Dans la bataille des bornes de recharge, Tesla prend de l'avance

Le PDG de SpaceX, Twitter et du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, réagit lors de sa visite du salon Vivatech des startups technologiques et de l'innovation au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 16 juin 2023. (Photo Alain JOCARD / AFP)
Le PDG de SpaceX, Twitter et du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, réagit lors de sa visite du salon Vivatech des startups technologiques et de l'innovation au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 16 juin 2023. (Photo Alain JOCARD / AFP)
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Publié le Dimanche 25 juin 2023

Dans la bataille des bornes de recharge, Tesla prend de l'avance

  • L'ascension du réseau de «superchargeurs» de Tesla reflète sa réputation de fiabilité par rapport aux autres opérateurs de bornes de recharge, ainsi que la lenteur de leur expansion
  • Le manque de points de recharge est considéré comme un frein majeur à la transition vers l'électrique dans le pays

NEW YORK : Argument clé de Tesla, dont le réseau de recharge fait le bonheur des amateurs de véhicules électriques, les «superchargers» d'Elon Musk peuvent désormais compter sur la conversion d'un groupe bien plus inattendu: ses propres concurrents, une victoire pour le constructeur américain qui reste cependant à confirmer.

Ford a été le premier, fin mai, à annoncer un partenariat avec le groupe d'Elon Musk ... via une discussion audio enjouée entre les patrons des deux entreprises sur Twitter, le réseau social sous la coupe du multimilliardaire.

Mary Barra, la patronne de General Motors (GM), a utilisé la même méthode pour dévoiler quelques jours plus tard un partenariat similaire avec Tesla, l'échange se limitant cette fois-ci à six minutes.

La start-up Rivian, qui fabrique des pick-up électriques, leur a emboîté le pas mardi.

Tesla va ouvrir une grande partie de son réseau de superchargeurs aux Etats-Unis et au Canada aux clients de toutes ces entreprises, qui pourront s'y brancher via un adaptateur dans un premier temps, puis directement quand les constructeurs auront installé sur leur véhicule l'équipement adéquat.

Ces partenariats leur permettent de proposer à leurs clients plus de stations pour recharger leur véhicule en électricité et offre dans le même temps à Tesla une nouvelle source de revenus, qui devrait encore gonfler.

- Fiabilité -

Pour Mary Barra, il serait bien que le système développé par Tesla, connu sous le nom de NACS, se généralise car il faciliterait ainsi une «adoption de masse» des véhicules électriques.

Déjà, l'Etat du Texas a prévu que les stations de recharge rapide financées par des aides gouvernementales soient équipées d'un connecteur NACS, en plus de celui actuellement plus répandu, le Connecteur de charge combiné ou CCS, a indiqué à l'AFP un représentant du département des Transports de l'Etat.

L'ascension du réseau de «superchargeurs» de Tesla reflète sa réputation de fiabilité par rapport aux autres opérateurs de bornes de recharge, ainsi que la lenteur de leur expansion.

Elle a aussi donné un nouveau coup de fouet à l'action de Tesla, qui a bondi d'environ 40% depuis l'annonce du partenariat avec Ford.

Pour plusieurs experts du secteur, il serait toutefois prématuré d'attribuer la victoire à Tesla.

«On se dirige peut-être dans cette direction mais il est encore trop tôt pour dire que Tesla et le NACS ont gagné», estime Loren McDonald, consultant dans le secteur des véhicules électriques.

- Secrets technologiques -

D'autres constructeurs aux grandes ambitions sur le segment des véhicules électriques, comme Volkswagen et Hyundai, continuent de préférer le système CCS.

«On finira par n'avoir qu'un seul système, mais on ne sait pas combien de temps cela prendra», abonde John Eichberger, directeur de l'Institut du transport et de l'énergie.

Selon lui, la montée en puissance du système de Tesla pourrait notamment aboutir à des réticences de la part des autorités chargées de la concurrence.

Pour que le NCAS devienne la norme, il faudrait notamment qu'Elon Musk accepte d'en partager les secrets technologiques, dit-il.

Le système CCS était jusqu'à peu considéré comme celui qui allait devenir la référence, notamment parce qu'il est explicitement requis dans le programme de 5 milliards de dollars d'aides au développement du réseau de chargeurs aux Etats-Unis présenté en 2021 par le président Joe Biden.

Mais en février, la Maison Blanche a noué un accord avec le groupe d'Elon Musk pour que le fabricant de voitures électriques ouvre son propre réseau à d'autres marques d'ici fin 2024.

Le manque de points de recharge est en effet considéré comme un frein majeur à la transition vers l'électrique dans le pays. Dans un rapport en janvier, S&P Global estimait que le nombre de stations devrait idéalement quadrupler dans le pays entre 2022 et 2025.

Le nombre de bornes «augmente, mais très lentement par rapport au nombre de véhicules qui arrivent sur le marché», remarque Bertrand Rakoto du cabinet Ducker Carlisle.

En plus des problèmes pour s'approvisionner en matériaux clés, les opérateurs de bornes peinent à négocier des tarifs intéressants avec les fournisseurs d'électricité, et font face à de nombreuses incertitudes sur le déploiement, complexe, du plan d'aides gouvernementales.

Le ministère de l'Energie «travaille dur» pour le mettre en place et sept juridictions ont engagé le processus d'appels d'offres, a assuré à l'AFP un porte-parole. Mais aucune station financée par ce plan n'est encore en construction, selon Loren McDonald.

Pour le consultant, l'attention accordée à la construction de stations de recharge pour apaiser les automobilistes craignant de se retrouver à court d'énergie est importante. Mais, à ses yeux, la priorité devait être donnée à l'installation de chargeurs dans les maisons et immeubles.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.