L’avenir incertain de Salwan Momika, l’incendiaire du Coran hanté par son passé

Salwan Momika proteste devant une mosquée à Stockholm le 28 juin 2023, pendant la fête de l'Aïd al-Adha (Photo, AFP).
Salwan Momika proteste devant une mosquée à Stockholm le 28 juin 2023, pendant la fête de l'Aïd al-Adha (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 07 juillet 2023

L’avenir incertain de Salwan Momika, l’incendiaire du Coran hanté par son passé

  • Salwan Momika prétend être libéral, mais il a combattu dans les Brigades de l’imam Ali et a fait l'éloge du clerc provocateur Muqtada al-Sadr
  • L'écrivain politique suédois Jerry Maher estime que les motivations de Momika semblent être liées à l'asile et qu'il se présente comme une victime

LONDRES: Salwan Momika, le réfugié irakien qui a brûlé et profané un exemplaire du Coran à l'extérieur d'une mosquée de Stockholm le jour de l'Aïd al-Adha, a fait la Une des journaux du monde entier, son acte étant devenu viral sur les réseaux sociaux.

Le geste de Momika s'est rapidement répandu sur TikTok, Instagram, Facebook et Twitter. Il s'en est suivi une avalanche de menaces de la part de musulmans et même de non-musulmans du monde entier, naturellement en colère, qui ont fait valoir que Momika avait d'autres moyens de faire passer son message et que les symboles religieux devaient rester sacrés.

Comme prévu, les actions de Momika ont causé des problèmes diplomatiques à la Suède ; il aurait également reçu plusieurs menaces de mort via les réseaux sociaux et ses coordonnées personnelles.

Alors que l'histoire continue d’évoluer, Momika a demandé aux autorités de prolonger son statut de réfugié et même de lui accorder la citoyenneté. S'il ne fait aucun doute que les menaces qui pèsent sur sa vie sont réelles, une enquête d'Arab News sur son passé a soulevé plusieurs questions quant à l'authenticité de ses motivations et de ses revendications idéologiques.

Le 28 juin, Momika s'est tenu devant la mosquée centrale de Stockholm, protégé par un mur de policiers suédois, tandis que son ami le filmait en train de déchirer des pages du Coran, de les brûler et de les recouvrir de bacon.

«Il s'agit de mon pays. Je tiens à protéger la Suède de ce livre, je tiens à protéger la Suède de ce livre. Ce livre est une menace pour ce pays», a-t-il crié aux fidèles qui sortaient de la mosquée et à son ami, qui l'a filmé.

«J'appelle toute personne honorable à marcher sur ce livre», a-t-il déclaré.

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, le «libéral» autoproclamé Momika était vêtu d'une tenue de milicien et prêtait allégeance à l'un des groupes religieux extrémistes les plus notoires d'Irak : les Brigades de l’imam Ali, bras armé du Mouvement islamique d'Irak, qui opère sous l'égide des Unités de mobilisation populaire, désignées comme groupe terroriste.

«Nous vivons dignement ou nous mourons courageusement. Je suis l'officier responsable de Kata'ib Rouh Allah Issa Ibn Meriam (la brigade de l'esprit de Dieu Jésus, fils de Marie), qui est affiliée aux brigades de l'imam Ali, que la paix soit avec lui», a-t-il déclaré dans une interview vidéo avant les batailles des Unités de mobilisation populaire contre Daech.

Originaire de Qaraqosh, dans les plaines de Ninive au nord de l'Irak, il est également l'un des fondateurs du parti de l'Union démocratique syriaque et des Forces syriaques des Faucons, une milice armée créée en 2014 et affiliée à la milice pseudo-chrétienne des Brigades de Babylone, qui a pris les armes contre Daech alors que ce dernier tentait de prendre le contrôle de l'Irak dans sa conquête visant à imposer la charia sur le territoire.

Aujourd'hui, il affirme que les musulmans quittent leur pays parce qu’ils sont régis par la charia. «Ils fuient leur pays pour venir ici en voulant appliquer la charia. Ils viennent ici pour chercher la sécurité, la paix, la dignité et la démocratie, et ensuite ils disent qu'ils veulent appliquer la charia, comme s'ils étaient les opprimés», a-t-il expliqué.

Dans un autre cas, Momika a annoncé qu'il avait l'intention d'intenter une action en justice contre le clerc et dirigeant politique chiite irakien Muqtada al-Sadr parce qu'il avait exhorté les gens à le tuer après avoir brûlé une copie du saint Coran.

Cependant, un tweet aujourd'hui supprimé qu'il a publié sur son compte le 2 décembre 2021 montre qu'il a fait l'éloge du chef du mouvement sadriste irakien et lui a apporté son soutien, en déclarant : «En soutien au courageux commandant Muqtada… Ni oriental, ni occidental… Un gouvernement national majoritaire... Ils se battront et le briseront.»

Arab News a contacté plusieurs experts en Irak qui ont tous confirmé l'implication passée de Momika dans le groupe.

Ces contradictions, ainsi que ses antécédents, ont permis de comprendre pourquoi il a continué à diffamer publiquement et à brûler le Coran.

«Momika est issu d'un milieu fortement influencé par le christianisme et a rejoint les rangs de la milice pour combattre un ennemi commun, Daech», a déclaré le Dr Hani Nasira, expert en politique et en religion. «Bien qu'il ait adhéré à la foi chrétienne, il a travaillé sans relâche pour atteindre son objectif d'importance et de pertinence. Il est devenu un opportuniste.»

Une lettre de condamnation du Conseil des dirigeants des églises chrétiennes d'Irak (Photo, avec l'aimable autorisation du patriarche Mar Awa III via Facebook).

Une enquête d'Arab News sur les profils et les personnalités de Momika sur les réseaux sociaux a mis en évidence un changement brutal dans les publications du réfugié irakien. Son fil Facebook et Instagram a d'abord été dominé par la critique du gouvernement irakien à la suite des manifestations de masse de 2019 jusqu'à il y a six mois, lorsqu'il a adopté une position extrêmement anti-islamique et a constamment publié des déclarations désobligeantes sur le prophète Mohammed et la foi musulmane.

«Lorsque les circonstances se sont présentées, il a renoncé à sa foi et est devenu athée, se donnant beaucoup de mal pour faire valoir son point de vue et séduire un groupe de niche qui partage son idéologie, provoquant ainsi la partie adverse», a révélé Nasira.

«Son passage d'un extrême à l'autre, allant jusqu'à rejeter sa propre religion et à devenir athée, n'a pas suffi. Il a échoué lamentablement, alors il a poursuivi son programme, en choisissant stratégiquement le bon moment et le bon endroit. Il a utilisé les réseaux sociaux pour gagner en notoriété et en attention, exploitant l'islamophobie pour atteindre ses objectifs», a-t-il ajouté.

Les circonstances en question semblent être liées au statut d'immigrant et de réfugié de Momika.

«Je ferai griller de la viande de porc devant l'ambassade d'Irak»

Selon la loi suédoise sur l'immigration, toute personne ayant obtenu le statut de réfugié reçoit un permis de séjour de trois ans, avec la possibilité de demander une prolongation si la protection est toujours nécessaire. Cependant, avec le durcissement des lois sur l'immigration, de plus en plus de réfugiés se voient retirer leur permis de séjour.

Salwan Momika lors d'une visite en Allemagne avant de s'installer en Suède (Photo, Instagram).

Momika a fait part de son intention de rester en Suède. Lors d'un entretien téléphonique avec CNN la semaine dernière, l'Irakien a déclaré qu'il était venu d'Irak en Suède il y a cinq ans et qu'il avait la nationalité suédoise, mais Arab News n'a pu trouver aucune preuve à l'appui de cette déclaration.

L'Irakien a choisi de franchir la ligne rouge qui lui permettrait de mettre sa vie en danger s'il était contraint de retourner en Irak : vandaliser de manière flagrante le symbole le plus sacré du monde islamique, le Coran.

«La chose la plus importante est de prendre des photos», a crié Momika devant la mosquée centrale alors qu'il brûlait le Coran. «C'est la chose la plus importante.»

Avant l'incendie du Coran, Momika a posté une vidéo sur Instagram informant ses followers qu'il avait réussi à renverser le refus initial de la police suédoise de sa demande de brûler le Coran devant la Mosquée centrale.

«La police veut imposer le Coran et son respect à la société suédoise, ce qui est impossible et considéré comme une violation des lois suédoises», a-t-il indiqué.

«Avec ce livre, je brûlerai également le drapeau irakien, qui ne me représente pas. Je ferai griller de la viande de porc dessus devant l'ambassade d'Irak. Ce livre ne me représente pas, et ce drapeau ne me représente pas non plus. Je ferai griller de la viande de porc sur le feu de ce livre», a ajouté Momika.

Dans la même vidéo, Momika a téléchargé une copie de sa demande à la police suédoise, en cachant notamment son adresse et son numéro d'identification, mais en laissant visibles son adresse électronique et son numéro de téléphone personnels.

«Compte tenu des conséquences potentielles des nouvelles lois suédoises sur l'immigration, il a choisi cette voie pour semer le trouble et recevoir de nombreuses menaces. Cela lui permet de manipuler le système et d'en abuser, en apportant la preuve que sa vie est en danger, comme il l'a prétendu en quittant l'Iraq», a expliqué Jerry Maher, écrivain politique suédois et spécialiste du Moyen-Orient et de l'Iran.

Maher estime que Momika a délibérément dévoilé son identité au public, en révélant son numéro de téléphone et son adresse électronique sur sa page Facebook afin que les gens puissent entrer en contact avec lui.

«Ces tactiques font partie de sa stratégie visant à se présenter aux autorités suédoises comme une victime menacée et à demander une protection. En tant qu'ancien combattant ayant participé à des batailles en Irak, ses papiers d'asile et son permis de séjour sont probablement en danger. Les récentes modifications apportées aux lois suédoises sur l'immigration sont devenues plus strictes, ce qui a entraîné plusieurs expulsions», a soutenu Maher.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.