Le mezoued, la cornemuse tunisienne, trouve un nouveau souffle

L'artisan tunisien Khaled ben Khemis joue du Mezoued dans un atelier traditionnel de la localité de Jedaida près de Tunis (Photo, AFP).
L'artisan tunisien Khaled ben Khemis joue du Mezoued dans un atelier traditionnel de la localité de Jedaida près de Tunis (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 12 juin 2023

Le mezoued, la cornemuse tunisienne, trouve un nouveau souffle

  • Cette musique a pâti d'une réputation sulfureuse l'associant à l'alcool, à la drogue et à la prison
  • Les historiens, presque unanimes, font remonter l'apparition du mezoued en Tunisie au début du XXe siècle

TUNIS: Khaled souffle dans deux cornes pour accorder son mezoued, une sorte de cornemuse. En Tunisie, cet instrument, également genre musical du folklore, est sorti du ghetto où il était confiné pour conquérir des musiciens d'horizons aussi éloignés que le hip-hop ou le jazz.

Le mezoued "doit être fabriqué à partir d'éléments naturels", explique à l'AFP Khaled ben Khemis, un artisan de 51 ans qui pratique ce métier depuis 30 ans dans son atelier du nord de Tunis, en montrant le sac --réservoir d'air-- en peau de chèvre et les parties en bois.

Lorsque certains fabricants utilisent du plastique pour les anches --petites flûtes où jouer les notes-- sur un instrument qui peut coûter jusqu'à 1.000 dinars (300 euros), l'artisan proteste: "elles n'ont pas l'âme de celles faites en roseau".

Les historiens, presque unanimes, font remonter l'apparition du mezoued en Tunisie au début du XXe siècle.

Mais la cornemuse tunisienne a énormément évolué: "avant on jouait sans note juste et on le fabriquait à la va-vite", se rappelle l'artisan, en limant les deux cornes de vache reliées aux anches, d'où sortira le son final.

Mauvaise image

"C'était un genre musical dont la réputation était mauvaise tout comme ceux qui en jouaient", explique à l'AFP Noureddine Kahlaoui, artiste très populaire après 40 ans de carrière qui se définit comme "un militant" du mezoued.

Cette musique a pâti d'une réputation sulfureuse l'associant à l'alcool, à la drogue et à la prison, où beaucoup de morceaux ont été composés.

"Les malfaiteurs et les délinquants en cavale sont souvent retrouvés par les autorités dans des soirées mezoued", souligne le chanteur septuagénaire.

Les morceaux abordent en outre "des sujets audacieux critiquant la société, la politique, l'immigration et le racisme", analyse Rachid Cherif, chercheur en musicologie.

Traditionnellement, des soirées de mezoued sont organisées dans des quartiers populaires, voire pauvres et marginalisés, en particulier à l'occasion des mariages.

Les paroles des chansons peuvent être grossières et mal acceptées par les familles, ce qui déclenche parfois des émeutes et bagarres dans les fêtes.

Tout ceci explique que le mezoued ait été, jusqu'aux années 1990, censuré par les chaînes de télévisions publiques.

Des artistes folkloriques ont alors entrepris de redorer son image auprès du grand public et des autorités.

En juillet 1991, "Nouba", une performance qui mélangeait musiques folklorique, populaire et soufie (courant mystique de l'islam) a marqué une étape fondamentale dans la réhabilitation du mezoued.

Le spectacle a été accueilli dans l'amphithéâtre romain de Carthage et sa retransmission par la suite à la télévision a permis au mezoued d'obtenir une large reconnaissance.

Même si quelques réticences persistent, puisqu'en 2022, les responsables du Théâtre municipal de Tunis ont refusé un spectacle de mezoued, jugé indigne de cette prestigieuse institution.

Jazz et Rap 

"Malgré les critiques, nous avons travaillé afin que cet héritage pittoresque puisse progresser", souligne M. Kahlaoui, heureux de "l'évolution fulgurante" d'un répertoire qui évoque aussi désormais l'amour et la famille.

Pour le chercheur Rachid Cherif, "le mezoued occupe une place prépondérante dans l'histoire de la musique populaire tunisienne" du fait de son fondement identitaire. Il "consolide l'idée d'appartenance à une nation, à une ethnie et à une culture".

Plus récemment, une nouvelle génération de musiciens a commencé à s'intéresser au mezoued et à le mixer avec des musiques urbaines comme le rap ou les musiques du monde. Des univers disparates qui donnent naissance à des créations libérées des clichés et des standards figés.

Montassar Jebali joue du mezoued dans plusieurs formations de jazz et hip-hop.

"Grâce à ce que j'ai appris pendant mes études, j'ai compris ce que l'on pouvait faire avec cet instrument", déclare le flûtiste de 32 ans, en précisant que le mezoued n'est pas encore enseigné à l'Institut supérieur de musique de Tunisie dont il est diplômé en musique arabe.

"J'ai exploité mes connaissances académiques pour trouver avec quel instrument il se mariait bien", ajoute M. Jebali, dont les concerts et ceux d'autres musiciens sont très suivis par les jeunes Tunisiens.

"Le mezoued est en train de gagner du terrain", estime l'artiste, convaincu que cette musique percera à l'international, "peut-être pas demain, mais après-demain".


Kehlani réagit à l'annulation de son concert en raison de sentiments «anti-Israël»

Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
Short Url
  • La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël"
  • "Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert

DUBAI : La chanteuse américaine Kehlani s'est exprimée sur les médias sociaux après l'annulation de sa participation au concert annuel de l'université de Cornell en raison de sa position pro-palestinienne.

La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël".

"Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert.

"Pour cette raison, j'annule l'invitation de Kehlani et je m'attends à ce qu'une nouvelle programmation pour un grand Slope Day 2025 soit annoncée sous peu".

Il poursuit : "Dans les jours qui ont suivi l'annonce de Kehlani, j'ai entendu de graves préoccupations de la part de notre communauté : beaucoup sont en colère, blessés et confus que le Slope Day présente un artiste qui a épousé des sentiments antisémites et anti-israéliens dans ses spectacles, ses vidéos et sur les médias sociaux. Dans notre pays, tout artiste a le droit d'exprimer des opinions haineuses, mais le Slope Day a pour but d'unir notre communauté, et non de la diviser.

Dans une nouvelle vidéo Instagram réagissant à l'annulation, Kehlani a déclaré : "On me demande et on m'appelle à clarifier et à faire une déclaration encore une fois pour la millionième fois, que je ne suis pas antisémite ni antijuive. Je suis contre le génocide, je suis contre les actions du gouvernement israélien, je suis contre l'extermination d'un peuple entier, je suis contre le bombardement d'enfants innocents, d'hommes, de femmes... c'est ce que je suis contre".

Le jeune homme de 30 ans, qui collabore fréquemment avec le groupe Jewish Voice for Peace, a ajouté une légende : "Je sais que vous avez vu que l'université Cornell a annulé mon spectacle, et maintenant il y a des tentatives d'autres annulations qui s'ajoutent à celles que j'ai déjà subies au cours de l'année écoulée. Si vous voulez me priver d'une opportunité, dites-vous que c'est à cause de votre sionisme. n'en faites pas une question antijuive. c'est un jeu joué. tout cela parce que nous voulons que les gens arrêtent de mourir. J'espère que cela vous aidera.


Comment Netflix fait voyager l'humour français d'Astérix et d'Alain Chabat

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
Short Url
  • Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme
  • Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga

PARIS: "C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, a assuré à l'AFP Céleste Surugue, le directeur général des Editions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

Le géant du streaming, qui n'a pas répondu à l'AFP à ce sujet, s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l’œuvre originale, qui ne manquent pas: avec 120 langues et dialectes au compteur, "Astérix" est la bande dessinée la plus traduite au monde.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...) certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés", selon Céleste Surugue.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver.

Fastanfurious 

De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President of the United States") ou encore Fastanfurious (en référence à la franchise centrée sur les voitures).

Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises.

Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans "Astérix et la Transitalique".

Connu dans le monde entier, avec plus de 400 millions d'exemplaires vendus, Astérix "est particulièrement fort en Europe continentale", et est, en langue anglaise, surtout prisé dans "les pays du Commonwealth" comme l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Inde, selon M. Surugue.

Son adaptation sur Netflix devrait permettre de le faire découvrir à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après M. Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de l'acteur et metteur en scène français Guillaume Canet, "L'empire du milieu", doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.


Le prince héritier jordanien célèbre le 31e anniversaire de la princesse Rajwa

Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Short Url
  • La famille royale partage un nouveau portrait officiel de la princesse.
  • La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière

DUBAI : Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi sur les réseaux sociaux ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire.

"Joyeux anniversaire Rajwa ! Reconnaissant pour l'amour, la gentillesse et la chaleur que tu apportes dans la vie d'Iman et la mienne", a-t-il écrit, faisant référence à leur petite fille, la Princesse Iman.

La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière.

rajwa
La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire (Instagram).

La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire. On la voit porter un ensemble composé d'un haut à col bénitier et d'un pantalon à jambe large de la marque Simkhai, basée à Los Angeles. Elle a accessoirisé son look avec le collier lariat two letters de Joy Jewels, qui reprend les premières lettres arabes des noms du prince héritier et de la princesse Rajwa.