Après Saint-Brevin, les groupuscules d'extrême droite intimident toujours les élus

Le maire d'Annecy, François Astorg, prononce un discours lors d'un rassemblement de soutien aux victimes et à leurs familles à Annecy le 11 juin 2023, suite à l'agression d'un réfugié syrien qui a poignardé six personnes, dont quatre jeunes enfants. (Photo, AFP)
Le maire d'Annecy, François Astorg, prononce un discours lors d'un rassemblement de soutien aux victimes et à leurs familles à Annecy le 11 juin 2023, suite à l'agression d'un réfugié syrien qui a poignardé six personnes, dont quatre jeunes enfants. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Après Saint-Brevin, les groupuscules d'extrême droite intimident toujours les élus

  • «On va se souvenir de toi»: François Astorg, le maire EELV d'Annecy, où quelques dizaines de militants d'ultradroite se sont rassemblés peu après l'attaque qui a laissé six blessés la semaine dernière, a choisi de porter plainte
  • En cause: des messages odieux l'accusant d'avoir encouragé l'immigration et visant sa mère sénégalaise

PARIS: Plus d'un mois après la démission du maire de Saint-Brevin, des groupuscules d'extrême droite continuent d'intimider les élus, dont celui d'Annecy après l'attaque au couteau perpétrée par un réfugié syrien, ou celui d'une autre localité qui a donné son feu vert à un centre d'accueil.

"On va se souvenir de toi": François Astorg, le maire EELV d'Annecy, où quelques dizaines de militants d'ultradroite se sont rassemblés peu après l'attaque qui a laissé six blessés la semaine dernière, a choisi de porter plainte. En cause: des messages odieux l'accusant d'avoir encouragé l'immigration et visant sa mère sénégalaise.

A l'autre bout du pays, à Bègles, dans la banlieue de Bordeaux, c'était la permanence du député insoumis Loïc Prud'homme qui apparaissait taguée avec des croix celtiques: "Vos migrants, nos morts!", était-il écrit.

Et la tension n'est pas retombée à Saint-Brevin, station balnéaire de 14.800 habitants où l'élection de la nouvelle maire a été marquée il y a une semaine par la présence de jeunes militants d’ultradroite, qui ne contestent le déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Ces manifestants ont crié sous les vitres du conseil municipal "Hier Annecy, demain Saint-Brevin", avant d’être repoussés par les gendarmes.

La démission retentissante de Yannick Morez, le maire DVD de Saint-Brevin, n'a pas empêché les groupuscules d'ultradroite de poursuivre parfois au grand jour leurs campagnes intimidation.

«Ne pas leur donner raison»

Au contraire, l'emblématique photo de l'élu devant deux voitures calcinées s'est retrouvée sur les réseaux sociaux d'opposants à un autre CADA dans une petite localité, dont le maire souhaite garder l'anonymat.

Son sang n'a fait qu'un tour lorsqu'il a découvert le commentaire qui l'accompagnait: "il est PRIMORDIAL pour un maire d'ÉCOUTER l'avis de ses habitants", tout en précisant qu'ils "n'encourageaient absolument PAS ce type de dégradation et de vandalisme".

Une "menace déguisée" pour cet élu d'une localité d'un millier d'habitants, qui se confie à l'AFP, et dont le conseil municipal a approuvé en début d'année l'installation d’un CADA, entraînant depuis moult menaces anonymes.

Il vit aujourd'hui sous protection de la gendarmerie, est suivi médicalement après un récent malaise et il assure que son épouse "vit très mal" cette situation après qu'une manifestation s'est conclue devant leur domicile.

Au point qu'il avoue s'être rendu récemment avec son épouse l'estomac noué à un dîner de l'amicale des sapeurs-pompiers qui s'est finalement déroulé sans tension.

Le maire, non encarté comme souvent dans les petites localités, reconnaît avoir songé à démissionner comme son collègue de Saint-Brevin.

"Mais je ne suis pas dans cette optique-là. Je ne vais quand même pas leur donner raison", s'indigne-t-il, tout en assurant qu'il se sent protégé par l'Etat, en particulier la préfecture, contrairement à M. Morez qui avait dénoncé le manque "flagrant" de soutien.

«Inadmissible !»

Face à ces intimidations qui s'ajoutent aux agressions déjà en hausse contre les élus, l'influente l'Association des maires de France (AMF) appelle le gouvernement à "plus de fermeté" et à des peines renforcées contre les auteurs d'agressions "qu'elles que soient les origines des violences".

"Le gouvernement n'a pas pris la mesure de la situation", déplore son vice-président délégué PS André Laignel, qui regrette que "l'Etat ait toujours du mal à caractériser politiquement certaines manifestations, en particulier lorsqu'il s'agit de l'extrême droite".

Des peines renforcées, c'est ce que propose un projet de loi déposé au Sénat, à majorité de droite, notamment par le président LR de la commission des Lois, François-Noël Buffet, qui a auditionné récemment le maire démissionnaire de Saint-Brevin.

"Le passage à l'acte est désormais possible avec le risque d'entraîner au minimum des blessures graves, voire la mort. C'est une évolution récente", déplore-t-il, appelant à y mettre fin.

Outre le renforcement des dispositions pénales par le Parlement, le sénateur attend du ministère de l'Intérieur "un gros travail" afin d'identifier les groupuscules d'extrême droite, mais aussi d'extrême gauche qu'il désigne également comme auteurs d'intimidations ou de violences sur les élus.

"L'autorité démocratiquement élue est en permanence contestée et on n'hésite plus à passer à l'acte", déplore-t-il. "C'est inadmissible!".


Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères achève son séjour en Arabie saoudite

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et le Président palestinien Farhat Abbas (Fournie)
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et le Président palestinien Farhat Abbas (Fournie)
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné en visite à Riyad en marge du WEF(Fournie)
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné en visite à Riyad en marge du WEF(Fournie)
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  • Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française a notamment fait le point avec ses homologues sur la nécessaire mobilisation du conseil de sécurité des Nations Unies.
  • : La France a également réitéré ses priorités à savoir la libération des otages, l’évitement d’une offensive à Rafah et la mise en place d’une solution politique.

RIYAD : Le Ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné s’est rendu à Riyad, en Arabie saoudite, en marge du World Economic Forum pour une série de rencontres et de réunions dédiées à la situation dans la région.

Mr. Séjourné a rencontré le ministre des Affaires étrangères saoudiens, Faisal bin Farhan Al Saud, et le ministre de la culture, Badr bin Abdullah bin Farhan, ainsi que le président Abbas, ses homologues jordaniens et égyptiens. Il s’est aussi réuni avec ses homologues européens David Cameron et Annalena Baerbock.

Une convergence d’opinion a été notée entre les hauts responsables sur les objectifs à court-terme à savoir un cessez-le-feu durable et une désescalade. La France a également réitéré ses priorités à savoir la libération des otages, l’évitement d’une offensive à Rafah et la mise en place d’une solution politique, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères français.

À ce propos, le ministre a rappelé à ses homologues que la question de la reconnaissance n’était pas un tabou pour la France mais qu’elle ne serait être utile que dans le cadre d’une stratégie globale pour une solution politique à deux États.

Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française a notamment fait le point avec ses homologues sur la nécessaire mobilisation du conseil de sécurité des Nations Unies, sur la base du projet français de résolution.

En janvier, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, lors de sa première intervention devant le Conseil de sécurité de l'ONU avait plaidé pour la constitution d’un État palestinien avec des frontières sures et reconnues sur la base des lignes de 1967 et dont la capitale sera Jérusalem. 

Le projet de résolution présenté par la France appelle à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza et réclame aussi la libération de tous les otages encore détenus dans l'enclave.

Dans le cadre d'une médiation chapeautée par le Qatar, les parties prenantes au conflit avaient convenu fin novembre d'une trêve dans les combats, qui a duré une semaine et permis la libération d'otages israéliens et de détenus palestiniens.

Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, la France reste totalement engagée dans tous les forums pertinents pour servir les objectifs de paix et de stabilités de la région, à Gaza, comme au Sud-Liban.


Le ministre français des Affaires étrangères en visite en Israël

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz (à droite) accueille son homologue français Stéphane Séjourne à Jérusalem le 30 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz (à droite) accueille son homologue français Stéphane Séjourne à Jérusalem le 30 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • M. Séjourné devrait rencontrer plusieurs acteurs politiques israéliens, ainsi que des représentants des familles d'otages retenus à Gaza
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, martèle son intention de mener une offensive sur Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza

JÉRUSALEM: Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, est arrivé mardi en Israël, où il s'est entretenu avec son homologue israélien Israël Katz, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette visite de 24 heures entre Jérusalem et Tel-aviv s'inscrit dans le cadre d'une tournée au Proche-Orient qui l'a emmené au Liban et en Arabie Saoudite.

Elle intervient alors qu'une médiation qatarie et égyptienne de longue haleine semble porter ses fruits et fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, associée à la libération d'un certain nombre d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi-quotidiens dans la bande de Gaza.

En Israël, "les discussions vont tourner autour des efforts, notamment de la France, pour parvenir à augmenter le volume d'aide humanitaire" dans la bande de Gaza, a indiqué une source diplomatique française. Elles porteront aussi sur le "risque d'offensive à Rafah sur laquelle (la France) a déjà marqué une très, très forte opposition", selon cette même source.

Offensive sur Rafah

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, martèle son intention de mener une offensive sur Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza, où sont regroupés, affirme-t-il, les derniers bataillons du Hamas qui a attaqué Israël le 7 octobre.

De nombreux pays, dont les Etats-Unis, allié historique d'Israël, ont exprimé publiquement leur opposition, redoutant un carnage dans cette ville où s'entassent 1,5 million de civils palestiniens poussés par les combats, selon l'ONU.

M. Séjourné devrait également rencontrer plusieurs acteurs politiques israéliens, ainsi que des représentants des familles d'otages retenus à Gaza.

Le 7 octobre, des combattants du Hamas ont mené depuis Gaza une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Ils ont également enlevé quelque 250 personnes et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

La vaste opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan entendues par la police pour «apologie du terrorisme»

Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan sont entendues mardi par la police dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise qui appelle à un rassemblement de soutien. (AFP).
Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan sont entendues mardi par la police dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise qui appelle à un rassemblement de soutien. (AFP).
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  • Ce texte avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l'attaque du mouvement islamiste, décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes"
  • La cheffe des députés LFI Mathilde Panot est convoquée pour s'expliquer sur un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, le jour où le Hamas a mené une attaque sans précédent contre Israël

PARIS:Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan sont arrivées mardi matin dans les locaux de la police judiciaire parisienne pour être entendues dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise.

Plusieurs centaines de personnes s'étaient auparavant regroupées en soutien aux deux femmes près du siège de la PJ.

Notre convocation atteste d'une "fuite en avant sans précédent", a dénoncé Mme Panot lors d'une courte prise de parole en marge du rassemblement.

"Dans quelle démocratie les méthodes de l'antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes?", a-t-elle lancé, devant ses partisans qui scandaient "Résistance" et agitaient des drapeaux palestiniens, insoumis ou sud-africains.

La cheffe des députés LFI est entendue sur un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, le jour où le Hamas a mené une attaque sans précédent contre Israël.

Ce texte avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l'attaque du mouvement islamiste, décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes", et "l'intensification de la politique d'occupation israélienne" dans les territoires palestiniens.

La militante franco-palestinienne Rima Hassan, septième sur la liste LFI de Manon Aubry aux élections européennes du 9 juin, est, elle, convoquée pour des propos tenus entre le 5 novembre et le 1er décembre.

"Je veux dire aux organisations de lobbyistes pro-Israéliens derrière ces plaintes qu'ils ne nous feront pas taire", a-t-elle déclaré, avant de citer l'avocate et militante féministe Gisèle Halimi: "Le monde n'a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie?"

Rima Hassan, juriste de 32 ans, a été notamment critiquée pour avoir dit, dans une interview accordée fin novembre au média Le Crayon, qu'il était "vrai" que le Hamas mène une action légitime.

L'intéressée dénonce un montage trompeur de sa réponse.

Dans un communiqué commun publié avec elle lundi soir, Le Crayon indique avoir remis "l'intégralité de cet entretien" à la candidate "afin qu'elle puisse s'en prévaloir dans le cadre exclusif des actions judiciaires qu'elle aura à mener".

Plainte contre Mélenchon 

Les Insoumis, qui qualifient de "génocide" la situation à Gaza et ont fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, dénoncent une "dérive autoritaire", "des actes d'intimidation" et une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix pro-palestiniennes.

Dans leur viseur également, la double annulation il y a une dizaine de jours d'une conférence que Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon devaient donner à Lille sur la situation au Proche-Orient.

Ils fustigent aussi la plainte pour "injure publique" annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau contre leur ancien candidat à la présidentielle, qui avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann après l'annulation de sa conférence.

"Une candidate est convoquée à la police pour ses idées. La démocratie française est gravement fracturée. Le monde nous regarde sidéré", a réagi mardi sur X Jean-Luc Mélenchon.

"En démocratie, on serait tous très inspirés de ne pas commenter, de ne pas faire de pressions sur les magistrats (...). Ca vaut pour tout le monde, ça vaut donc aussi pour les dirigeants de La France insoumise", déclarait au même moment le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en déplacement au siège d'Aéroports de Paris dans le cadre des JO.

«Paix et justice»

De nombreux députés de La France insoumise, de François Ruffin à Louis Boyard, étaient présents au rassemblement mardi.

D'autres figures de gauche, comme la députée écologiste Sandrine Rousseau ou l'ancien candidat du NPA à l'élection présidentielle Olivier Besancenot, avaient également répondu à l'appel.

"Je suis venue soutenir Rima et Mathilde qui sont censurées alors qu'elles veulent défendre la paix et la justice. Au-delà de la cause palestinienne, il s'agit de défendre la liberté d'expression", a indiqué à l'AFP Anne Guillemin, une militante insoumise de 36 ans.

Depuis le 7 octobre, le nombre de signalements et plaintes pour "apologie du terrorisme" a explosé: au parquet de Paris, qui gère la majorité de ces affaires, on compte 386 saisines à ce jour en lien avec ce conflit.

Sur le sujet "très sensible" de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien, objet de polémiques à répétition en France, une enquête est quasiment systématiquement ouverte, et les personnes visées auditionnées par la police, explique à l'AFP une source judiciaire. Elle insiste sur le fait qu'une convocation ne présume en rien de la culpabilité.