Emeutes: Les associations circonspectes face à la mise en cause des parents

Un policier sécurise l'entrée d'un bâtiment alors qu'il se tient à côté du nom «Nahel», pulvérisé sur une colonne lors de manifestations à Nantes, le 30 juin 2023 (Photo, AFP).
Un policier sécurise l'entrée d'un bâtiment alors qu'il se tient à côté du nom «Nahel», pulvérisé sur une colonne lors de manifestations à Nantes, le 30 juin 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Emeutes: Les associations circonspectes face à la mise en cause des parents

  • L'idée, défendue par une partie de la classe politique, ne fait pas l'unanimité parmi les associations familiales et de banlieue, qui appellent à un discours plus nuancé
  • La mise en cause des familles est vécue comme particulièrement «injuste» par les parents solo, qui peinent à concilier vie de famille et vie professionnelle

PARIS: La présence de mineurs parfois très jeunes parmi les auteurs de violences urbaines est-elle imputable au supposé laxisme de leurs parents ? L'idée, défendue par une partie de la classe politique, ne fait pas l'unanimité parmi les associations familiales et de banlieue, qui appellent à un discours plus nuancé.

"Le malaise est profond", juge l'association Familles de France. Mais "s'il est familial, il est aussi éducatif et social", car "personne ne respecte plus vraiment personne", ajoute-t-elle.

Pour Mireille Lachaud, l'une des responsables de cette association, "il y a peut-être un laisser-faire de la part d'une minorité de parents", mais d'un autre côté "la société est de moins en moins aux côtés des familles", du fait de la saturation des dispositifs destinés à leur venir en aide - comme les assistantes sociales, les juges pour enfants ou encore la protection maternelle et infantile, selon elle.

La mise en cause des familles est vécue comme particulièrement "injuste" par les parents solo, qui peinent à concilier vie de famille et vie professionnelle, souligne pour sa part Patricia Augustin, de la Fédération syndicale des familles monoparentales (FSFM).

"Quand on part très tôt le matin et qu'on rentre tard le soir, les enfants sont laissés seuls, mais ce n'est pas de l'abandon, ou alors malgré eux", analyse Mme Augustin, pour qui "ce sont toujours les mêmes qui sont pointés du doigt, mais en même temps on ne propose pas grand-chose pour leur faciliter la vie".

Accuser ainsi les familles "de tous les maux" relève d'une "vaste hypocrisie", déplore également Fatima Mostefaoui, fondatrice de l'association Avec Nous, créée par un collectif d'habitants dans les quartiers nord de Marseille. Si "la cocotte minute n'a pas complètement explosé" pendant ces émeutes, c'est grâce à de nombreuses mères "qui ont rattrapé les jeunes", selon elle.

Catherine Arenou, de l'association Villes et Banlieues, juge également "un peu facile de tout mettre sur le compte" des familles. On ne peut notamment pas leur imputer l'"ambiance de violence qui monte" dans la société, et qui s'est manifestée dans les manifestations contre la réforme des retraites ou durant le mouvement des gilets jaunes, pointe la maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines).

«Détresse»

Si la "détresse" de certaines familles, qui ne "savent pas maîtriser" leurs enfants, est une réalité, leur imposer des sanctions financières n'aboutirait qu'à leur imposer une "double peine", estime de son côté Moussa Kebe, de l'association d'éducation populaire et de médiation Espoirs Jeunes au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Réunies lundi soir dans le local de l'association des Femmes relais, en plein cœur du quartier des 3000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), huit mères de famille illustrent toute la difficulté du sujet.

Pour Bineta Marega Mbengue, présidente de l'association La calebasse aulnaysienne: "Ce sont les parents qui subissent les conséquences (des émeutes), beaucoup travaillent sur la plateforme de Roissy" et sont donc fortement impactés par la réduction des transports en commun. "On ne peut pas rester insensible, il faut mettre la main à la pâte et contribuer de notre manière."

Mais "les parents aussi sont fatigués, surtout les mamans. Elles se réveillent à 4H00 du matin, elles vont au travail, avec leur salaire elles payent le loyer. Beaucoup de papas sont démissionnaires. La maman est débordée, avec les taches ménagères, les devoirs des enfants, l'éducation... tu ne sais pas ce que tes enfants font à l'école", complète-t-elle.

"Il y a un problème quelque part, aussi bien au niveau de l'État que des familles. il faut qu’on se réunisse et qu’on se demande : quelle est la solution ?", interroge Aïssa Sago, présidente de l'association des Femmes relais et adjointe au maire.

La présence de très jeunes émeutiers avait déjà été relevée lors du précédent épisode comparable, en 2005, note le sociologue Olivier Galland, qui y voit la preuve que l'école "n'a pas joué son rôle de formation des citoyens". De ce fait, relève ce spécialiste de la jeunesse, il ne sert à rien d'incriminer les familles "souvent impuissantes face à (des) groupes de jeunes très soudés".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.