Les observateurs sont satisfaits du rétablissement des relations diplomatiques entre la  Turquie et l'Égypte

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à droite, accueillant son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, au Caire, le 18 mars 2023. (AFP)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à droite, accueillant son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, au Caire, le 18 mars 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Les observateurs sont satisfaits du rétablissement des relations diplomatiques entre la  Turquie et l'Égypte

  • La déformation des faits par les médias a créé des préjugés qui doivent être combattus par la diplomatie, affirme un expert
  • Amr Elhamamy deviendra l'ambassadeur d'Égypte à Ankara, tandis que la Turquie nomme Salih Mutlu Sen comme ambassadeur au Caire

ANKARA: Après des années de relations tendues, l'Égypte et la Turquie ont nommé des ambassadeurs dans leurs capitales respectives pour la première fois en dix ans afin de rétablir des relations diplomatiques normales, ont annoncé mardi leurs ministères des Affaires étrangères. 

La Turquie a pris un ensemble de mesures pour rétablir les liens, comme l'arrêt de la diffusion des chaînes de télévision égyptiennes d'opposition basées à Istanbul, ainsi que l'arrestation de dissidents égyptiens qui utilisaient les réseaux sociaux pour soutenir les manifestations antigouvernementales en Égypte. 

En outre, la chaîne de télévision satellitaire égyptienne affiliée aux Frères musulmans, Mekameleen TV, a délocalisé ses opérations depuis la Turquie l'année dernière. 

Dans une déclaration commune, il a été annoncé qu'Amr Elhamamy deviendra l'ambassadeur d'Égypte à Ankara, tandis que la Turquie nomme Salih Mutlu Sen comme ambassadeur au Caire. M. Sen a précédemment été représentant de la Turquie auprès de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) de 2015 à 2020. 

Dalia Ziada, directrice du Centre d’études sur le Moyen-Orient et la Méditerranée orientale (Meem), basée au Caire, indique que la désignation des missions diplomatiques au niveau des ambassadeurs démontre la détermination des deux présidents à poursuivre le processus de réconciliation et à assurer une coopération fructueuse durable à l'avenir. 

«Les ambassadeurs étaient au premier plan du conflit initial entre la Turquie et l'Égypte. Lorsque la rupture politique a commencé à la fin de l’année 2013, l'expulsion mutuelle des ambassadeurs avait été l'une des premières mesures prises alors. Le retour des ambassadeurs aujourd'hui revêt le symbole d’un acte officiel de rétablissement d'une amitié et d'une solidarité profondes entre la Turquie et l'Égypte», affirme Mme Ziada à Arab News. 

Dalia Ziada précise que la nomination mutuelle des ambassadeurs était essentielle pour réorienter le processus de réconciliation égypto-turque des mains des responsables de la sécurité et du renseignement vers les diplomates. 

«Depuis le début du processus de réconciliation en mai 2021, les services de sécurité et de renseignement sont les principaux responsables des pourparlers, tandis que la participation des missions diplomatiques et les visites des diplomates sont limitées. Cette approche a ralenti le processus de réconciliation et l'a limité à des compromis à court terme», soutient-elle. 

Selon Mme Ziada, l'objectif initial du processus de réconciliation pour les deux pays était de minimiser ou d'éviter les problèmes plutôt que de rechercher activement des solutions à long terme. Des diplomates expérimentés sont plus à même d’ouvrir la voie à des pourparlers de réconciliation et de définir les futurs domaines de collaboration entre Le Caire et Ankara, ajoute-t-elle. 

L'attention se porte désormais sur les points potentiels du programme bilatéral des deux pays dans les prochains jours. Dalia Ziada précise que l'amélioration de l'image auprès de l’opinion publique des États et présidents respectifs sera une priorité. 

«Malheureusement, les campagnes de déformation des faits menées par les médias contre les deux présidents ont non seulement induit la perception de la population en erreur, mais elles ont également créé des préjugés qui doivent être combattus par des efforts diplomatiques intensifs dans chaque pays», affirme-t-elle. 

Mme Ziada s'attend à ce que les deux ambassadeurs facilitent les rencontres en personne entre les hauts responsables du gouvernement, et notamment un sommet présidentiel, dans le but d’étudier et négocier des domaines de coopération efficaces en Méditerranée orientale et en Afrique du Nord. 

Il est également attendu une activation de la coopération militaire réciproque, et l'émergence de domaines de collaboration innovants au-delà de la politique et de l'économie, compte tenu du patrimoine culturel commun entre les deux nations. 

Les deux pays restent cependant en désaccord sur le conflit libyen, Le Caire s'opposant à l'ingérence d'Ankara. Néanmoins, Dalia Ziada estime que l'Égypte et la Turquie peuvent collaborer en Libye pour faciliter le processus politique, soutenir les élections et servir de médiateurs dans les négociations entre les factions en conflit, en tirant parti de leur influence sur divers politiciens libyens. 

La région de la Méditerranée orientale présente à la fois des opportunités de coopération et des désaccords potentiels. 

Mme Ziada déclare que bien que l'Égypte maintienne son accord de Zone économique exclusive avec la Grèce, cela ne devrait pas l’empêcher de poursuivre des accords similaires avec la Turquie. 

Elle donne en exemple la relation équilibrée d'Israël avec la Grèce et Chypre d'une part, et la Turquie d'autre part, comme un modèle à suivre. 

Elle propose également d'envisager l'admission de la Turquie au sein de l'Organisation de la Méditerranée orientale, compte tenu de l’étendue de sa frontière en Méditerranée orientale et de l'amélioration notable de ses relations avec la Grèce depuis le tremblement de terre de février dernier. 

Le professeur Michael Tanchum, chercheur non résident au Middle East Institute, précise que la réconciliation diplomatique égypto-turque, bien qu'initiée avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, est encore plus opportune et importante en raison de la guerre russo-ukrainienne. 

«Comme l'a démontré la récente mutinerie de Wagner, la capacité de Moscou à projeter sa puissance le long des rives est et sud de la Méditerranée pourrait diminuer. Dans la mesure où le Kremlin laisse un vide en Libye, en Méditerranée orientale et dans le corridor étendu de la mer Rouge, des opportunités se présentent à la fois pour la Turquie et l'Égypte pour accroître leur empreinte géopolitique», spécifie-t-il à Arab News. 

M. Tanchum ajoute: «La communication et la coordination entre Ankara et Le Caire deviennent essentielles pour empêcher l'escalade de conflits potentiels qui ne sont dans l'intérêt ni de l'un ni de l'autre pays. La Libye sera le principal terrain d'essai de ce nouveau chapitre des relations égypto-turques.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.