impuissance", a encore expliqué sur X (ex-Twitter) le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

"Moi je suis en désaccord avec le pape François, je trouve que le pape François n'a pas à faire de la politique et qu'il en fait trop", a même dit la semaine dernière Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête!, le parti d'extrême droite d'Eric Zemmour, pour les élections européennes de 2024.

Dans son discours, le pape François a glissé un autre thème aux allures de mise en garde à Emmanuel Macron: celui de la fin de vie. Il a pourfendu la "perspective faussement digne d'une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer".

Le gouvernement français s'apprête à dévoiler un projet de loi qui pourrait aller jusqu'à autoriser une "aide active à mourir". Sa présentation devait théoriquement intervenir avant la venue du pape, mais elle a été décalée.