Au bord du Dniepr en Ukraine, une mer de boue et des souvenirs

Des habitants de Zaporizhzhia marchent dans la boue de la rivière Dnipro, le 10 juin 2023, suite aux dommages subis par le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. (Photo, AFP)
Des habitants de Zaporizhzhia marchent dans la boue de la rivière Dnipro, le 10 juin 2023, suite aux dommages subis par le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 12 juin 2023

Au bord du Dniepr en Ukraine, une mer de boue et des souvenirs

  • La destruction la semaine dernière du barrage de Kakhovka a provoqué des inondations en aval du fleuve, qui ont fait plus d'une dizaine de morts et poussé des milliers d'habitants à quitter leurs logements
  • En amont du Dniepr, le niveau a lui, à l'inverse, chuté. Dans la capitale régionale de Zaporijjia, une plage de sable a cédé la place à une vasière nauséabonde

ZAPORIJJIA: Les habitants de Zaporijjia dans le Sud de l'Ukraine ont bravé la pluie battante pour se rendre sur les rives du Dniepr, non pas comme autrefois pour se détendre dans des bars et stations balnéaires mais pour contempler une mer de boue.

La destruction la semaine dernière du barrage de Kakhovka, pour laquelle Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité, a provoqué des inondations en aval du fleuve, qui ont fait plus d'une dizaine de morts et poussé des milliers d'habitants à quitter leurs logements.

En amont du Dniepr, le niveau a lui, à l'inverse, chuté. Dans la capitale régionale de Zaporijjia, une plage de sable a cédé la place à une vasière nauséabonde.

Malgré la dévastation, le bord de la rivière reste un lieu de contemplation paisible pour certains. Andriï Vlassenko, 32 ans, se promène seul en balayant la boue avec son détecteur de métaux.

Il y a un an, Andriï, sa femme et son enfant ont fui les territoires occupés par la Russie plus au sud et il n'a pas encore été en mesure de trouver un travail.

Il y a cinq mois, son père, âgé de 63 ans, a été tué par des tirs d'obus dans son village natal.

Pour lui, le lit de la rivière nouvellement mis à nu est l'occasion d'oublier sa douleur et de s'adonner à son paisible passe-temps.

"Je suis peut-être venu pour trouver quelque chose. En tout cas, en cherchant, mon âme se repose", explique-t-il.

Son butin de la matinée reste maigre : pas d'or ni d'argent, mais une pièce de monnaie ukrainienne et un kopeck de l'époque soviétique.

Plus de fleuve

Avant la guerre, les habitants de Zaporijjia avaient accès à des stations balnéaires sur la côte de la mer d'Azov, aujourd'hui occupée par les forces russes et par conséquent totalement inaccessible.

Aujourd'hui, avec le retrait du Dniepr, même les petites stations familiales situées dans les forêts au sud de la ville ne donnent plus sur des rives sablonneuses mais sur de la vase visqueuse.

Iouriï Kara, un informaticien de 39 ans, s'abrite de la pluie sous le hayon de sa voiture en sirotant un café et contemplant la scène.

"J'étais là le premier jour, quand l'eau a commencé à baisser. Le 9 juin, l'eau était plus proche. Elle baisse tous les jours", constate-il, alors qu'un oiseau de mer vient chasser dans les bas-fonds.

"J'en discutais avec mon ami : bientôt, il n'y aura plus de fleuve Dniepr pour nous", dit-il amèrement.

Les avis divergent quant à l'ampleur de la disparition du fleuve. Mais Guennady, ouvrier sidérurgiste à la retraite, en caleçon et marchant dans l'eau jusqu'aux genoux sous une grande jetée, a la réponse.

En pointant du doigt les marques de marée sur la pile de pierre qui le surplombe, il fait son estimation.

"Le niveau de l'eau était donc de... Comment puis-je vous montrer ? C'était là-haut, regardez, vous voyez cette brique ? C'était jusqu'à la plus haute, trois mètres", explique-t-il à l'AFP.

La destruction du barrage de Kakhovka a rappelé aux habitants de Zaporijjia que même si les troupes russes ne sont pas parvenues jusqu'à la ville la guerre peut toujours les atteindre. C'est à proximité d'ailleurs que les forces ukrainiennes sont à l'offensive.

Anna Laсhouna, 28 ans, employée d'une société de téléphonie mobile, et ses soeurs ont fui en juin les territoires occupés et craignent pour leur grand-mère âgée, qu'elles ont laissée derrière elles.

"Personne ne pensait qu'ils pouvaient faire quelque chose comme ça", lance-t-elle, en accusant les Russes de la catastrophe avec la destruction du barrage.

"Nous ne savons pas à quoi nous attendre de leur part. La situation pourrait empirer", ajoute-t-elle. "J'espère que cela prendra fin le plus tôt possible".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.