GB: La démission surprise de Boris Johnson souligne la division des conservateurs

Dans cette photo d'archive prise le 24 mai 2022, le Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson lors d'une réunion du cabinet au 10 Downing Street à Londres. (Photo, AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 24 mai 2022, le Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson lors d'une réunion du cabinet au 10 Downing Street à Londres. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 10 juin 2023

GB: La démission surprise de Boris Johnson souligne la division des conservateurs

  • L'ex-dirigeant de 58 ans, chassé de Downing Street par sa majorité en juillet dernier, a remis vendredi soir son mandat de député
  • La procédure, menée par la commission des privilèges, était en train de finir ses travaux et venait selon la presse britannique de remettre ses conclusions à l'ancien dirigeant

LONDRES: La démission coup d'éclat de Boris Johnson du Parlement britannique souligne les profondes divisions au sein du parti conservateur à un an des élections législatives et de nombreux commentateurs doutent samedi d'une véritable retraite politique de l'ancien Premier ministre.

L'ex-dirigeant de 58 ans, chassé de Downing Street par sa majorité en juillet dernier, a remis vendredi soir son mandat de député.

Dans un long communiqué, il invoque l'enquête parlementaire sur le "partygate", les fêtes tenues à Downing Street en violation des restrictions liées à la Covid-19. Il se dit victime d'une "chasse aux sorcières" et étrille son successeur, Rishi Sunak.

Boris Johnson était sous le coup d'une enquête parlementaire chargée de déterminer s'il a menti au Parlement en affirmant à plusieurs reprises que toutes les restrictions sanitaires avaient été respectées lors de ces fêtes.

La procédure, menée par la commission des privilèges, était en train de finir ses travaux et venait selon la presse britannique de remettre ses conclusions à l'ancien dirigeant. Celui-ci semble donc avoir devancé la suspension qu'il risquait de se voir infliger.

Mais malgré sa démission, l'ex-dirigeant, aussi charismatique que controversé, va continuer de hanter la vie politique, estiment samedi médias et commentateurs. Il a d'ailleurs écrit qu'il quittait le Parlement, sans manquer de préciser: "du moins pour l'instant".

Boris Johnson "a peut-être démissionné de son poste de député, mais il a clairement indiqué qu'il ne considérait pas cela comme la fin de sa carrière politique", met en avant le Times. Il n'a "pas l'intention de rester silencieux", affirme le journal. "Même si Johnson n'a pas la possibilité de faire un retour politique dans l'immédiat, cela ne le rend pas moins dangereux pour son successeur".

"Il est peu probable que Boris Johnson disparaisse dans l'obscurité", analyse la BBC. "Boris Johnson se retrouve exactement là où il aime être : au centre de l'attention, les spectateurs se demandant ce qu'il va bien pouvoir faire ensuite". Pour la BBC, "le fantôme de Boris Johnson hante Rishi Sunak", or "c'est la dernière chose dont le Premier ministre a besoin".

Élections à haut risque

Rishi Sunak, qui depuis son arrivée à la tête du gouvernement en octobre essaie de rétablir une stabilité politique, est resté silencieux après le départ de Boris Johnson.

Cette démission aggrave sérieusement les difficultés du Premier ministre à un an des élections législatives. Après 13 ans au pouvoir, les conservateurs sont au plus bas dans les sondages et début mai, les "Tories" ont déjà subi des pertes importantes lors d'élections locales.

Le départ de Boris Johnson déclenche automatiquement une élection partielle dans sa circonscription au nord-ouest de Londres, où il avait une majorité de quelques milliers de voix seulement.

Quelques heures avant sa démission, une de ses plus proches alliées, son ancienne ministre de la Culture qui était toujours députée, Nadine Dorries, a également annoncé son départ avec effet immédiat. Il y aura donc des élections locales à haut risque dans deux circonscriptions.

"Avec une série de défaites - car on voit mal comment il pourrait remporter l'une de ces élections partielles - l'autorité de Sunak en tant que Premier ministre va s'évaporer", juge le quotidien Daily Express, qui évoque une "guerre" au sein du parti conservateur.

Dans son communiqué, Boris Johnson s'en est d'ailleurs violemment pris au gouvernement de Rishi Sunak.

"Lorsque j'ai quitté mes fonctions l'année dernière, le gouvernement n'avait qu'une poignée de points de retard dans les sondages. Cet écart s'est aujourd'hui considérablement creusé", écrit-il.

"Quelques années seulement après avoir remporté la plus grande majorité en près d'un demi-siècle (son élection en 2019, NDLR), cette majorité est aujourd'hui clairement menacée", critique-t-il. "Notre parti doit de toute urgence retrouver son élan et sa foi en ce que ce pays peut faire".

L'opposition travailliste a accusé Boris Johnson d'être un "lâche" en démissionnant, plutôt qu'affronter la décision de la commission des privilèges. "Il aurait pu se défendre (...) et combattre la suspension, mais il a décidé de ne pas le faire parce qu'il sait qu'il est dans l'erreur", a dit la travailliste Angela Rayner sur la BBC.


HRW exhorte le Royaume-Uni à abandonner son recours contre le mandat d'arrêt de la CPI visant Netanyahu

Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
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  • La directrice britannique de l'organisation juge "absolument crucial" que le nouveau gouvernement "honore ses engagements"
  • La CPI cherche à arrêter le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens

LONDRES: Human Rights Watch (HRW) appelle le nouveau gouvernement britannique à renoncer au recours juridique du pays contre les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant des dirigeants israéliens.

L'ancien Premier ministre Rishi Sunak avait contesté plus tôt cette année l'émission par la Cour de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

Selon The Guardian, Karim Khan, procureur en chef de la CPI, a déclaré qu'il existait des motifs crédibles pour tenir les deux dirigeants responsables de crimes contre l'humanité.

Yasmine Ahmed, directrice de HRW au Royaume-Uni, insiste sur l'importance "cruciale" pour le nouveau Premier ministre Keir Starmer de retirer le recours contre la CPI.

Il y a deux semaines, The Guardian annonçait que le nouveau gouvernement envisageait d'abandonner l'affaire. 

Des diplomates britanniques ont ensuite démenti ces rumeurs, affirmant que la décision était "toujours à l'étude".

Le gouvernement a jusqu'au 26 juillet pour décider de la poursuite ou non du recours, selon les règles de la CPI.

Ahmed a déclaré que le gouvernement travailliste devait adopter un "réalisme progressiste", concept proposé par le nouveau ministre des Affaires étrangères David Lammy.

Elle s'interroge: "Le gouvernement britannique sera-t-il assez mûr pour respecter ses propres déclarations sur le droit international et l'ordre mondial en retirant sa demande d'intervention dans l'affaire de la CPI? Nous verrons si les actes suivront les paroles."
"Le monde auquel ils font face est d'une complexité inouïe. Nous assistons à des crises d'une ampleur sans précédent depuis des décennies", ajoute-t-elle.

Ahmed salue la décision du Labour de reprendre le financement britannique de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Cette décision laisse les États-Unis seuls à ne pas avoir repris le financement de l'UNRWA après le boycott controversé de l'agence plus tôt cette année.

"Nous ne pouvons pas promouvoir un ordre international fondé sur des règles si nous ne l'appliquons pas nous-mêmes", conclut Ahmed. "Nous devons donner au (gouvernement) l'opportunité d'être à la hauteur de sa rhétorique."


Gaza: Kamala Harris promet de ne pas «  rester silencieuse  » après sa rencontre avec Netanyahu

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
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  • "Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur"
  • L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche"

WASHINGTON: Kamala Harris a donné jeudi le signal d'un possible changement majeur dans la politique américaine à l'égard de Gaza, promettant de ne pas rester "silencieuse" face aux souffrances des civils et insistant sur la nécessité de conclure un accord de paix sans tarder.

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice".

"Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur", a-t-elle déclaré, évoquant les "enfants morts" et les "personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l'abri".

"Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse", a-t-elle ajouté devant la presse.

L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche".

Elle lui a demandé de conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le Hamas afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.

"Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahu, il est temps de conclure cet accord", a-t-elle déclaré.

Mme Harris a également appelé à la création d'un Etat palestinien, à laquelle s'oppose le Premier ministre israélien.

Un discours qui tranche avec l'image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée, même si les deux hommes entretiennent des relations notoirement compliquées.

Le président américain a d'ailleurs lui aussi appelé Benjamin Netanyahu à "finaliser" l'accord de cessez-le-feu pour permettre de "ramener les otages chez eux" et de "mettre durablement un terme à la guerre", selon un compte-rendu de leur rencontre diffusé par la Maison Blanche.

Rencontre avec Trump

Pour la fin de son voyage outre-Atlantique, M. Netanyahu se rendra vendredi en Floride, à l'invitation de Donald Trump qu'il a longuement remercié dans son discours devant les élus à Washington.

Jeudi matin, l'ancien président républicain a exhorté Israël à "terminer" rapidement sa guerre à Gaza, avertissant que son image mondiale était en train de se ternir.

"Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C'est trop long", a-t-il déclaré à Fox News.

Pendant sa longue adresse devant le Congrès, les républicains ont fortement applaudi M. Netanyahu, alors que plus de 60 élus démocrates, dont l'ancienne "speaker" Nancy Pelosi, ont boycotté son discours.

Ils condamnent sa conduite de la guerre qui s'est traduite par des dizaines de milliers de morts palestiniens et une catastrophe humanitaire.

Devant la Maison Blanche, des manifestants se sont rassemblés jeudi pour protester contre la venue du dirigeant israélien. La veille, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale américaine.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.175 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne aucune indication sur le nombre de civils et de combattants morts.


Biden dit à Netanyahu qu'un cessez-le-feu est nécessaire «  rapidement  »

C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
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  • Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a prévu de dire jeudi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qu'un cessez-le-feu à Gaza est nécessaire "rapidement", a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche.

"Le président réaffirmera au Premier ministre Netanyahu qu'il pense que nous devons parvenir (à un accord) et que nous devons y parvenir rapidement", a expliqué John Kirby, porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale, lors d'un point de presse. "Il est temps" a-t-il ajouté, au 10e mois de la guerre dans la bande de Gaza.

Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza.

"Le président Biden a exprimé la nécessité de combler les lacunes restantes, de finaliser l'accord dès que possible, de ramener les otages chez eux et de mettre durablement un terme à la guerre à Gaza", est-il  précisé dans le compte-rendu de leur rencontre.

Netanyahu affirme se réjouir de travailler avec Biden 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier.

"Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de service public et de soutien à l'Etat d'Israël et je me réjouis de discuter avec vous aujourd'hui et de travailler avec vous dans les mois qui viennent", a déclaré le dirigeant en arrivant à la Maison Blanche.