Arabie saoudite: Un vent de changement souffle sur le football, les meilleurs clubs envisagent la privatisation

Le ministre saoudien des Sports, le prince Abdelaziz ben Turki al-Faisal, s’exprime lors de la conférence de presse de lundi. (Twitter/@GSA_KSA)
Le ministre saoudien des Sports, le prince Abdelaziz ben Turki al-Faisal, s’exprime lors de la conférence de presse de lundi. (Twitter/@GSA_KSA)
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Publié le Mardi 06 juin 2023

Arabie saoudite: Un vent de changement souffle sur le football, les meilleurs clubs envisagent la privatisation

  • «Si le travail qu’ils veulent faire ici pendant les cinq prochaines années se poursuit, je pense que la Ligue saoudienne pourrait devenir l’une des cinq meilleures ligues au monde», estime Ronaldo
  • Grâce à l’arrivée de quelques stars internationales du football, et d’autres devraient suivre, on assiste à une vague d’intérêt sans précédent pour le football saoudien

RIYAD: Une révolution a lieu actuellement dans le domaine du football saoudien, sur le terrain comme en dehors. Alors que certains des meilleurs joueurs du monde envisagent de plus en plus la possibilité de jouer dans la Roshn Saudi League, la perspective d’une privatisation, avec les avantages qu’elle pourrait apporter, devient de plus en plus probable au sein des clubs phares du Royaume.

Dimanche, Karim Benzema, qui a reçu le Ballon d’or en octobre dernier, aurait signé un contrat avec Al-Ittihad, quelques jours seulement après que les géants de Djeddah ont remporté leur premier titre de champions depuis 2009.

L’attaquant français suit les traces de son ancien coéquipier du Real Madrid, Cristiano Ronaldo, qui a signé un contrat avec Al-Nassr en décembre. La star portugaise estime que l’avenir est prometteur pour la première division saoudienne.

«C’est une très bonne ligue», a confié Ronaldo peu de temps après la fin de la saison. «Mais je pense que nous avons d’énormes possibilités de croissance. La ligue est compétitive… mais il faudrait améliorer un peu l’infrastructure.»

«Si le travail qu’ils veulent faire ici pendant les cinq prochaines années se poursuit, je pense que la Ligue saoudienne pourrait devenir l’une des cinq meilleures ligues au monde.»

Comme ses propos le suggèrent, une telle amélioration ne dépend pas simplement du recrutement de joueurs de classe mondiale, bien que cela soit évidemment un atout et que la présence aux matchs ait augmenté de 150% au cours de l’année dernière.

Ce qui est tout aussi important, si ce n’est plus, c’est la manière dont le football national est organisé. Les plans relatifs à la privatisation des clubs cette année, qui ont été annoncés dimanche, s’avèrent étonnants.

«La privatisation et le transfert de propriété des clubs visent à accélérer les progrès dans de nombreux sports à travers le Royaume, à accroître la participation, à fournir des installations de pointe, à renforcer la concurrence et à former de futurs champions», rapporte l’agence de presse saoudienne.

Ces plans ne viennent pas de nulle part. Des initiatives avaient été prises pour transférer la propriété des clubs du secteur public au secteur privé. Toutefois, les progrès, souvent difficiles dans un tel processus, ont été considérablement ralentis par la pandémie de Covid-19.

Investissements dans le sport en Arabie saoudite

Selon l’agence de presse saoudienne, le processus actuel se concentrera sur trois aspects principaux du développement: montrer les investissements dans le sport saoudien comme une perspective attrayante; améliorer la gouvernance des clubs et les aider à devenir plus professionnels et durables; enfin, améliorer l’infrastructure des clubs en dehors du terrain pour les rendre plus compétitifs.

Les autorités veulent multiplier par quatre les revenus générés par la Ligue saoudienne, de 450 millions de riyals saoudiens (SAR) par an (1 SAR = 0,27 euro) à 1,8 milliard de SAR d’ici à 2030. La valeur marchande de la ligue devrait passer de 3 à 8 milliards de SAR.

En bref, il s’agit pour le football saoudien de se construire un modèle commercial durable.

Les premières mesures ont rapidement été prises. Lundi, le Fonds public d’investissement du Royaume a acquis 75% des parts dans quatre clubs: Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli.

Le fonds précise que le quart restant des parts de chacun des clubs serait détenu par leurs fondations (à but non lucratif) respectives. Ce transfert de propriété a eu lieu dans le but d’attirer de nouveaux investissements, d’accroître la contribution du secteur privé au secteur du sport et de créer de nouveaux emplois.

Reste à savoir ce que cela signifiera pour le football saoudien dans les mois à venir. Quoi qu’il en soit, il s’agit là sans aucun doute d’évolutions majeures. Ce n’est pas un hasard si les meilleures ligues du monde sont disputées par des clubs privés.

En effet, si l’objectif des autorités saoudiennes et de la fédération de football du pays est de développer une ligue qui figure parmi les dix meilleures au monde d’ici à 2030, sans parler de l’ambition dont a parlé Ronaldo – voir la Ligue saoudienne parmi les cinq premières –, les équipes qui y participent devraient être en mesure d’attirer les meilleurs individus, en provenance d’autres industries, dans leurs organisations.

Les équipes devront être flexibles, établir des relations plus profondes avec les principales parties prenantes et devenir encore plus connectées avec leurs communautés locales. Les clubs devront être capables de voler de leurs propres ailes et d’élaborer des plans d’affaires, en découvrant en cours de route ce qui fonctionne pour eux et ce qui est moins efficace. En théorie, les clubs privés sont capables d’évoluer plus rapidement et d’être plus flexibles que les clubs publics.

Non seulement les fans pourront admirer des joueurs de stature internationale jouer dans la Ligue saoudienne, mais ils devraient aussi pouvoir en profiter dans des installations de classe mondiale. On espère aussi que les bénéfices qui en découleront se feront sentir plus largement dans une société devenue beaucoup plus sportive ces dernières années.

La participation aux activités sportives est passée de 13% de la population il y a huit ans à près de 50% en 2022. Le football est le sport le plus populaire de tous: plus de 80% de la population y joue ou suit les compétitions. La base est là, et le potentiel est énorme.

Grâce à l’arrivée de quelques stars internationales du football – et d’autres devraient suivre –, on assiste à une vague d’intérêt sans précédent pour le football saoudien, tant à l’échelle du pays qu’à l’étranger. Cela signifie que c’est le moment idéal pour développer la Ligue saoudienne, sur le terrain comme en dehors.

Il s’agit d’un travail de longue haleine, souvent peu glamour et ennuyeux, mais véritablement nécessaire.

Ronaldo ne restera pas éternellement en Arabie saoudite, mais cette ligue dotée de nombreux clubs privés pourrait faire partie intégrante du football mondial pendant de longues années encore.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".