Eléctroménager, vêtements ou chaussures: le pillage de magasins devant la justice

Des policiers examinent la vitrine endommagée d'un magasin au Forum des Halles à Paris le 30 juin 2023, après les manifestations qui ont suivi l'assassinat d'un adolescent par la police française à Nanterre, dans la banlieue parisienne, le 27 juin. (Photo par AFP)
Des policiers examinent la vitrine endommagée d'un magasin au Forum des Halles à Paris le 30 juin 2023, après les manifestations qui ont suivi l'assassinat d'un adolescent par la police française à Nanterre, dans la banlieue parisienne, le 27 juin. (Photo par AFP)
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Publié le Samedi 01 juillet 2023

Eléctroménager, vêtements ou chaussures: le pillage de magasins devant la justice

  • L'imposant magasin Nike des Halles a été saccagé en 25 minutes par trente à cinquante personnes, relate le président du tribunal correctionnel
  • A Bobigny, c'est le pillage d'un magasin Carrefour de Saint-Denis par une cinquantaine d'individus cagoulés dans la nuit de jeudi à vendredi qui est examiné à l'audience

PARIS  : «On va péta (taper) à Châtelet», «on attend juste que ça pète»: plusieurs jeunes ont été condamnés samedi à Bobigny et Paris pour avoir profité des émeutes en réponse à la mort de Nahel pour piller magasins de marque ou grandes surfaces.

Depuis le décès de cet adolescent de 17 ans, tué par un policier mardi à Nanterre lors d'un contrôle routier, de nombreuses villes en France sont le théâtre de violences et de pillages.

Dans le centre de Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs enseignes ont été dégradées. L'imposant magasin Nike des Halles a été saccagé en 25 minutes par trente à cinquante personnes, relate le président du tribunal correctionnel.

Le préjudice n'a pas encore été fixé, mais 200 paires de chaussures sont manquantes, selon un premier comptage.

Lydia, tout juste 18 ans, cheveux foncés retenus dans une queue de cheval désordonnée, a été interpellée cachée dans un local proche du magasin, des produits Nike dans les mains et un bas de survêtement enfilé autour de la tête.

Voler, «c'était pas le projet», affirme-t-elle, mais plusieurs vidéos éloquentes ont été retrouvées dans son téléphone.

A 16h36, «on va péta à Châtelet les magasins branchés» avec la mention «23h00». «On attend les gens (...) on attend juste que ça pète» à 22h39. Puis, une fois dans le magasin avec sa copine mineure: «on a péta, regardez tous les vêtements, si on se fait choper ce sera ma faute».

Lydia se dit «sincèrement désolée». Elle assure avoir compris «la gravité des faits» et s'affole quand le président lui annonce que Nike va certainement demander réparation pour le «préjudice monstrueux».

Déscolarisée depuis deux ans, elle a perdu son père l'an dernier. «C'est une gentille fille», dit sa mère, regardant avec tendresse sa fille pleurant dans le box.

- «Quoi d'autre ?» -

La procureure réclame un travail d'intérêt général (TIG) de 70 heures à l'encontre de cette «très jeune femme perdue» qui «a plutôt besoin d'aide que d'être condamnée».

- Vous êtes d'accord avec le TIG ? lui demande le président.

- Vous me proposez quoi d'autre ? répond l'adolescente.

- La prison ! Quand vous dites que vous regrettez, c'est à se demander si c'est vrai, s'agace le juge.

- Arrêtez ! la tance son avocate.

La jeune fille est finalement condamnée à 105 heures de TIG à réaliser dans l'année. Sinon «c'est deux mois de prison ferme», prévient le président. Elle a aussi interdiction d'aller à Paris pendant deux mois.

L'audience sur le préjudice de Nike est prévue en juin 2024.

A Bobigny, c'est le pillage d'un magasin Carrefour de Saint-Denis par une cinquantaine d'individus cagoulés dans la nuit de jeudi à vendredi qui est examiné à l'audience.

Le rideau de fer de la grande surface a été vandalisé, sa porte vitrée pulvérisée à coups de pierres et marteau.

Lorsque les policiers interviennent, sous des jets de projectiles, ils découvrent de nombreux jeunes lestés d'équipements d'électroménager. Certains prennent la fuite avec leur butin, d'autres l'abandonnent sur place.

- «Juste filmer» -

Interpellés, quatre jeunes à peine majeurs comparaissent. Parmi eux, un employé du magasin qui a guidé les émeutiers jusqu'aux télévisions et une jeune femme connue du personnel pour des tentatives de vols dans les rayons.

Dans le box vitré, la prévenue, bronzée aux UV, mèches blondes et noires, le nez percé d'un anneau, soutient difficilement qu'elle n'est rentrée dans le magasin que pour sermonner le petit frère d'une amie.

«Je voulais juste filmer la scène», affirme-t-elle de son air de chipie. Pourquoi la cagoule alors ? «Pour pas que je sois reconnaissable, parce que je suis quand même devant une scène de pillage».

A ses côtés, l'employé de 23 ans d'une société de location de voiture, qui habite juste au-dessus du magasin, s'en veut d'avoir renoué avec les vieux démons de son passé judiciaire en participant à la razzia.

«J'ai réussi à m'insérer dans la société, à trouver un travail (...) Ça fait plus d'un an, tout allait bien. C'est (...) comme si j'avais tout gâché», regrette-t-il, le nouveau maillot de l'équipe de France de foot sur les épaules.

Même sanction pour les quatre prévenus: six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.