Missak Manouchian, figure de la Résistance, va entrer au Panthéon

Cette photo prise à la prison de Fresnes le 3 juillet 2020 montre une fresque du peintre et artiste de rue français Christian Guemy, connu sous le nom de C215, représentant le poète franco-arménien Missak Manouchian (à droite) et l'homme politique français Pierre Brossolette (à gauche). (Photo, AFP)
Cette photo prise à la prison de Fresnes le 3 juillet 2020 montre une fresque du peintre et artiste de rue français Christian Guemy, connu sous le nom de C215, représentant le poète franco-arménien Missak Manouchian (à droite) et l'homme politique français Pierre Brossolette (à gauche). (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 18 juin 2023

Missak Manouchian, figure de la Résistance, va entrer au Panthéon

  • «Missak Manouchian porte une part de notre grandeur», il «incarne les valeurs universelles» de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a «défendu la République», déclare la présidence dans un communiqué
  • Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, a précisé l'Elysée

PARIS: Un rescapé du génocide arménien, apatride et communiste bientôt au Panthéon: Emmanuel Macron a annoncé dimanche l'entrée de Missak Manouchian, héros de la Résistance, dans le temple des personnalités qui ont marqué l'histoire de la nation française.

"Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", il "incarne les valeurs universelles" de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a "défendu la République", déclare la présidence dans un communiqué.

Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, a précisé l'Elysée.

Le président, qui salue la "bravoure" et "l'héroïsme tranquille" de Missak Manouchian, rend aussi hommage, à travers lui, à tous ses compagnons d'armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d'Europe centrale. "Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous", souligne l'Elysée.

Missak entrera au Panthéon "accompagné de Mélinée", son épouse d'origine arménienne,  résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), a précisé la présidence.

C'était le souhait de la famille, comme pour Simone Veil et son époux Antoine, entrés au Panthéon en 2018. Le couple Manouchian reste ainsi unis dans la mort mais Mélinée n'est pas elle-même panthéonisée.

Cette annonce coïncide avec le 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, que le président commémorera comme chaque année dans la matinée au Mont-Valérien, près de Paris, où un millier de résistants et otages, dont Missak Manouchian, furent exécutés par l’armée allemande pendant l'Occupation.

Réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s'illustra à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 févrer 1944.

Il devient le premier résistant étranger et communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie.

Un message fort 

Avant lui, huit membres de la Résistance ont déjà ainsi été honorés depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, dont quatre - Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay - sous François Hollande en 2015.

"Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement", écrivit Missak à Mélinée, juste avant de mourir, proclamant aussi n'avoir "aucune haine contre le peuple allemand".

Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker.

La panthéonisation de Missak Manouchian était ardemment souhaitée par la gauche française, notamment le parti communiste.

"Pour nous, l'essentiel c'est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon", souligne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance.

"Ca dit beaucoup de ce qu'est la Nation française", c'est un "message fort d'intégration pour les jeunes d'aujourd'hui", a-t-il déclaré à l'AFP.

Parallèlement, 91 résistants et otages étrangers fusillés comme lui au Mont-Valérien sont aussi reconnus "morts pour la France".

Célébré par Aragon et Léo Ferré, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec "l'Affiche rouge", placardée dans tout Paris par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte.

"L'Affiche rouge" est aussi le titre d'un film sorti en 1976 qui immortalisa l'histoire du groupe Manouchian à l'écran.

Clairière des Fusillés

Au Mont-Valérien, le chef de l'Etat se recueillira vers 10H40 dans la clairière des Fusillés, où résistants et otages furent exécutés.

Il décorera un ancien résistant, Robert Birenbaum, issu comme Missak Manouchian du groupe des Francs-tireurs et partisans – Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI).

Georges Duffau-Epstein, fils du résistant Joseph Epstein qui fut arrêté avec Missak Manouchian lors d'un rendez-vous clandestin, sera également présent.

Le président sera accompagné de la Première ministre Elisabeth Borne, du ministre des Armées Sébastien Lecornu et du chef d'Etat-major des Armées Thierry Burkhard.

Le chef de l'Etat entendra ensuite l’Appel du 18 Juin et le Chant des Partisans avant un temps de recueillement dans la crypte du Mont-Valérien, où sont inhumés 16 résistants, officiers et soldats morts pour la France en 1939-45, ainsi que Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération.

L'hommage rendu dimanche s'inscrit dans une longue séquence mémorielle autour du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale qui se poursuivra en 2024 avec le Débarquement en Normandie et la Libération de Paris.

Avant Manouchian, Veil, Genevoix et Baker, les trois panthéonisés de Macron

Avant Missak Manouchian, dont Emmanuel Macron a annoncé dimanche l'entrée prochaine au Panthéon, le président de la République a déjà fait accueillir trois grandes figures dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker.

Sous la Ve République, le chef de l'Etat est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.

Simone Veil (1er juillet 2018)

Les droits des femmes avec la légalisation de l'avortement, l'Europe et la Shoah... L'entrée de cette figure de la vie politique française et européenne, rescapée d'Auschwitz, est une évidence pour tous. L'annonce est d'ailleurs faite en un temps record: cinq jours seulement après sa mort, survenue le 30 juin 2017...

La famille ne voulant pas qu'elle soit séparée de son mari Antoine, Emmanuel Macron accepte que les époux Veil entrent ensemble au Panthéon.

Cela a déjà été le cas en 1907, avec la première femme panthéonisée, Sophie Berthelot, simple conjointe de son illustre époux, Marcelin.

"Nous avons voulu que Simone Veil entre au Panthéon sans attendre le passage des générations pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons", déclare M. Macron dans son discours d'accueil le 1er juillet 2018.

Avec elle, insiste-t-il, "c'est la mémoire de 78.500 juifs et tziganes déportés de France qui entre et vivra en ces lieux".

Maurice Genevoix (11 novembre 2020)

Avec l'ancien Poilu et écrivain mort en 1980, chroniqueur de l'horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale, ce sont "tous ceux de 14", ces "héros ordinaires", qu'Emmanuel Macron entend honorer.

La cérémonie a lieu 102 ans jour pour jour après l'Armistice du 11 novembre 1918, en plein nouveau confinement lié à l'épidémie de Covid-19.

"Ils sont là, ceux de 14", qui "arrivent par millions pour entrer sous le dôme" de ce "temple des héros de notre patrie", lance le chef de l'Etat en saluant "un destin républicain" et "une existence française".

Joséphine Baker (30 novembre 2021)

"Me revoilà Paris !" La star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker est la première personnalité noire et la première artiste à rejoindre le Panthéon. Et la 6e femme seulement, sur 81 occupants !

Emancipation, droits des femmes, droits civiques, elle est l'incarnation des combats du XXe siècle.

"Ma France, c'est Joséphine", salue Emmanuel Macron. "Sa cause était l'universalisme, l'unité du genre humain. L'égalité de tous avec l'identité de chacun. L'hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L'émancipation contre l'assignation".

C'est un cercueil vide qui pénètre sous la coupole du Panthéon, sa dépouille étant restée dans le caveau familial à Monaco.

Les «recalés»

D'autres noms ont circulé depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron en 2017 mais ils ont fait débat, voire suscité des polémiques.

C'est le cas, dernièrement, de l'avocate Gisèle Halimi, figure du féminisme et de l'anticolonialisme mais jugée moins consensuelle que Joséphine Baker.

En 2021, malgré une pétition en ce sens, Emmanuel Macron rejette l'idée d'accueillir le poète maudit Arthur Rimbaud au Panthéon, respectant ainsi l'opposition de sa famille qui ne souhaitait pas son entrée conjointe avec Paul Verlaine, un temps son amant.


Mahmoud Abbas en visite présidentielle à Paris: déblayer et consolider la voie de la paix

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza
  • Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis

PARIS: Pour la première fois, Mahmoud Abbas est accueilli à l’Élysée en visite officielle en tant que président de l’État de Palestine, un changement de dénomination traduisant la reconnaissance officielle de la Palestine par la France et son engagement constant en faveur d’une solution politique durable fondée sur deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité.

Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza, les débats au Conseil de sécurité autour de la mise en place d’une force internationale de stabilisation et les efforts soutenus de la communauté internationale pour engager la reconstruction et la revitalisation des institutions palestiniennes.

Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis tout en associant étroitement les pays arabes à la recherche d’une issue politique.

Relancer l’Autorité palestinienne et préparer les réformes

Au cœur de cette visite figure la revitalisation de l’Autorité palestinienne, un point mis en avant dans la lettre adressée le 9 juin par Mahmoud Abbas à Emmanuel Macron et au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman.
Paris, tout comme Riyad, considère que le renforcement de l’Autorité palestinienne est une condition essentielle à la reconstruction politique et sécuritaire de la Palestine, ainsi qu’à la restauration d’une gouvernance légitime, notamment dans la bande de Gaza.

« Il ne s’agit pas pour nous de choisir un dirigeant palestinien, mais de pousser à la tenue d’élections présidentielles et législatives », a précisé l’Élysée, rappelant que le processus électoral et la réforme de la gouvernance figurent parmi les engagements clés du président Abbas.

Ces réformes englobent plusieurs volets, dont la fin du dispositif dit Pay for Slay, déjà abrogé mais encore en phase d’audit, la révision des manuels scolaires menée en coordination avec l’Union européenne et l’Arabie saoudite, ainsi que la préparation d’élections générales dans un délai d’un an à compter du cessez-le-feu.

Pour Paris, il s’agit d’un test de crédibilité pour l’Autorité palestinienne, appelée à se montrer capable de gouverner, de réformer et de représenter l’ensemble du peuple palestinien dans un cadre pacifié et démocratique.

Autre dossier majeur au menu des discussions : la création d’une force internationale de stabilisation, débattue au Conseil de sécurité des Nations unies, visant à soutenir les forces de sécurité palestiniennes dans leur redéploiement à Gaza et à garantir le respect du cessez-le-feu.

Tout en rappelant qu’elle ne prendra aucune initiative unilatérale, la France y participe activement : trois officiers français sont déjà présents au sein de la cellule de coordination américaine déployée sur le terrain, et une équipe diplomatique et militaire supplémentaire doit être envoyée pour évaluer la contribution française.

Parallèlement, la question épineuse du désarmement du Hamas constitue une étape incontournable, mais elle doit, selon Paris, s’inscrire dans le cadre d’un processus politique global.
« Le Hamas a pris l’engagement d’un désarmement progressif dans le cadre du plan de cessez-le-feu ; il est essentiel que cet engagement soit tenu », insiste l’Élysée, qui souligne que la ligne jaune tracée sur le terrain n’a qu’une valeur temporaire, dans l’attente d’un retrait israélien complet, conditionné à la mise en œuvre du plan.

Entre médiation et fermeté diplomatique

Par ailleurs, si l’Élysée s’efforce d’éviter tout sujet de friction avec Israël, la préoccupation française face à l’accélération de la colonisation en Cisjordanie se fait plus explicite.
Paris dénonce « des développements préoccupants sur le terrain », notamment dans la vallée du Jourdain et autour d’Hébron, ainsi que l’augmentation des violences des colons contre les civils palestiniens.
La France appelle Israël à « y mettre un terme et à traduire les auteurs en justice », rappelant que la colonisation reste illégale au regard du droit international et compromet gravement la viabilité d’un futur État palestinien.

Au niveau européen, Paris plaide pour une réponse collective. Des discussions sont en cours à Bruxelles sur d’éventuelles mesures ciblées contre les colons violents, tout en veillant à ne pas rompre le fil du dialogue avec Jérusalem.

Sur le plan bilatéral, la visite de Mahmoud Abbas est aussi l’occasion d’évoquer la reconnaissance réciproque entre la France et la Palestine. Paris a déjà reconnu l’État palestinien, mais la conversion de la représentation palestinienne à Paris en ambassade ne sera effective que lorsque toutes les conditions fixées par Emmanuel Macron seront réunies : « la libération de l’ensemble des otages et le plein respect du cessez-le-feu ».

À ce jour, 24 dépouilles sur 28 ont été rendues, et l’Élysée reste ferme : « pas d’annonce diplomatique supplémentaire tant que les familles ne sont pas toutes fixées sur le sort de leurs proches ».

Fidèle à sa tradition diplomatique, la France cherche à préserver un équilibre délicat. Le président français soutient les efforts américains, notamment ceux du président Trump dans la mise en œuvre du plan en vingt points, tout en insistant pour que les mécanismes de ce plan soient pleinement appropriés par les Palestiniens eux-mêmes.

Paris veut ainsi maintenir une cohérence internationale autour de la solution à deux États, en cherchant à rétablir une unité territoriale palestinienne entre Gaza et la Cisjordanie.
Dans cette optique, la France soutient la mise en place rapide d’un comité technocratique palestinien chargé de gérer les affaires courantes à Gaza et de rétablir un cadre juridique unifié.

Enfin, la France entend jouer un rôle actif dans la conférence sur la reconstruction de Gaza, prévue au Caire d’ici la fin novembre. Paris y voit une opportunité d’associer l’aide humanitaire, le soutien budgétaire et la mobilisation des bailleurs internationaux.
L’Élysée plaide pour un plan de « reconstruction anticipée », qui tienne compte des besoins urgents de la population tout en s’inscrivant dans un horizon politique durable.

Emmanuel Macron défendra cette vision lors de sa déclaration à la presse : celle d’une paix réaliste, inclusive et partagée, fondée sur la coexistence de deux États et sur la participation des partenaires arabes et occidentaux.
« Il y a aujourd’hui une opportunité, même fragile, de trouver enfin une issue. Il faut que nous y contribuions tous », résume l’Élysée.


Budget de la Sécurité sociale: reprise des débats mercredi, dans des délais très difficiles à tenir

Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée nationale peine à boucler l’examen du budget de la Sécurité sociale avant l’échéance constitutionnelle de mercredi minuit, malgré des débats intenses et plusieurs centaines d’amendements restants
  • Le gouvernement veut transmettre au Sénat un texte intégrant tous les amendements votés, tandis que la suspension de la réforme des retraites occupera la reprise des débats mercredi

PARIS: L'Assemblée ira-t-elle au bout du budget de la Sécu? Les débats se sont interrompus dimanche à minuit avec plusieurs centaines d'amendements encore à étudier. Ils reprendront mercredi pour une ultime journée, en commençant par la suspension de la réforme des retraites, mais parvenir à un vote sur l'ensemble du texte dans les délais semble désormais extrêmement difficile.

Les députés auront en effet peu de temps pour arriver au bout des amendements avant d'atteindre la fin du délai constitutionnel réservé à l'Assemblée en première lecture, qui expire mercredi à minuit.

Le gouvernement s'est toutefois engagé à transmettre le texte au Sénat avec "tous les amendements votés", a indiqué dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Samedi, les députés ont adopté sur le fil une partie "recettes" largement réécrite, après plusieurs jours de débats. Ils ont ensuite débuté l'examen du volet sur les "dépenses", lors de discussions souvent très approfondies et menées dans le calme.

Mais le calendrier est très contraint: quelque 380 amendements étaient encore au menu dimanche à minuit, avant deux journées de relâche en raison de l'Armistice du 11-Novembre.

Les débats ne reprendront que mercredi à 15H00, dans une plage horaire consacrée en priorité, sur décision du gouvernement, à l'article suspendant la réforme des retraites, promesse du gouvernement de Sébastien Lecornu pour tenter d'éloigner une censure du PS.

Une façon d'avoir le débat devant un hémicycle plein, en permettant aussi d'assurer que l'examen sur cette réforme très contestée puisse se tenir, alors qu'elle est normalement située en fin de texte.

- "Lisible" ? -

"Nous nous opposons à l'idée que la discussion puisse se terminer à l'Assemblée nationale sans vote", a déclaré dimanche soir dans l'hémicycle le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

"Il est possible de terminer l'examen du texte dans les 7H30 qui nous restent, à partir du moment où nous diminuons par deux le nombre d'amendements déposés", a-t-il ajouté, disant son groupe prêt à le faire.

Des demandes, notamment de LFI et des Ecologistes, pour prolonger la séance dans la nuit de dimanche à lundi ou pour l'ouvrir lundi n'ont pas recueilli de majorité.

"On ne sent pas un empressement de la part du gouvernement à aller au vote, ça c'est très clair", a par ailleurs jugé sur BFMTV Cyrielle Chatelain, patronne du groupe écologiste.

Un cadre du camp gouvernemental à l'Assemblée a lui aussi estimé que le gouvernement pouvait avoir envie que les débats ne se terminent pas, afin d'éviter un vote final risqué sur l'ensemble du texte. Et selon lui, le Parti socialiste peut avoir la même tentation.

"Ce n'est pas si grave" s'il n'y a pas de vote, "mais ce n'est pas si grave si on y va aussi", a estimé dimanche après-midi un député socialiste, soulignant que l'important serait surtout le "vote final en deuxième lecture". "Le problème de la période c'est est-ce que tout ça est lisible pour les gens à l'arrivée ?"

- Équation difficile -

Le scrutin très serré de samedi sur la partie "recettes", avec 176 voix pour et 161 contre, laisse présager une équation encore plus difficile en cas de vote sur l'ensemble du projet de loi.

Car le gouvernement a bénéficié sur les recettes de votes favorables des socialistes, et de quelques votes pour et d'abstentions de communistes et écologistes, soucieux de poursuivre les débats. Un rejet aurait en effet immédiatement interrompu les discussions, sans aborder les dépenses.

Mais le terreau ne sera peut-être pas aussi favorable sur l'ensemble du texte, alors que les oppositions ne votent traditionnellement pas pour les budgets, marqueurs politiques du gouvernement.

LFI entend une nouvelle fois "rejeter ce budget", a prévenu M. Bompard. Et le Rassemblement national, opposé à la partie "recettes" et à une hausse de la CSG sur le patrimoine décrochée par la gauche, a annoncé qu'il voterait contre l'ensemble du texte.

Sur le fond, les députés ont approuvé dimanche la création d'un "réseau France Santé" proposé par Sébastien Lecornu pour améliorer l'accès aux soins, mais accueilli très froidement par la gauche.

Ils ont également adopté des mesures visant à réduire des tarifs jugés excessifs dans certains secteurs médicaux particulièrement rentables, mais repoussé un article supposé limiter les dépassements d'honoraires des médecins.

L'Assemblée a enfin adopté une limitation de la durée des arrêts de travail, à un mois pour une première prescription et deux mois pour un renouvellement. Les médecins pourront toutefois déroger au plafond prévu.


Sorti de prison, Nicolas Sarkozy assure que la «vérité triomphera»

Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
Short Url
  • "Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne"
  • Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre

PARIS: "La vérité triomphera", a lancé Nicolas Sarkozy quelques heures après sa libération de prison sous contrôle judiciaire par la cour d'appel de Paris, qui lui a interdit d'entrer en contact avec de hauts responsables judiciaires comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

"Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne", a écrit sur X l'ex-chef de l'Etat, dans sa première prise de parole depuis sa libération par la justice à la mi-journée.

Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre.

Celle-ci a été mise en œuvre presque immédiatement. Peu avant 15H00, Nicolas Sarkozy a quitté la prison à bord d'une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police, pour regagner son domicile dans le XVIe arrondissement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La prison, "c'est dur, c'est très dur, ça l'est certainement pour tout détenu, je dirais même que c'est éreintant", avait-il témoigné lundi matin en visio-conférence à l'audience d'examen de sa requête, offrant la première image de l'histoire d'un ancien président de la République en prison.

Dans le cadre d'un contrôle judiciaire, les juges ont toutefois imposé deux interdictions au champion déchu de la droite, embourbé dans ses affaires judiciaires.

La cour a estimé que "le risque de pression, de concertation ne (peut) pas être totalement écarté" sur ses co-prévenus mais surtout sur "un certain nombre de témoins-clés", comme les ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés à travers le monde, et lui a interdit tout voyage à l'étranger.

De manière plus inattendue, la justice a aussi imposé une "interdiction de contact" élargie avec de hauts responsables de la justice française, notamment le garde des Sceaux Gérald Darmanin, constatant sa "capacité à actionner différents services de l'Etat" en tant qu'ex-président.

Le 29 octobre, Nicolas Sarkozy avait reçu la visite à la prison de la Santé du ministre, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un "risque d'obstacle à la sérénité" et donc "d'atteinte à l'indépendance des magistrats" avant le procès en appel.

Contacté par l'AFP, l'entourage de M. Darmanin a assuré que "le garde des Sceaux respecte toujours les décisions de justice".

"Un cauchemar" 

Lors de l'examen de sa requête dans la matinée, le parquet général avait requis la sortie de prison sous contrôle judiciaire de l'ex-chef de l'Etat, jugeant que les "garanties de représentation en justice sont rarement réunies à un tel niveau".

Sur les trois personnes détenues à l'issue du jugement de première instance dans le procès libyen, la justice a donc libéré Nicolas Sarkozy et l'ex-banquier Wahib Nacer, mais a maintenu en détention l'intermédiaire Alexandre Djouhri, arguant un risque de fuite et de pressions sur des protagonistes de l'affaire.

Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Nicolas Sarkozy coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.

Le tribunal l'a condamné à cinq ans de prison ferme avec un mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire, entraînant son incarcération malgré son appel.

Nicolas Sarkozy a été incarcéré un peu moins d'un mois après sa condamnation. Cette détention inédite pour un ex-président de la République a suscité de vifs débats. Il s'agit aussi d'une première dans l'Union européenne, où aucun ancien chef d'Etat n'a connu l'emprisonnement.

"Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable", a déclaré à l'audience Nicolas Sarkozy, vêtu d'une veste bleu foncé, pull et chemise, apparaissant à l'écran dans une salle aux murs blancs avec deux de ses avocats.

Cette libération "met un terme au feuilleton judiciaire et à la mécanique de victimisation pour désormais permettre de se concentrer sur le fond. Elle prévient aussi des risques d'ingérence vis-à-vis du restant des protagonistes mais aussi du pouvoir en place", a réagi Me Vincent Brengarth, avocat de l'organisation Sherpa, partie civile dans le dossier libyen.

La famille politique de Nicolas Sarkozy s'est de son côté réjouie de sa libération. Le président des Républicains Bruno Retailleau a salué le "courage" et la "détermination" avec lesquelles il "a affronté cette épreuve", tandis que le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, s'est félicité d'une "décision juste et digne, à la hauteur de l'homme qui a tant donné à notre pays".

L'ancien chef de l'Etat ne se rendra pas mardi matin aux commémorations du 11-Novembre sur les Champs-Elysées et à l'Arc de triomphe, auxquelles il est protocolairement invité, a indiqué son entourage à l'AFP.