Sunak et Biden célèbrent une «relation spéciale» restaurée avec un vaste partenariat économique

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Rishi Sunak tiennent une conférence de presse conjointe dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Rishi Sunak tiennent une conférence de presse conjointe dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

Sunak et Biden célèbrent une «relation spéciale» restaurée avec un vaste partenariat économique

  • Rishi Sunak a obtenu de la Maison Blanche que les industriels britanniques bénéficient en partie du gigantesque plan de subventions de Joe Biden
  • En matière de défense, le président américain a promis d'ouvrir l'accès du marché américain aux industriels britanniques

WASHINGTON: Ce n'est pas l'accord de libre-échange dont rêvait Londres, mais le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le président américain Joe Biden ont annoncé jeudi à Washington un nouveau partenariat économique et célébré une amitié retrouvée.

"Nous pouvons compter l'un sur l'autre avec une confiance absolue", a dit le premier lors d'une conférence de presse commune tandis que le second a assuré que l'Amérique n'avait pas "de plus proche allié" que le Royaume-Uni.

Une "déclaration atlantique" présentée vendredi par les deux dirigeants prévoit une coopération renforcée dans l'industrie de défense, dans le nucléaire civil et dans l'approvisionnement en métaux indispensables à la transition énergétique.

Sur ce dernier point, Rishi Sunak a obtenu de la Maison Blanche que les industriels britanniques bénéficient en partie du gigantesque plan de subventions de Joe Biden, le "Inflation Reduction Act", qui promeut sans complexe le "made in America".

En matière de défense, le président américain a promis d'ouvrir l'accès du marché américain aux industriels britanniques afin de doper notamment le développement de missiles hypersoniques.

L'accord entre les deux pays, taillé pour faire face à la Chine et à la Russie, porte aussi sur l'intelligence artificielle, sur la sécurité énergétique, et sur la fiabilité des chaînes d'approvisionnement.

Il porte la marque du "nouveau consensus de Washington", c'est-à-dire la doctrine économique de l'administration Biden, pour laquelle la politique industrielle et commerciale doit être dictée par des considérations de sécurité et de souveraineté, en rupture avec le dogme du libre-échange.

«Alliance indispensable»
"La Chine et la Russie sont prêtes à manipuler, exploiter ou voler notre propriété intellectuelle, à utiliser la technologie à des fins autoritaires ou à nous priver de ressources vitales telles que l'énergie. Elles n'y arriveront pas", a promis Rishi Sunak.

Joe Biden a pour sa part critiqué le grand programme d'investissements internationaux chinois, les "Nouvelles routes de la soie", le qualifiant de "programme d'endettement et de confiscation", qui "ne va pas très loin".

La relation entre les deux pays est aujourd'hui beaucoup plus fluide qu'au temps de Boris Johnson et Liz Truss, à entendre les échanges d'amabilités des deux hommes à la Maison Blanche.

Le Premier ministre a même estimé qu'il fallait parler d'"alliance indispensable" plutôt que de "relation spéciale", le terme généralement utilisé pour décrire le lien entre Londres et Washington.

À défaut d'accord de libre-échange, Rishi Sunak repart de Washington avec un certain soutien des États-Unis à ses ambitions de régulation de l'intelligence artificielle : "Nous comptons sur (le Royaume-Uni) pour mener les efforts" en faveur d'une régulation lors d'un prochain sommet à l'automne, a déclaré Joe Biden, en soulignant que l'intelligence artificielle "a le potentiel de causer des dégâts importants si elle n'est pas contrôlée".

Otan et Ukraine
Le président américain a été plus prudent sur un autre projet de Londres, à savoir placer le ministre britannique de la Défense Ben Wallace à la tête de l'Otan.

"Peut-être" qu'un Britannique pourrait prendre la tête de l'Alliance atlantique, a envisagé le président américain, alors que s'achève en octobre le mandat de l'actuel secrétaire général, Jens Stoltenberg. Il a estimé que Ben Wallace était "très qualifié" mais souligné qu'il faudrait trouver "un consensus" au sein de l'Otan.

Joe Biden et Rishi Sunak s'étaient déjà vus plusieurs fois, en marge de sommets internationaux ou pour lancer une grande collaboration militaire avec l'Australie, mais cette réception à Washington est de loin leur entrevue la plus formelle.

Leur discussion a sans surprise aussi tourné autour de l'Ukraine. Les États-Unis ont vanté à de nombreuses reprises l'engagement des Britanniques dans le soutien face à l'invasion par la Russie.

A ce sujet, le président américain, pilote du soutien occidental à Kiev, a assuré qu'il disposerait des "fonds nécessaires" pour soutenir l'Ukraine dans sa guerre contre l'envahisseur russe "aussi longtemps qu'il le faudra(it)", en dépit des doutes émis par certains parlementaires républicains.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".