Tumulte à l'Assemblée, immigration, suite du quinquennat: Braun-Pivet trace ses lignes

La présidente de l'Assemblée nationale française, Yael Braun-Pivet, assiste au débat sur la motion de censure déposée par la coalition de gauche NUPES, à la suite de la réforme des retraites du gouvernement français, qui a porté l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 12 juin 2023. (Photo, AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale française, Yael Braun-Pivet, assiste au débat sur la motion de censure déposée par la coalition de gauche NUPES, à la suite de la réforme des retraites du gouvernement français, qui a porté l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 12 juin 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 17 juin 2023

Tumulte à l'Assemblée, immigration, suite du quinquennat: Braun-Pivet trace ses lignes

  • «L'hémicycle est composite, de LFI au RN. Il y a de la radicalité, elle s'exprime dans le pays, elle s'est exprimée à l'Assemblée. Ce qui m'importe, c'est qu'elle ne se diffuse pas dans l'ensemble des travaux.»
  • «Les députés ont une liberté d'expression pleine et entière, mais mon rôle est de préserver l'institution. Je serai intransigeante là-dessus»

PARIS: Elle préside depuis un an une Assemblée nationale parfois ingouvernable. Dans un entretien à l'AFP, Yaël Braun-Pivet défend son institution, appelle pour la suite du quinquennat à "toujours plus de politique et d'incarnation", et ne veut pas "renier" ses valeurs sur l'immigration.

L'image de l'Assemblée auprès des Français vous inquiète-t-elle ?

"Il y a eu des moments très agités, mais c'est normal. L'hémicycle est composite, de LFI au RN. Il y a de la radicalité, elle s'exprime dans le pays, elle s'est exprimée à l'Assemblée. Ce qui m'importe, c'est qu'elle ne se diffuse pas dans l'ensemble des travaux. Nous avons adopté 68 textes et de nombreux débats se sont déroulés de manière apaisée et constructive, avec des propositions de loi votées parfois à l'unanimité.

Les Français ont une très mauvaise image du tumulte. Pour autant, ils ne souhaitent pas le retour à une Assemblée avec une ultra-majorité. Ce qu'ils réclament, c'est que ces scènes d'invectives cessent, que les députés acceptent de s'entendre et de faire des compromis".

Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent d'avoir eu la main lourde en sanctionnant trop de députés?

"Je suis confrontée à une difficulté majeure, du fait de certains députés qui ne respectent rien. L'hémicycle est le lieu du débat démocratique. On n'est pas sur un plateau de télé, ni dans un amphi! Sur le terrain, pas un seul de nos concitoyens ne me dit que les sanctions que j'ai prononcées étaient injustifiées. Bien au contraire, les Français me disent: 'mais pourquoi vous n'êtes pas plus sévère ?'. Les députés ont une liberté d'expression pleine et entière, mais mon rôle est de préserver l'institution. Je serai intransigeante là-dessus".

Est-il légitime de remettre en cause la répartition des postes à l'Assemblée à la rentrée, comme le souhaitent des députés Renaissance, en privant le RN de vices-présidences ou en remplaçant Eric Coquerel (LFI) à la tête de la commission des Finances?

"J'ai toujours dit que je n'avais pas à faire le tri entre les parlementaires. Chaque groupe politique doit être représenté dans les instances en proportion de son poids, c'est ce que prévoit notre règlement. Je ne souhaite pas m'écarter de cette position. Et je souhaite que le Bureau soit stabilisé dans sa composition actuelle (incluant les vice-présidents, ndlr).

Concernant les commissions, et plus précisément celle des Finances que préside Eric Coquerel, il s'agit de tout autre chose. Certains s'interrogent sur la manière dont il mène sa mission de contrôle. Mais c'est un sujet interne à la commission des Finances. Ce qui m'importe, c'est que nos usages soient respectés et que la présidence de cette commission soit attribuée à un groupe d'opposition.

Est-il tenable d'être la présidente d’une Assemblée sans majorité absolue, entre les feux des oppositions et parfois ceux de votre propre camp?

"L'Assemblée marche, donc bien sûr c'est tenable. Trouver les bons équilibres est un exercice très difficile, fragile, qui demande beaucoup d'énergie. Mais faire en sorte qu'on puisse continuer à avancer tous ensemble est un impératif démocratique. Avec une majorité relative, vous n'avez pas le choix: vous êtes obligé de travailler avec tout le monde. Et cela tombe bien parce que c'est comme ça que je conçois mon rôle!

Concernant les critiques de son propre camp, cela vous touche mais c'est le lot de tout président de l'Assemblée nationale à un moment ou à un autre. Et cela ne me fait aucunement changer d'avis. Je ne suis sensible à aucune pression".

Le gouvernement cherche un compromis avec la droite en vue d'un projet de loi sur l'immigration. Avez-vous des lignes rouges?

"Nous sommes très attendus sur le sujet: il faut simplifier les procédures, aboutir à une législation davantage efficace. Mais ce chemin qu'il nous faut trouver ne doit en aucun cas nous conduire à renier nos valeurs et nos engagements, pour quelque accord que ce soit.

La majeure partie de la solution se situe à l'échelon européen. Considérer qu'il faudrait déroger aux règles européennes est donc un contre-sens.

Et il n'est pas question de revenir ni sur le principe ni sur la philosophie de l'Aide médicale d'Etat (AME). Il faut regarder si notre pays n'est pas trop attractif, mais lorsque nous accueillons des personnes, il est de notre devoir de leur apporter le secours dont elles ont besoin".

Le camp présidentiel doit-il changer de méthode ? Et le gouvernement être remanié ?

"Il faut poursuivre et amplifier ce que nous avons commencé à mener depuis un an, encore mieux concerter en amont et mieux construire les textes pour trouver des majorités larges. A l'Assemblée, j'aimerais que nous travaillions davantage de textes transpartisans d'ampleur.

Je suis convaincue qu'il faut toujours plus de politique et d'incarnation, de conviction. Les Français ont besoin qu'on leur parle. La question du remaniement est secondaire à cet égard".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Short Url
  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.