Lutte contre les jihadistes ou préparation à la guerre totale: le grand écart

Le maire de Nice Christian Estrosi (à gauche) prononce un discours entouré du directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT) Guillaume Denoix de Saint Marc (au centre) et du directeur et adjoint du secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT) Raffi Gregorian (à droite) lors de la cérémonie d'ouverture du "VIIIe Congrès international des victimes du terrorisme", le 21 novembre 2019, à Nice. (Valery Hache/AFP)
Le maire de Nice Christian Estrosi (à gauche) prononce un discours entouré du directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT) Guillaume Denoix de Saint Marc (au centre) et du directeur et adjoint du secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT) Raffi Gregorian (à droite) lors de la cérémonie d'ouverture du "VIIIe Congrès international des victimes du terrorisme", le 21 novembre 2019, à Nice. (Valery Hache/AFP)
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Publié le Samedi 24 juin 2023

Lutte contre les jihadistes ou préparation à la guerre totale: le grand écart

  • Les Nations unies ont consacré une semaine à discuter de la stratégie contre le terrorisme, avant que son Assemblée générale n'adopte un document fixant les priorités de celle-ci pour les années à venir
  • La guerre en Ukraine a «obligé les puissances à constater que les Etats n'étaient pas prêts aux grandes confrontations, en termes de logistique et de production militaire», estime Jérôme Drevon, analyste sur le jihad et les conflits

PARIS : Deux décennies durant, il n'a été question que de lutte contre les groupes jihadistes. Puis sont revenues au premier plan les tensions internationales et la guerre en Ukraine. Entre deux maux, les grandes puissances peinent à trouver l'équilibre.

Les Nations unies ont consacré une semaine à discuter de la stratégie contre le terrorisme, avant que son Assemblée générale n'adopte un document fixant les priorités de celle-ci pour les années à venir.

Mais derrière un consensus pour lutter contre les avatars du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda, les luttes géopolitiques mobilisent les attentions.

La guerre en Ukraine a «obligé les puissances à constater que les Etats n'étaient pas prêts aux grandes confrontations, en termes de logistique et de production militaire», estime Jérôme Drevon, analyste sur le jihad et les conflits pour l'organisation Crisis Group.

«Il y a un recalibrage qui devait se faire. Le focus sur le terrorisme avait été trop loin (...). La question qui se pose aujourd'hui c’est : est-ce que ce recalibrage a été trop loin ?», ajoute-t-il, relevant que les Américains aujourd'hui ne sont «plus du tout intéressés par la question» ou encore qu'au Sahel, «le retrait français n'ait pas été remplacé par d’autres moyens».

Chez les espions, les meilleurs éléments ont longtemps été absorbés par l'anti-terrorisme. Désormais, «tout le monde veut travailler sur la Russie», observe un membre de la communauté française du renseignement.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les Occidentaux ont investi massivement dans la lutte anti-terroriste. Sans empêcher la prolifération planétaire des jihadistes.

«Maintenant, les Etats-Unis et leurs alliés (...) construisent la politique étrangère autour du concept de la compétition entre puissances», regrette Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Group, un institut privé de renseignement et de sécurité américain.

- D'un extrême à l'autre -

Il date la bascule du 20e anniversaire du 11-Septembre, lors duquel «on a vraiment senti un épuisement à l'égard de l'anti-terrorisme. L'Ukraine n'a pas lancé la tendance, mais elle l'a accélérée», assure-t-il. «Nous sommes passés d'un extrême à l'autre».

Au Levant, au Yémen, en Afghanistan et Pakistan, et surtout en Afrique, les groupes prêtant allégeance à l'EI ou à Al-Qaïda consolident pourtant leur empreinte et structurent leurs capacités.

Un récent rapport d'experts de l'ONU affirme que les groupes terroristes «jouissent d'une plus grande liberté de manoeuvre sous les Taliban», au pouvoir à Kaboul. «Ils en font bon usage», avec une menace croissante «à la fois en Afghanistan et dans la région».

L'Afrique, elle, est devenue une terre de conquête des groupes jihadistes. On les trouve en Somalie et en Libye, en Egypte et en République démocratique du Congo, au Mozambique et au Sahel, d'où ils lorgnent vers le Golfe de Guinée. Leur toile s'étend, face à une communauté internationale sans solution.

«La menace en Afrique est totalement sous-estimée», tonne Hans-Jakob Schindler, directeur du think-tank Counter-Extremism Project et ancien expert de l'ONU.

Au Sahel, «on parle d'un nombre d'attaques terroristes supérieur à tout autre endroit dans le monde et qui n'est pas sans évoquer ce que nous avions au sommet des opérations en Afghanistan depuis 20 ans», estime-t-il. «Mais c'est l'Afrique de l'Ouest et je pense que la visibilité, peut-être l'intérêt, ne sont pas là».

- «Solutions alternatives» -

Depuis le départ de la force anti-jihadiste française Barkhane, la société de mercenaires russes Wagner s'est installée au Mali, quoique Bamako s'en défende. Une manifestation parmi d'autres de comment la lutte anti-terroriste sert les joutes de puissances.

«La cerise sur le gâteau, c'est que Wagner déploie ses ailes dans la région, ce qui évidemment va aggraver les choses», s'indigne Hans-Jakob Schindler.

Vingt ans après le 11-Septembre, la lutte contre le terrorisme semble donc dans l'impasse. Que faire après avoir investi des milliards et tué des myriades de chefs jihadistes aussitôt remplacés ? Crisis Group, qui travaille à la résolution des conflits, envisage une autre approche.

«Si on n'a pas pu les détruire pendant 20 ans, il faudra bien trouver des solutions alternatives. On ne règlera pas tous les conflits avec des drones», affirme Jérôme Drevon.

Les groupes jihadistes «ont des objectifs maximalistes, mais peut-être peuvent-ils être ramenés à la négociation sur certaines questions de partage limité du pouvoir».

En attendant, ils étendent leurs activités. Du Levant à l'Afghanistan, «les craquements de l'ordre mondial fournissent aux groupes terroristes un ample espace pour se regrouper et se réorganiser» écrit Kabir Taneja, chercheur pour l'Observer Research Foundation, à New Delhi.

Chaque crise, chaque querelle, jouent en leur faveur. «Les groupes terroristes et extrémistes, qui savent tirer profit du chaos politique, pourraient finir par (en) bénéficier dans les années à venir».


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.