Climat: l'hydrogène vert, un tournant à préparer

Le vice-président de la Commission Européenne en conférence de presse pour présenter la nouvelle stratégie du continent en matière d’énergie, le 8 juillet (Photo, Virginia MAYO/POOL/AFP).
Le vice-président de la Commission Européenne en conférence de presse pour présenter la nouvelle stratégie du continent en matière d’énergie, le 8 juillet (Photo, Virginia MAYO/POOL/AFP).
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Publié le Mercredi 09 décembre 2020

Climat: l'hydrogène vert, un tournant à préparer

  • Un combustible « miracle » contre le réchauffement de la planète ? L'hydrogène pourrait contribuer à décarboner des secteurs dans une impasse climatique
  • Cinq ans après l'accord de Paris, de nombreux gouvernements, poussés par l'urgence mais aussi en quête de perspectives industrielles, misent sur cette ressource

PARIS: Un combustible « miracle » contre le réchauffement de la planète ? L'hydrogène pourrait contribuer à décarboner des secteurs dans une impasse climatique, à condition d'être produit proprement, pour des usages choisis.

Cinq ans après l'accord de Paris, de nombreux gouvernements, poussés par l'urgence mais aussi en quête de perspectives industrielles, misent sur cette ressource, avec des ambitions variées.

Solution pour enjeux inextricables

Le recours à l'hydrogène n'est pas nouveau, depuis la mise au point de l'électrolyse de l'eau en 1800, et son entrée dans de nombreux processus industriels : raffinage du pétrole, engrais...

Aujourd'hui, cette molécule omniprésente sur terre, dotée d'une grande intensité énergétique et non polluante, apparaît comme le combustible capable de verdir l'industrie lourde par exemple.

Le géant de l'acier ArcelorMittal compte remplacer ainsi le charbon dans ses hauts fourneaux. Bémol : un surcoût allant jusqu'à 80%. Autres applications, la chimie, l'aluminium, le verre, qui nécessitent de hautes températures.

Comme le spatial depuis longtemps, les transports volumineux peuvent y trouver une solution. Certains y voient l'avenir de l'aviation. Déjà des navires, des bus sont équipés, bientôt des trains en Allemagne, en Italie...

Enfin c'est un moyen de stockage. L'enjeu est fort pour l'essor des énergies solaires et éoliennes, qui, intermittentes, devront pouvoir stocker leur surplus. Le procédé « Power to gas » convertit l’électricité en hydrogène, ensuite injecté dans les réseaux de gaz.

Philippe Boucly, de la filière France Hydrogène, a vu en 40 ans nombre de « faux départs » : « Cette fois c'est la bonne, car l'hydrogène coche toutes les cases: face à l'urgence climatique, pour la qualité de l'air, et aussi pour réindustrialiser les pays occidentaux ».

Un gaz à verdir

Sauf que l'hydrogène n'est pas une énergie primaire : il est issu d'un processus de transformation énergivore encore basé sur du charbon et du gaz.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, la production mondiale d’hydrogène a, de ce fait, rejeté 830 millions de tonnes de CO2 en 2017, les émissions combinées de l’Indonésie et du Royaume-Uni.

Pour verdir sa fabrication, un nuancier de couleurs est sur la table :

- L'hydrogène « vert », obtenu avec de l'électricité renouvelable par électrolyse (le courant passe dans l'eau, sépare hydrogène et oxygène). En 2019, il coûtait trois fois le prix de celui issu du gaz.

- L'hydrogène « bleu », tiré du gaz naturel, avec séquestration du CO2 émis. Une coalition d'industriels dont ExxonMobil, ENI, plaide pour cette option, controversée car le processus de séquestration reste incertain et coûteux.

- L'hydrogène « bas-carbone » produit par électrolyse à partir d’électricité nucléaire, comme en Chine. En France, la filière hydrogène pousse pour un passage « transitoire plus ou moins long » par l'atome.

Pari industriel

L'essor de l'hydrogène propre, non compétitif, appelle quoi qu'il en soit des politiques volontaristes.

En 2020, des plans ont été présentés à la faveur de la relance post-Covid, en Australie, France, Grande-Bretagne, Japon... L'Allemagne a prévu 9 milliards d'euros, pour de l'hydrogène vert. Les Pays-Bas projettent une « Hydrogen Valley ».

L'UE veut atteindre 12 à 14% d'hydrogène dans son mix énergétique en 2050 (2% aujourd'hui), et évalue le financement entre 180 et 470 milliards d’euros. Pour l'Europe, avec ses champions Air Liquide ou Linde, pas question de perdre cette course-là face à la Chine, déjà en pointe, au Japon, à la Corée du sud et aux Etats-Unis.

Mais pour les défenseurs du climat, prudence.

« Les stratégies ne portent pas toutes sur de l'hydrogène vert, certaines incluent du charbon, du gaz, du nucléaire », note le rapport « Climate Transparency » publié par 14 think tanks, pour qui cependant « développer une stratégie hydrogène est un pas positif ».

Pari climatique

« La contribution de l'hydrogène à la lutte contre le changement climatique peut être réelle, mais il y a des conditions, et d'abord son utilisation à bon escient, là où il n'y a pas d'alternatives », résume Nicolas Berghmans, de l'Institut des relations internationales (Iddri).

Selon l'organisme de recherche BloombergNEF, avec la chute des prix du solaire et de l'éolien, et sous condition de changement d'échelle, l'hydrogène vert pourrait d'ici 2050 être produit pour 0,8 à 1,6 dollar le kilo, comparable au gaz naturel.

In fine « beaucoup dépendra de ce qui se passera sur les usages : c'est-à-dire la capacité à réduire la demande d'énergie, » prévient l'expert : l'hydrogène doit faire partie d'une politique énergétique globale agissant aussi sur la baisse de la consommation.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.