«Tentation» ou «effet de groupe»: de jeunes pilleurs présumés jugés à Grenoble

Des manifestants affrontent des CRS à Marseille, dans le sud de la France, le 30 juin (Photo, AFP).
Des manifestants affrontent des CRS à Marseille, dans le sud de la France, le 30 juin (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 juillet 2023

«Tentation» ou «effet de groupe»: de jeunes pilleurs présumés jugés à Grenoble

  • Toute la journée, les prévenus ont défilé à la barre du tribunal correctionnel de Grenoble
  • Quelques mineurs auraient par ailleurs été interpellés dans la nuit de vendredi à samedi, et seront jugés ultérieurement par le juge des enfants

GRENOBLE: Certains plaident "la tentation" ou l'"effet de groupe": une trentaine de personnes étaient jugées dimanche en comparution immédiate à Grenoble pour leur participation aux émeutes et aux scènes de pillages des derniers jours.

Toute la journée, les prévenus, principalement de jeunes hommes de moins de 30 ans habitant l’agglomération et au casier judiciaire souvent vierge, ont défilé à la barre du tribunal correctionnel de Grenoble.

Quelques mineurs auraient par ailleurs été interpellés dans la nuit de vendredi à samedi, a appris l’AFP auprès du procureur de la République Éric Vaillant et seront jugés ultérieurement par le juge des enfants.

L'audience, présentée comme "exceptionnelle" par le parquet, tant par le nombre de prévenus, dont les auditions ont demandé un dédoublement de salle au tribunal, que par la mobilisation des moyens judiciaires et policiers un jour de week-end, se poursuivait dimanche en début de soirée.

La plupart sont jugés pour des faits de “tentatives de vol en réunion” et “vol en réunion” après avoir été interpellés lors des scènes de pillages qui ont défiguré le centre-ville de Grenoble dans la nuit de vendredi à samedi, donnant lieu à 53 gardes à vue.

Des bâtiments ont été incendiés et dégradés, et des dizaines de magasins du centre-ville, principalement des magasins de chaussures, de vêtements et de téléphonie, ont été forcés et massivement pillés dans le centre-ville de Grenoble.

Plusieurs heures durant, des émeutiers souvent cagoulés, ont fracassé des vitrines et des rideaux de fer pour se servir dans les magasins, repartant les bras chargés de marchandise. Les Galeries Lafayettes de la ville, notamment, ont estimé leur préjudice à 368 000 euros.

Les condamnations ont été unanimes et le maire Eric Piolle a fait part de sa "sidération".

«Une cagoule pour rendre hommage ?»

Quelques-uns des prévenus ont tenté de justifier leur présence en centre-ville, ce soir-là, par une participation à une “marche silencieuse” en hommage au jeune Nahel, qui aurait ensuite dérivé vers du pillage opportuniste.

“Dès 20 heures, on n'est plus sur une manifestation de soutien, on est d’accord ? Pourquoi être resté après ? Il y a besoin d’une cagoule pour rendre hommage ?”, questionne inlassablement la présidente.

La plupart plaident la “tentation” et un “effet de groupe” devant l’ampleur des pillages et la confusion de la situation, également relayés sur les réseaux sociaux. “Je n’ai pas réfléchi, j’ai suivi”, dit l’un deux. “J’ai été tenté”, dit un autre.

Le procureur de la République, qui avait prévenu avant l’audience que ses réquisitions seraient “évidemment très fermes”, a requis des peines de prison pour l’ensemble des prévenus, allant de 6 à 8 mois, généralement assortis de mandat de dépôt et d’un stage de citoyenneté, fustigeant les “explications farfelues” de certains prévenus.

Critiqué sur ces réquisitions “sévères” par les avocats de la défense, notamment pour les prévenus n’ayant pas de mentions au casier judiciaire, le procureur a répondu qu’il ne s’agissait pas là “d’actes isolés”, mais de “pillages en réunion, en meute”. De nombreux avocats de la défense ont également soulevé des vices de procédure, et dénoncé des dossiers “vides”, “confus” et “des légèretés dans la procédure”.

Certains prévenus ont été condamnés à des peines de prison, moins sévères que celles requises. Les peines de prison, ferme ou avec sursis, allaient de trois à six mois.

La nuit de samedi à dimanche a été nettement plus calme à Grenoble, où les effectifs de CRS avaient été doublés. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la reconduction du dispositif de maintien de l'ordre dimanche soir, avec, pour la troisième nuit consécutive, 45 000 policiers et gendarmes mobilisés dans le pays.


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."


Darmanin veut mettre les victimes «au centre» du système judiciaire

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
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  • "Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat"
  • "Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme"

PARIS: Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mardi soir avoir donné instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire et précisé son projet de loi prévoyant une "peine minimum" d'un an de prison pour toute agression d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI.

Gérald Darmanin a assuré avoir pris une instruction ministérielle qui prendra effet "lundi prochain", exigeant que toute victime puisse être "reçue à (sa) demande" par les instances judiciaires ou encore qu'une notification lui soit adressée pour la prévenir "quand (son) agresseur sort de prison".

"Il est normal, si vous êtes victime de viol (...) que vous puissiez savoir quand la personne va sortir de prison", a illustré le garde des Sceaux.

"On va changer totalement le paradigme du ministère de la Justice. Au lieu de mettre l'accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre", a encore souligné M. Darmanin.

Il a également précisé les contours d'un projet de loi pour instaurer une "peine minimum" d'un an de prison pour tout agresseur d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat", a-t-il affirmé.

"Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme", a-t-il insisté, espérant une entrée en vigueur en "début d'année prochaine" après un vote au Parlement.

Gérald Darmanin veut aussi légiférer pour qu'une peine de sursis ne puisse être prononcée qu'une seule fois avant le prononcé d'une peine de prison ferme, pour lutter contre les multirécidivistes.

"Les gens auront un seul sursis. Et puis s'ils en ont un deuxième, c'est directement la case prison ou c'est directement l'application de la peine de sursis, par exemple le travail d'intérêt général", a-t-il prôné lors de cet entretien donné après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu.

"Si nous ne corrigeons pas nos excès, si nous ne faisons pas preuve d'humilité, si nous ne disons pas que nous nous sommes trompés (...), je crois que nous courons le grand danger d'être éliminés totalement de la vie politique française et de laisser aux Français le choix entre l'extrême droite et l'extrême gauche" lors de la présidentielle de 2027, a-t-il ajouté.