Wagner a touché près d'un milliard d'euros de l'Etat russe sur l'année écoulée, selon Poutine

Le président russe Vladimir Poutine rencontre des responsables militaires au Kremlin à Moscou le 27 juin 2023. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine rencontre des responsables militaires au Kremlin à Moscou le 27 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Wagner a touché près d'un milliard d'euros de l'Etat russe sur l'année écoulée, selon Poutine

  • « Entre mai 2022 et mai 2023, l'Etat a versé 86,262 milliards de roubles (environ 922 millions d'euros au taux actuel, ndlr.) pour les paiements du groupe Wagner», a affirmé le président russe lors d'une réunion avec des responsables militaires
  • Avant le conflit en Ukraine, le Kremlin avait nié pendant des années tout lien avec Wagner

MOSCOU: Le groupe paramilitaire Wagner a touché près d'un milliard d'euros de l'Etat russe sur l'année écoulée, a déclaré mardi Vladimir Poutine, trois jours après une rébellion armée avortée de son patron.

"Entre mai 2022 et mai 2023, l'Etat a versé 86,262 milliards de roubles (environ 922 millions d'euros au taux actuel, ndlr.) pour les paiements du groupe Wagner", a affirmé le président russe lors d'une réunion avec des responsables militaires diffusée à la télévision russe.

Le président russe a reconnu que l'Etat avait "complètement financé" Wagner, soulignant que l'entreprise Concord, le groupe d'Evguéni Prigojine, avait "en même temps gagné 80 milliards de roubles (environ 850 millions d'euros)".

"J'espère qu'au cours de ces opérations, personne n'a rien volé ou, pour ainsi dire, +volé peu+", a-t-il poursuivi. "Bien sûr, nous nous occuperons de (vérifier) tout cela", a-t-il promis.

Avant le conflit en Ukraine, le Kremlin avait nié pendant des années tout lien avec Wagner.

Outre ces considérations économiques, les autorités russes ont annoncé mardi préparer le transfert des équipements militaires "lourds" de Wagner vers l'armée russe, et les combattants du groupe ont désormais le choix d'intégrer l'armée régulière, quitter la Russie pour le Bélarus ou bien "rentrer dans leurs familles".

Suite à la rébellion avortée de Wagner la semaine dernière qui a provoqué la pire crise en Russie depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine fin 1999, le Kremlin semble déterminé à museler le groupe dont les hommes combattaient aux côtés de l'armée régulière sur le front ukrainien.


Russie: le soldat américain arrêté pour «vol» placé en détention jusqu'au 2 juillet

Le Pentagone a déclaré que le soldat américain Gordon Black avait non seulement enfreint les règles de l'armée en se rendant sans autorisation dans la ville russe de Vladivostok, mais qu'il l'avait fait après avoir traversé la Chine. (Gordon Black via Facebook/via Reuters)
Le Pentagone a déclaré que le soldat américain Gordon Black avait non seulement enfreint les règles de l'armée en se rendant sans autorisation dans la ville russe de Vladivostok, mais qu'il l'avait fait après avoir traversé la Chine. (Gordon Black via Facebook/via Reuters)
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  • La Maison Blanche a elle affirmé être «au courant» de la situation
  • Il risque jusqu'à cinq ans de prison, selon le code pénal russe

MOSCOU: Le soldat américain arrêté la semaine dernière en Extrême-Orient russe a été placé en détention préventive jusqu'au 2 juillet dans une affaire de "vol", a annoncé mardi un tribunal de Vladivostok.

"Le tribunal du district de Pervomaïskiï à Vladivostok a placé en détention le soldat américain Gordon Black jusqu'au 2 juillet en vertu de l'article pour +vol+", a indiqué sa porte-parole, Elena Oleneva, citée par l'agence de presse Ria Novosti.

Il risque jusqu'à cinq ans de prison, selon le code pénal russe.

La chaîne Telegram d'actualité Baza, réputée proche des forces de l'ordre, ainsi que le quotidien Izvestia ont expliqué que le soldat américain aurait rendu visite à sa petite amie russe à Vladivostok, avant "de la battre" et "lui voler 200.000 roubles (environ 2.000 euros, ndlr) et de l'alcool".

"Cette affaire n'est pas liée à la politique ou à de l'espionnage", a assuré mardi la représentation du ministère russe des Affaires étrangères à Vladivostok.

Lundi, une porte-parole de l'US Army, Cynthia Smith, a indiqué que ce soldat, déployé en Corée du Sud selon les médias américains, avait été arrêté "sur la base d'accusation d'infraction pénale", sans pouvoir fournir davantage de détails.

Au courant 

La Maison Blanche a elle affirmé être "au courant" de la situation.

Dans une affaire distincte, un autre citoyen américain a par ailleurs été condamné le 3 mai à une peine de dix jours de prison à Moscou pour "délit mineur", selon une notice sur le site des tribunaux de Moscou consultée mardi par l'AFP.

Selon l'agence Ria Novosti, cet individu se serait endormi dans une bibliothèque pour enfants en état d'ébriété.

Ces dernières années, plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines en Russie. Washington, qui soutient militairement et financièrement l'Ukraine face à l'armée russe depuis plus de deux ans, accuse Moscou de vouloir les échanger contre des Russes détenus aux États-Unis.

Reporter au Wall Street Journal, Evan Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l'AFP à Moscou par le passé, a été arrêté par les services de sécurité russes (FSB) lors d'un reportage à Ekaterinbourg, dans l'Oural, en mars 2023.

Il est accusé d'espionnage, un crime passible de 20 ans de prison, une peine d'une gravité inédite depuis la fin de l'URSS concernant un journaliste étranger.

Il rejette ces accusations, tout comme les États-Unis, son journal, ses proches et sa famille.

La Russie n'a jamais étayé ses accusations ni apporté publiquement d'éléments de preuve. L'ensemble de la procédure a été classée secrète.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est elle en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités russes.


Poutine, investi président, promet aux Russes la victoire

Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et le patriarche orthodoxe russe Kirill assistent à un service dans la cathédrale de l'Annonciation après la cérémonie d'investiture de Poutine au Kremlin de Moscou le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et le patriarche orthodoxe russe Kirill assistent à un service dans la cathédrale de l'Annonciation après la cérémonie d'investiture de Poutine au Kremlin de Moscou le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l'issue du conflit en Ukraine
  • Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte

MOSCOU: Vladimir Poutine a prêté mardi serment pour un cinquième mandat à la tête de la Russie, jusqu'en 2030, en promettant à ses compatriotes de vaincre "ensemble" en plein conflit armé contre l'Ukraine présenté comme existentiel.

Lors d'une cérémonie au Kremlin en présence de 2.500 invités, dont l'élite politique du pays et des soldats combattant en Ukraine, le président russe, 71 ans, a livré un court discours solennel.

"C'est un grand honneur, une responsabilité et un devoir sacré", a-t-il déclaré, en remerciant les "héros" qui combattent sur le front.

"Nous traverserons avec dignité cette période difficile et nous deviendrons encore plus fort", a ajouté le dirigeant russe, selon une journaliste de l'AFP présente sur place.

En pleine tension avec les Occidentaux, soutiens de Kiev contre l'offensive russe, il a assuré que Moscou ne refusait pas "le dialogue" avec ces derniers, mais que le "choix dépendait d'eux".

"Une discussion sur les questions de sécurité et de stabilité stratégique est possible (...) mais seulement sur un pied d'égalité, en respectant les intérêts de chacun", a-t-il affirmé.

La veille, il a ordonné la tenue d'exercices nucléaires près de l'Ukraine en réponse, selon le Kremlin, à des déclarations jugés menaçantes de dirigeants occidentaux, notamment celle du président français Emmanuel Macron sur le possible envoi de troupes en Ukraine.

"Nous sommes un peuple uni et grand, et ensemble nous surmonterons tous les obstacles (...) Ensemble nous gagnerons", a conclu Vladimir Poutine.

Il a ensuite assisté à une cérémonie religieuse en présence du patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin.

Pouvoir incontesté 

Le chef de l'État russe, aux commandes depuis près d'un quart de siècle, jouit d'un pouvoir incontesté en Russie après l'écrasement des voix dernières dissidentes dans la foulée du conflit en Ukraine.

Il rempile jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.

Son investiture est intervenue cette année à deux jours de l'anniversaire de la victoire soviétique du 9 mai contre l'Allemagne nazie, dont la célébration est un pilier de la politique de puissance de Vladimir Poutine, qui assure combattre en Ukraine des "néo-nazis".

La cérémonie coïncide aussi avec une situation plus favorable sur le front pour l'armée russe, qui avait subi d'humiliants revers au printemps et à l'automne 2022, lors des premiers mois de son attaque à grande échelle contre Kiev.

Ces dernières semaines, les assauts russes dans l'est de l'Ukraine ont augmenté en intensité et permis la prise progressive de plusieurs localités, en particulier dans la zone de la ville-clef d'Avdiïvka, conquise mi-février.

En face, les troupes de Kiev manquent de munitions et de recrues après leur contre-offensive infructueuse à l'été 2023. Elles attendent l'arrivée d'une nouvelle aide américaine, alors que l'industrie de défense russe tourne, elle, à plein régime.

«Ni paix, ni liberté»

Mi-mars, à l'issue d'un scrutin remporté officiellement avec plus de 87% des scrutins exprimés, Vladimir Poutine avait déjà dressé le portrait d'une Russie "unie" derrière lui et son armée.

Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte, quelques semaines après la mort en prison, le 16 février, du principal opposant russe, Alexeï Navalny.

En exil à l'étranger, la veuve de ce dernier, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a fustigé Vladimir Poutine dans une vidéo publiée mardi quelques minutes avant le début de la cérémonie d'investiture.

"Avec lui à la barre, notre pays n'aura ni paix, ni développement, ni liberté", a-t-elle affirmé.

Lundi, la diplomatie ukrainienne avait pour sa part estimé que cette investiture était destinée à donner "une illusion de légalité" au maintien au pouvoir de M. Poutine qui, selon Kiev, a transformé la Russie "en État agresseur" et "en dictature".

Les principaux membres de l'opposition russe sont désormais en exil ou en prison, tout comme des centaines de personnes ordinaires qui ont affiché leur opposition à l'offensive de Moscou contre son voisin ukrainien.

Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l'issue du conflit en Ukraine, très meurtrier, semble toujours incertaine.

L'inflation, tirée notamment par l'explosion du budget fédéral, liée aux dépenses militaires, reste persistante et inquiète la population, dont le pouvoir d'achat est déjà plombé par les effets des sanctions occidentales.

Et l'économie russe, toujours dépendante des revenus des hydrocarbures, doit également négocier un virage, revendiqué par Vladimir Poutine, vers l'Asie, même si les infrastructures nécessaires, coûteuses et longues à construire, manquent encore.


Biden va prononcer un discours axé sur la dénonciation de l'antisémitisme

Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
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  • Son silence pendant plusieurs jours avait attiré des critiques des camps républicain comme démocrate en pleine année électorale
  • Son adresse au Congrès se fait dans le cadre de la cérémonie annuelle des Jours du souvenir, organisée par le musée américain de l'Holocauste au Capitole

WASHINGTON: Joe Biden doit s'exprimer mardi lors d'une cérémonie de commémoration de l'Holocauste pour condamner l'antisémitisme, au moment où la tension demeure sur les campus américains autour d'une vaste mobilisation propalestinienne.

Depuis le Capitole, siège du Congrès américain à Washington, le discours du président américain intervient quelques jours après ses premières remarques sur les protestations estudiantines contre la guerre d'Israël à Gaza.

Son silence pendant plusieurs jours avait attiré des critiques des camps républicain comme démocrate en pleine année électorale.

Son adresse au Congrès se fait dans le cadre de la cérémonie annuelle des Jours du souvenir, organisée par le musée américain de l'Holocauste au Capitole. Le démocrate va se "réengager à tenir à l'esprit les leçons de ce chapitre sombre" de l'Histoire, selon la Maison Blanche.

«Hausse alarmante»

"Il évoquera les horreurs du 7 octobre, quand le Hamas a été à l'origine du jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l'Holocauste", a déclaré lundi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.

"Et il s'exprimera sur le fait que --depuis le 7 octobre-- nous avons constaté une hausse alarmante de l'antisémitisme aux Etats-Unis, dans nos villes, nos quartiers et nos campus", a-t-elle ajouté.

Des étudiants juifs s'alarment d'une augmentation des actes et de la rhétorique antisémite depuis le 7 octobre, et le président israélien Isaac Herzog a dénoncé la semaine dernière "des universités réputées" qui sont selon lui "contaminées par la haine".

Joe Biden "va réaffirmer que nous respectons et protégeons le droit fondamental qu'est la liberté d'expression, mais que l'antisémitisme ne doit être toléré ni sur les campus, ni ailleurs", a déclaré Karine Jean-Pierre.

Nombreux étudiants juifs ont pris part à la mobilisation propalestinienne contre les actions du gouvernement israélien.

Le président américain a évoqué lundi la question de l'antisémitisme lors d'un appel avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Appel au cours duquel Joe Biden a également réitéré sa "position claire" contre une offensive terrestre israélienne à Rafah, selon le compte-rendu de leurs échanges.

Les deux dirigeants ont discuté de l'"engagement partagé" des Etats-Unis et d'Israël à se souvenir des six millions de morts juifs du fait de l'Holocauste perpétré par les nazis" et "à agir avec force contre l'antisémitisme et toutes les formes de violence alimentées par la haine".

«L'ordre doit prévaloir»

Les campus américains sont secoués depuis plusieurs semaines par des manifestations s'opposant à la guerre menée par Israël à Gaza.

A travers le pays, la police a été appelée à plusieurs reprises pour démanteler des campements et déloger manu militari des manifestants.

L'université Columbia à New York, épicentre de ce mouvement estudiantin propalestinien, a annoncé lundi "renoncer" à sa cérémonie en grande pompe de remise de diplômes.

Le prestigieux établissement va privilégier des événements plus modestes pour des raisons de sécurité selon lui, après trois semaines de colère condamnée par Joe Biden et réprimée par la police.

A six mois de la présidentielle, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate a pris la parole la semaine dernière pour affirmer que "l'ordre devait prévaloir" sur les campus.

"Nous ne sommes pas un pays autoritaire qui réduit les gens au silence", a néanmoins assuré Joe Biden lors d'une courte allocution.

Auparavant, son adversaire républicain Donald Trump l'avait accusé d'inaction face au mouvement propalestinien. "Ce sont des tarés de la gauche radicale et il faut les arrêter maintenant", avait-il lancé à son arrivée à son procès à New York.